jeudi 31 mai 2012

Pentecôte 2012.

La fête de la Pentecôte,je l'aime et depuis des années il se passe souvent quelque chose. L'an passé à Tigery, cela a été cette image des bougies allumées venant de l'autel et entrant en moi et je pense aussi ce chant en langue qui n'est peut être pas "le chant en langue", mais qui est en moi et qui même s'il n'est qu'une succession de syllabes que je laisse monter sur un rythme presque parlé, il crée en moi de la joie et surtout il m'apprend à me laisser faire.

Cette année, la veille de la Pentecôte, alors que je n'étais pas ravie de devoir faire face aux petits désagréments de la vie quotidienne, j'ai ressenti une bouffée de joie complètement insolite et qui pour moi était cadeau, le premier cadeau;

Souvent, j'ai demandé  la Paix (et c'est ce que j'avais reçu lors mon premier pèlerinage de Chartres) mais la Joie, qui est pourtant un don, jamais je ne l'avais demandée.

Dimanche au Prieuré, le frère Benoît qui animait cette célébration nous a demandé parmi les dons de l'esprit (Galates 5,27) de choisir celui qui nous semblait le plus faible en nous. J'ai choisi la Foi, car pour moi, c'est un jour après l'autre que j'essaye de vivre avec la Présence, et que je ne sais pas de quoi demain sera fait. Or en lisant d'autres traductions de ces versets, j'ai trouvé confiance et fidélité. Or si ces mots là avaient été lus, je ne les aurais pas choisis.

A la messe d'aujourd'hui, le célébrant a dit pendant son homélie (centrée sur la joie de ces deux femmes enceintes qui se rencontrent) la joie et la foi ça va ensemble. Comme clin d'oeil, il me semble que ce n'est pas mal.


jeudi 24 mai 2012

Etre consolée: un peu de mon enfance.

Ce matin sur le site"prier.be"j'ai lu cette phrase tirée du prophète Isaïe: "Comme celui que sa mère console Moi aussi, je vous consolerai (Is 66, 13).
Ceci dit la phrase n'est pas complète. Le verset se termine par: "A Jérusalem  vous serez consolés".


Ce qui veut dire que la consolation vient après les épreuves d'une punition liée à l'infidélité (du moins c'est l'interprétation qui est faire). Si on prend au pied de la lettre, on pourrait presque dire: "mon peuple tu t'es détourné de moi, tu m'as offensé alors je t'ai puni en de déportant". Ton épreuve, est ta punition. Là ce serait le côté masculin de Dieu qui se manifesterait. Cette punition, cette épreuve ayant (peut -être) provoqué un changement dans la relation, alors le côté féminin (maternel) lève la punition et annonce de fait le retour à Jérusalem. C'est le dernier chapitre du livre d'isaïe qui annonce le retour et aussi la destruction des ennemis. 



Pour moi, on a besoin d'être consolé quand on vit quelque chose de dur, quand on a mal, quand on est confronté au manque. La punition qui s'arrête ce n'est pas cela la consolation.  


Mais quand j'ai lu cette phrase (tronquée) elle m'a fait choc car je  n'ai aucun souvenir d'avoir été consolée par ma mère, je dirais même que j'ai l'impression d'avoir essayé (ou même dû) moi la consoler (en particulier quand mon père avait été odieux avec elle) mais moi être consolée, je n'ai pas de souvenirs (ce qui ne veut pas dire que ce ne soit pas arrivé). Je crois que dans ma famille, on console les autres en étant "gentil avec eux", en leur faisant de bons trucs à manger (l'oralité a une grande place pour se consoler: ma maman quand j'étais en internat m'envoyait régulièrement des petits colis remplis de bonnes choses) , en ayant de bonnes notes à l'école (la fierté cela répare), mais on ne parle pas de ce qui a fait mal. Donc a priori pas de gestes et peu de paroles en lien avec ce qui s'est produit et qui est une souffrance ou une douleur.

Je dirai même lorsque quelque chose m'arrivait du style chute, blessure, maladie,la première réaction de ma mère était de se sentir agressée par ce qui m'arrivait et donc de m'en rendre responsable. Cela se passait comme si c'était de ma faute, et aujourd'hui je dirai que c'est peut être de cela donc j'aurais besoin d'être consolée. Le jour où je me suis rendue compte que sur un chemin de montagne je n'étais pas la seule à buter contre les pierres a été un jour béni. j'avais tellement entendu "regarde où tu mets les pieds" que j'étais persuadée que c'était de ma faute si je me cognais.   



j'ai l'impression d'avoir appris très vite à me consoler. Je me souviens (et là c'est avant les 4 ans) avoir installé dans le coin où j'étais censée aller quand j'avais fait une bêtise un certain nombre de poupées, ce qui était un bon moyen de me consoler. je dois dire que je suis très fière d'avoir inventé cela. 

Et puis, j'appartiens je crois à une génération où on nous habituait à marcher sur le douleur. Je me vois encore à 7 ans, tomber, m'esquinter le genou, saigner, prendre un mouchoir et le mettre sur le genou, sans en faire un plat, sans même pleurer et même me débrouiller pour que cela ne se remarque pas.  Et pleurer pour ce genre de chose, il ne fallait pas trop, cela ne se faisait pas. 


C'est peut être pour cela que j'ai tellement de mal à prendre spontanément les gens dans mes bras, même s'ils le demandent. En fait je ne sais pas si ma mère était heureuse d'avoir le gros bébé que j'étais dans les bras. Et pourtant moi, j'ai tellement aimé ce temps où je pouvais porter et tenir mes enfants contre moi, juste à la bonne distance (enfin je l'espère) en fonction de ce que je ressentais de leur corps. Consoler un enfant qui a mal, le voir se détendre, retrouver le sourire quelle joie. Maintenant, on peut consoler quelqu'un avec des mots, pas seulement avec des bras. Et là, normalement je pense savoir (au moins un peu) savoir faire.

Etre consolé c'est avoir soit en dehors de soi, soit en soi quelqu'un qui vous écoute, qui vous supporte, qui vous prend en considération, qui vous respecte et qui ne vous juge pas et qui vous aime.  


Il m'est revenu un autre événement de mon enfance, un événement où il eut été important que je puisse être consolée, seulement j'étais seule avec mon père, j'étais remplie de honte par ce que je venais de faire et ma mère était à des kilomètres. J'avais juste 8 ans, je passais mes vacances en Suisse dans un vrai château. Il y avait les invités (beaucoup d'artistes) et le personnel. J'étais la seule enfant et du coup j'étais fort contente d'avoir trouvé le fils de la cuisinière pour jouer avec lui. D'une certaine manière je me sentais plus proche de ce "petit monde" que de ce "beau monde" où mon père se mouvait avec joie. Moi je m'y sentais mal. 


Un soir nous avons joué à envoyer des pierres sur une cible, mais hélas la pierre a atteint le garçon en question qui a pleuré et a été blessé. Alors pour moi ça a été la panique. Je m'en suis voulue terriblement, et je me suis sauvée dans ma chambre, sans rien dire à personne. Je me suis couchée en larmes sans voir qui que ce soit (et personne d'ailleurs ne s'est ému de ne pas me voir). 


Le lendemain j'ai juste su que la cuisinière ne voulait plus que la "petite demoiselle" parle à son fils. Alors oui, je crois que j'aurais voulu être consolée, que quelqu'un me dise que certes j'avais fait mal à cet enfant, mais que je ne l'avais pas fait exprès (quoiqu'en dise Papa Freud et les actes manqués, parce qu'on peut toujours tout interpréter), que je n'étais pas méchante, que je n'étais pas nulle. Peut être qu'il aurait fallu que j'aille au moins m'excuser de ce geste malencontreux, bref mettre des mots. 


Etre consolée c'est être entendue. Etre consolée c'est pouvoir dire ou ne pas dire, c'est pouvoir expliquer ou ne pas pouvoir expliquer, c'est ne pas être jugée, même si l'acte en soi peut être répréhensible.C'est surtout ne pas être seul. 


Si j'aime autant le chat de de Kipling  (les histoires comme ça) "qui va seul par les sentiers mouillés" c'est peut être parce que même si aujourd'hui je ne suis plus seule quand il m'arrive quelque chose, je l'ai été dans l'enfance et que cela marque considérablement.


mercredi 16 mai 2012

"Faire corps"

Il m'arrive parfois de me sentir faire corps durant une célébration eucharistique soit avec la personne qui est à côté de moi, ou celle qui est devant moi et même avec toute l'assemblée "que ce même esprit fasse de nous un seul corps".  Il arrive que ce lien donne une sensation de force  "tranquille" , d^'être là ou il faut, quand il faut et peut être d'entrer un peu dans la louange.: "qu'il est bon pour des frères d'être ensemble" ps 133.

Mais si faire corps avec les autres est une sorte de représentation d'unité, mais aussi de puissance, il ne me faut pas oublier que les autres font aussi corps avec moi. Ce qu'ils sont je le deviens, comme eux deviennent ce que je suis, avec le bon et aussi le moins bon.

Voir les choses dans ce sens là est nettement moins facile. c'est aussi se laisser porter par eux, d'une certaine manière les laisser entrer en moi; union sans confusion.

Mais de même que la carte n'est pas le territoire, le corps qui se crée là, n'est pas la somme des parties, des différentes personnalités qui sont là.

C'est par la présence de l'Esprit Saint que ce corps de personnes juxtaposées devient corps présence du Père et du Fils: "Par Lui, en Lui et avec Lui...."


vendredi 11 mai 2012

Une image

Pendant une messe de semaine...

Je vois une porte fermée. D'un côté de la porte il y a une source qui passe sous la porte et qui coule donc de l'autre côté, mais elle souffre (si je puis dire) de devoir passer en dessous, elle aimerait pouvoir couler librement, sans avoir à s'aplatir pour pouvoir arriver de l'autre côté. Elle en a assez d'être contenue dans cet espace restreint.

Alors la source va chercher d'autres sources pour pousser la porte, peut-être pour creuser en dessous pour déstabiliser la porte et pour que la porte s'ouvre en grand et que l'eau coule librement. Il n'y a pas de fracture, pas d'effraction, simplement une force suffisante pour que la porte tourne autour de ses gonds et s'ouvre en grand.

Puis l'eau s'est remplacée par de la lumière. Il y avait une pièce remplie de lumière une porte fermée et une pièce sombre, éclairée juste par le rai de lumière qui passait sous la porte. Et le même désir: que la porte s'ouvre, et la porte s'est ouverte et la lumière a pu tout éclairer.

Quand la toute première image est venue je ne savais pas du tout pour qui je recevais cette image, mais elle n'était pas pour moi. Aujourd'hui je pense le savoir.

"Ouvrez les portes..."


jeudi 3 mai 2012

Pourquoi 2 récits de la création..

Une idée un peu farfelue qui m'est venue ce matin.

Le premier récit (indépendamment de la représentation de Dieu qui est présente) montre ce qu'est la terre et comment l'humain est en relation avec celle ci (il a autorité sur les bêtes, les poissons, les volatiles). On est donc dans de l'horizontal, même s'il est fait notion des fêtes à respecter.

Le second récit lui, montre comment l'homme est en relation avec Dieu, et comment cette relation se modifie, sans que pour autant l'homme soit "sans" cette référence. On est donc dans le vertical.

Et ce sont bien des deux dimensions qui structurent l'humain.

mercredi 2 mai 2012

"Maître".

Quelques réflexions au fil des dernières vingt quatre heures.
Pas forcément très clair, mais si j'attends trop, ce sera encore plus confus.

Quand Marie -Madeleine rencontre celui qu'elle croit être un  jardinier au matin de la résurrection, elle lui dit "Rabbouni " ce qui veut dire Maître quand elle se rend compte de sa méprise. Or jusqu'à hier quand je lisais cela, je pensais à rabbi, celui qui sait, celui qui enseigne, mais je n'y voyais pas un "Maître" qui comme tout maître est certes un enseignant mais surtout un éveilleur. Or c'est exactement ce qui se passe avec Marie-Madeleine, elle s'éveille, elle comprend, et va transmettre. Elle est sortie de sa stupeur pour devenir une vivante. or c'est bien cela le travail d'un Maître. C'est faire émerger de la personne qui veut être son disciple ce qu'il y a de vivant en elle.

Ce mot "maître" est souvent employé dans les évangiles et du coup le sens qui m'interpèle aujourd'hui, pas maître (propriétaire, patron)  avec une minuscule mais  Maître avec une majuscule, (celui qui sait, celui qui transmet) ne m'était jamais apparu aussi nettement. Quand Marthe dit à sa soeur "le Maître te demande", elle parle bien de Jésus comme de quelqu'un qui vient de se présenter comme celui qui est plus fort que la mort (celui qui croit en moi fut il mort, vivra éternellement), donc en Maître.

La phrase que l'on trouve dans les lectures du Samedi Saint  qui s 'adresse à Adam:" Eveilles toi ô toi qui dors, réveilles toi d'entre les morts et le Christ t'illuminera" me semble résumer pour moi aujourd'hui le travail de Jésus et de son Esprit. Sortir du sommeil, se réveiller pour s'éveiller et voir la Lumière, la laisser entrer petit à petit.

Ce maître là, il fait naître l'envie d'être disciple. 

Ensuite j'ai un peu divagué sur le jardin de la Genèse et sur un possible désir de Dieu envers l'humain (qu'il sorte de la glaise pour venir travailler dans le jardin, ou qu'il sorte de animalité pour aller vers son humanisation).

Peut être que le jardin de la Genèse n'était pas un jardin banal, mais un de ces jardins où les Maîtres aiment à se promener et à enseigner leurs disciples. Après tout ce jardin avec ces deux arbres n'est pas un simple jardin potager ou un simple verger. Peut être que c'était là, que l'Adam et celle qui a été tirée de son côté, devaient peu apprendre à connaître et à différencier ce qui est bon ou ce qui est mauvais. Seulement au lieu d'apprendre progressivement, ils ont ingéré d'un coup cette connaissance et cela a été trop violent pour eux. Ils ont brûlé les étapes et ils se sont brûlés les ailes. Mais cela  ne m'empêche pas de penser que le désir du créateur, était de faire de nous des êtres certes de glaise mais des êtres éveillés.

Et finalement l'histoire du peuple choisi est bien l'effort d'un Dieu pour créer un humain qui tienne et compte de Lui et compte de l'Autre. Le partiel échec a conduit à la présence de Jésus et là aussi son partiel échec a permis l'envoi de cet autre que nous nommons l'Esprit Saint. Il est comme la permanence des deux autres...

Considérer Jésus comme cela, comme un Maître, un de ces êtres déjà transformé (car de son vivant comme après sa résurrection, jésus n'est pas comme tout le monde) et qui désire profondément ma transformation, me permet d'avoir envie d'être disciple, d'être éveillée par Lui, de recevoir ce qu'Il a promis: son Esprit. Cette représentation "Maître Disciple" est pour moi aujourd'hui  (j'insiste sur le aujourd'hui car je ne sais pas de quoi sera fait mon demain) une espèce de déclic qui me permet  d'entrer dans quelque chose de la trinité, parce qu'il y a une sorte de cohérence de désir entre ces trois qui sont un. 

Je veux dire qu'il y a le désir de Dieu (nous faire sortir de l'animalité pour entrer dans la relation où l'on cherche l'autre comme un semblable),  il y a le désir de Jésus qui est de nous montrer et de nous apprendre à aimer, et il y a la présence de l'Esprit qui oeuvre dans le même sens, en nous permettant de rentrer dans le chemin de suiveur , de disciple et peut être à notre tour d'éveilleur.