mercredi 2 mai 2012

"Maître".

Quelques réflexions au fil des dernières vingt quatre heures.
Pas forcément très clair, mais si j'attends trop, ce sera encore plus confus.

Quand Marie -Madeleine rencontre celui qu'elle croit être un  jardinier au matin de la résurrection, elle lui dit "Rabbouni " ce qui veut dire Maître quand elle se rend compte de sa méprise. Or jusqu'à hier quand je lisais cela, je pensais à rabbi, celui qui sait, celui qui enseigne, mais je n'y voyais pas un "Maître" qui comme tout maître est certes un enseignant mais surtout un éveilleur. Or c'est exactement ce qui se passe avec Marie-Madeleine, elle s'éveille, elle comprend, et va transmettre. Elle est sortie de sa stupeur pour devenir une vivante. or c'est bien cela le travail d'un Maître. C'est faire émerger de la personne qui veut être son disciple ce qu'il y a de vivant en elle.

Ce mot "maître" est souvent employé dans les évangiles et du coup le sens qui m'interpèle aujourd'hui, pas maître (propriétaire, patron)  avec une minuscule mais  Maître avec une majuscule, (celui qui sait, celui qui transmet) ne m'était jamais apparu aussi nettement. Quand Marthe dit à sa soeur "le Maître te demande", elle parle bien de Jésus comme de quelqu'un qui vient de se présenter comme celui qui est plus fort que la mort (celui qui croit en moi fut il mort, vivra éternellement), donc en Maître.

La phrase que l'on trouve dans les lectures du Samedi Saint  qui s 'adresse à Adam:" Eveilles toi ô toi qui dors, réveilles toi d'entre les morts et le Christ t'illuminera" me semble résumer pour moi aujourd'hui le travail de Jésus et de son Esprit. Sortir du sommeil, se réveiller pour s'éveiller et voir la Lumière, la laisser entrer petit à petit.

Ce maître là, il fait naître l'envie d'être disciple. 

Ensuite j'ai un peu divagué sur le jardin de la Genèse et sur un possible désir de Dieu envers l'humain (qu'il sorte de la glaise pour venir travailler dans le jardin, ou qu'il sorte de animalité pour aller vers son humanisation).

Peut être que le jardin de la Genèse n'était pas un jardin banal, mais un de ces jardins où les Maîtres aiment à se promener et à enseigner leurs disciples. Après tout ce jardin avec ces deux arbres n'est pas un simple jardin potager ou un simple verger. Peut être que c'était là, que l'Adam et celle qui a été tirée de son côté, devaient peu apprendre à connaître et à différencier ce qui est bon ou ce qui est mauvais. Seulement au lieu d'apprendre progressivement, ils ont ingéré d'un coup cette connaissance et cela a été trop violent pour eux. Ils ont brûlé les étapes et ils se sont brûlés les ailes. Mais cela  ne m'empêche pas de penser que le désir du créateur, était de faire de nous des êtres certes de glaise mais des êtres éveillés.

Et finalement l'histoire du peuple choisi est bien l'effort d'un Dieu pour créer un humain qui tienne et compte de Lui et compte de l'Autre. Le partiel échec a conduit à la présence de Jésus et là aussi son partiel échec a permis l'envoi de cet autre que nous nommons l'Esprit Saint. Il est comme la permanence des deux autres...

Considérer Jésus comme cela, comme un Maître, un de ces êtres déjà transformé (car de son vivant comme après sa résurrection, jésus n'est pas comme tout le monde) et qui désire profondément ma transformation, me permet d'avoir envie d'être disciple, d'être éveillée par Lui, de recevoir ce qu'Il a promis: son Esprit. Cette représentation "Maître Disciple" est pour moi aujourd'hui  (j'insiste sur le aujourd'hui car je ne sais pas de quoi sera fait mon demain) une espèce de déclic qui me permet  d'entrer dans quelque chose de la trinité, parce qu'il y a une sorte de cohérence de désir entre ces trois qui sont un. 

Je veux dire qu'il y a le désir de Dieu (nous faire sortir de l'animalité pour entrer dans la relation où l'on cherche l'autre comme un semblable),  il y a le désir de Jésus qui est de nous montrer et de nous apprendre à aimer, et il y a la présence de l'Esprit qui oeuvre dans le même sens, en nous permettant de rentrer dans le chemin de suiveur , de disciple et peut être à notre tour d'éveilleur.

2 commentaires:

AlainX a dit…

Ton texte amène une question.
Tu évoques le désir de Dieu, le désir de Jésus, mais qu'en est-il du désir de l'homme ?
N'y a-t-il pas là une sorte de hiatus, dans le fait que l'intensité de désir divin ne rejoint pas l'intensité du désir de l'homme ?

Dieu se choisit un peuple, mais le peuple me choisit-il pour Dieu ?
Au plan humain (si je puis dire ainsi) c'est le disciple qui se choisit un maître et non l'inverse. Sinon ça ne peut pas marcher. Comme tu le dis d'ailleurs, il faut que le maître donne envie d'être disciple. Mais le maître ne peut rien imposer…
le maître autoproclamé est toujours un gourou ! Un adepte de la mise en esclavage, c'est-à-dire un esprit d'appropriation et de domination, et non pas de service.
C'est pour ça que je suis toujours gêné de ce Dieu qui choisit tout lui-même en premier. Toi, toi, et toi, venez par ici…
Certes il laisse la liberté. Il veut des disciples, pas des esclaves.
Mais quand même… Je serais tenté de dire… Il fait pas mal pression ! Il revient à la charge !
Et bien des hommes s'éloignent…

(Bon, OK, j'en parle à mon psychanalyste :-)) )

Giboulee, a dit…

Dans le milieu que je fréquente, il y a des chants du style: je n'ai d'autres désirs que de t'appartenir.. C'est d'ailleurs un beau chant, mais en écrivant ce texte, je me suis posée la question qu'on ne s expose pas, puisque la réponse est donnée de la façon suivante: l'homme est créé pour servir, louer et adorer (à mettre dans l'ordre qu'on veut) et si c'est cela le désir de Dieu et bien cela ne me plait pas des masses.

D'où mon questionnement sur quel est le désir de Dieu pour l'homme, aujourd'hui.

Je ne sais pas si c'es Dieu qui met la pression ou ceux qui se prennent pour lui et qui ainsi mettent l'accent sur l'obéissance et pas sur l'amour. Enfin ceci est une manière de voir les choses.