lundi 15 avril 2013

Reflexions à partir du texte " le pharisien et le publicain"

c'est un vieux texte, mais comme je n'aime pas trop conserver en brouillon, je le publie aujourd'hui, tel quel.


C'est le texte proposé par la liturgie aujourd'hui (vendredi 8 Mars, Luc18,4-9) . C'est un texte que je trouve difficile; même si on sait (début du texte) que Jésus dit cette parabole pour aider les pharisiens à changer d'attitude, à quitter leur suffisance et à leur faire comprendre que pratiquer à la lettre, ne rend pas juste. 

Par ailleurs et c'est pour cela que ce texte est dans "intimes"  je me pose pas mal de questions sur ce que j'appelle "ma suffisance". Je veux dire que j'ai une certaine capacité à comprendre, à retraduire, à mettre en mots, mais aussi à croire savoir ce qui est bon ou pas bon pour moi. Certes quand  je dois prendre une décision ou réfléchir, je prends du temps, je demande à l'Esprit Saint d'agir en moi, de me guider pour que je ne me prenne pas pour Lui, mais en même temps il est si facile de penser que "sa" manière d'être est non pas la meilleure, mais une "bonne manière"? C'est cela que j'appellerai "ma suffisance"

Et un des risque est de juger trop vite.

 Mais qui dit suffisance (au singulier) dit aussi insuffisances (au pluriel) et le texte qui parle de la suffisance du pharisien et de ce que le publicain ressent comme son insuffisance (son péché) est certainement un texte qui pousse à la réflexion en espérant que la réflexion (intellect) conduise à autre chose.

C'est si facile au fond de se sentir un peu du côté du pharisien (de celui qui fait de bonnes choses ou qui fait bien les choses) dès que soi-même on passe du temps avec Dieu et avec les autres, bref quand on se donne du temps pour essayer d'être plutôt que de faire. L'espèce de satisfaction que ressent le pharisien n'est elle pas parfois un peu la mienne? Surtout que je dois quand même reconnaître que des "cadeaux" de l'Esprit Saint, j'en reçois beaucoup.  

Après tout, le pharisien il remercie Dieu, parce que grâce à son aide (enfin c'est ce qu'on peut supposer) il est "juste" car il respecte les commandements (ne pas voler, ne pas coucher) et même les préceptes (la dime, le jeune). Il fait ce qu'il faut pour respecter la loi, sauf qu'on a l'impression qu'il en reste à la lettre (ce que Jésus reproche aux pharisiens ) et surtout qu'il en tire une certaine gloire qui lui permet de mépriser le publicain qui comme lui est monté au temple pour prier.

Paul dans l'épitre aux Philippiens demande de considérer toujours l'autre comme supérieur à soi."Que l'humilité vous fasse considérer les autres comme étant au dessus de vous mêmes"Ph1, 3. Et bien je dois dire que c'est loin d'être facile. Certes il ne s'agit pas de mépriser l'autre qui ne pense pas comme vous, mais il est difficile de ne pas avoir en soi parfois un certain sentiment de "suffisance". On sait ce qui est bien et comment il faut s'y prendre. Bien entendu Paul écrit  à une communauté où chacun doit avoir un rôle spécifique et il n'est pas question de s'enorgueillir.

On peut être tout à fait conscient de ses insuffisances, de ses manques, mais accepter que l'autre puisse à sa manière vous être supérieur ce n'est pas facile du tout. Bref l'humilité c'est pas du tout évidente, mais   on peut se consoler en se disant que les autres sont censés vous considérer comme supérieurs à eux, ce qui n'est jamais mauvais pour l'ego.

Si ce texte m'a obligée à réfléchir sur l'humilité (car même si je sais que j'ai besoin de l'Esprit Saint pour réaliser ce que j'ai envie de faire par exemple sur internet,il n'en demeure pas moins que j'ai un certain regard très positif sur moi même... ). Mais je pense que les 15 ans d'analyse n'y sont pas étrangers et que je continue à avoir bien du mal à penser péché, pécheur comme semble le demander bien souvent la liturgie et les homélies que je peux entendre.

La phrase prononcée par le publicain(traduction liturgique):  "prends pitié du pécheur que je suis"  a été comme une lumière.

Ce n'est pas très différent de la phrase que je répète dans la prière du coeur"prends pitié de moi pécheur". Cette phrase je me bats avec elle depuis des années, celle du publicain, avec le verbe être, me positionne dans un ici et maintenant, pas dans un état. 

Peut-être que cet homme, ce publicain qui travaille pour les romains, n'est pas fier de ce qu'il fait, mais s'il veut nourrir la famille, il n'a peut être pas le choix. Et puis peut être qu'il ne fera pas toute sa vie. Mais ce qui m'est apparu clairement c'est qu'il souffre de cet état et qu'il demande à Dieu d'avoir pitié, non pas de cet état mais de la souffrance que cela génère en lui.

Pour se tourner vers Dieu,peut être faut-il être en état de manque, en état de souffrance générée par le manque. 

Finalement demander à Dieu d'avoir pitié du pécheur que je suis, c'est reconnaître que si j'ouvre les yeux sur ce que je suis réellement (mais c'est bien difficile), alors mes insuffisances peuvent être source de douleur, de souffrance. Simplement reconnaître son incapacité à aider quelqu'un ce n'est pas facile. Alors dire "prends pitié" ne veut pas dire: "Dieu ne ne fais pas de mal" mais "sors moi de la souffrance dans laquelle je suis aujourd'hui". 

C'est reconnaître le besoin de l'Autre (ce que le Pharisien ne fait pas).

Alors finalement ce que me dit ce texte, c'est essayer d'ouvrir les yeux sur ce qui fait obstacle au travail de l'Esprit en moi, sur ces pierres qui obstruent la source qui est dans le coeur de mon coeur. C'est  peut être (mais je n'en suis pas là) souffrir en reconnaissant mes insuffisantes sans pour autant m'y complaire" Dieu est plus grand que notre coeur"1 Jn 3, 20.

Ne pas oublier que le "prends pitié" veut dire pour moi: "délivre moi de ce qui est mauvais en moi" de ce qui provoque la souffrance: celle de ne pas être assez à l'écoute de l'autre (ce que je nomme mon impuissance, mon incapacité, mes limites). Mais aussi ,  "viens à mon aide" brille en moi, éclaire moi" ce qui est beaucoup mieux que "ne te fâches pas" ou "ne te détournes pas de moi" que je mettais jusque là sous les "mots "prends pitié".  



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