mercredi 17 octobre 2012

"Pécheur... fourmi"

Ce qui entre autre ressort de la la religion (je ne dis pas la foi) catholique, c'est que par définition l'homme n'étant pas capable de faire que du bon il est pécheur: on trouve déjà cela dans un psaume Psaume 50-51: " dès le sein de ma mère,je suis pécheur"

 Donc dire ou reconnaître qu'on est pécheur n'apporte rien, c'est un fait. Dans la liturgie on nous bassine quand même avec ce mot là. Hier le chant du Kyrie était:  "prends pitié de tout homme pécheur" (à moins que ce ne soit: "prends pitié de nous hommes pécheurs" car je n'ai jamais été capable de comprendre ce qu'il fallait chanter) m'a un peu exaspérée.

Oui nous sommes pécheurs, et alors.  Ce serait plus simple de dire, prends pitié de tous les hommes.. Et même pourquoi ce terme de "pitié". Si cela pouvait simplement vouloir dire: "regarde nous avec amour, parce que la vie n'est pas facile", cela me plairait bien plus.

Si comme le disait un de mes amis, ce mot "pécheur" sert juste à nous rappeler que nous venons de l'humus et que nous n'avons pas à oublier que l'humanisation est loin d'être facile et évidente et que pour y arriver nous avons besoin d'aide, alors oui, mais est cela qui est derrière ce mot?

 Que cela serve théoriquement à nous montrer la bonté d'un dieu qui ne détruit pas pas, mais qui va jusqu'à donner sa vie pour nous, d'accord. Que cela serve à montrer la distance entre l'humain et Dieu encore d'accord, mais l'homme est quand même "sauvé" (n'est ce pas le centre de la foi) et je me dis que ce serait bien parfois de rentrer dans le registre du vivant, du debout, du guéri sans toujours se centrer sur le moche.

Autrefois il ne fallait pas dire à un enfant qu'il était beau (et ou intelligent) parce que cela pouvait le rendre orgueilleux (je pense au plus profond de moi que c'est surtout pour ne pas attirer sur lui le "mauvais oeil") alors peut être que l'église fait pareil. Au lieu de dire à l'homme qu'elle se réjouit qu'il soit pécheur pardonné, donc déjà dans la vie éternelle,  non elle l'enfonce dans son péché et bien souvent dans la culpabilité.

suie
Ceci dit, il ne faut pas oublier que même si on ne fait pas de "gros" péchés, on est solidaire qu'on le veuille ou non de ce qui se passe, de ce qui se vit dans le monde et de ce côté là, c'est quand même très noir, très plein de suie (j'aime l'image de la suie pour le péché ou pour le mal) car elle obstrue tout et ne permet pas à la peau de respirer, elle étouffe insidieusement et personne n'en est à l'abri et souvent on ne s'en rend pas compte. Quand on vit dans la pollution, on ne se rend pas compte que c'est pollué. Il faut aller ailleurs pour voir que ciel a une autre couleur, que l'air a un autre goût.
Et là, oui je crois profondément que l'aide de l'Esprit Saint est indispensable et nécessaire pour nous purifier, nous laver et nous permettre de voir sans nous aveugler. C'est si facile de ne pas voir.


Curieusement, plus le temps passe et plus je me sens (représente) comme toute petite devant Dieu. Un tout petit bout, une toute petite chose. Peut être est ce lié à la vieillesse, car il me semble que je me tasse et que comme je fais moins de choses, je deviens "petite". D'ailleurs quand je pense à mes parents, je dis toujours "ma petite maman ou mon petit papa" comme si avec la mort, ils avaient rétréci. Il faut dire que quand ma grand mère paternelle est morte, j'ai rêvé d'elle comme si elle était une petite fille dans une sorte de berceau. Ma "petite Babou".

Alors un matin, pendant le temps de prière du coeur, j'ai eu envie de remplacer"aies pitié de moi pécheur" par "aies pitié de moi fourmi". Une fourmi c'est à la fois de l'individuel, mais c'est aussi du collectif.

Chaque fourmi a sa fonction, il y a les ouvrières avec des tâches diversifiées, les guerrières, la reine etc. Chacune fait ce qu'elle a faire, ce pourquoi elle est programmée. Se pose t elle des questions sur si elle fait bien ce qu'elle a faire ou si elle le fait mal?

 Je n'en sais rien. Simplement, elle est une fourmi et elle fait ce qu'elle a faire.. Peut être qu'une fourmi parfois ne fait pas bien ce qu'elle doit faire.. Que lui arrive t il? Je n'en sais rien.

Et puis les fourmis elles explorent. Bien entendu je déteste quand elles arrivent dans ma cuisine pour voir si elles peuvent trouver quelque chose, mais elles cherchent.

Alors j'essaye de faire ce pourquoi je suis faite, même si je ne le sais pas toujours très bien. Mais j'essaye de le faire bien et si je me plante, et bien c'est comme ça. Je ne m'en veux pas trop, je suis une petite fourmi.

Une fourmi c'est tout petit, mais si on l'agresse ou si elle croit être agressée, elle attaque. C'est automatique. Elle est comme ça.  Elle a ses réactions de fourmi parce qu'elle est une fourmi. Moi aussi je pense avoir des réactions presque automatiques..Donc pas toujours bonnes.

D'accord je ne sais pas si les fourmis ont un cerveau avec une intelligence qui leur permet de savoir qu'elles ne sont pas toute puissantes, invincibles, crées, moi par contre je le sais, mais qui suis-je devant Dieu?

Je connais mes limites, mes faiblesses, et c'est comme ça.

Savent elles qu'il y a un Dieu? Ont elles des mots à elles? Je n'en sais rien. Je sais que nos mots à nous sont bien faibles. Par exemple on parle beaucoup de l'énergie divine, mais plus ça va et plus je sais que Dieu ne peut être réduit à l'énergie que nous pouvons parfois percevoir. Il est bien au de-la de ça.

Moi, je me sens comme une toute petite fourmi devant Dieu. je ne sais pas toujours ce qui est bien, ce qui est mal, parce que je suis une petite fourmi. Et j'espère que cette petite fourmi Dieu la regardera pour ce qu'elle est, une toute petite chose et qu'il ne l'écrasera pas... Une fourmi qui est sur un brin d'herbe qui ne se courbe pas sous son poids, c'est beau.

Et puis même s'il l'écrase peu importe, cela permettra de voir enfin ce qu'il y a de l'autre côté. Et puis savoir qu'on peut être une fourmi aimée, ma foi cela change bien des choses et c'est peut être cela qui manque dans nos liturgies, chanter la joie d'être aimé pour ce que nous sommes (que ce soit ou non en devenir).

J'aurai pu choisir une coccinelle, mais fourmi et pécheur c'est le même nombre de syllabes et je ne connais rien sur les moeurs "sociales" des coccinelles.

Je sais que ce billet part un peu dans tous les sens, mais maintenant qu'il est écrit, il est écrit.

1 commentaire:

AlainX a dit…

Ce que je trouve intéressant dans cet aspect « fourmis » c'est aussi l'appartenance absolument indispensable de la participation à l'aventure de la fourmilière…
La fourmi solitaire, perdue, est vouée à la mort…

Ça me faisait penser à la brebis perdue…

Et du côté des hommes, à la nécessité de la fraternité…