mardi 8 avril 2014

Malaxer.. Mal axée

Cela fait quelques jours que j'ai l'impression que cette intervention chirurgicale m'a fait passer sous un rouleau compresseur.

Or l'image qui s'associe à cela, c'est celle du rouleau à pâtisserie de ma grand-mère et donc à une pâte que l'on roule, que l'on laisse reposer ensuite, puis que l'on  retravaille. Je ne sais pas si ce sera une pâte brisée (en ce moment c'est un peu comme cela que je me ressens) une pâte feuilletée (au quel cas il faut beaucoup de patience et de savoir faire), une pâte sablée ou même un crumble.

Ce que je veux dire, c'est que quelque chose se malaxe en moi, et que cela prend du temps. Je ne sais pas quelle forme cela prendra, mais pour le moment il faut attendre et par certains côtés je ne décide rien, je laisse faire le dessin de Dieu en moi. Et puis la pâte c'est une chose, la cuisson c'est autre chose.

Pour en revenir à l'image de la pâtisserie, il s'agit bien de mélanger en respectant des règles, mais ce mot de malaxer peut s'entendre différemment: on peut le scinder en deux; mal axé. Or c'est cela que je ressens dans mon corps depuis l'intervention.

Il y a eu cette sensation bizarre en salle de réveil avec un axe horizontal et non plus vertical, car le tremblement du fait de la rachialgie n'atteignait pas les jambes que je ne sentais pas, que j'avais comme perdues.

Il y a cette dissymétrie entre les deux jambes, avec une qui fonctionne, et l'autre qui par moments est un peu morte, qui tremble facilement, qui ne me porte pas. Cela ne veut pas dire que je ne la sente pas, mais c'est comme si l'axe était décentré.  Là il s'agit de l'axe vertical, mais le "être debout" ce n'est pas gagné.

Cela me rappelle cette époque où l'on avait diagnostiqué un déséquilibre du bassin (j'avais 10 ans, et en fonction de la croissance le déséquilibre est normal). Cela m'a valu des chaussures montantes orthopédiques, des semelles et surtout une chanson que mon père ne se privait pas de chanter:" il faut la voir, le long de la rivière, boitant par devant, boitant par derrière, la jambe droite qui cloche un tout petit peu, et la jambe gauche qui crie, au feu au feu." Cette chanson il me l'a rabâchée pour me montrer qu'il était un bon père, et que grâce à lui je marcherai normalement, mais c'était vraiment pervers de me traiter de boiteuse alors que c'était faux.

Et là, avec ces cannes, j'ai l'impression que je n'arrive plus à marcher droit, que tout est de travers et que je suis désaxée.

Et j'ai beau avoir tout le courage du monde, je ne peux pas aller plus vite que la musique, je dois accepter ce malaxage interne pour que le" mal axage" se corrige petit à petit, que je trouve une nouvelle manière d'être (et je suis sure que le physique réagit sur le psychique) donc que quelque chose de neuf va sortir de cela..

En attendant, il faut peut être partir à la chasse de levain ancien pour qu'il n'en reste rien et préparer une pâte neuve pour ce temps pascal qui approche.

 Je me suis d'ailleurs rendue compte d'une chose  étonnante, enfin pas tant que cela... On dit toujours "suivre" Jésus, or moi, suivre je n'aime pas trop et je sais que lorsque je fais du ski, souvent j'ai dans l'idée que Jésus est avec moi, à côté de moi, que parfois je lui dis merci quand j'ai évité une chute et que j'ai l'impression qu'il me tient par la main, mais il y a aussi l'envie de lui montrer le monde par mes yeux, pour qu'il voit par moment cette beauté. Je veux dire que d'une certaine manière c'est moi qui lui fait de la place, qui décide. Or suivre ce n'est pas cela, et ce que je vis dans mon corps en ce moment c'est un peu l'apprentissage du suivre. Et c'est loin d'être facile. On a beau être courageux, on a beau avoir envie de faire le mieux possible, il s'agit quand même de reproduire ce qui a été montré par l'autre. Alors peut être que le malaxage qui doit conduire à un réaxage pourra me permettre de rentrer dans cette autre dynamique.


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