jeudi 21 mars 2013

Petites réflexions.

Un peu en vrac...

Je crois que quand Jésus rencontre un malade(en particulier un lépreux), un publicain, un pécheur, il ne voit pas ce que l'on voit en premier, ce qui englue, mais il voit la personne qui est derrière cette lèpre, ce péché, je veux dire la personne vivante et il la délivre. Je veux dire que ce n'est pas le "péché" qui compte, mais celui ou celle qui est en deçà. Apprendre à regarder l'autre comme cela, au delà... Ne pas regarder l'extérieur, mais ce qu'il y a en deçà et qui est aussi ce que l'autre est appelé à devenir.Ne pas se laisser arrêter par ce qui se donne à voir, mais par ce qui est en dessous. Voir la lumière qui est cachée sous la croute...

Dans l'épisode du publicain et du pharisien, je pense que le publicain souffre de son état de publicain, qu'il aimerait que cela cesse, car vivre avec ce regard méprisant des autres, cela doit être bien difficile. Mais il ne le peut pas dans la vie qui est la sienne. Alors sa demande, ce n'est pas tant "aie pitié " au sens de "regarde moi sans colère, ne me détruis pas", que "enlève cette souffrance, cette douleur qui est la mienne". Je suis malade de cette situation, je t'en prie, "guéris moi". Remplacer ce "aie pitié" par enlève la souffrance,  me va beaucoup mieux aujourd'hui.

La question qui se pose alors est de savoir si "mon péché" en tant que tel est pour moi source de souffrance, de douleur. D'une certaine manière non, parce que je suis comme je suis, et que j'essaye de faire le moins mal possible. Mais pourtant oui, parce que je suis solidaire du péché qui est autour de moi, solidaire de la violence, de la haine, de la rancoeur.. Et il est vrai que chaque fois que je suis confronté au Mal, cela me fait mal. Alors là oui, je peux dire regarde ma douleur, et aide moi à ne pas me laisser bouffer par elle.

Le frère Benoît me parlait du lien souterrain qui existe en moi entre le bon et le moins bon et cela me semble très important. On sait bien que parfois l'altruisme est sous tendu par la rivalité, l'agressivité. Et c'est une vision interessante de ne pas oublier ce lien qui fait que du mauvais peut sortir du bon, mais aussi que du trop bon peut être source de mauvais. Rien n'est simple.

Autre chose, le peuple dans le premier testament "récrimine" et murmure beaucoup. les juifs du temps de Jésus semblent avoir la même attitude. Je dirai "ils font beaucoup de bruit". Et quand on fait trop de bruit, on ne peut pas entendre ce que Dieu par son Esprit veut vous dire. On couvre le son de sa voix. Alors peut être faut il essayer de ne pas murmurer trop fort. Et je me demande si ce n'est pas vrai de certaines prières, on est tellement pris dans son trip qu'on entend plus ce que le tout Autre a envie de vous murmurer.

J'aime bien pourtant les phrases des psaumes qui parlent du cri (le cri était encore sur mes lèvres, qu'il s'est transformé en louange: Psaume 65). Je crois que crier, c'est un acte de confiance totale, c'est parler haut et fort, mais un fois le cri lancé, il est peut être nécessaire de se taire, et si la réponse ne vient pas, transformer le cri en louange, car la louange elle est peut être dans ce silence qui permet à Dieu de s'exprimer.

3 commentaires:

AlainX a dit…

"Et quand on fait trop de bruit, on ne peut pas entendre ce que Dieu par son Esprit veut vous dire. On couvre le son de sa voix."

En te lisant, je pensais à mon attitude globale au début de ma thérapie. Je parlais, je parlais, je parlais…
Au final, je faisais du bruit avec mes mots… Histoire de ne pas écouter, ni vraiment ce qui venait de l'intérieur de moi, ni les propos du thérapeute.

Il n'est pire sourd à la parole de l'Autre que celui qui ne veut entendre la voix de l'esprit.

Giboulee, a dit…

Si ça peut te rassurer moi aussi, et en plus j'étais "étudiante" alors j'en savais des choses...

les meilleures séances ont été des séances complètement silencieuses...

AlainX a dit…

Je complète :
il y a pas mal d'années j'ai accompagné un homme sur une assez longue période. Pendant plusieurs mois, chaque séance, il ne disait pas un mot… Je ne m'ennuyais pas, J'essayais de me faire présent à lui.
à la fin de chaque séance, invariablement il avait ces seuls mots : « merci pour votre écoute »…

Un jour il a commencé à parler. Livrant une terrible histoire…