dimanche 2 octobre 2011

Pourquoi un ruisseau murmure t il?




En 2001, peu après l'ordination de mon fils aîné, j'ai participé un peu sur un coup de tête à un stage de prière du coeur au Prieuré d'Etiolles avec Benoît Billot.

Benoît Billot, j'avais fait avec lui une rencontre peu banale. Le vendredi saint de cette année là, je suis venue passer un petit bout de temps à l'heure de midi au prieuré. C'est un reste des pèlerinages de Pâques avec le Centre Richelieu: rester avec Lui pendant ce temps où il est en train de passer.

Cette année là, je n'allais pas bien. la vie à deux était difficile. J'arrive donc au prieuré. A l'entrée de la chapelle il y a un oranger du Mexique, un grand arbuste.


Un homme avec une casquette était en train de le tailler. Pour moi cet homme était un jardinier. Je passe devant lui, et il me dit: Madame est ce que cela vous ferait plaisir d'avoir quelques branches? Cet homme c'était Benoît que j'ai alors reconnu, mais pour moi il a été ce jour là "le jardinier de Marie Madeleine " le matin de la résurrection. Ce don a été très important pour moi. Voilà pour parler un peu du lien qui existe entre moi et frère Benoît, même si lui l'a oublié et ne sait pas à quel point ce signe a été important et nécessaire pour moi.

Pour en revenir (désolée pour l'esprit d'escalier, mais réexplorer le passé n'est jamais facile), lors de ce stage de prière du coeur, il y a eu une "manducation de la parole". Cela consistait à dire tout haut la phrase de la prière du coeur: Seigneur Jésus Christ, Fils de Dieu, aie pitié de moi pécheur. j'ai vécu une expérience que je n'ai jamais remis en doute (d'ailleurs c'est peut être une de mes caractéristiques, ce que je vis, ce que je reçois je l'accepte et je ne me pose pas ou peu de questions parce que cela produit en moi du changement). j'ai ressenti une très forte chaleur, une douce chaleur dans le ventre et en même temps j'ai été prise de sanglots. A la fois je tremblais et à la fois j'étais dans la chaleur. Immédiatement pour moi cela a été une expérience de présence de l'Esprit Saint en moi. Cette chaleur a perduré toute la nuit et le lendemain, Benoît a parlé lui d'Energie divine, mais pour moi c'était la même chose.

Puis juste après une question: pourquoi un ruisseau "ça murmure"? Un ruisseau ce n'est jamais muet, cela bruite. Bien sûr il y a des explications, mais ce chant je l'aime et peut être que au fond de moi il y avait ce désir d'être un ruisseau murmurant, d'être comme le dit Tagore "un roseau que Tu puisses remplir de Ta musique".

Hier, c'est à dire presque 10 ans après je pense avoir vécu une expérience qui répond à cette question (comme quoi il ne faut jamais désespérer d'avoir une réponse). Je priais dans mon lit avec la prière du coeur. Quand je pratique cette forme de prière (en principe tous les matins), il y a souvent des pensées qui viennent et ces pensées quand elles concernent des personnes que j'accompagne, ou des réflexions sur l'écriture, je les laisse venir.

Je me souviens avoir pensé à la question de se sentir exister, ce qui est fondamental pour pouvoir dire Je. Et à un moment j'ai eu la sensation que au fond de moi, il y avait comme une sorte de masse (comme la mer quand elle devient profonde) qui bruitait en permanence et qui priait, qui disait les mots de la prière ou d'autres, mais qui d'une certaine manière "murmurait" en permanence, quoique je je fasse. Je ne peux pas dire que je suis devenue un moulin de prières, mais il y a en moi désormais quelque chose qui peut prier, qui peut être en permanence.

Cette sensation est une sensation de plénitude, de paix et de joie. C'est en moi, cela me constitue, cela existe et cela palpite comme un coeur ou comme un ruisseau qui murmure.

C'est peut être cela une des raisons de l'existence de l'homme:devenir un ruisseau qui chante en qui chante quelque chose de Dieu.


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