jeudi 2 janvier 2014

Aimer ou pardonner.

C'est un billet ancien, je ne me sens pas de le mettre aux oubliettes, alors il est sur ce blog là.

Encore un coup l'évangile du fils qui a tout dépensé... Luc 15, 1-31 et je me disais ce mot de pardon il me gonfle, j'espère qu'on ne va pas en parler. Le célébrant s'est centré sur "perdu/ retrouvé" en partant des objets perdus que l'on retrouve, des personnes perdues de vue que l'on retrouve (ou pas), de la joie du père qui retrouve son fils. Un peu question de pardon, mais pas trop.

Et je me disais que le message ecclésial est bien trop centré sur le le péché, sur le pardon. L'hypohèse étant: je me rends compte de mon péché qui va me conduire après ma mort dans un mauvais lieu, je vais être perdu (ou je le suis déjà). Dieu si je lui demande pardon va m'entendre et je pourrais gouter sa miséricorde, donc son amour, mais la miséricorde est toujours première et cela finalement me pose question (m'a toujours posé question).

Mais moi je suis en relation avec des personnes qui pour la plus part ont entendu parler de Dieu quand elles étaient petites, qui ont été victimes d'abus sexuels. Alors comment peuvent elles entendre des choses pareilles? Comment demander pardon ou pardonner à des personnes qui ont fait de vous la demeure du mal et du malheur? Comment se pardonner à soi même la honte d'avoir subi de pareilles choses? Comment entendre le besoin de ces personnes d'être aimées? Car c'est de cela qu'elles crèvent ces personnes.

Comment leur faire entendre que ce Dieu qui a laissé faire cela est un Dieu de relation, qu'il est capable d'aimer, de remplir le vide, de combler le manque (ce que personne ne peut faire). . Une fois que ce dieu la est connu ou reconnu et cela ne peut se faire qu'en parlant de Jésus, alors la question du pardon peut se poser, mais elle est seconde ou secondaire.

Alors l'important ce n'est pas le pardon qui révèle l'amour (la miséricorde), non c'est la révélation de l'amour de Dieu et c'est loin d'être facile de le faire passer auprès de personnes qui ont vécu de telles atrocités.

Le message ce n'est pas convertissez vous mais laissez vous aimer (ce qui ressemble un peu au titre d'un film: qui veut choisir d'être aimé).

L'important pour moi c'est que l'amour de dieu qui est en moi puisse être communiqué à ces personnes. Si elles goutent cet amour, elles ne seront plus dans la honte, elles se pardonneront, elle s'aimeront et pourront alors aimer les autres autrement que ce qu'elles ont fait jusque là, car quand on a été mal aimé, il est difficile d'aimer l'autre sans le lier. Et ce que fait Jésus, c'est bien de délier pour que nous soyons reliés.

3 commentaires:

Le voyageur a dit…

oh là là !!!
J'ai des réactions, et pas des moindres, à chaque paragraphe de ton texte.
Globalement, elles vont tout à fait dans le sens des propos que tu exprimes.
il y aurait beaucoup à dire, je ne sais pas si c'est bien l'endroit…
je tente de résumer :

- C'est ignoble de prêcher « il faut pardonner ! » Que cela vienne des curés ou de n'importe qui d'autre…
La démarche de pardon, si elle doit avoir lieu, ne peut venir que du fond de soi-même lorsque les « conditions » en sont remplies. Ce qui demande parfois des années et des années… C'est une démarche de réconciliation profonde à la fois avec soi-même et avec quelqu'un. Qui plus est, elle n'est pas toujours accessible…

- Est-ce que Dieu attend qu'on demande pardon ?
Je crois qu'il attend qu'on entre dans une relation d'amour. Est-ce qu'il faut se présenter à la porte du paradis avec un billet de pardon dans la main pour pouvoir rentrer ?
C'est idiot !

Il paraît que Dieu est père…
Si je réfère à ma propre paternité, est-ce que j'attends que mes filles me demandent pardon pour les offenses commises comme préalable à l'amour que j'ai pour elle ?.
Je serais incapable de me regarder dans une glace si j'avais formulé de telles demandes…
Alors d'accord, je souffre des exigences de ma mère où il fallait se mettre à genoux sur une règle blessante, demander pardon, et attendre le temps de son bon vouloir pour être pardonné…
L'horreur absolue !

J'ai enguirlandé à jour une de mes filles (plus tard en privé : Mais qu'est-ce qui t'a pris ! Je ne me suis jamais comporté ainsi envers toi…), parce qu'elle voulait que l'un de ses fils me demande pardon pour je ne sais quel geste envers moi, qui certes, n'était pas le meilleur qui soit… Mais ce n'était là que broutilles enfantines…

- L'essentiel me semble dans ton dernier paragraphe. C'est par l'amour que l'on porte à l'autre, fût-il très abîmé,qu'il peut, peu à peu se restaurer lui-même, lentement.

Des paroles comme « Dieu t'aime » m'apparaisse toujours comme maladroite. Mieux vaut dire : (à condition de le vivre). Moi je t'aime.
Tout en ayant l'intime conscience et conviction que cet amour « humain » s'origine dans le divin qui nous habite et nous traverse.

- Une dernière chose me pose question :
tu écris :
« ce Dieu qui a laissé faire cela »
S'il a vraiment le pouvoir de faire quelque chose. Quel salaud !
Non-assistance à personne en danger…
Même la société « civile » ne le permet pas…
Alors quoi ?

n'est-ce pas dans une fausse image de Dieu ?
Une sorte de toute-puissance magique qu'il utiliserait selon son humeur du jour… Tantôt laissant crever les gens… Tantôt faisant des miracles… Au petit bonheur la chance !

Est ce cela Dieu ?

Parfois je me dis que Dieu est victime de son débordement d'amour et de foi dans l'homme…
Et puis peut-être que lui aussi doit mener ses propres combats contre ce qu'il est convenu d'appeler « les forces du mal »…
il parait qu'ii les a vaincues !

pourtant le mal est toujours là…

Je sens que je ne vais pas tarder à reprendre un peu tout cela chez moi…

Giboulee, a dit…

Merci Alain.

Oui le Mal est toujours là. On a peut être de petits moyens de le vaincre, mais il est là. l'important étant peut être que comme on le disait ailleurs la lumière luise dans les ténèbres.

A plus voyageur...

Anonyme a dit…

Je retiens surtout cela avec lequel je suis complètement d'accord:

"Car quand on a été mal aimé, il est difficile d'aimer l'autre sans le lier. Et ce que fait Jésus, c'est bien de délier pour que nous soyons reliés"
Bon dimanche
paquerette