dimanche 23 décembre 2018

ÉVANGILES DE LA SEMAINE DU 17 AU 23 DÉCEMBRE

SEMAINE DU 17 AU 23 DÉCEMBRE.

LUNDI 17 DÉCEMBRE. Mt 1, 1-17 Généalogie.

Je plains toujours le célébrant qui doit lire cette généalogie avec des noms pas toujours faciles à prononcer; quant à Azor, pour moi un nom de chien, donc j'ai toujours envie de rire, mais c'est comme ça.

Je pense que le but de cette généalogie qui est le début de l'évangile de Matthieu, donc différent de l'évangile de Luc, qui se veut plus plongé dans l'histoire et donc qui ne met la généalogie qu'au moment du début de la vie publique, est de démontrer que la lignée de Jésus, montre qu'il est un roi, puisque descendant d'une lignée royale.

Juda, qui n'est pas le premier fils de Jacob, est pourtant celui qui a reçu la royauté et c'est de sa lignée qu'est venue David, le roi messie.

On a beaucoup écrit sur le début de cette généalogie, pour montrer que les origines mêmes royales de Jésus sont enracinées dans une histoire humaine, avec ses hauts et ses bas. Mais dire de Tamar qu'elle est une prostituée, est un peu fort, car elle a dû employer ce stratagème pour que la loi du lévirat soit respectée. Ce qui est sûr aussi c'est que Ruth, même mariée à Booz, reste quand même une moabite, une pas bonne. Et cela est important de penser qu'une lignée "pure" ça n'existe. 

Il s'agit de montrer à ceux qui veulent entendre la bonne nouvelle, que celui qui est la bonne nouvelle, est un homme qui appartient à une histoire, et qui pourtant est bien plus que cela, puisque c'est ce qui est raconté ensuite, en se centrant sur le personnage de Joseph.

Si dans Luc, avec l'ange, on peut penser que les cieux s'ouvrent, qu'un lien se fait entre le ciel et la terre, pour qu'un nouveau lien se fasse entre la terre et le ciel, ici, c'est une autre problématique, centrée que l'accomplissement de ce qui était annoncé, d'où l'importance des références à la Tora. 


Généalogie de Jésus Christ, fils de David, fils d'Abraham

On apprend d'emblée que Jésus fils d'Abraham est un "vrai juif" et qu'étant descendant de David, il est le roi messie attendu, et annoncé par les prophètes.

Abraham engendra Isaac, 
Isaac engendra Jacob, 
Jacob engendra Juda et ses frères

Dans la Genèse, Abraham a engendré Ismaël et Isaac, Isaac a engendré Esaü et Jacob, Jacob a engendré 12 fils, et Juda n'est pas l'aîné, mais c'est celui qui sera le chef des 12. 

3Juda, de son union avec Tamarengendra Pharès et Zara, 
Phares engendra Esrom,
 Esrom engendra Aram,

 Aram engendra Aminadab, 
Aminadab engendra Naassone, 
Naassone engendra Salmone,

 Salmone,de son union avec Rahab, engendra Booz,
 Booz,de son union avec Ruth, engendra Jobed, 
Jobed engendra Jessé,

 Jessé engendra le roi David

On arrive bien à 14, si on compte Abraham dont la généalogie n'est pas indiquée, mais qui est le fondateur si l'on peut dire .

Finalement le verbe "engendra" est un véritable lest-motiv. Il suffit de compter les "engendra" pour arriver au bon nombre. 


David, de son union avec la femme d’Ourias, engendra Salomon,

 Salomon engendra Roboam, 
Roboam engendra Abia, 
Abia engendra Asa,

 Asae ngendra Josaphat, 
Josaphat engendra Joram, 
Joram engendra Ozias,

 Ozias engendra Joatham, J
Joatham engendra Acaz, 
Acaz engendra Ézékias, 

10Ézékias engendra Manassé, 
Manassé engendra Amone, 
Amone engendra Josias,

 11 Josiah engendra Jékonias et ses frères à l’époque de l’exilà Babylone. 

Là encore 14, avec quand même la centration sur les rois de Jérusalem, et quelques beaux ancêtres comme Osias et Ezékias et Josias.


12Après l’exil à Babylone, 

mardi engendra Salathiel, 
Salathiel engendra Zorobabel, 

13Zorobabel engendra Abioud, 
Abioud engendra Éliakim, 
Éliakim engendra Azor, 

14Azor engendra Sadok, 
Sadok engendra Akim, 
Akim engendra Élioud, 

15Élioud engendra Éléazar, 
Éléazar engendra Mattane, 
Mattane engendra Jacob, 

16Jacob engendra Joseph, l’époux de Marie, de laquelle fut engendré Jésus, que l’on appelle Christ. 

17Le nombre total des générations est donc : depuis Abraham jusqu’à David, quatorze générations ; depuis David jusqu’à l’exil à Babylone, quatorze générations; depuis l’exil à Babylone jusqu’au Christ, quatorze générations.

Là, je ne sais pas trop comment Matthieu s'est débrouillé. Il faut comparer avec Luc. Mais on a une généalogie bien construite. Je pense que le 14, 2x7 a surement une signification, de même que les 3 coupures, mais cela ne m'aide pas tellement. 


MARDI 17 DÉCEMBRE. Mt 1, 18-24


18 Voici comment fut engendré Jésus Christ : Marie,sa mère, avait été accordée en mariage à Joseph; avant qu’ils aient habité ensemble, elle fut enceinte par l’action de l’Esprit Saint

Premier verset et presque tout est dit. Un engendrement, une femme, un homme, un enfant dont on connaît le nom, puisqu'il est cité en premier, mais avec l'adjectif, "oint, messie". mais aussi la présence de Dieu: le Saint Esprit. J'ai toujours aimé le "accordée" qui me fait penser à une corde d'un instrument et qui me dit que pour ces deux là, il y avait un accord, qu'ils allaient ensemble et que leur musique allait remplir la terre.

Il y a quand même une merveilleuse concision dans ce verset. Et le fait: elle tombe enceinte, et c'est là où se noue le drame de Joseph. Que va t il faire? 

19Joseph, son époux, qui était un homme juste,et ne voulait pas la dénoncer publiquement, décida de la renvoyer en secret.

Peut-être peut-on parler de moindre mal. Je ne sais pas si en tant que fiancée Marie risquait la lapidation, mais ça ne devait pas être simple. Et où Marie serait elle allée? 

 20 Comme il avait formé ce projet, voici que l’ange du Seigneurlui apparut en songeet lui dit : « Joseph, fils de Davidne crains pas de prendre chez toi Marie, ton épouse, puisque l’enfant qui est engendré en elle vient de l’Esprit Saint

Si on suit la logique du texte, Joseph espère avoir trouvé une solution et s'endort du sommeil du juste. Et c'est là que l'ange intervient, l'ange message du Seigneur,  qui commence par lui donner ce titre de fils de David, qu'il va transmettre à cet enfant qu'il ne connaît pas, ne pas craindre (ne pas s'occuper du on dit), et surtout elle ne t'a pas trompée, c'est une naissance voulue et c'est l'œuvre de l'esprit. En fait cette phrase est très symétrique de la première. On a à nouveau tous les personnages. 

21 elle enfantera un fils, et tu lui donneras le nom de Jésus (c’est-à-dire : Le-Seigneur-sauve), car c’est lui qui sauvera son peuple de ses péchés. »

Et là, il ne s'agit pas de sauver le peuple de la domination romaine, d'être ce Roi Messie attendu et annoncé par les prophètes, mais du rôle du rédempteur, de celui qui rachète. On est déjà dans une autre logique.  

 22 Tout cela est arrivé pour que soit accomplie la parole du Seigneur, prononcée par le prophète 
23‘Voici que la Vierge concevra, et elle enfantera un fils; on lui donnera le nom d’Emmanuel’, qui se traduit : « Dieu-avec-nous » 

Importance de l'accomplissement. Importance de faire comprendre que Dieu ne lâche pas son peuple, qu'il sera présent dans cet enfant qui va venir. Si on reprend le texte d'Isaïe, le roi est sur le point d'être attaqué par deux autres rois, et il lui est annoncé que Dieu va s'en occuper. Il s'agit du roi Acaz un roi cité dans la généalogie. Un roi qui ne demande pas de signe à dieu et qui pourtant en reçoit un, qui est très étonnant, car de fait il y aura d'autres prédictions qui parleront de cet "enfant merveilleux". Ce qu'on sait c'est qu'il mangera du lait caillé et du miel, jusqu'à ce qu'il sache rejeter le mal et choisir le bien. Il sera donc un juge celui-là. 

  
24 Quand Joseph se réveilla, il fit ce que l’ange du Seigneur lui avait prescrit : il prit chez lui son épouse.

On peut parler d'obéissance, je dirai confiance totale, abandon à une volonté qui n'est pas la sienne, et cela c'est beau. Et peut-être aussi que le passage du début: il était fiancé et là il prend son épouse, montre aussi que quelque chose a pris chair, a pris forme et que cela est le nid dont l'enfant à naître à besoin.

Voilà ce qu'aurait pu dire Joseph. Le texte se trouve aussi sur mon blog principal


Dire que tout allait si bien… Je n'habite plus dans la maison de mon père, j'ai une maison à moi, j'ai un métier et je suis fiancée à une toute jeune fille Marie. Nous avons été fiancés et je lui ai donné un bel anneau d'or qu'elle porte à son doigt. J'ai aussi commencé à préparer chez moi une belle pièce, qu'elle pourra arranger comme elle le voudra, une pièce où naître notre enfant. 

Et voilà qu'elle vient me voir hier, et qu'elle a une tête autre sous son voile. Elle se tord un peu les mains, et me dit qu'elle attend un enfant.. Et là quelque chose de brise en moi. Comment a-t-elle pu se laisser séduire alors qu'elle est "ma fiancée", comment a-t-elle pu me faire cela. Puis elle ajoute qu'elle ne m'a pas trompée, que ce qui arrive c'est le dessein de Dieu et elle part, elle me laisse seul avec cette nouvelle. Et moi qui était en train de fabriquer une belle armoire pour qu'elle puisse ranger son trousseau. 

Alors j'ai réfléchi. Je sais que quand cela va se voir, elle risque d'être lapidée; alors il faudrait qu'elle parte, qu'elle aille ailleurs. Je suis obligée de la répudier, mais je ne veux pas qu'elle meure, je veux que cet enfant dont elle ne m'a rien dit vienne au monde. 

Je me suis couché, un peu la mort dans l'âme, j'ai tourné un peu dans tous les sens sur ma couche et je me suis endormi. Et dans mon sommeil, j'a entendu comme une voix. C'est étonnant les rêves, mais celui là il était autre. Et cette voix me disait de ne pas craindre de prendre chez moi Marie, ma fiancée. Pas craindre… Etonnant, bien sûr que je suis bouleversé. Et il continue en me disant que cet enfant il est l'oeuvre de l'Esprit Saint, donc qu'elle ne m'a pas trompée. Puis il me dit que cet enfant aura un destin: il sera ce rédempteur que nous attendons, celui qui en nous libérant du poids de tous nos péchés nous fera entrer dans la Sainteté de Dieu. Puis il me dit que le nom de cet enfant sera Jésus. Je savais bien que je dormais, mais c'était si réel. Puis il a cité le prophète Isaïe qui parle d'un enfant né d'une jeune fille et qui devait porter le nom d'Emmanuel. C'est cela qui m'a réveillé, Emmanuel, Jésus.. Mais dans tous les cas, cela me dit que Dieu est avec nous aujourd'hui et que Dieu nous (me) sauve aujourd'hui.

Alors j'ai attendu le matin, et je suis allé voir Marie dans sa maison. Je lui ai dit que cet enfant serait mon enfant et peu importe ce que penseraient les autres, nous resterions ensemble toute notre vie. 

MERCREDI 19 DÉCEMBRE:  Lc 1, 5-25 Zacharie…

Il y avait, au temps d’Hérode le Grand, roi de Judée, un prêtre du groupe d’Abia, nommé Zacharie. Sa femme aussi était descendante d’Aaron; elle s’appelait Élisabeth.

Ils étaient l’un et l’autre des justes devant Dieu : ils suivaient tous les commandements et les préceptesdu Seigneur de façon irréprochable

Dans ces premiers versets, si Elisabeth est de la maison D'Aaron, c'est que Marie appartient aussi à cette origine des prêtres, de ceux qui ont le droit de rentrer dans le Saint des Saints. Et c'est le "Saint " qui va rentrer en elle. 

Ce qui est beau aussi, c'est qu'on nout dit quand même que certains pouvaient suivre tous les commandements et tous les préceptes, et que c'est en cela qu'ils étaient justes. Donc quand Jésus parle de 99 justes qui n'ont pas besoin de conversion, il sait que c'est possible.

Ils n’avaient pas d’enfant, car Élisabeth était stérile et, de plus, ils étaient l’un et l’autre avancés en âge. 

Donc là deux raisons. Mais la première renvoie à la souffrance, pas eu d'enfants quand c'était possible, comme Sarah autrefois. La seconde c'est la réalité de la vie, maintenant ce n'est plus possible.


                                               Prélude
Or, tandis que Zacharie, durant la période attribuée aux prêtres de son groupe, assurait le service du culte devant Dieu, 
il fut désigné par le sort, suivant l’usage des prêtres, pour aller offrir l’encensdans le sanctuaire du Seigneur. 
10 Toute la multitude du peuple était en prièreau dehors ,à l’heure de l’offrande de l’encens. 

Le tableau est alors bien présenté. Zacharie est tiré au sort.. Et il y a des sorts qui peuvent changer la vie. Le fait que le peuple soit en prière dehors à surement son importance si on pense aux Actes des Apôtres, quand la communauté se met à prier pour Pierre qui est enfermé dedans.

Acte un.

11 L’ange du Seigneur lui apparutdebout droite de l’autel de l’encens. 
12 À sa vue, Zacharie fut bouleversé et la craintele saisit. 
13 L’ange lui dit : « Sois sans crainte, Zacharie, car ta supplicationa été exaucée: ta femme Élisabeth mettra au monde pour toi un fils, et tu lui donneras le nom de Jean
14 Tu seras dans la joie et l’allégresseet beaucoup se réjouiront de sa naissance,

On a une apparition, la crainte, une parole qui renvoie au passé, car il est évident que Zacharie ne demande plus cette naissance. Alors il a dû se poser des questions. Le nom de l'enfant est donné et son destin est développé et il reprend des prophétie: ramener le cœur des pères vers les fils entre autre.

 15 car il sera grand devant le Seigneur. Il ne boira pas de vin ni de boisson forte, et il sera rempli d’Esprit Saint dès le ventre de sa mère ; 
16 il fera revenir de nombreux fils d’Israël au Seigneur leur Dieu ; 
 17 il marchera devant, en présence du Seigneur, avec l’esprit et la puissance du prophète Élie, pour faire revenir lecœur des pères vers leurs enfants, ramener les rebelles à la sagesse des justes, et préparer au Seigneur un peuple bien disposé. » 

                                                          Acte Deux.

18 Alors Zacharie dit à l’ange : « Comment vais-je savoir que cela arrivera ? Moi, en effet, je suis un vieillard et ma femme est avancée en âge. » 

 Là, on a l'impression que Zacharie demande un signe, qu'il ne se voit pas dire ça à sa femme.. Qu'il ne peut pas y croire. Et demander des signes, d'autres que lui, l'ont fait, comme Gédéon.

19 L’ange lui répondit : « Je suis Gabriel et je me tiens en présence de Dieu. J’ai été envoyé pour te parler et pour t’annoncer cette bonne nouvelle. 
20 Mais voici que tu seras réduit au silence et, jusqu’au jour où cela se réalisera, tu ne pourras plus parler, parce que tu n’as pas cru à mes paroles; celles-ci s’accompliront en leur temps. »

  Des fois on se dit qu'il vaut mieux garder sa langue dans sa poche.. Manifestement l'ange est mécontent de ce doute.. Pauvre Zacharie..

                                                          Acte trois..

21 Le peuple eattendait Zacharie et s’étonnait qu’il s’attarde dans le sanctuaire.

 22 Quand il sortit, il ne pouvait pas leur parler, et ils comprirent que, dans le sanctuaire, il avait eu une vision. Il leur faisait des signes et restait muet.
23 Lorsqu’il eut achevé son temps de service liturgique, il repartit chez lui. 

Zacharie même dehors a bel et bien perdu la parole, ce qui est un signe pour le peuple.. Mais il n'est pas sourd. Il demeure quand même au Temple. 

                                                          Conclusion

24 Quelque temps plus tard, sa femme Élisabeth conçut un enfant. Pendant cinq mois, elle garda le secret. Elle se disait :
 25 « Voilà ce que le Seigneur a fait pour moi, en ces jours où il a posé son regard pour effacer ce qui était ma honte devant les hommes. »

Luc présente donc Elisabeth, qui ne dit rien à personne pendant plus de la moitié de sa grossesse, et qui est surement dans la joie de ne plus être honteuse d'avoir été stérile. Et cela permettre le cantique lors de la visite de Marie.



JEUDI 20 DÉCEMBRE Lc 1, 26-38 Annonciation.


Prélude

26 En ce temps-là, l’ange Gabriel fut envoyé par Dieu dans une ville de Galilée, appelée Nazareth
27 à une jeune fille vierge, accordée en mariage à un homme de la maison de David, appelé Joseph; et le nom de la jeune fille était Marie.

Là encore c'est bien construit. Cela fait un peu le pendant de ce qui s'est passé avec Zacharie. On a un lieu, Nazareth, un ange dont nous, nous connaissons le nom,  un lieu, Nazareth  (pas Bethléem, ce qui est différent de l'évangile de Matthieu), une jeune fille Marie, un homme Joseph qui lui est absent.

  
28 L’ange entra chez elle et dit : « Je te salue, Comblée-de-grâce,le Seigneur est avec toi.» 

29 À cette parole, elle fut toute bouleversée, et elle se demandait ce que pouvait signifier cette salutation.

                                             Premier Acte: la salutation de l'ange et la réaction de Marie.

Ce début me fait toujours penser à la rencontre de Gédéon avec l'Ange, qui lui dans le livre des juges vient s'asseoir sous un térébinthe et qui adresse une salutation qui a de quoi surprendre: " Le Seigneur est avec toi, vaillant guerrier.. Ce qui surprend pour le moins le brave Gédéon qui est en train de battre du blé, ce qui n'est pas un geste très glorieux. Mais c'est l'ange qui poursuit le dialogue ce qui n'est pas le cas avec Gédéon. Là Luc décrit quelque chose de la réaction de la jeune fille, qui ne comprend pas, qui semble un peu affolée.

30 L’ange lui dit alors : « Sois sans crainte, Marie, car tu as trouvé grâce auprès de Dieu. 

 On a deux fois le mot "grâce" ce qui doit montrer son importance; non seulement elle est comblée de grâce, mais elle a trouvé grâce auprès de Dieu.

                                                     Acte 2.Le dessin est révélé.

31 Voici que tu vas concevoir  enfanter un fils ; tu lui donneras le nom de Jésus

 Si je me réfère au livre de Delphine Horvilleur, comment les rabbins font les enfants, il y a là les trois moments: concevoir, enfanter et donner un nom. Là c'est Marie qui nomme. 

32 Il sera grand, il sera appelé Fils du Très-Haut; le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David son père ; 
33 il régnera pour toujours sur la maison de Jacob, et son règne n’aura pas de fin. » 

On a là, en filigrane ce que sera Jésus:  Roi comme David, mais Fils du très Haut, règne sur Israël. Règne éternel.

                                                                    Acte 3 : la réaction.

34 Marie dit à l’ange : « Commentcela va-t-il se faire puisque je ne connais pasd’homme ? » 

 Ce qui est intéressant, c'est que la question de Marie est autour du comment et non autour du pourquoi. Elle ne dit pas, pourquoi moi, mais comment cela pourra s'accomplir, ce qui montre qu'elle accepte d'emblée  

35 L’ange lui répondit : « L’EspritSaint viendra surtoi, et la puissance du Très-Haut te prendra sousson ombre ; c’est pourquoi celui qui va naître sera saint, il sera appelé Fils deDieu.

 En soi, ce n'est pas si clair que cela. Il y a le souffle de l'Esprit qui vient sur, comme pour l'envelopper, lui faire une peau neuve, (enfin c'est l'image qui me vient) qui est comme une onction de tout le corps, et le Très Haut qui prend sous son ombre, ce qui pour moi renvoie à la nuée qui montrait la présence du Seigneur pendant l'exode. On a quelque chose de trinitaire qui se dessine là, puisque le Fils qui sera né, sera fils de Dieu, mais surtout qu'il sera saint comme Dieu est Saint.

36 Or voici que, dans sa vieillesse, Élisabeth,ta parente, a conçu, elle aussi, un fils et en est à son sixième mois, alors qu’on l’appelait la femme stérile. 
37 Car rien n’est impossible à Dieu. » 

Et là, à Marie qui n'a rien demandé, est donné un signe, le signe de la toute puissance du Seigneur qui permet à une femme âgée de concevoir. Alors si le Seigneur a fait cela pour Elisabeth il est bien capable de faire ce qu'il dit. Et cela revoie au prophète Isaïe; ma parole ne revient pas sans avoir accompli ce quelle veut faire; 

38 Marie dit alors : « Voici la servantedu Seigneur ; que tout m’advienne selon ta parole. ».

Je crois, et je le pense vraiment que le terme servante est trop faible. Marie se donne corps, âme et esprit au Dieu qui se révèle. Et elle se positionne comme une esclave qui est en dépendance totale de son maitre. 


Alors l’ange la quitta

Au début de ce texte, on a l'ange qui entre chez Marie, comme ça, sans préavis. Il entre et Marie est bouleversée de cette intrusion, même si cette intrusion est paisible. Et à la fin il y a l'ange la quitta.. Il a fait ce qu'il devait faire, elle est seule désormais avec cette vie qui va changer. Quand un ange remonte auprès de Dieu, je pense toujours plus ou moins à l'Ascension, où jésus quitte ses disciples, où il disparaît à leurs regards, et pourtant il reste en eux.

VENDREDI 21 DÉCEMBRE: Lc 1, 39-45  LA VISITATION.

39 En ces jours-là, Marie se mit en route et se rendit avec empressement vers la région montagneuse, dans une ville de Judée. 
40 Elle entra dans la maison de Zacharie et salua Élisabeth.

Autrefois on ne disait avec empressement, mais en grand hâte, comme si quelque chose de plus fort qu'elle, une sorte de pulsion, poussait Marie à se mettre en route, à aller voir cette cousine, peut-être à l'aider, mais peut-être aussi pour autre chose. Ce qui me vient, c'est que Marie est seule, sans parents pour entendre ce qui s'est passé en elle. Et en Elisabeth sa parente, elle va trouver aussi du réconfort, une présence maternelle. Je veux dire que peut-être la jeune fille est bien seule avec ce qui vient de se passer. 

Et Luc reprend avec Marie, la même phrase qu'il avait utilisé pour l'ange qui entre dans la maison de Marie et qui salue Marie, mais là on n'a pas la phrase de la salutation, mais ce que cela fait à Elisabeth d'entendre la voix de sa jeune cousine.

 41 Or, quand Élisabeth entendit la salutation de Marie, l’enfantressailli ten elle. Alors, Élisabeth fut remplied’Esprit Saint,

On nous montre toujours cette salutation comme une accolade, mais ce n'est pas ce que dit le texte. C'est la voix de Marie qui a une action Or Zacharie lui a perdu sa voix et ses paroles. Elisabeth entend une voix qui est un peu comme si Dieu se servait de Marie pour la conforter, lui parler, une autre voix. Et cette voix qui est au-delà de la voix, est tellement puissante qu'elle agit à la fois sur l'enfant mais aussi sur Elisabeth.

 42 et s’écria d’une voix forte: « Tu es bénie entre toutes les femmes, et le fruit de tes entrailles est béni.
 43 D’où m’est-il donné que la mère de mon Seigneur vienne jusqu’à moi ?
 44 Car, lorsque tes paroles de salutation sont parvenues à mes oreilles, l’enfant a tressailli d’allégresse en moi

Elisabeth, celle qui a toujours du faire profil bas, peut maintenant s'écrier d'une voix forte, d'une voix puissante, des paroles qui sont mises en elle par un autre. Elle reconnaît en sa petite cousine, une présence et du coup, elle l'ancienne, se sent comme indigne de la petite qui vient. Et elle explique ce qui vient de se passer en elle. Car le "tressaillir de joie", c'est je crois chez isaïe, ce qui se passe, quand on "sent" la présence du Très Haut. Et en même temps, elle confirme quelque chose pour Marie.

45 Heureuse celle qui a cru à l’accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur. »

On a une béatitude. Il y a en aura une autre, heureuse la mère qui t'a porté et les mamelles qui t'ont allaitées, à quoi Jésus répondra, heureux celui qui écoute ma parole et la met en pratique. Et là, il y a aussi la confirmation que les paroles de l'ange venaient bien du Seigneur.


Temps de l'Avent: Marie. 

L'ange m'a quitté, du moins cette présence que j'ai ressenti. Je sais que dans mon corps il s'est passé quelque chose, mais je ne sais pas le nommer. Pourtant je ne suis plus la même. Et l'ange m'a parlé de ma cousine Elisabeth. Je dois aller la voir, je dois lui raconter ce qui s'est passé, je dois lui demander son avis. J'ai besoin de quelqu'un, j'ai besoin d'une mère, puisque la mienne n'est pas là pour me guider. 

Comme je suis la fiancée de Joseph, je dois lui demander l'autorisation de partir ainsi. Lui, avec son métier, il ne peut pas m'accompagner et pour le moment, je n'ose pas lui dire ce qui se passe, ce qui s'est passé. Et s'il ne comprenait pas? Et S'il me répudiait? Mais au fond de moi il y a cette certitude, c'est que le Seigneur nous a choisis tous les deux, lui et moi, moi et lui, pour que nous soyons la famille de son envoyé, de son fils, qui sera mon fils. 

Joseph a accepté et je suis partie de Nazareth pour aller vers Jérusalem, puisque c'est dans les montagnes de Judée que résident Elisabeth et Zacharie. 
Je suis arrivée, fatiguée chez eux, mais comme ils ne savaient rien de ma venue, personne n'est sorti à ma rencontre. Je suis entrée dans leur maison, Elisabeth était là, elle s'est levée, s'est approchée de moi, et je l'ai saluée, elle mon aînée. Et là quelque chose s'est passé. 

Elle m'a regardé, elle a regardé mon ventre, elle a regardé son ventre, elle a touché son ventre comme si elle le touchait pour la première fois. Elle a dit que l'enfant avait bougé en elle, qu'il avait tressailli, que tout son corps à elle en avait été ébranlé, qu'elle avait ressenti comme une vie merveilleuse que s'emparait de son fils, et elle m'a bénie. Elle a eu des paroles qui ont confirmé ce que l'ange m'avait dit, et ce qu'elle a dit, ce qu'elle m'a dit, c'était la confirmation de ce que je sentais en moi, que quelque chose vivait en moi, que quelqu'un se développait en moi et que ce quelqu'un c'était Celui qui doit venir. 

Pour moi, cette confirmation était extraordinaire, parce que je n'avais pas à expliquer. Elle savait. Elle allait pouvoir être avec moi  dans cette joie, elle allait pouvoir me conseiller, être ma mère, et moi, j'allais pouvoir en demeurant chez elle, jusqu'à la naissance de son enfant, l'aider durant cette fin d'attente et partager avec elle et avec Zacharie sa délivrance et la naissance du cousin de mon petit garçon. 

Que Dieu soit loué pour sa prévenance


SAMEDI 22 DÉCEMBRE: Lc 1, 46-56 le Magnificat… 

46 En ce temps-là, Marie rendit grâce au Seigneur en disant: « Mon âme exalte le Seigneur,
 47 exulte mon esprit en Dieu, mon Sauveur
48 Il s’est penchésur son humble servante ; désormais tous les âges me diront bienheureuse
49Le Puissant fit pour moi des merveilles; Saint est son nom ! 

On retrouve une structure classique, qui est presque le notre Père, cas tourné vers le dieu créateur et la louange à ce qu'il est. 

50 Sa miséricorde s’étend d’âge en âge sur ceux qui le craignent.
 51 Déployant la forcede son bras, il disperse les superbes
52Il renverse les puissants de leurs trônes, il élève les humbles.
53 Il comble de biens les affamés, renvoie les riches les mains vides. 
54 Il relève Israël son serviteur,il se souvient de son amour,
55 de la promessefaite à nos pères,en faveur d’Abraham et sa descendance à jamais. » 

D'une certaine manière, même si ça reprend un peu le cantique de Anne dans le premier livre de Samuel, et qui peut identifier les deux naissances: Jésus comme Samuel, sera à la fois prophète et juge (enfin roi), il y a les thèmes chers à Luc, sur les pauvres, les humbles, les humiliés qui sont relevés et les riches, ceux qui ferment leur cœur et leur main, les mains vides.

Et cela s'achève sur la réalisation de la promesse.

Peut-être faut-il mettre ce chant avec celui de Zacharie, pour arriver à ne structure autre.   

56Marie resta avec Élisabeth environ trois mois, puis elle s’en retourna chez elle.

Elle vient, elle aide, elle doit être présente à la naissance et elle s'en retourne. Je trouve cela très beau.

Temps de l'Avent: Marie chante..

Quand l'ange est venu me parler de ce que le Très haut voulait pour moi, j'ai entendu, j'ai écouté, mais même si j'ai retenu, je n'ai pas vraiment compris, sauf que j'étais un peu l'élue, celle qui avait choisie pour porter celui que tout mon peuple attend, ce nouveau messie qui comme David l'avait fait avec les philistins, allait nous délivrer de ceux qui nous oppriment. Mais au fond de moi, quelque chose me dit, que ce n'est pas de cette oppression là qu'il va nous libérer, mais de cette présence du mal qui est là en permanence. Mais nous libérer de nos esclavages intérieurs, ça c'est autre chose. C'était juste comme cela en moi. 

Et puis,  il avait parlé de l'ombre du très haut… Je n'avais pas compris. Et puis.. Dans notre histoire, on raconte que Moïse, celui qui nous a fait sortir de la terre d'Egypte, ne voulait pas mourir, et pourtant son temps était accompli. Alors l'Ange du Seigneur s'est penché sur lui, l'a embrassé, mais en l'embrassant il a aspiré son souffle et Moïse est parti.. Et pour moi, il s'est passé un peu la même chose, mais dans l'autre sens. Je veux dire que peu de temps après le départ de l'Ange et de sa promesse, j'ai senti un souffle en moi, un souffle qui ouvrit tout mon être, un souffle qui pénétrait, et comme le dit un psaume, j'ai eu envie de crier de joie, et j'avais compris que la promesse s'était réalisée. 

Et aujourd'hui, je suis chez ma cousine Elisabeth. Elle aussi vient de sentir cette force en elle, celle force qui a fait tressaillir son bébé, qui a fait aussi tressaillir le mien, car je l'ai senti bouger pour la première fois, et comme elle, j'ai chanté, j'ai chanté mon Seigneur, j'ai chanté de joie..

J'ai chanté avec mon corps bien sur, mais avec mon âme, car tout mon être était dans l'action de grâce, tout mon être exaltaitle Seigneur, et en moi il y avait une joie infinie, une joie qui n'a pas de mots pour se dire, et mon esprit, cette partie de moi qui est don du très Haut,exultaitde joie.

Je comprenais, que moi, qui avais eu la possibilité de dire oui, je ne serai pas oubliée après ma mort, je serai racontée comme celle qui a cru, comme une bien heureuse. Oui le Tout puissant a fait pour moi des merveilles,et lui seul pouvait faire cela. Et en moi chantait aussi une petite phrase: "je te bénis mon créateur, pour la merveille que je suis, tous ces trésors au fond de moi que tu as mis sans faire de bruit". Oui, tout ce que je suis, tout ce que je serais, c'est Lui qui a prévu, qui a donné, qui a mis tout cela en moi, en me respectant, en me laissant complétement libre.

Le Dieu qui est mon Dieu, il est un Dieu de tendresse, un Dieu demiséricordeet cela il l'avait déjà annoncé à Moïse, "je suis un Dieu de tendresse pour ceux qui gardent mon alliance", il est un Dieu " juste": il aime les humbles,ceux qui sont dépendants de lui, qui savent que Lui seul guide leur vie, alors les superbeset les puissantsil les renverse, il les renvoie les mains vides. Et je sais déjà, que cet enfant qui est en moi, cette prémisse en quelque sorte de la vie de Dieu, il dira la même chose, il permettra aux petits, aux humiliés, aux bafoués, de se sentir aimés, respectés, relevés.

Comme un vrai roi, celui qui va venir, il comblerade bienceux qui ont faim et soif de justice, les affamésil leur donnera du pain, le pain dont on a besoin pour vivre, mais aussi ce pain qui fait grandir la présence de Dieu en soi, et je sais ce sera Lui.

Oui Dieu n'oublie pas, il n'oublie pas son amourpour nous.. Il avait promis à notre père Abraham, de faire de nous un peuple qui bénirait les nations, un peuple nombreux, et dans cet enfant qui est en moi, il va faire de son peuple un peuple de prêtre, un peuple de rois.

Alleluia.

DIMANCHE 23 DÉCEMBRE: VISITATION…


39 En ces jours-là, Marie se mit en route et se rendit avec empressement vers la région montagneuse, dans une ville de Judée.
40 Elle entra dans la maison de Zacharie et salua Élisabeth.
41 Or, quand Élisabeth entendit la salutation de Marie, l’enfant tressaillit en elle. Alors, Élisabeth fut remplie d’Esprit Saint,
42 et s’écria d’une voix forte : « Tu es bénie entre toutes les femmes, et le fruit de tes entrailles est béni.
43 D’où m’est-il donné que la mère de mon Seigneur vienne jusqu’à moi ?
44 Car, lorsque tes paroles de salutation sont parvenues à mes oreilles, l’enfant a tressailli d’allégresse en moi.
45 Heureuse celle qui a cru à l’accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur. »