mardi 3 novembre 2015

Intercession



En ce moment, j'essaye depuis des mois d'aider (enfin c'est un bien grand mot), je dirai de cheminer avec une jeune femme qui a vécu beaucoup de très mauvaises choses dès sa petite enfance.

Il se trouve que le père de cette personne, était un homme qui allait à 3 messes entre le samedi et le dimanche, qui disait et faisait dire son chapelet, qui a inscrit sa fille (mon amie) comme servant d'autel alors qu'elle avait perdu tous ses cheveux suite à un traumatisme qui reste encore enfoui dans son cerveau, et que cet homme là a abusé de sa fille après de multiples maltraitances.

Il est bien évident que parler de Dieu est impossible, car comment croire en Dieu qui a laissé votre père vous faire de telles choses...

Ces traumatismes ont laissé des séquelles gravissime qui aujourd'hui, et cette personne "attend un miracle" mais elle ne peut pas le demander puisqu'elle ne sait pas qui pourrait l'écouter.

Alors m'est venue l'idée de demander à un saint d'intercéder pour elle. Et j'ai pensé à Jean XXIII. Je l'aime ce pape, ce pape de transition qui a mis en route un concile.

Et à peine avais je pensé à cela qu'il y a eu dehors un battement d'ailes d'oiseaux.

Et m'est revenu son vrai nom: Angelo.

Ce n'est pas un beau clin d'oeil ça?




Avec le Christ je suis fixé à la croix… Gal 2, 19


Enveloppement

Il s’agit d’une phrase de Paul dans l’épitre aux Galates. Le texte complet Gal 2, 19-20 est

  « Frères, grâce à la Loi (qui a fait mourir le Christ) j’ai cessé de vivre pour la Loi afin de vivre pour Dieu. Avec le Christ, je suis fixé à la croix: je vis, mais ce n’est plus moi, c’est le Christ qui vit en moi. Ma vie aujourd’hui, dans la condition humaine, je la vis dans la foi au Fils de Dieu qui m’a aimé et qui s’est livré pour moi. ».

Il s’agit de la traduction liturgique et cette traduction autre a été très importante pour moi. 

Comme souvent dans ma vie spirituelle, c’est un tout petit morceau de phrase ou même un mot qui fait image, qui comme disent certains me déplacent et surtout me donnent une grande joie. Car être fixé avec Jésus à la croix, c’est faire une expérience d’enveloppement. 

On n’est pas seul à la place de Jésus, il est là, il fait corps avec nous, il nous prend en lui, peu à peu nous nous enfonçons en Lui et nous faisons du corps avec Lui.C'est difficile de trouver des mots parfois.Il nous assimile à Lui. c'est quelque chose de passif, même si cela peut prendre toute une vie. 

Je suis allé chercher d’autres traductions, en voici quelques unes  « je suis crucifié avec le christ » TOB et NBS, ou « j’ai été mis à mort avec le Christ sur la croix, BFC, avec le Christ, je suis mort sur la croix BPV, je suis crucifié avec le Christ Colombe et enfin « je suis crucifié avec le Christ, B.J.). Or toutes ces traductions ne m’ont jamais convenu,car elles font de Paul un qui se met à la place du Christ et pour comme il le dit ailleurs, compléter ce qui manque à la passion du Christ.

Cette traduction nouvelle a eu pour moi un sens nouveau. Car il y a la croix, sur la croix il y a Jésus et sur le corps de Jésus vient en quelque sorte se superposer, se coller, s’adapter, se poser la personnalité de Paul. Paul n’est pas crucifié, le crucifié c’est Jésus, mais Jésus en quelque sorte l’enveloppe, fait corps avec lui, et la croix, Jésus et Paul cela fait un.Et cela va aussi transformer Paul petit à petit.

J’avais trouvé il y a un certain temps dans la lecture retenue pour le 14 septembre, je cite ce qui a fait image pour moi :

" Le Christ cloué sur la croix adhère à la matière qu’il fait sienne et la transforme en pont vers le ciel. Ses bras ouverts embrassent la création, ce sont les bras du Père qui nous embrassent et qui nous attirent à Lui.
En contemplant le Christ je ne vois plus la croix qu’Il a complètement assimilée dans son corps dans la lumière de sa résurrection".

Cette assimilation de la croix par le corps du Christ, c’est ce qui se passe pour Paul, il n’est pas le  Christ, il n’est pas le crucifié, mais il est assimilé dans le corps de son Sauveur.
Si on relie cela à ce que Paul dit de son expérience de conversion dans la première épitre à Timothée 1Tim 16 : « s’il m’a été fait miséricorde, c’est pour qu’en moi, le premier, Jésus manifesta toutes sa patience.. », il s’agit aussi d’une expérience d’enveloppement, qui régénère totalement et qui comme Paul le dit aussi est cadeau.

Ce que je veux dire, c’est que ce petit bout de texte, traduit différemment (et tant pis s’il n’est pas proche du texte original) m’a permis non seulement de regarder Paul autrement, mais de me dire que cette posture de Paul, qui est comme en fusion avec Jésus, c’est une posture qui est une bonne posture, car être enveloppé par Jésus, ce n’est pas faire à sa place, c’est être avec lui, le laisser faire, le laisser faire corps petit à petit avec nous, pour nous faire entrer dans la lumière de la résurrection.


On sort du morbide : la recherche de la souffrance ; pour passer avec Lui dans la lumière : avoir eu mal (mais c’est Lui qui a eu mal) pour être dans la vie.