lundi 19 décembre 2011

Pleurer sur un autre que soi...


Lc 19,41 "Quand il approcha de la ville et qu'il l'aperçut, il pleura sur elle"


J'ai reçu un message d'une amie me demandant d'envoyer des pensées positives et aimantes sur notre planète le 17 décembre; plusieurs fois ce jour là, j'y ai pensé et me suis comme vue tenant un globe terrestre dans les mains et soufflant sur lui pour lui donner une enveloppe d'amour. Je dois dire que je pensais aussi à mes petits enfants et à mon désir de leur laisser une planète en pas trop mauvais état. Tout en visualisant ce globe dans son enveloppe de "bonnes pensée" je ne pouvais m'empêcher de pleurer sur ma planète bleue, ma planète qui certes a son propre mode de vie, mais que le notre perturbe certainement.

Quand il y a un tremblement de terre, j'ai souvent l'idée que la terre se secoue parce qu'il y a trop de monde qui s'agrippe à elle, et qu'elle s'en débarrasse à sa manière, un peu comme un animal qui se secouerait pour chasser quelque chose qui le gêne.  Alors cette terre qui est mienne, peut être faut il pleurer sur elle, car nous la conduisons à une certaine destruction. Quand on regarde sur un globe les iles de l'Indonésie, j'y vois toujours un ou des dragons.. Et les dragons ça n'aime pas trop les humains...

Or pleurer "sur" un autre que soi n'est pas si évident. Bien sûr si lors d'un enterrement on a la larme à l'oeil (ce qui est souvent mon cas), on pleure certes pour celui ou ceux qui devront continuer à vivre sans celui ou celle qui est parti, on peut pleurer sur celui qui est parti surtout s'il a beaucoup souffert (la mort d'un enfant en particulier, parce que vu à notre aulne il n'a pas eu son compte de vie) et on peut pleurer sur soi, parce que la mort nous concerne tous et que ce qui se célèbre là renvoie à ma finitude.

Dans l'évangile de Luc, il est étonnant que ce soit le jour de ce qu'on appelle l'entrée triomphale à Jérusalem que Jésus a les larmes qui lui montent aux yeux. Il ne pleure pas sur lui et pourtant il sait ce qui l'attend. Il pleure sur Jérusalem parce qu'elle n'a pas entendu le message, parce que d'une certaine manière elle va vers sa perte, vers sa ruine (que ce soit une ruine spirituelle ou la ruine liée à la guerre). Il s'émeut pour elle, il souffre pour elle, ce qui veut dire que cette ville, il l'aime. Pleurer sur un autre que soi, c'est dire: je vois dans quel état tu es, je tiens à toi, je suis malheureux pour toi et ce qu'autant plus que je ne peux rien faire de plus, mais je t'aime telle que tu es.

Il m'est arrivé plus d'une fois d'avoir les larmes aux yeux en écoutant certains patients, mais cette sensibilité qui est la mienne, et que parfois je ne peux analyser ni contrôler, elle me renvoie souvent à ma propre impuissance. Je ne peux rien faire, sauf être un peu là à un moment donné. Peut être que je pleure un peu sur moi à défaut de pleurer sur eux, même si ma compassion est réelle.

On parle souvent d'un Bouddha de compassion. Moi je me plais à imaginer que aujourd'hui encore Dieu puisse quand il regarde notre terre pleurer sur elle. Pleurer non pas à cause de notre péché qui devrait le faire souffrir (ce que je ne crois pas si Dieu es Dieu), mais pleurer parce qu'Il aime ceux qui sont là et qu'Il se désole de voir que la convoitise reste trop souvent le maître mot et que comme le disait Saint François, l'Amour n'est pas aimé.


Aucun commentaire: