samedi 30 novembre 2013

Prier pour moi c'est...

Prier :
« Que je fasse de ma vie quelque chose de simple et beau que tu puisses remplir de ta musique ».Cette phrase je la connais depuis des années et elle m’a toujours accompagnée, et elle est pour moi prière ou représentation de la prière.

Pour jouer soi même de la flute, il faut apprendre, il faut faire des exercices. Il y a des spiritualités qui en parlent beaucoup des exercices, je ne m’y reconnais pas, parce que le joueur de flute ce n’est pas moi, c’est le Seigneur (ou son souffle) et moi, j’ai juste à le laisser faire.

Que cela nécessite du temps, que cela nécessite non pas de faire des gros efforts mais de se donner des moyens, oui, mais l’artisan c’est Dieu. Et peu à peu lui qui pour moi est la source et le sourcier se laisse découvrir et me transforme.

Pour moi, prier, c’est être cette flute dans laquelle le souffle de Dieu peut passer. Cela veut dire ce que cela ne se fait jamais d’un coup, qu’il me faut du temps. Il me faut du temps pour que je sois là présente, pour que j’entende ce murmure qui est en moi au plus profond de moi, qui chante comme l’eau d’un ruisseau ou d’une source. Utiliser ma respiration, sentir l’air qui arrive en moi, qui me dit à sa manière la présence de l’Esprit.

Parfois (souvent) surtout au début de ce temps que j’ai la chance de pouvoir me donner, de pouvoir prendre, mon oreille n’entend rien. Mais c’est peut être parce qu’il faut le temps de nettoyer le tuyau pour le désencombrer, pour qu’il se laisse frotter dans son intérieur.  C’est parfois ce temps où les souvenirs (surtout ceux du passé, de l’enfance) sont là et où il faut les lâcher, les laisser partir, s’envoler comme s’ils ne vous appartenaient plus. C’est aussi le temps où l’Ecriture s’éclaire, où une compréhension  jaillit et procure de la joie à l’état pur.

Prier pour moi, c’est souvent penser mais en me laissant agir(mouvoir et émouvoir) par ce souffle qui vient d’ailleurs.

Prier, c’est laisser passer l’air en soi, faire de la place, faire du vide qui n’est pas du vide. 

Parfois il faut peut être que de nouveau trous (dans cette flute) se créent pour que de nouveaux sons puissent sortir : un autre regard, une autre écoute, une autre inventivité, mais pas la mienne, même si elle s’appuie souvent sur ce que je sais. Ce ne sont pas mes trous, mes notes, peu importe, ce qui compte c’est que ça sonne le plus juste possible. De toutes les manières moi je suis juste l’instrument. Parfois ce sera un mot qui s’imprime, juste un et il devient prière. Je veux dire que dans ce temps qui est le mien, à un moment donné, les choses se ralentissent, le tambour bat lentement, profondément et  tout se met à l’unisson .

Parfois c’est juste être là avec cette certitude que ce temps que je passe à prier, cela crée du Seigneur et cela crée du moi, parce que l’important c’est le temps donné. Prier c’est être avec, que je le sente ou ne le sente pas.
  
Prier c’est me décentrer, c’est essayer de ne pas être envahie par ce qui est trop présent, mais c’est aussi chercher parfois des solutions, pour que ce que je pourrais dire et faire dans la journée qui vient ne masque pas la Présence de celui qui est là en moi.

Prier c’est laisser faire en moi…



vendredi 1 novembre 2013

La croix comme un autel: Juges 6, 20-22

La croix comme un autel.

Je n’aime pas les images de victime, de sacrifice, d’autel, ni la formule « le sang de la croix », j’ai beaucoup de mal avec l’épître aux Hébreux, Jésus à la fois prêtre et victime , mais dans le livre des juges il y a un épisode que j’aime beaucoup et qui se passe avec Gédéon.

Gédéon vient de comprendre que celui qui s’adresse à lui en lui disant « salut à toi vaillant guerrier » alors qu’il est en train d’essayer de « planquer » le grain qui devrait revenir à l’occupant, n’est autre que l’Ange du Seigneur  c’est à dire que le Tout Puissant se montre à lui sous cette forme là. Gédéon demande un signe pour être bien sûr qu’il n’a pas la berlue. Ce ne sera que le premier de nombreux signes que Gédéon demandera et je trouve cela très rassurant : ne pas avoir peur de discuter le bout de gras avec le Seigneur, demander qu’il se manifeste de manière à ce que nous puissions être surs de bien comprendre ce qu’il veut Lui.

Et Gédéon prépare un sacrifice pour cet « Ange » qui attend bien patiemment que tout soit près : il s’agit quand même de tuer et préparer un chevreau et des pains sans levain en grande quantité : 30 kilos de farine, ce qui n’est pas rien. J’en arrive au passage qui est pour moi très important :Ju 6,20-22. : L’ange lui di : va poser la viande et les pains sur ce rocher et verse le jus par dessus. Gédéon obéit. Alors l’ange du Seigneur étendit la main et avec l’extrémité du bâton qu’il tenait il toucha la viande et les pains. Le feu jaillit du rocher et brûla la viande et les pains ».

Ce qui m’interpelle dans ce passage c’est le feu ne sort pas du bâton tenu par l’ange, ce n’est pas la foudre qui tomberait du ciel et qui viendrait consumer les offrandes, non c’est le rocher qui devient autel et qui devient source de feu et qui consumme entièrement l’offrande qui est holocauste, puisque tout est brûlé. Ce n'est pas le feu de Dieu ce n'est pas le Dieu courroucé  qui vient prendre la vie de l'homme qui est pendu là. Non c'est une espèce d'alchimie qui se fait, un contact en Dieu et son Fils, un regard peut-être mais ce n'est pas Dieu qui tue. 


 L’Ange disparaît, Gédéon comprend alors que l’homme qu’il a vu est bien le Seigneur, il a du coup la peur de sa vie et curieusement le Seigneur parle et rassure.

Je me dis que sur la croix, il y a l’homme Jésus, qui comme les offrandes de Gédéon est comme recouvert du jus (le sang). Mais ce n’est pas dieu qui le foudroie comme un dieu vengeur et destructeur, non c’est la croix qui devient comme un autel sur lequel la vie est donnée. Quand Jésus dit »tout est consommé » peut être peut-on entendre « tout est consumé ». 

De l’homme qui a aimé les siens jusqu’au bout et qui a donné sa vie pour que aucun ne soit perdu, de l’homme qui s’est fait obéissant, il ne va rien rester et la nature divine va pouvoir se révéler dans sa gloire.

Alors oui, il est possible de voir la croix comme un autel sur lequel comme le dit l’épître aux hébreux le sacrifice parfait a été réalisé, sacrifice qui fait de nous du sacré.

mardi 15 octobre 2013

"Je te bénis père d'avoir caché cela aux sages et aux savants" Luc 10, 21

Petites réflexions...

Je voudrais revenir sur ce texte qui pour moi a été comme on dit un texte fondateur.

J'étais responsable d'amphi (chimie) au Centre Richelieu et chaque équipe se réunissait toutes les semaines pour prier autour d'un texte d'évangile. Il y avait l'aumônier et nous. On disait juste ce que à quoi ce texte nous avait penser, il n'y avait pas de méthode. C'était un échange qui permettait aussi à l'équipe de prendre corps.

Or durant la semaine qui précédait, ce texte s'était si je peux dire mis à chanter pour moi. Le mot "Père" avait fait accroche, uniquement ce mot là et Dieu était devenu pour moi non pas "mon" père, parce que j'en avais un et pas mal de comptes à régler avec lui, mais réellement le Père de Jésus et entre Jésus et moi c'était quand même une longue histoire d'amour. Cela avait une véritable de Joie.

C'est plus ou moins à partir de ce moment là que j'ai commencé à laisser faire les mots en moi, à comprendre que certains pouvaient m'entraîner très loin, me mettre réellement en présence du Divin. Du moins c'est comme cela que je l'exprimerai aujourd'hui. Un mot qui s'incarne, parfois des images, parfois l'intellect qui s'en mêle mais qui permet de faire des ponts, des liens et la Paix. Et cela prend sens.

Cette découverte du Dieu "Père" de Jésus, mais aussi "Père de nous" a été motrice pendant des années. Et puis je me suis rendue compte que je butais sur ce mot, que je ne pouvais plus l'employer (et à cette époque je faisais du catéchisme, donc cela me mettait dans une position difficile), qu'il m'avait conduit à quelque chose de mort, de ritualisé dont je ne voulais plus. Il faut dire aussi que les célébrations liturgiques me sortaient pas les trous des yeux, que c'était d'un ennui énorme...

Alors, j'ai choisi de quitter une image d'un Dieu qui était devenu mortifère, je dirai même que sous cette représentation il y avait le Dieu ogre dont parle Marie Balmary.

Il y a eu une longue zone sans rien, du moins sans pratique, mais une zone d'étude (on ne fait des études de psychologie pour rien), jusqu'à ce que petit à petit, dans mon travail se fasse la découverte qu'il y a en l'humain quelque chose de plus, quelque chose qui était une force, quelque chose qui était l'Amour.

Après il y a eu la lente, très lente redécouverte d'un christianisme qui parfois me donnait envie de hurler.. Mais si l'Esprit était là, comme je l'ai dit ailleurs, j'étais incapable de retrouver la relation pourtant si intime que j'avais pu avoir avec Jésus, quant au Dieu Père, n'en parlons pas.

Puis Jésus est redevenu si je puis dire tridimensionnel (il faut dire que ces hosties qui vous collent dans la bouche, qui ont un gout de médicament, nous vous permettent pas de gouter quoique ce soit), mais Dieu, Père, ouille.

Récemment un texte (parce que j'ai toujours fonctionné avec les écrits) a permis le déclic et avoir un Père qui est Dieu et qu'il est possible d'appeler "papa", c'est un cadeau, mais à utiliser avec modération.

Et là ce texte a été donné par la liturgie. Il m'a procuré de la Joie, car il me renvoyait à mon histoire. Aujourd'hui le mot qui fait corps pour moi est "il exulta" et ce texte devient pour moi un texte trinitaire, avec ce mouvement d'exultation où tout l'être est pris et conduit par le divin pour parler finalement  à un Dieu qui n'est plus un Dieu qui juge, qui détruit, mais un Dieu Père. Cette exultation il m'arrive de la vivre, alors elle est parlante. Elle permet de sortir de soi de se décentrer, de s'ouvrir, de laisser faire aussi.

Ce Dieu là, parce qu'on sait au plus profond de soi qu'il aime, alors on peut demander pardon si on se rend compte à quel point l'aveuglement peut parfois faire obstacle.  Mais ce dont je suis sure c'est que ce n'est pas la miséricorde qui permet de faire l'expérience de Dieu quand on ne le connait pas, mais l'expérience de l'Amour. ensuite tout devient possible.

dimanche 8 septembre 2013

travail sur la parabole des vierges prévoyantes et des insensées.

j'ai publié un billet sur ce sujet dans le blog principal, mais d'une certaine manière il résume et ne montre pas le travail qui s'est élaboré.

Alors là, il y a beaucoup de répétitions, mais je n'ai pas envie que ce texte passe aux oubliettes.

Alors si vous avez le courage de rentrer dans un discours un peu méandreux, bonne lecture et merci de votre indulgence.


Matthieu 25.
Parabole de jeunes filles qui attendent la venue de l’Epoux et s’endorment.


Comme le disait la personne qui commentait cette parabole, bien souvent les paraboles sont irritantes. Peut être les connaissons nous trop, peut être ne correspondent elles pas à notre manière de penser. Pourquoi les prévoyantes ne donnent elles pas de leur huile à leurs compagnes ? Pourquoi une lampe n’est elle pas suffisante pour deux ? Où trouver de l’huile en pleine nuit ? Quelle idée de trouver un magasin ouvert en pleine nuit… Et puis, la conclusion de l’histoire « veillez car on ne connaît ni le jour ni l’heure », semble ne rien avoir à voir avec l’histoire puisque les demoiselles étaient endormies quand retentit la voix qui donne à la fois une information : il est là et un ordre mettez vous en route..
J’ai essayé de reprendre cette histoire à ma manière.

Alors d’un côté il y a ces jeunes filles, d’un autre il y a un époux qui somme toute est bien mystérieux parce que à la fois on ne sait pas très bien où il est, ni à quelle heure il va arriver et enfin il y a veilleur.: la voix qui crie dans la nuit.

            Prenons les jeunes filles.
Que savons nous ? Elles attendent l’époux, ce qui en soit est étonnant, car normalement elles devraient faire partie de la suite de l’épouse Ps 45 :

14La princesse, resplendissante, fait son entrée
dans sa robe brodée d'or.
15Vêtue de broderies aux mille couleurs,
elle est conduite auprès du roi.
A sa suite, des jeunes filles, ses compagnes,
sont introduites pour toi.
16On les conduit parmi les cris de joie,
elles entrent au palais du roi.

Ces jeunes filles là ont dû vivre auprès de celui qui leur cœur aime dirait le cantique des cantique, mais l’aimé n’est pas là.. Elles ont entendu quelque chose, elles se sont mises en route. Elles  savent toutes que le chemin sera long, qu’il y aura de la nuit et qu’il faudra de la lumière. On a l’impression qu’elles ne savent pas très bien où est le prince, mais qu’elles sont en route. Et puis sur la route elles s’arrêtent et attendent de nouvelles informations. 

Maintenant la différence c’est celle de la provision d’huile. Je me suis demandée si finalement cette provision n’est pas comme ce vêtement blanc d’une autre parabole. Car l’huile qui fait onction est comme un vêtement. Alors certaines en plus de leur lampe ont quelque chose de plus dans leur sacoche, elles ont prévu que pour entrer il faudra plus que la tenue de route. Si cette hypothèse est correcte, alors là on comprend qu’elles ne puissent pas prêter cette robe de fête, car chaque robe est unique. Alors attendre oui, mais ce quelque chose de plus, cette huile, cette robe, comment l’avoir. Peut être qu’il s’agit de réaliser une phrase des psaume : « je dors mais mon cœur veille » Certes toutes dorment, mais peut être que « le cœur de certaines veillent, leur lampe de fait reste allumée. (Là encore c’est une hypothèse). Alors pour entrer dans le royaume, pour être avec l’Epoux, il faut quelque chose de plus que juste avoir entendu un appel.

Quant à l’Epoux, personne ne sait où il est. Les jeunes filles savent qu’il doit arriver quelque part, mais on ne sait pas quand. Normalement si le lieu est connu, elles devraient aller devant le palais et attendre que l’Epoux soit arrivé. Or là, elles partent vers le lieu, ne l’atteignent pas, et font une pause. Un peu comme si elles attendaient des informations. Elles sont arrivées à un certain point, elles n’ont plus d’indications, elles attendent calmement. Est ce que cela décrit le cours de la vie ou le cours de la vie spirituelle ? Est ce que cette nuit est quelque chose de normal ?

Et il y a le cri du veilleur qui met tout le monde en route. Pour  ma part c’est ce à quoi j’ai été le plus sensible lors de la proclamation de cet évangile. C’est le cri qui jaillit dans la nuit, ce cri qui est comme le cri d’un bébé qui vient de naître, ce cri qui met en marche, qui met en route. Ce cri est un peu comme un souffle, il sort de la torpeur. Il donne une information :  « Voici l’époux « et un ordre : «  sortez à sa rencontre ». Je me suis demandée qui était le veilleur qui lui n’était pas endormi et qui lançait son appel à qui veut l’entendre ? Il y a un veilleur quelque part, « qui lui ne dort ni ne sommeille » (psaume 121, 4) et l’important est de savoir que dans la nuit il y a quelqu’un qui veille, quelqu’un qui est peut être l’époux.
Ce cri met tout le monde debout, une partie est prête à entrer, l’autre pas

Cette parabole ouvre le chapitre 25 de l’évangile de Matthieu. C’est d’une certaine manière un chapitre qui clôt la vie publique, puisque la passion est rapportée au chapitre 26. Ses différents avec les scribes et les pharisiens sont de plus en plus nombreux et de plus en plus violents. Or les pharisiens du moins un certain nombre n’ont pas reçu le baptême de Jean (ce que Jésus leur a reproché), mais sont sur d’être sauvés, alors est ce que cette parabole s’adresse à eux ? Le savoir, la connaissance (la lampe) c’est bien, mais si la lampe (la connaissance) n’est pas nourrie par l’amour, elle ne sert à rien.
   
Autrefois, cette parabole portait le nom de la parabole des vierges folles et des vierges sages, maintenant elle est devenue la parabole des avisées et des insensées (ce qui est quand même bien fort pour un oubli tout relatif), il y a eu aussi le terme de « sottes » opposé à « intelligentes », bref une opposition entre ces 10 jeunes filles, mais qu’est ce Jésus veut faire passer comme message ?

Autrefois il y avait une chanson : la terre nourrit tout, la terre nourrit, les sages, les sages, la terre nourrit tout, les sages, les fous. Alors pourquoi le ciel lui n’accepterait il pas tout le monde ? Cela ne paraît pas très juste car les sages comme  les autres se sont mises en route, ont quitté leurs habitudes, pour conquérir un plus grand bien. Pourquoi l’élection des unes et la mise à l’écart des autres ? Si Paul oppose la sagesse du monde et la folie de la croix, c’est peut être que les vierges sages sont un peu folles…

Si le royaume est comme 10 jeunes filles  et si la conclusion est veillez car vous ne savez ni le jour ni l’heure, est ce que le message se joue sur « ce que vous avez vécu pendant votre vie, vous ne pourrez pas le changer (il y a beaucoup d’appelés et peu d’élus), ou « ne vous imaginez pas qu’avoir une lampe sera suffisant, non il faut plus que cela ? » Autrement dit, « ne pensez pas que ce soit facile d’entrer facilement dans le Lieu ou l’Epoux réside. Il ne suffit pas de faire de bonnes choses, il ne suffit pas d’entendre la voix qui se fera entendre et d’aller toquer à la porte. Non il faut quelque chose de plus ». Faire partie de la troupe n’est pas suffisant.

Il ne suffit pas d’être invité pour entrer là où réside l’Epoux, là où demeure Dieu. Et pourtant depuis la début de sa prédication Jésus à la suite de Jean Baptiste disait que le royaume de dieu était tout proche (géographiquement et temporellement) semble ouvrir la porte, mais il est aussi question de voie étroite, de croix à porter.

L’invitation est faite à tout le monde, ce qui renvoie à la parabole d’ l’homme qui invite à un superbe festin ses amis qui eux se défilent, ce qui permet d’ouvrir la salle à tout le monde), mais il y a quelque chose de plus qui est nécessaire pour entrer au moment où la porte sera ouverte. Dans la parabole que je viens de citer, il était question de la robe blanche (Mt ,22 , 1), là il est question d’une provision d’huile. Si on fait un parallèle entre les deux, et si l’huile est présentée comme une onction, elle aussi comme un vêtement qui est signe de la royauté et qui permet d’entrer dans la salle du roi.

Bref si c’est la pointe cette parabole matthéenne n’est pas très agréable. Peut être que la parabole des talents va finalement dans le même sens : avoir c’est bien, mais si on ne fait pas fructifier alors on perd tout (on ne peut entrer dans le royaume). A la limite heureusement que dans le même chapitre (le chapitre 25) on trouve « tout ce que vous avez fait au plus petit d’entre les miens c’est à moi que vous l’avez fait » qui permet au moins d’imaginer que la porte ne sera pas fermée pour nous, si nous essayons humblement d’ouvrir notre regard (la lampe de ton cœur dit jésus) sur nos frères.

Alors moi aujourd’hui, qu’est ce que je fais avec cette histoire. D’accord j’entends que entrer dans le royaume n’est pas facile. Mais l’huile, d’où vient elle ? J’ai lu il y a quelques jours que l’huile dont il est question est l’huile d’allégresse qui représente l’Esprit Saint. Alors oui cette huile là, je la désire, mais la désirer est elle suffisante pour entrer dans le royaume ? 

mardi 11 juin 2013

Impuissance

Il m'arrive professionnellement parlant d'être confronté à l'impuissance: je ne peux rien faire pour la personne qui me parle, elle est hermétique, enfermée dans son histoire, dans ses répétitions et dans la mort.

Je peux me dire que cette impuissance, elle me la fait vivre ce qui lui permet peut être de s'en débarrasser un peu, de la projeter en moi si on peut dire, de manière à ce que par la suite moi je fasse quelque chose de ce vécu, que je n'en meurs pas et que je puisse le restituer sous une forme de vie et non de mort. Mais ce que je ressens aussi c'est une sorte de paralysie, qui est celle que son vécu de personne ayant subi l'inceste lui a fait vivre et qui d'une certaine manière l'a façonnée ainsi.

Alors j'ai pensé à Jésus sur sa croix, car là il est totalement impuissant. Et je pensais qu'il aurait pu se sauver, car quand les prêtres disent: qu'il se sauve lui-même, qu'il descende de sa croix et alors nous croyons en lui, il aurait pu le faire, mais il a choisi de ne pas le faire.

Il aurait pu se sauver, mais s'il avait fait cela il n'aurait pas sauvé la multitude et il était venu pour ça.

Alors peut être que pour moi, accepter cette impuissance, c'est ne pas me donner un certain pouvoir (ce serait tellement bien si je pouvais faire), mais accepter d'attendre patiemment le temps qu'il faudra pour que en passant par une certaine mort de ce que je suis, une vie puisse renaître en cette personne, mais cela c'est un sacré acte de foi.

dimanche 9 juin 2013

Représentations/images

Pas faciles les représentations de l'Esprit Saint.

Les chants  qui célèbrent l'Esprit Saint en parlent comme de l'eau, comme du vent, comme du feu, comme de la chaleur, comme de la fraîcheur... Quelle image privilégier?

L'image de l'Esprit Saint, comme de l'eau qui coule, qui purifie, qui féconde parce qu'elle permet la croissance et s'oppose à la sécheresse, c'est une représentation relativement facile. Maintenant si on passe à la notion de torrent qui peut tout arracher sur son passage c'est déjà un peu plus compliqué. Il est donc à la fois celui qui purifie et celui qui donne la vie (Eau du baptême). En fait ce que j'aime c'est l'image d'une source qui est déjà en moi mais qui sous l'action d'une sorte de pluie bienfaisante se met à couler plus librement pour devenir quelque part fontaine. Mais peut être que les représentations qui évoquent l'eau qui emporte tout sur son passage est un moyen de ne pas oublier que si l'Esprit Saint est donné, c'est bien pour que se joue en nous quelque chose de la mort et de la réesurrection de la vie et de la mort, bref de la croix.


L'image du vent, du souffle, elle aussi elle est agréable car tant qu'il n'est pas tempête, le vent fait chanter les feuilles des arbres, fait onduler les épis de blé, permet même la dispersion des graines. Domestiqué si l'on peut dire, il permet aux bateaux d'avancer, il gonfle la voile. Il est donc le guide.(murmure à écouter, direction à suivre, discernement).






L'image du feu est toute autre. Car le feu, même domestiqué comme dans la flamme du gaz, brûle. Il est dangereux, il peut détruire. Quand je chante"brule en moi, brule en moi" j'ai l'impression de jouer avec le feu. Car le feu, détruit. En même temps il purifie et il détruit les scories qui sont en moi, mais cela ne se fait pas comme cela. Bien sur un feu c'est beau, qui n'est pas resté en admiration devant des braises ou devant un feu qui flambe haut et clair dans la nuit. Mais qui dit feu, dit quand même danger.




Mais peut être que derrière cette image il y a autre chose, c'est de l'énergie. C'est la force du feu qui transforme l'eau en vapeur qui permettait aux trains de rouler autrefois. Alors peut être faut il voir le feu juste comme une étincelle qui vient réveiller ce qui dormait en soi, comme image de l'énergie  créatrice qui est en Dieu et qui met en mouvement.





On parle aussi de "être dans le feu de l'action" c'est à dire d'agir sans se poser de questions et le faire et l'être deviennent une seule entité. Alors le feu, oui à condition d'y adjoindre l'énergie, la force (c'est ce que dit Jésus quand il parle du Paraclet).

Je me disais que nous avons en nous un certain potentiel interne dont nous ne nous servons pas ou peu, alors que beaucoup de techniques inspirées des valeurs orientales le font, et libèrent en nous une certaine énergie, qui nous permet en étant mieux avec nous même d'être mieux avec les autres. Mais il me semble que cette énergie que l'on peut donc retrouver et qui existe en chacun doit être fécondée par l'Esprit Saint pour ne pas devenir une fin en soi, ce qui me semble souvent le risque de toutes ces thérapies corporelles.

Lors de la pentecôte, il y a un bruit comme celui du vent et des langues de feu...Ces langues de feu permettent aux apôtres de parler en d'autres langues, comme si quelque chose s'était ouvert en eux.

Mais au delà de l'image du feu qui consume et qui détruit (ce qui n'est pas le cas du buisson ardent qui brûle sans se consumer et qui renvoie pour moi à une représentation du Tout Autre) le feu c'est aussi ce qui éclaire, c'est la lumière. Et là la représentation est toute autre.

La langue de feu, c'est entrer dans la lumière.

C'est ouvrir les yeux à d'autres réalités, c'est regarder comme Dieu regarde (je sais personne ne sait comment il regarde, mais du regard de Jésus nous avons beaucoup de descriptions).

La lumière est pour nous chaleur (la lumière su soleil nous réchauffe).

Elle permet de connaître la direction à prendre.

Elle est énergie, alors finalement ce sera aujourd'hui la représentation que je garderai de l'Esprit Saint, pas le feu qui brûle, pas le vent qui détruit, pas l'eau qui emporte, non la lumière qui permet de chasser les ombres tout en les voyant, de distinguer les chemins, de discerner et surtout d'être comme recouvert d'un manteau de lumière, être dans la vie éternelle aujourd'hui.

samedi 1 juin 2013

Pensées fugaces

j'ai souvent plein de pensées pendant la messe et aussi pendant le temps que je me donne pour être en Présence.

Une des personnes avec laquelle je suis très proche, quand elle se sent abandonnée a un symptôme très violent au niveau de son coeur (je pense que c'est un spasme qui n'en finit pas) mais que  je suis incapable de décrire sauf que je sais par elle que c'est tellement violent comme douleur que cela lui donne  l'envie de se suicider pour échapper à cela.

En pensant à Jésus, je lui disais, toi ça tu ne connais pas. Et moi qu'est ce que je fais avec ça pour mon amie?

Et puis j'ai pensé à Getsémani et là je me suis dit que pour avoir eu cette sueur de sang, son coeur a lui avait bien dû subir ce brisement, car le mal dont souffre mon amie, est le syndrome du coeur brisé (se trouve chez des personnes qui viennent de perdre un être cher), donc j'ai compris que dans un délai très court, Il avait pu vivre dans son corps ce que bien des personnes vivent de par la maladie, par l'angoisse, par l'abandon et qu'il pouvait compatir.

Donc j'ai pensé à l'homme Jésus avec un corps qui si on en croit le linceul de Turin devait être un beau corps. Je me suis demandé à qui il ressemblait? Surement à Marie quand même...

Quand nous pensons à lui, c'est souvent soit  le corps après le résurrection (avec ou sans les signes de la passion), le corps glorieux qui échappe aux règles terrestres, soit le corps sur la croix, mais entre les deux il y a bien eu un homme avec un corps, une stature, un regard (et Dieu sait que j'aimerai connaître la couleur de ses yeux) et de ce corps là, on en parle peu, sauf quand on lit les évangiles en continu.

Et je me disais qu'il pouvait être rudement fier de son corps qui l'a si bien servi pendant 3 ans. Avec ce corps là, il a écouté, il a parlé, il a regardé, il a guéri, il a prié... Il en a fait des choses avec ce corps.

Il y a ce corps de la nuit du jeudi saint, ce corps en deux morceaux si on peut dire. Le corps "agneau pascal".

La chair qui permet de faire corps tous ensemble et le sang qui comme le sang de l'agneau de l'exode délivre du mal, de la mort. Mais ce soir là, Jésus a dit des mots qui ont donné du sens au pain et au vin, c'est un corps "symbolique" qui renvoie quand même à un "beau corps".

Ce matin j'entendais un commentaire sur un match: "l'absence de supporter nous a manqué, car ils n'ont pas pu communier avec nous". Communier, c'est à dire participer avec nous, être avec nous pour nous soutenir, nous encourager,bref, faire corps eux avec nous et nous avec eux. On oublie peut être cela nous qui "communions" au corps et au sang. Nous faisons corps avec lui, et ce soir là c'était un beau corps qu'il nous a donné... et qui nous permet de faire corps avec nos frères, tandis que Lui fait corps avec nous.

Il y a le corps qui perd son sang à Getsémanie, il y a le corps qui meurt sur la croix.

Il y a le corps de la résurrection, corps qui si Jésus est le premier d'une multitude de frères sera aussi le notre un jour.

j'aime bien toutes ces images du corps de Jésus.

mercredi 15 mai 2013

"prier"

Quand je travaillais en Maison d'Accueil Spécialisée un des résidents qui venait me voir disait: "je veux passer du temps avec toi". C'est un peu ce que je veux faire quand je prie.

Mais dès qu'il arrivait dans mon bureau, il se mettait à me demander (et je ne pouvais pas répondre) qui serait la veilleuse qui s'occuperait de lui le soir, puis qu'il n'était pas autonome et aussi une phrase leit motive: "j'ai du mal" qui pour moi était devenue "gdumal"... Or je trouve que bien souvent je fais exactement comme lui, pendant ce temps qui est du temps pour Dieu. Je me console avec l'idée que l'important c'est ce temps passé en tant que tel et pas forcément ce qui s'y passe, mais quand même, ces pensées qui viennent, même si souvent je trouve ce que je vais écrire ou faire avec telle ou telle personne, ce n'est pas forcément cela que je désire.

Par ailleurs, je pratique toujours la prière du coeur. Et hier, j'ai eu comme l'image d'un lave linge qui brasse son linge sur un certain rythme, mais qui va vite (un peu comme moi avec toutes ces pensées). Et puis il arrive un moment où la machine a fini son lavage, son essorage et où elle tourne comme au ralenti pour défroisser. Et ce temps là, ce moment là, est devenu "mon" temps à moi. La prière du coeur, je l'égraine, ce n'est plus "Seigneur Jésus, Christ fils de Dieu" sur l'inspire et" Aie pitié de moi pécheur" sur l'expire, non c'est un mot sur une inspiration et le suivant sur l'expiration et tant pis si des tous petits mots comme de prenne une respiration à eux tout seul. Cela n'a aucune importance. L'important c'est que là, je suis dans ce ce que je fais, et que je vis quelque chose d'important.

Appelons cela "la prière lave linge"...

mardi 30 avril 2013

Je vous laisse ma paix Jn 14

Quand j'étais en terminale, j'avais un prof d'histoire que j'adorais et je suis allée un jour lui demander ce que le mot "paix" voulait dire. Si je devais revenir à ce dialogue je pense que cela devait être "la Paix c'est quoi pour vous?" Je ne sais plus ce qu'elle a répondu, mais je savais que c'était quelqu'un qui avait agi pendant la guerre et qui passait ses vacances au dessus de Chamonix, dans un de ces endroits où on ressent la paix sans avoir à la chercher. La paix qui se dégage du calme, du beau.

A cette époque de ma vie il y avait eu de nombreux endroits où j'avais goûté cette paix; je pense à Courmettes, au dessus de Tourrettes sur Loup dans la montagne, où j'avais passé de nombreux séjours de vacances organisés par des Eclaireuses (donc à l'époque protestantes par opposition aux guides catholiques auxquelles j'appartenais).

La maison principale


 Là je me sentais bien, peut être simplement parce que j'étais reconnue comme quelqu'un et qu'il n'y avait pas de conflits. Et puis pour aller à Courmettes il fallait le gagner, car il fallait y monter soit par un chemin venant de Tourrettes, soit par un chemin voiture aux 18 tournants qui lui aussi grimpait dur. Et la vue sur la mer était magnifique.

Pourquoi est ce que cela me tourmentait tant? Peut être que du fait du remariage de mon père je ne savais plus très bien où était ma place; peut être parce que je n'étais pas à la hauteur de ses espérances, parce que j'avais toujours l'impression soit de décevoir, soit parce que pour faire ce que j'avais moi envie de faire, il fallait toujours plus ou moins ruser, ne pas dire mais faire. Et la vie n'était pas simple chez moi. Mais une vie simple pour un adolescent est ce que cela existe? Simplement je pense qu'il y avait beaucoup de contradictions, beaucoup de non dit et surtout beaucoup de "paraître";et le "paraître" cela me mettait très mal à l'aise.

Et puis est arrivé le premier pèlerinage de Chartres. Déjà le premier soir, à la veillée d' Esclimont, sur le plan émotionnel, avec ce dais blanc tout en bas, la pluie, les trompettes, les chants du Père Deiss, il s'était passé quelque chose, mais de manière ténue, comme si ça entamait quelque chose.



Le lendemain, l'après midi, mon équipe était en tête de route, et je pense que cette sensation de liberté y a été pour beaucoup, personne devant soi. J'ai été à un moment littéralement remplie par une paix comme je ne l'avais que rarement connue. Un peu comme le temps qui s'arrête, le vent qui prend sa plénitude, le bleu du ciel, la marche qui continue, mais un changement en soi, peut être la fin d'une certaine peur en tous les cas la certitude d'une présence, d'une présence bienveillante, aimante.

Un frère du Prieuré (là je saute bien des années) disait que la Paix, elle vient toujours après une guerre, et cela m'avait bien plu. Un peu comme si la paix était comme quelque chose qui se mérite et qu'il ne faut pas oublier qu'elle vient après. Peut être que sur cette route de Chartres j'avais baissé ma garde, je m'était laissée vaincre, donc remplir d'une présence (parce que je pense que la Paix de Jésus c'est aussi cela), qui m'avait transformée.

Ce matin, je pensais à cette phrase, puisque c'est celle de l'évangile qui était proposé aujourd'hui. Il est vrai que dans ce discours après la Cène, Jésus donne ou laisse pas mal de choses à des disciples. Il donne sa Paix, il donne sa Joie (pour que votre Joie soit parfaite), il donne son Esprit (je ne vous laisserai pas orphelins), il donne un commandement "nouveau "aimez vous comme je vous ai aimés", bref il en donne des choses.

Et m'est venu la certitude que la Paix pour moi aujourd'hui c'est le repos dans l'Esprit, c'est à dire de se laisser guider à chaque instant (enfin cela c'est plus facile à dire qu'à faire) par l'Esprit qui est en moi et qui y demeure  (puisque cela aussi c'est un des thèmes de ces chapitres 14-17), c'est apprendre une certaine obéissance. Quand je dis "repos dans l'Esprit" ce n'est pas tomber par terre, se laisser manipuler. Non c'est autre chose, c'est de laisser le temps faire aussi son travail, c'est ne pas aller plus vite que la musique, c'est trouver un certain rythme, c'est laisser faire, se laisser faire. Peut être qu'il y a le côté passif qui est quand même un certaine renoncement au faire (c'est je pense la condition pour que la Présence demeure en soi) mais c'est aussi l'harmonie, peut-être ce qui devait tant me manquer durant mon adolescence.

Je me disais que l'Esprit Saint c'était comme le chant d'amour entre le père et le fils, et que ce chant qui va de l'un vers l'autre et de l'autre vers l'un les crée aussi l'un et l'autre. Comme une sorte de création permanente de ces trois qui sont un. Et le chant, la voix, c'est toujours ce murmure du ruisseau, ce petit chant qui peut se moduler, être faible, être fort, être imperceptible, être tonitruant, mais avec les voix qui s'entremêlent et qui créent autre chose (une tapisserie peut être) que chaque voix séparée.

Et j'en étais là de mes réflexions, repos dans l'Esprit, quand j'ai revu intérieurement ce qui a été le "doudou" de mon enfance, un morceau de couverture tricotée au crochet que j'ai appelé ma "lala" et qui d'une certaine manière ne m'a jamais quitté; bien sûr plus sous cette forme là de boule plus ou moins informe (d'ailleurs ma grand mère a trouvé moyen de la jeter quand j'avais 4ans et quand nous remontions sur Paris au moment de la fin de la guerre), mais sous d'autres plus subtiles: un pull over en laine, une écharpe... Et là ce que je ressentais c'est que ce truc là, il fallait que je l'abandonne vraiment. Pour moi ce truc là cela met comme un barrage entre moi et le monde, il est mon odeur, il a mon odeur mais surtout il a dû avoir une fonction de protection (ne pas pouvoir dormir sans cela). Peut être que pour se laisser envahir par la paix, pour pouvoir reposer dans l'Esprit, il faut lâcher quelque chose (qui a été très utile) et surtout se rendre compte que cela ne sert plus à rien. Deuil de l'enfance? Deuil de ma mère? Deuil de quelque chose qui empêche l'air de passer? Ma "lala" me permettait de dormir, de me reposer. Elle a surement été ma sauvegarde surtout pendant la guerre. Maintenant la Paix que j'ai reçue, la Paix qui m'a été donnée (parce que cela en aucun cas on ne peut l'acquérir par soi-même), elle est là, à moi de m'en enivrer... de la respirer, et de la faire passer  aux autres.

La seule phrase que j'ai ressentie comme un compliment venant de mon père, et c'était peu de temps avant sa mort, a été: "avec toi je me sens en paix". La paix, on ne l'a pas pour soi, la paix on la communique.

Voilà pour aujourd'hui, 30 Avril 2014.

lundi 15 avril 2013

Reflexions à partir du texte " le pharisien et le publicain"

c'est un vieux texte, mais comme je n'aime pas trop conserver en brouillon, je le publie aujourd'hui, tel quel.


C'est le texte proposé par la liturgie aujourd'hui (vendredi 8 Mars, Luc18,4-9) . C'est un texte que je trouve difficile; même si on sait (début du texte) que Jésus dit cette parabole pour aider les pharisiens à changer d'attitude, à quitter leur suffisance et à leur faire comprendre que pratiquer à la lettre, ne rend pas juste. 

Par ailleurs et c'est pour cela que ce texte est dans "intimes"  je me pose pas mal de questions sur ce que j'appelle "ma suffisance". Je veux dire que j'ai une certaine capacité à comprendre, à retraduire, à mettre en mots, mais aussi à croire savoir ce qui est bon ou pas bon pour moi. Certes quand  je dois prendre une décision ou réfléchir, je prends du temps, je demande à l'Esprit Saint d'agir en moi, de me guider pour que je ne me prenne pas pour Lui, mais en même temps il est si facile de penser que "sa" manière d'être est non pas la meilleure, mais une "bonne manière"? C'est cela que j'appellerai "ma suffisance"

Et un des risque est de juger trop vite.

 Mais qui dit suffisance (au singulier) dit aussi insuffisances (au pluriel) et le texte qui parle de la suffisance du pharisien et de ce que le publicain ressent comme son insuffisance (son péché) est certainement un texte qui pousse à la réflexion en espérant que la réflexion (intellect) conduise à autre chose.

C'est si facile au fond de se sentir un peu du côté du pharisien (de celui qui fait de bonnes choses ou qui fait bien les choses) dès que soi-même on passe du temps avec Dieu et avec les autres, bref quand on se donne du temps pour essayer d'être plutôt que de faire. L'espèce de satisfaction que ressent le pharisien n'est elle pas parfois un peu la mienne? Surtout que je dois quand même reconnaître que des "cadeaux" de l'Esprit Saint, j'en reçois beaucoup.  

Après tout, le pharisien il remercie Dieu, parce que grâce à son aide (enfin c'est ce qu'on peut supposer) il est "juste" car il respecte les commandements (ne pas voler, ne pas coucher) et même les préceptes (la dime, le jeune). Il fait ce qu'il faut pour respecter la loi, sauf qu'on a l'impression qu'il en reste à la lettre (ce que Jésus reproche aux pharisiens ) et surtout qu'il en tire une certaine gloire qui lui permet de mépriser le publicain qui comme lui est monté au temple pour prier.

Paul dans l'épitre aux Philippiens demande de considérer toujours l'autre comme supérieur à soi."Que l'humilité vous fasse considérer les autres comme étant au dessus de vous mêmes"Ph1, 3. Et bien je dois dire que c'est loin d'être facile. Certes il ne s'agit pas de mépriser l'autre qui ne pense pas comme vous, mais il est difficile de ne pas avoir en soi parfois un certain sentiment de "suffisance". On sait ce qui est bien et comment il faut s'y prendre. Bien entendu Paul écrit  à une communauté où chacun doit avoir un rôle spécifique et il n'est pas question de s'enorgueillir.

On peut être tout à fait conscient de ses insuffisances, de ses manques, mais accepter que l'autre puisse à sa manière vous être supérieur ce n'est pas facile du tout. Bref l'humilité c'est pas du tout évidente, mais   on peut se consoler en se disant que les autres sont censés vous considérer comme supérieurs à eux, ce qui n'est jamais mauvais pour l'ego.

Si ce texte m'a obligée à réfléchir sur l'humilité (car même si je sais que j'ai besoin de l'Esprit Saint pour réaliser ce que j'ai envie de faire par exemple sur internet,il n'en demeure pas moins que j'ai un certain regard très positif sur moi même... ). Mais je pense que les 15 ans d'analyse n'y sont pas étrangers et que je continue à avoir bien du mal à penser péché, pécheur comme semble le demander bien souvent la liturgie et les homélies que je peux entendre.

La phrase prononcée par le publicain(traduction liturgique):  "prends pitié du pécheur que je suis"  a été comme une lumière.

Ce n'est pas très différent de la phrase que je répète dans la prière du coeur"prends pitié de moi pécheur". Cette phrase je me bats avec elle depuis des années, celle du publicain, avec le verbe être, me positionne dans un ici et maintenant, pas dans un état. 

Peut-être que cet homme, ce publicain qui travaille pour les romains, n'est pas fier de ce qu'il fait, mais s'il veut nourrir la famille, il n'a peut être pas le choix. Et puis peut être qu'il ne fera pas toute sa vie. Mais ce qui m'est apparu clairement c'est qu'il souffre de cet état et qu'il demande à Dieu d'avoir pitié, non pas de cet état mais de la souffrance que cela génère en lui.

Pour se tourner vers Dieu,peut être faut-il être en état de manque, en état de souffrance générée par le manque. 

Finalement demander à Dieu d'avoir pitié du pécheur que je suis, c'est reconnaître que si j'ouvre les yeux sur ce que je suis réellement (mais c'est bien difficile), alors mes insuffisances peuvent être source de douleur, de souffrance. Simplement reconnaître son incapacité à aider quelqu'un ce n'est pas facile. Alors dire "prends pitié" ne veut pas dire: "Dieu ne ne fais pas de mal" mais "sors moi de la souffrance dans laquelle je suis aujourd'hui". 

C'est reconnaître le besoin de l'Autre (ce que le Pharisien ne fait pas).

Alors finalement ce que me dit ce texte, c'est essayer d'ouvrir les yeux sur ce qui fait obstacle au travail de l'Esprit en moi, sur ces pierres qui obstruent la source qui est dans le coeur de mon coeur. C'est  peut être (mais je n'en suis pas là) souffrir en reconnaissant mes insuffisantes sans pour autant m'y complaire" Dieu est plus grand que notre coeur"1 Jn 3, 20.

Ne pas oublier que le "prends pitié" veut dire pour moi: "délivre moi de ce qui est mauvais en moi" de ce qui provoque la souffrance: celle de ne pas être assez à l'écoute de l'autre (ce que je nomme mon impuissance, mon incapacité, mes limites). Mais aussi ,  "viens à mon aide" brille en moi, éclaire moi" ce qui est beaucoup mieux que "ne te fâches pas" ou "ne te détournes pas de moi" que je mettais jusque là sous les "mots "prends pitié".  



"reconnaissons que nous sommes pécheurs"


Petit coup de gueule..

C'est comme cela que la célébration de ce midi a commencé, et moi je n'ai pas envie de reconnaître cela. Je sais, ce n'est pas la première fois que j'ai un coup de sang ou un coup d'humeur. Ma réaction a été de me dire: non je ne me reconnais pas pécheur. Cela ne veut pas dire que je ne reconnais pas tout ce qui pourrait aller mieux, ni que je vive dans une admiration béate de ce qui je suis (j'en suis fort loin), mais non aujourd'hui c'était non.

Avant de venir  à la messe, j'avais préparé le repas, tondu le jardin sous la pluie, m'être réjouie parce que je n'avais pas eu trop mal au reins, rangé la tondeuse sans faire de griffures sur la porte du jardin, et peut être arriver à dire merci tout en passant la tondeuse, alors non, je ne me reconnais pas "pécheur". j'avais passé un peu de temps à prier, eu la chance d'entendre une amie au téléphone, peut être que j'aurais pu passer plus de temps à prier, mais il y a des choses que l'on doit faire et je ne vais pas m'en vouloir pour cela. D'accord parce que j'étais dans le jardin j'ai loupé un appel d'une amie qui avait peut-être besoin de "parler, parler", mais bon c'est comme ça. De fait j'étais plutôt contente, alors le coup de "pécheur" non je n'ai pas apprécié.

Je sais très bien qu'il y a le péché individuel et le péché collectif et que de ce péché là, je ne puis m'abstraire, mais la formule m'insupporte. Finalement on est pécheur, comme on est un homme ou une femme, comme on est chauve ou chevelu, comme on est myope ou hypermétrope, c'est une caractéristique. Faut il demander pardon parce qu'on est ceci ou cela?

D'accord le Dieu trois fois Saint a horreur du péché, mais s'il a envoyé son garçon pour nous en sortir, pour nous regarder avec le même amour qu'il a pour son fils, puisque nous pouvons l'appeler "Papa" ce qui n'est quand même pas rien, faut il vraiment se complaire la dedans?

Que lors de la première rencontre avec Lui, cela se passe comme cela, que l'on soit saisit par ce que l'on est et par qui il est lui et que l'on ressente au plus profond de soi cette distance, cette incapacité qui est la notre, et que l'on demande peut être pas pardon mais que l'on ressente un violent désir que cela change, oui. Mais pourquoi revenir ensuite permanence sur le passé, pourquoi faire comme si c'était toujours une première fois? "rends moi la joie d'être sauvé" dit le psalmiste. Oui, fais moi retrouver cette joie première de me savoir aimée telle que suis, par Toi tel que Tu es. Il y a des premières rencontres qui ne s'oublient pas.

Mais après tout, ce que j'aimerai entendre c'est: "reconnaissons que nous sommes peu capables d'aimer, ou que nous pourrions parfois en faire un peu plus", là oui ça m'irait.

Et dire tout de suite après "Seigneur prends pitié" c'est toujours le même truc, je suis pécheur, donc coupable, donc punissable donc pas aimable, alors Seigneur toi qui es si grand, si bon si magnifique (alors que moi je suis si minable, si misérable) alors regarde moi comme la petite fourmi que je suis et ne m'écrase pas. Parce que au fond de nous, malgré tout de que Jésus est venu nous dire, nous montrer, ce Dieu qui se fâche, qui écrase il reste là. Un ami disait que la violence de Dieu ou la colère de Dieu, ce serait cette ténacité qui serait la sienne, de ne pas lâcher prise, d'attendre encore et toujours que le "pécheur" change de conduite et le reconnaisse. C'est très beau, mais est ce réaliste?

Je peux tout à fait admettre que si je ne me reconnais pas pécheur  en fait je veux dire, pas super mauvaise, pas super coupable, mais simplement un être humain avec ses limites, ses faiblesses, qui fait ce qu'il peut avec ce qu'il est,qui se débat souvent dans des situations plus que difficiles, cela pourrait (je mets un conditionnel) vouloir dire que je n'ai pas besoin d'être sauvé et que le sacrifice" de le Jésus pour moi" je n'en veux pas. Oui cela pourrait vouloir dire cela, mais non ce n'est pas. cela pourrait vouloir dire que je suis au dessus de cela, mais il n'en n'est rien.

Comme je l'ai dit plus d'une fois, pour moi, être sauvée, c 'est être vivante et cela oui jésus le donne, me l'a donné. Il est venu pour cela, pour que les hommes aient la vie, la vie éternelle, cette vie qui fait de nous des êtres debout, des êtres qui sont passés de la mort (incapacité) à la vie et cela c'est une délivrance.

Alors si Jésus est venu pour me sauver, et si j'en suite consciente, s'il me donne par la présence de son esprit de quoi sortir un peu des ténèbres qui m'environnent, de quoi être un peu moins aveugle à mes frères et à leurs soucis, alors moi j'ai envie de dire merci.

Je pense que commencer la messe par une louange, parce que nous sommes en vie, parce que nous sommes ensemble, parce que nous avons la chance d'être là, et aussi parce que d'une certaine manière nous sommes des nantis, et bien cela m'irait beaucoup mieux.

Maintenant si chanter/ Seigneur prends Pitié c'est une louange, alors pourquoi pas, mais ce n'est pas ce que spontanément je dirai.

Parfois le célébrant, parle de la miséricorde de Dieu, qui pardonne le péché. Et là encore cela ne me va pas. Faut il faire cette expérience là pour comprendre que l'on est aimé simplement parce qu'on est là?

Pour comprendre combien il est sympa ce dieu là, faut-il obligatoirement avoir fait l'expérience de se sentir pardonné (ne plus ressentir le regard de colère ou la peur de la destruction).

Là encore je pense qu'il serait souhaitable de ne pas généraliser; le chemin de chaque personne est un chemin différent de celui des autres.Pour moi la bonté de Dieu c'est justement cette capacité à s'adapter à chaque être humain pour que dans la relation vivante qui se crée, chacun soit toujours plus reconnu, car c'est cela qui fait vivre.

mercredi 10 avril 2013

mémorial

j'ai passé beaucoup de temps ce matin à rédiger le billet sur "il est ressuscitée" Du coup j'étais assez fatiguée pendant la messe et j'étais assez tassée sur moi-même.

En plus une amie certainement pleine de bonnes intention est venue me "frotter" amicalement le dos alors que la célébration était déjà commencée. ce geste je l'ai vécu comme une intrusion et il m'a mis de méchante humeur..

Bref, ce n'était pas la joie.

Et voilà que pendant la consécration une idée farfelue me tombe dessus.

Il me vient à l'idée que Jésus qui sait que c'est son dernier repas pascal, cherche comment il va pouvoir donner à ses disciples un rituel simple, qui remplacera en quelque sorte le rituel complexe laissé par Moïse.

Alors il se sert de ce qu'il a sous la main: du pain et du vin et les mots qu'il employé jaillissent en quelque sorte de lui, comme une sorte de louange à son Père.

Ce pain que je vous partage, que je vous donne, qu'il devienne pour vous mon corps que je vais donner totalement aujourd'hui, comme la chair de l'agneau autrefois. Que ce pain partagé entre vous soit signe de mon amour.

Ce vin que vous buvez, que vous vous partagez, ce vin fait avec des grains pressés, qu'il soit pour vous comme le sang de l'agneau, qui vous sauve de la mort, en vous libérant du péché.

Alors désormais, avec du pain et du vin, on peut faire une fête autour de ce don, une fête qui est mémorial de cette alliance, de ce pacte qui donne naissance à l'homme nouveau.

Que Jésus puisse inventer, créer cela m'a remplie de joie.

Du coup, j'aimerai que ce temps soit un tempsoù la Joie pourrait exploser, ce qui est loin d'être le cas. On peut toujours rêver.




mardi 26 mars 2013

Judas: la trahison oui, le désespoir non..

J'ai trouvé ce texte sur l'évangile au quotidien comme commentaire de Mat 26, 14-25. et si je le mets ici c'est que j'ai aimé:


    [« Judas fut pris de remords...; il rapporta les trente pièces d'argent aux chefs des prêtres et aux anciens, en disant : ' J'ai péché en livrant à la mort un innocent. ' Ils répliquèrent : ' Qu'est-ce que cela nous fait ? Cela te regarde. ' Jetant alors les pièces d'argent, il se retira et alla se pendre. » (Mt 27,3-5)
    
   Sainte Catherine a entendu Dieu lui dire :] Le péché impardonnable, dans ce monde et dans l'autre, c'est celui de l'homme qui, en méprisant ma miséricorde, n'a pas voulu être pardonné. C'est pourquoi je le tiens pour le plus grave, et c'est pourquoi le désespoir de Judas m'a attristé plus moi-même et a été plus pénible à mon Fils que sa trahison. Les hommes donc seront condamnés pour ce faux jugement qui leur fait croire que leur péché est plus grand que ma miséricorde... Ils sont condamnés pour leur injustice quand ils se lamentent sur leur sort plus que sur l'offense qu'ils m'ont faite.

      Car c'est alors qu'ils sont injustes : ils ne me rendent pas ce qui m'appartient à moi-même, et ils ne rendent pas à eux-mêmes ce qui leur appartient. À moi on doit l'amour, le regret de sa faute et la contrition ; ils doivent me les offrir à cause de leurs offenses, mais c'est le contraire qu'ils font. Ils n'ont d'amour et de compassion que pour eux-mêmes puisqu'ils ne savent que se lamenter sur les châtiments qui les attendent. Tu vois donc qu'ils commettent une injustice, et c'est pourquoi ils se découvrent doublement punis pour avoir méprisé ma miséricorde.

Je trouve très intéressant cette phrase: ils se lamentent sur leur sort plus que sur l'offense qu'ils m'ont faite. Je ne sais pas si Dieu dirait cela de nos jours, mais cela me semble très vrai. Se lamenter sur son sort, plutôt que de croire que Dieu peut pardonner, peut comprendre, peut absoudre. Un Dieu qui est attristé par le désespoir de Judas, un Fils qui souffre plus du désespoir que de la trahison, je dois dire que cela me convient et que pour la première fois, (je crois de ma vie) je me suis surprise à appeler Dieu "Papa" ou "Abba"si l'on veut, mais pour moi c'est incontestablement un changement important.

Et que ce soit grâce à Catherine de Sienne qui est si l'on veut ma patronne, je dois dire que j'aime bien.


jeudi 21 mars 2013

Petites réflexions.

Un peu en vrac...

Je crois que quand Jésus rencontre un malade(en particulier un lépreux), un publicain, un pécheur, il ne voit pas ce que l'on voit en premier, ce qui englue, mais il voit la personne qui est derrière cette lèpre, ce péché, je veux dire la personne vivante et il la délivre. Je veux dire que ce n'est pas le "péché" qui compte, mais celui ou celle qui est en deçà. Apprendre à regarder l'autre comme cela, au delà... Ne pas regarder l'extérieur, mais ce qu'il y a en deçà et qui est aussi ce que l'autre est appelé à devenir.Ne pas se laisser arrêter par ce qui se donne à voir, mais par ce qui est en dessous. Voir la lumière qui est cachée sous la croute...

Dans l'épisode du publicain et du pharisien, je pense que le publicain souffre de son état de publicain, qu'il aimerait que cela cesse, car vivre avec ce regard méprisant des autres, cela doit être bien difficile. Mais il ne le peut pas dans la vie qui est la sienne. Alors sa demande, ce n'est pas tant "aie pitié " au sens de "regarde moi sans colère, ne me détruis pas", que "enlève cette souffrance, cette douleur qui est la mienne". Je suis malade de cette situation, je t'en prie, "guéris moi". Remplacer ce "aie pitié" par enlève la souffrance,  me va beaucoup mieux aujourd'hui.

La question qui se pose alors est de savoir si "mon péché" en tant que tel est pour moi source de souffrance, de douleur. D'une certaine manière non, parce que je suis comme je suis, et que j'essaye de faire le moins mal possible. Mais pourtant oui, parce que je suis solidaire du péché qui est autour de moi, solidaire de la violence, de la haine, de la rancoeur.. Et il est vrai que chaque fois que je suis confronté au Mal, cela me fait mal. Alors là oui, je peux dire regarde ma douleur, et aide moi à ne pas me laisser bouffer par elle.

Le frère Benoît me parlait du lien souterrain qui existe en moi entre le bon et le moins bon et cela me semble très important. On sait bien que parfois l'altruisme est sous tendu par la rivalité, l'agressivité. Et c'est une vision interessante de ne pas oublier ce lien qui fait que du mauvais peut sortir du bon, mais aussi que du trop bon peut être source de mauvais. Rien n'est simple.

Autre chose, le peuple dans le premier testament "récrimine" et murmure beaucoup. les juifs du temps de Jésus semblent avoir la même attitude. Je dirai "ils font beaucoup de bruit". Et quand on fait trop de bruit, on ne peut pas entendre ce que Dieu par son Esprit veut vous dire. On couvre le son de sa voix. Alors peut être faut il essayer de ne pas murmurer trop fort. Et je me demande si ce n'est pas vrai de certaines prières, on est tellement pris dans son trip qu'on entend plus ce que le tout Autre a envie de vous murmurer.

J'aime bien pourtant les phrases des psaumes qui parlent du cri (le cri était encore sur mes lèvres, qu'il s'est transformé en louange: Psaume 65). Je crois que crier, c'est un acte de confiance totale, c'est parler haut et fort, mais un fois le cri lancé, il est peut être nécessaire de se taire, et si la réponse ne vient pas, transformer le cri en louange, car la louange elle est peut être dans ce silence qui permet à Dieu de s'exprimer.

vendredi 22 février 2013

Réflexions en début de Carême


En écoutant le mercredi des cendres la lecture du livre de Joël, la phrase "déchirez vos coeurs et non vos vêtements" j'ai  fait pensé à un enfant que j'ai connu dans ma pratique professionnelle. Il  était atteint d'une maladie génétique rare, qui faisait que d'une part il ne sentait pas la douleur quand il se faisait mal, mais surtout que sa peau se déchirait comme du papier. Il se mordait les doigts et se déchirait la peau dans toute son épaisseur. Je dois dire que regarder ses plaies faisait mal, étaient à la limite du soutenable. L'image qui m'est venue du coeur déchiré était de cet ordre là: un coeur dont l'enveloppe est abimée, déchirée, je dirai bonne à jeter.

Alors est ce que Dieu peut prendre plaisir à regarder cela? A dire vrai je ne le pense pas. Je me suis alors demandée ce que cela pouvait vouloir dire.

Quand un vêtement est déchiré, certes on peut le raccommoder, mais il est abîmé, parfois bon à être jeté. Quand on déchire une feuille de papier, c'est qu'on n'en veut plus. Elle est bonne à être mise à la poubelle.

Alors est ce que cela pourrait vouloir dire: reconnaissez que votre coeur n'est pas bon, laissez moi le déchirer pour le remplacer par un coeur autre. N'est ce pas ce que dit Ezéchiel: replacez votre coeur de pierre par un coeur de chair, un coeur qui aime. Le coeur de Jésus a été déchiré, l'évangéliste dit qu'il en sortit du sang et de l'eau, mais surtout que ce sang et cette eau créent quelque chose de neuf, la communauté de ceux qui vont vivre de l'Esprit de Jésus, et que le coeur déchiré devient fécond, et c'est peut être cela qui est important.

Mais le second terme de la phrase de Joël renvoie à déchirer ses vêtements et je dois reconnaître que c'est un geste qui m'a toujours interpellée. Et  avant de revenir au coeur, je voudrai réfléchir un peu sur ce que peut vouloir dire déchirer ses vêtements, car si le vêtement (le manteau) représente la fonction de la personne, le déchirer veut dire renoncer à se montrer d'une certaine manière.

Dans le premier testament et même dans le deuxième, on rencontre souvent des personnages qui déchirent leur vêtements. Jacob déchire ses vêtements quand il apprend que Joseph son fils préféré est mort. Ce geste est un geste que l'on retrouve dans le rituel de deuil des familles juives encore aujourd'hui. Il traduit la déchirure (quelqu'un a été enlevé au tissus familial), et la peine. Jacob ensuite prend des vêtements de deuil. Il a comme perdu son rôle de père, du moins en ce qui concerne son Joseph.

Dans le 2eme livre des chroniques que nous lisons en groupe en ce moment, il est dit que la reine Athalie, qui fait face à Jéhu qui vient de tuer son mari, déchire ses vêtements... Je me demande comment elle peut faire, car je doute fort que ses vêtements de reine étaient en mauvais état. Il doit donc y avoir quelque chose de symbolique dans ce geste. Une autre signification serait: tu ne fais partie de mon clan, de ma famille, je te maudis.  C'est d'ailleurs ce que fait le grand prêtre au moment du procès de Jésus. Déchirer son vêtement pouvant signifier: tu es renié de notre race, de notre famille. Ce qui est intéressant c'est de noter qu'il est interdit au grand prêtre de déchirer des vêtements (lev21). A croire qu'il ne connaît pas la Loi, et c'est pourtant au nom de cette Loi qu'il condamne Jésus. Mais du coup comme il n'est plus sous le coup de la loi mosaïque, il passe sous la loi romaine.

Porter des vêtements déchirés se trouve dans les pratiques du deuil. Or être en deuil c'est avoir perdu quelqu'un c'est être dans le manque, c'est être si je puis dire appauvri, donc pauvre. Le fait que dans les familles juives en deuil (de nos jours) les repas soient préparés et apportés par des tiers de la communauté peut aller dans ce sens: ils ont perdu quelqu'un, ils manquent de tout, alors nous leur apportons le nécessaire à la vie.

Quand on lit le livre de Jonas, on voit que tout le peuple porte des vêtements de deuil le sac, qu'il se couvre la tête de cendres et qu'il jeune. Je me suis souvent demandé (et j'ai déjà écrit la dessus) sur la signification de ce geste, qui a pour but de détourner la colère de Dieu. Il me semble avoir trouvé un élément de réponse.

En effet si on demande: qui porte des vêtements en mauvais état, déchirés? la réponse est: le pauvre.
Si on demande qui est sale parce qu'il n'a pas de maison pour se laver? La réponse est la pauvre.
Enfin si on demande qui n'a rien à manger, on a la même réponse le pauvre.

Etre pauvre, c'est ne rien avoir, c'est être dépendant. Alors ces gestes manifestent à la fois extérieurement, mais aussi intérieurement, que à ce moment là, je me sens totalement dans la dépendance de de Dieu qui est tout puissant, que je mets mon orgueil et ma suffisance de côté, et que cela est un moyen de déchirer son coeur.

Déchirer son coeur et non ses vêtements (qui peut être un geste vidé de son sens) revient à se reconnaître dépossédé, dans le manque, dans le besoin. Savoir que pour être réparé le coeur a besoin de Dieu, que l'homme seul en est incapable. Avoir un coeur de pauvre c'est peut être cela. c'est loin d'être facile.

Dans le psaume 50 (écrit peut être par David au moment où le fils de son union avec  Bethabée, est en train de mourir et où il reconnait que cela est la conséquence du mal qu'il a fait en condamnant Urie à mort), on trouve: verset 19: "d'un  coeur brisé broyé tu n'as pas de mépris".

Il me semble que cela peut compléter le coeur déchiré.

Quand on dit à quelqu'un "je te briserai" cela veut dire qu'on lui fera ravaler son orgueil, qu'on le soumettre. Un coeur brisé (peut être malaxé comme l'est la pâte brisée de nos tartes) serait un coeur qui se soumet entièrement, qui se reconnait (comme la pauvre) comme dépendant.

Un coeur broyé (en tout petits morceaux, réduit en miette) renvoie pour moi à une autre image: être broyé de chagrin. Alors avoir le coeur broyé ce serait reconnaître qu'on est malheureux parce que ce en quoi on mettait sa confiance est parti. On se sent abandonné, solitaire, incapable de faire comprendre aux autres ce qu'on est en train de vivre. Là encore pour sortir de cela, se tourner vers Dieu.

Ce que je pense aujourd'hui, c'est que nous (je) sommes très doué pour nous fabriquer des enveloppes qui nous satisfont. Accepter que ces enveloppes soient déchirées, permet au coeur qui est dans le coeur de prendre vie, avec le risque que lui aussi s'enveloppe dans une certaine satisfaction. Alors la conversion c'est ce perpétuel déchirement des enveloppes pour que le coeur du coeur, dans une sorte de mouvement de mise à nu vienne battre en nous.

Je crois qu'il y a au plus profond de nous un coeur vivant, un coeur qui chante, un coeur qui bat, un coeur qui est le coeur de Jésus et que l'important c'est de le laisser chanter et vivre sans trop s'en faire, parce qu'il est là.

samedi 2 février 2013

Laisser entrer...

Je me souviens d'une jeune femme qui parlait de sa conversion. Elle disait qu'elle avait vu une sorte de cave dans laquelle on ne pouvait pas bouger tellement il y avait de meubles, en particulier une armoire (certainement remplie de souvenirs, et de beaucoup d'autres choses). Je crois qu'elle a dû se sentir responsable (je dirai coupable) de s'être laisser envahir et emprisonner par tous cela. Elle a dû demander au Seigneur qu'il vienne l'aider à mettre de l'ordre dans ce bazar. Et pour elle la guérison a été de sentir que tout se mettait à bouger, que l'armoire se déplaçait, et que cette armoire qui occultait tout cessait d'avoir un tel poids et peut être aussi que la cave était inondée de lumière. 

Je me souviens m'être posé des questions sur pourquoi la cave, pourquoi pas le grenier (parce que pour la psy que je suis, ces lieux renvoient à des parties du corps différentes). 

Simplement ce que je sais c'est que ce témoignage est resté dans ma mémoire. 

Je me suis rendue compte que lorsque mes petits enfants viennent chez moi, je dirais qu'ils font comme chez eux et ne tiennent pas compte du tout de ma manière de fonctionner. Par exemple ils ont l'habitude chez eux de poser les manteaux sur la rampe de leur escalier alors que chez moi, il y a un porte manteau et que je n'aime pas du tout voir les manteaux trainer dans l'entrée. Ils se mettent pieds nus, ce que je n'aime pas, etc etc, mais ainsi ils se sentent bien. 

J'ai l'impression d'avoir été élevée avec l'idée que si j'étais chez quelqu'un (même de la famille) il fallait faire comme lui avait l'habitude de faire pour ne pas déranger. Sous entendu, c'est déjà beau d'être invité, alors il faut faire comme l'autre fait. 

Pourquoi parlez de cela et quel est le lien avec le premier paragraphe? Il est tout bête. 

Quand je pense que j'ouvre mon coeur pour laisser Jésus (ou l'Esprit Saint) entrer, (pour moi ouvrir est beaucoup plus explicite que de donner mon coeur à), et bien je veux bien qu'il rentre à condition finalement qu'il se coule dans ma manière de fonctionner.

Qu'il ne déplace rien (sans me demander), qu'il s'adapte à moi. Et là, je pense que ça ne va pas. 

Si j'accueille l'Autre, il n'a pas à faire comme moi j'ai envie qu'il fasse, parce que du coup il est comme privé de liberté, privé de vie. je devrais le laisser agir en moi (parce que je lui fais confiance) même si cela ne va pas du tout dans le sens que j'avais prévu.

Et peut être a t il de bonnes idées. Mais si difficile de sortir des habitudes, des rituels. 

S'il a envie de descendre dans la cave, c'est lui qui décide. S'il a envie d'aller dans le grenier, là encore c'est lui qui décide. Il a peut être sa manière à lui de mettre la table, pourquoi ne pas essayer? Laisser faire, se laisser faire ce serait accepter avec joie ce que fait l'autre pour qu'il se sente bien. 

Et je dois reconnaître que changer ses habitudes ce n'est pas toujours si facile, surtout quand on s'imagine que c'est ce qu'il y a de mieux. Ceci dit, je pense qu'il peut aussi y avoir parfois des compromis, mais si je lis l'évangile, je dois reconnaître que des compromis il y en très peu. Alors à chaque jour suffit sa peine,mais tout ce qui va dans le sens de la souplesse, va dans le sens de la vie.

vendredi 4 janvier 2013

Effusion de l'Esprit

Une retraite proposée à des étudiants par la communauté du chemin neuf. Cette retraite s'appelle  Jericho. Jericho c'est faire tomber les murs qui sont en soi, du moins c'est ce que je suppose.

Des messes superbes, musique, chants, ferveur, de la foi palpable.

Au cours de la messe d'hier, peut-être la dernière de cette session, j'ai comme une image, plus une sensation qu'une image,  difficile à mettre en mots, car elle renvoie à la transmission et peut -être à une phrase de Jésus:" Je suis venu pour mettre le feu sur la terre et comme j'ai hâte qu'il brûle".

Bref c'est comme s'il y avait une étendue de terre dans l'obscurité ou la semi obscurité. Et il y a une petite lueur qui s'allume, puis à partir d'elle, la lumière saute littéralement d'un point à un autre et petit à petit tout s'illumine tout s'embrasse,  mais ce n'est pas un incendie. Ce sont comme des milliers de points lumineux et chaque point lumineux donne naissance à d'autres points de lumière.

Ce qui m'est venu alors, c'est que si la confirmation est donnée par l'Evêque, l'effusion de l'Esprit (ou ce que l'on appelle le baptême dans l'Esprit) est transmise par ceux qui ont reçu cette effusion, par des laïcs, par des tout venants si je puis dire. Et du coup la transmission sort du cadre hiérarchique pour se répandre et chaque porteur de l'esprit peut faire de l'autre qui le demande, un nouveau porteur, et c'est ainsi que le feu, aujourd'hui, peut se répandre sur la terre.

Que la Pentecôte soit une affaire qui concerne tous ceux qui veulent vivre de et par  l'esprit et ne soit plus comme un domaine réservé, surtout que souvent (et il y a beaucoup de témoignages dans ce sens), l'Esprit se manifeste où il veut et comme Il veut, cela me fait "chaud" au coeur;