samedi 29 septembre 2012

Cancer

Comme je l'ai écrit dans l'autre blog (journal de ma vie avec un petit nodule), je suis considérée comme guérie.

Pour moi, le cancer est une maladie multi factorielle, et le psychologique a pour moi une incidence considérable.

Quand on est psy, quand on a fait deux psychanalyses, une partie de soi, imagine que les traumatismes parce qu'on a l'habitude de mettre des mots dessus, de ne pas trop fonctionner dans le déni, ne se traduiront pas par une dégringolade telle que le  corps va se manifester. On se dit que anticiper un vécu dépressif possible (vive l'homéopathie) permettra en quelque sorte de protéger le corps.

Car si, comme moi, on a été formé par l'enseignement de Pierre Marty, on sait que en cas de trauma il y a toute une série de défenses possibles et c'est quand les défenses psychiques ne peuvent résister que le corps prend le relais. Du coup quand le corps est atteint pas le cancer, cela signe une sorte de défaite de la mentalisation et pose question. Pourquoi mon corps me fait cela? Qu'est ce qui a fait effraction au point de détruire les défenses mentales? Et quelque part, une certaine la toute puissance de la pensée en prend un coup, ce qui est peut être une très bonne chose.

Après tout Freud est bien mort d'un cancer de la gorge, ce qui pour un analyste n'est pas rien sur le plan symbolique.

Il faut donc reconnaître qu'un traumatisme est un traumatisme, c'est à dire qu'il a fait effraction, qu'il a été brutal et que par définition il n'a pas pu être métabolisé.

On dit qu'il faut 7 ans pour qu'une tumeur cancéreuse doit visible. Ensuite, elle peut grossir très vite puisque le mécanisme est enclenché.

J'avais toujours pensé que le gros incident de santé qu'avait vécu mon mari l'année qui a précédée le diagnostic de mon cancer avait eu un rôle non négligeable sur l'apparition de cette tumeur. Mais...

Mais, si on revient 7 ans en arrière, je dois reconnaître qu'il s'était passé beaucoup de choses à ce moment de ma vie.

J'ai pris ma retraite à cette époque là.  Comme nous avions aussi choisi de déménagerje pensais que le changement de vie (changement souhaité) ne ferait pas de vagues. N'empêche que le mois d'Août (j'ai pris ma retraite en octobre, histoire de grapiller un trimestre puisque je n'ai pas une retraite à taux plein) je l'ai consacré à écrire. L'écriture pour moi a toujours été thérapeutique. J'ai écrit pour ma petite fille et pour mes enfants, pour que plus tard ils puissent se représenter ce qu'avait été ma vie, et surtout mon enfance. Donc même si j'ai continué à travailler un peu (bénévolement si on peut dire puisque ma remplacante n'était pas arrivée), l'arrêt n'a peut être pas été aussi facile que cela à accepter. Je me souviens d'ailleurs avoir au fond de moi très mal réagi en cochant la case "retraitée" dans les feuilles de sécurité sociale. Cocher cette case c'était en quelque sorte perdre mon identité. Je sais très bien qu'on ne se définit pas uniquement par sa profession, mais là "retraitée" c'était une sorte de fourre tout que je n'ai pas aimé du tout.

C'est aussi le moment où j'ai décidé (parce que faire des choses ensemble me semble nécessaire) de reprendre une certaine pratique religieuse. Et je dois dire que cela a été très difficile. J'ai buté sur les gestes, sur les mots, rien ne me parlait. Je me sentais totalement en marge et pourtant incontestablement parce que je ne retrouvais rien de ce qui avait fait mon bonheur durant toute une partie de ma vie, et forte de ma formation psy, quelque chose se mettait en route au niveau d'une réélaboration. Mais tout enfantement est douloureux et je ne pensais pas que cela le serait autant.

Il y a eu d'autres évènements, mais je n'en parlerai pas ici.

Je continue à penser que les causes de l'apparition d'un cancer sont multifactorielles, que certes l'hérédité et l'âge ont un rôle, mais que le psychisme pèse pour beaucoup et peut parfois expliquer le lieu (symbolique) de l'atteinte.


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