lundi 1 octobre 2012

"Images".

Les charismatiques que je connais, donnent souvent au cours de certaines assemblées  (groupes de prière, messes) des images qu'ils ont "reçues". Cela fait partie de charismes qu'ils ont reçu (ou pas) lors de leur baptême dans l'Esprit.

Souvent je me demande si ces images sont reçues dans le ici et maintenant, ou si elles ont été reçues à un moment donné et sont répercutées pour ce groupe là. Parfois, comme certaines phrases elles me paraissent un peu tendancieuses: faire comprendre quelque chose aux personnes qui sont réunies par exemple pour une retraite ou une session. De plus qu'on le veuille ou non, quand des personnes sont réunies ensemble, il y a des phénomènes de groupe qui se mettent en place et aussi des communications d'inconscient à inconscient.

Je veux dire qu'il est très possible que certaines images soit une mise en mot de ce que le groupe en tant qu'entité groupale (voir les travaux anciens maintenant de Didier Anzieu et collaborateurs) vit à ce moment là.

J'ai aussi l'impression que certaines personnes reçoivent un certain type d'images. A un moment il y avait dans le groupe quelqu'un qui avait souvent des images de fleurs, des images gaies que pour ma part j'aimais bien et qui d'une certaine manière allait bien avec cette personne.

Ceci dit, il m'est arrivé (rarement) dans les groupes de prières d'avoir des  images (mais en fait j'ai d'abord un mot qui arrive et qui se transforme en image)  qui allaient dans le même sens que des images données ou qui les complétaient.

Professionnellement, je fonctionne beaucoup par images. La visualisation m'a beaucoup aidée pendant mon cancer, mais là c'est une autre histoire.

Quand j'écoute quelqu'un, les images viennent seules. Par exemple quand quelqu'un me parlait de son impression que tout un aspect de son travail allait être mis en pièce, j'ai eu l'image de corbeaux qui s'abattaient sur une partie d'elle et qui arrachaient des morceaux. Cette image me montrait à quel point la souffrance était considérable, mais aussi me poussait à élaborer avec elle quelque chose qui ressemble à un filet pour se protéger, (tu m'as délivré de la main de l'oiseleur) ou une sorte de bouclier (peu importe) pour à la fois se protéger des attaques, mais surtout pour protéger la partie saine. parler des cette partie qu'il fallait aussi protéger a été je crois quelque chose de positif pour la personne que je recevais. Il ne s'agit pas de proposer moi des moyens de protection mais de dire que la personne a le droit de se protéger et que c'est à elle de trouver les moyens de le faire.

Quand je touche le corps une personne, il arrive aussi qu'une image me soit comme donnée et cette image qui me permet de dire ce que je ressens, ce que je perçois, elle est pour moi une aide donnée par l'Esprit Saint, parce que je me considère juste comme un canal. Je sais que je peux donner parfois un peu de paix, mais cette paix, elle n'est pas mienne. Il s'agit juste de la transmettre et quand une image vient, la mise en mot permet de sortir de subjectif, car il est important que cette image prenne sens ou fasse sens pour l'autre.

Pendant tout un temps, je demandais des images pendant que je priais ou essayais de prier. Et puis récemment, je me suis dit que ces images qui sont en fait des charismes, n'ont de sens que si elles sont données non pas pour le plaisir de la personne (moi Dieu, je t'aime bien alors je te donne des images pour que tu te sentes aimée) mais pour le groupe qui est là, pour que le groupe soit "édifié" aux deux sens du terme: qu'il se bâtisse  comme un groupe animé par l'Esprit Saint (Si le Seigneur ne bâtit la maison, les bâtisseurs travaillent en vain)  et que éventuellement la parole fasse sens (qu'elle soit édifiante) pour certaines personnes ou pour une personne, qu'elle lui permette de changer, de progresser.

Il y a quand même une image dont j'ai envie de parler. Je suis sur un chemin de montagne qui est barré par une pierre très haute. Pour l'escalader il y a une échelle de corde. Bon, je n'aime pas du tout. Je regarde s'il n'y a pas moyen de faire autre chose, et je commence à monter deux ou trois échelons. Puis la peur me prend, et je veux redescendre. Et là je me rends compte alors que d'une certaine manière l'échelle s'est déplacée, que le premier échelon est bien au dessus du sol  et comme (cela c'est la réalité, mes muscles sont  loin d'être puissants) si je redescends, je ne pourrais plus mettre les pieds sur les échelons. Et là je comprends alors que certes moi je monte les échelons mais que quelqu'un tire l'échelle vers le haut pour que je puisse arriver au somment de cette espèce de pierre qui barre la route. Et là, je dois dire que je me rends compte que je ne suis pas seule, que quelqu'un travaille avec moi et je ressens une gratitude importante. Je me dis que cette image là, elle peut apporter quelque chose à une communauté ou à d'autres personnes: quand on commence à gravir des marches et cela peut être difficile, essayer de ne pas oublier que quelqu'un est là et tire l'échelle.

Peu de temps après m'être dit que les images je ne voulais pas courir après, un matin, (je pratique la prière du coeur)  je me vois au bord d'un grand lac, c'est la nuit. Je sais que ce lac c'est celui de Tibériade et j'entends comme une voix qui me dit: "je te guéris de la blessure du lac".

La blessure du lac, elle a eu lieu il y a presque 50 ans pendant un pèlerinage avec le Centre Richelieu. J'étais chef d'un groupe de filles, nous campions sur les bords du lac. Je m'y étais baignée et avait failli me fait cogner par une barque de pêcheurs. Ce bain avait été un plaisir. Et puis pendant la nuit, réveil en sursaut: une des filles de mon groupe avait été mordue par un serpent. Panique, faire prévenir Jean Marie Lustiger, s'occuper de la fille  qui se "vide" lui faire avaler du café, la faire évacuer. En fait tout cela reste assez confus, mais elle est dirigée sur un hôpital et heureusement ce n'est pas un samedi.

Le lendemain, je m'active pour ne pas penser trop. Je relis le discours sur le pain de vie (ne sommes nous pas près de l'endroit où Jésus aurait dit ces mots)? Et je fais une impasse totale sur ma colère, sur ma peur, sur tout ce que je ressens et en particulier sur ce que je vis comme quelque chose de totalement injuste: pourquoi mon groupe,  pourquoi est ce  tombé sur elle et pas sur moi, (je sais c'est stupide, mais c'est comme ça) et je crois qu'une fissure se fait... Comment croire en un Dieu qui laisse faire cela... Il y a quelque chose d'insidieux qui se sape au niveau de la confiance.

Ce que je veux dire c'est que parfois la perte de la foi c'est quelque chose de très progressif. Il y a des événements qui font que  que l'on se pose des questions, mais que cela semble en rester là. On  a l'impression que c'est du passé, que c'est cicatrisé, mais c'est juste un vernis qui est posé sur la fissure. Et quand il y a beaucoup d'atteintes, ça finit pas craquer.

Oui, il y a eu pour moi une blessure ce soir là, une blessure qui pour être réparée avait besoin même 50 ans après d'entendre de la.   cela me permet de regarder cet évènement autrement, d'autant que la jeune fille dont je n'ai jamais eu de nouvelles, car elle n'habitait pas en France, mais un pays limitrophe francophone) s'en est sortie (mais je ne sais pas avec quelles séquelles).

Cette image que je n'ai pas cherché (parce que je ne demande plus ce signe) est comme un cadeau.

Ce qui est étonnant c'est que je travaille (si on peut employer ce mot) avec une jeune femme qui porte le même prénom que cette jeune fille qui a failli mourir et qui habite le même pays qu'elle  (pas la France) et qui comme elle a été mordue par une sorte de vipère blanche dès sa petite enfance (je parle de manière symbolique) et qui lutte pour se sortir du poison inoculée par ceux qui avaient charge d'elle.

Alors peut être que à mon insu, m'occuper de cette personne est une sorte de réparation  de cet accident dont de fait je n'étais pas responsable. Je sais fort bien que souvent en permettant à l'autre de se réparer, (je n'ose pas dire en le réparant, parce que cela n'est pas possible)  on répare aussi une partie de soi, qu'elle soit ou non une partie infantile.

Si la blessure est guérie, alors cela peut signifier une sortie de la "réparation" qui d'un point de vue psychanalytique est  toujours lié à la culpabilité et la possibilité de trouver un autre type d'accompagnement (j'allais dire de compagnonnage) avec cette personne.



1 commentaire:

Anonyme a dit…

Bonjour
comme j'aime ce billet, du début à la fin.
Merci et bonne journée
MCL