mardi 11 juin 2013

Impuissance

Il m'arrive professionnellement parlant d'être confronté à l'impuissance: je ne peux rien faire pour la personne qui me parle, elle est hermétique, enfermée dans son histoire, dans ses répétitions et dans la mort.

Je peux me dire que cette impuissance, elle me la fait vivre ce qui lui permet peut être de s'en débarrasser un peu, de la projeter en moi si on peut dire, de manière à ce que par la suite moi je fasse quelque chose de ce vécu, que je n'en meurs pas et que je puisse le restituer sous une forme de vie et non de mort. Mais ce que je ressens aussi c'est une sorte de paralysie, qui est celle que son vécu de personne ayant subi l'inceste lui a fait vivre et qui d'une certaine manière l'a façonnée ainsi.

Alors j'ai pensé à Jésus sur sa croix, car là il est totalement impuissant. Et je pensais qu'il aurait pu se sauver, car quand les prêtres disent: qu'il se sauve lui-même, qu'il descende de sa croix et alors nous croyons en lui, il aurait pu le faire, mais il a choisi de ne pas le faire.

Il aurait pu se sauver, mais s'il avait fait cela il n'aurait pas sauvé la multitude et il était venu pour ça.

Alors peut être que pour moi, accepter cette impuissance, c'est ne pas me donner un certain pouvoir (ce serait tellement bien si je pouvais faire), mais accepter d'attendre patiemment le temps qu'il faudra pour que en passant par une certaine mort de ce que je suis, une vie puisse renaître en cette personne, mais cela c'est un sacré acte de foi.

dimanche 9 juin 2013

Représentations/images

Pas faciles les représentations de l'Esprit Saint.

Les chants  qui célèbrent l'Esprit Saint en parlent comme de l'eau, comme du vent, comme du feu, comme de la chaleur, comme de la fraîcheur... Quelle image privilégier?

L'image de l'Esprit Saint, comme de l'eau qui coule, qui purifie, qui féconde parce qu'elle permet la croissance et s'oppose à la sécheresse, c'est une représentation relativement facile. Maintenant si on passe à la notion de torrent qui peut tout arracher sur son passage c'est déjà un peu plus compliqué. Il est donc à la fois celui qui purifie et celui qui donne la vie (Eau du baptême). En fait ce que j'aime c'est l'image d'une source qui est déjà en moi mais qui sous l'action d'une sorte de pluie bienfaisante se met à couler plus librement pour devenir quelque part fontaine. Mais peut être que les représentations qui évoquent l'eau qui emporte tout sur son passage est un moyen de ne pas oublier que si l'Esprit Saint est donné, c'est bien pour que se joue en nous quelque chose de la mort et de la réesurrection de la vie et de la mort, bref de la croix.


L'image du vent, du souffle, elle aussi elle est agréable car tant qu'il n'est pas tempête, le vent fait chanter les feuilles des arbres, fait onduler les épis de blé, permet même la dispersion des graines. Domestiqué si l'on peut dire, il permet aux bateaux d'avancer, il gonfle la voile. Il est donc le guide.(murmure à écouter, direction à suivre, discernement).






L'image du feu est toute autre. Car le feu, même domestiqué comme dans la flamme du gaz, brûle. Il est dangereux, il peut détruire. Quand je chante"brule en moi, brule en moi" j'ai l'impression de jouer avec le feu. Car le feu, détruit. En même temps il purifie et il détruit les scories qui sont en moi, mais cela ne se fait pas comme cela. Bien sur un feu c'est beau, qui n'est pas resté en admiration devant des braises ou devant un feu qui flambe haut et clair dans la nuit. Mais qui dit feu, dit quand même danger.




Mais peut être que derrière cette image il y a autre chose, c'est de l'énergie. C'est la force du feu qui transforme l'eau en vapeur qui permettait aux trains de rouler autrefois. Alors peut être faut il voir le feu juste comme une étincelle qui vient réveiller ce qui dormait en soi, comme image de l'énergie  créatrice qui est en Dieu et qui met en mouvement.





On parle aussi de "être dans le feu de l'action" c'est à dire d'agir sans se poser de questions et le faire et l'être deviennent une seule entité. Alors le feu, oui à condition d'y adjoindre l'énergie, la force (c'est ce que dit Jésus quand il parle du Paraclet).

Je me disais que nous avons en nous un certain potentiel interne dont nous ne nous servons pas ou peu, alors que beaucoup de techniques inspirées des valeurs orientales le font, et libèrent en nous une certaine énergie, qui nous permet en étant mieux avec nous même d'être mieux avec les autres. Mais il me semble que cette énergie que l'on peut donc retrouver et qui existe en chacun doit être fécondée par l'Esprit Saint pour ne pas devenir une fin en soi, ce qui me semble souvent le risque de toutes ces thérapies corporelles.

Lors de la pentecôte, il y a un bruit comme celui du vent et des langues de feu...Ces langues de feu permettent aux apôtres de parler en d'autres langues, comme si quelque chose s'était ouvert en eux.

Mais au delà de l'image du feu qui consume et qui détruit (ce qui n'est pas le cas du buisson ardent qui brûle sans se consumer et qui renvoie pour moi à une représentation du Tout Autre) le feu c'est aussi ce qui éclaire, c'est la lumière. Et là la représentation est toute autre.

La langue de feu, c'est entrer dans la lumière.

C'est ouvrir les yeux à d'autres réalités, c'est regarder comme Dieu regarde (je sais personne ne sait comment il regarde, mais du regard de Jésus nous avons beaucoup de descriptions).

La lumière est pour nous chaleur (la lumière su soleil nous réchauffe).

Elle permet de connaître la direction à prendre.

Elle est énergie, alors finalement ce sera aujourd'hui la représentation que je garderai de l'Esprit Saint, pas le feu qui brûle, pas le vent qui détruit, pas l'eau qui emporte, non la lumière qui permet de chasser les ombres tout en les voyant, de distinguer les chemins, de discerner et surtout d'être comme recouvert d'un manteau de lumière, être dans la vie éternelle aujourd'hui.

samedi 1 juin 2013

Pensées fugaces

j'ai souvent plein de pensées pendant la messe et aussi pendant le temps que je me donne pour être en Présence.

Une des personnes avec laquelle je suis très proche, quand elle se sent abandonnée a un symptôme très violent au niveau de son coeur (je pense que c'est un spasme qui n'en finit pas) mais que  je suis incapable de décrire sauf que je sais par elle que c'est tellement violent comme douleur que cela lui donne  l'envie de se suicider pour échapper à cela.

En pensant à Jésus, je lui disais, toi ça tu ne connais pas. Et moi qu'est ce que je fais avec ça pour mon amie?

Et puis j'ai pensé à Getsémani et là je me suis dit que pour avoir eu cette sueur de sang, son coeur a lui avait bien dû subir ce brisement, car le mal dont souffre mon amie, est le syndrome du coeur brisé (se trouve chez des personnes qui viennent de perdre un être cher), donc j'ai compris que dans un délai très court, Il avait pu vivre dans son corps ce que bien des personnes vivent de par la maladie, par l'angoisse, par l'abandon et qu'il pouvait compatir.

Donc j'ai pensé à l'homme Jésus avec un corps qui si on en croit le linceul de Turin devait être un beau corps. Je me suis demandé à qui il ressemblait? Surement à Marie quand même...

Quand nous pensons à lui, c'est souvent soit  le corps après le résurrection (avec ou sans les signes de la passion), le corps glorieux qui échappe aux règles terrestres, soit le corps sur la croix, mais entre les deux il y a bien eu un homme avec un corps, une stature, un regard (et Dieu sait que j'aimerai connaître la couleur de ses yeux) et de ce corps là, on en parle peu, sauf quand on lit les évangiles en continu.

Et je me disais qu'il pouvait être rudement fier de son corps qui l'a si bien servi pendant 3 ans. Avec ce corps là, il a écouté, il a parlé, il a regardé, il a guéri, il a prié... Il en a fait des choses avec ce corps.

Il y a ce corps de la nuit du jeudi saint, ce corps en deux morceaux si on peut dire. Le corps "agneau pascal".

La chair qui permet de faire corps tous ensemble et le sang qui comme le sang de l'agneau de l'exode délivre du mal, de la mort. Mais ce soir là, Jésus a dit des mots qui ont donné du sens au pain et au vin, c'est un corps "symbolique" qui renvoie quand même à un "beau corps".

Ce matin j'entendais un commentaire sur un match: "l'absence de supporter nous a manqué, car ils n'ont pas pu communier avec nous". Communier, c'est à dire participer avec nous, être avec nous pour nous soutenir, nous encourager,bref, faire corps eux avec nous et nous avec eux. On oublie peut être cela nous qui "communions" au corps et au sang. Nous faisons corps avec lui, et ce soir là c'était un beau corps qu'il nous a donné... et qui nous permet de faire corps avec nos frères, tandis que Lui fait corps avec nous.

Il y a le corps qui perd son sang à Getsémanie, il y a le corps qui meurt sur la croix.

Il y a le corps de la résurrection, corps qui si Jésus est le premier d'une multitude de frères sera aussi le notre un jour.

j'aime bien toutes ces images du corps de Jésus.