dimanche 27 janvier 2019

SEMAINE DU 21 AU 27 JANVIER: ÉVANGILES.


LUNDI 21 JANVIER. Mc 2, 18-22. Le jeûne non respecté

Tout d'abord une réflexion sur le texte de la messe d'hier: les noces de Cana.

L'évangile de Jean est différent des synoptiques, mais j'ai toujours pensé qu'il reprenait à sa manière les autres évangiles. Les tentations qui suivent le baptême sont absentes chez Jean, qui se centre directement sur l'appel des disciples. Cela dit la première tentation touche à la nourriture: changer les pierres en pain. Changer l'eau en vin est finalement du même ordre. La réponse de Jésus au tentateur est "il est écrit l'homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu". Or on peut penser que la tentation pour Jésus est bien de faire ce miracle pour que tout le monde voit en lui le messie, surtout qu'il est bien le messie qui a été annoncé par Jean. Dire non à sa mère, qui demande quelque chose, c'est justement mettre de la distance, mettre de l'écart, ne pas foncer tête baissée dans l'action. Et cet écart lui permet de comprendre que le geste qu'il va faire, va justement faire comprendre que la parole de Dieu est en action, et que Lui, il est cette parole (le logos) qui agit la parole. Et quand il y aura le miracle des pains, il prendra aussi la distance: "sachant qu'ils voulaient le faire roi, il se retira dans la montagne et il était seul."
 Réaliser ce désir de "petite table couvre toi", désir d'être comblé, d'avoir à manger, fait de celui qui réalise cela une sorte de magicien que l'on veut pouvoir contrôler, dominer, posséder, or cela c'est impossible. Et faire cela, c'est aussi prendre un sacré risque. 

Voilà, donc pour l'évangile proposé hier, je reviens au texte proposé aujourd'hui.

Je viens de lire quelque chose qui me plait bien sur le jeûne: "Nous constatons que les juifs, au-delà du jeûne prescrit par Dieu le Jour de l'Expiation (cf. Lev 16,29-34), observaient plusieurs autres jeûnes, autant publics que privés, qui étaient expression de deuil, de pénitence, de purification, de préparation pour une fête ou une mission, de pétition de grâce à Dieu, etc. 
Les juifs pieux appréciaient le jeûne comme un acte propre de la vertu de la religion, plaisant à Dieu: celui qui jeûne se dirige à Dieu dans une attitude d'humilité, lui demande pardon en se privant de ces choses qui, le satisfaisant, l'auraient éloignées de Lui". 


18 En ce temps-là, comme les disciples de Jean le Baptiste et les pharisiens jeûnaient, on vint demander à Jésus : « Pourquoi, alors que les disciples de Jean et les disciples des Pharisiens jeûnent, tes disciples ne jeûnent-ils pas? » 
19 Jésus leur dit : « Les invités de la noce pourraient-ils jeûner pendant que l’Époux est avec eux? Tant qu’ils ont l’Époux avec eux, ils ne peuvent pas jeûner. 
20 Mais des jours viendront où l’Époux leur sera enlevé; alors, ce jour-là, ils jeûneront. 

Une première question sur la différence. Pourquoi tes disciples ne font pas comme tout le monde, pourquoi est-ce que tu ne leur demandes pas de se priver de nourriture pour prier davantage? Si on jeûne pour que le messie arrive, pour que Dieu visite son peuple, effectivement, ce n'est pas la peine; et Jésus se dit bien être l'Epoux, présent pour le moment qui un jour sera enlevé. Et jeûner alors, sera peut-être un moyen à la fois pour le rendre présent (l'absence qui révèle l'autre) et aussi une prière, une intercession pour qu'Il revienne.

21 Personne ne raccommode un vieux vêtement avec une pièce d’étoffe neuve; autrement le morceau neuf ajouté tire sur le vieux tissu et la déchirure s’agrandit. 
22 Ou encore, personne ne met du vin nouveau dans de vieilles outres; car alors, le vin fera éclater les outres, et l’on perd à la fois le vin et les outres. À vin nouveau, outres neuves. »

Puis Jésus révèle quelque chose de lui; il est le nouveau, la nouveauté, et pour cela il faut des outres neuves et des vêtements neufs. Ce qui est intéressant, c'est la notion de destruction.. On ne fait pas du neuf avec du vieux. Si l'église pouvait s'en souvenir un peu plus…


MARDI 22 JANVIER. Mc 2, 23-28. Les épis arrachés le jour du Sabbat

23 Un jour de sabbat, Jésus marchait à travers les champs de blé; et ses disciples, chemin faisant, se mirent à arracher des épis.
24 Les pharisiens lui disaient : « Regarde ce qu’ils font le jour du sabbat ! Cela n’est pas permis. »

 Là, les pharisiens s'adressent directement à Jésus; j'ai vraiment l'impression qu'ils sont là à surveiller, à épier, à critiquer, et aussi à être peut-être déçus par cet homme qui est peut-être quand même l'Oint. J'ai l'impression qu'ils ne comprennent pas, qu'ils voudraient bien mais qu'ils sont bloqués par leur savoir, par ce qu'il faut faire ou pas, et aussi par l'idée que tout dans la Loi est pareil. Arracher des épis ce n'est pas dans le Pentateuque, mais c'est du rajouté par la suite. Mais cela est devenu aussi important. Le geste, le petit geste qui devient plus fort que ce qui est demandé. Car oui, le sabbat, se reposer c'est dans la Genèse, c'est dans l'Exode. Et peut-être que Jésus est en marche pour se rendre justement dans une synagogue, pour enseigner et peut-être guérir, mais cela n'est pas dit. Différence aussi entre ce qui n'est pas permis et ce qui est défendu. 

25 Et Jésus leur dit : « N’avez-vous jamais lu ce que fit David, lorsqu’il fut dans le besoin et qu’il eut faim, lui-même et ceux qui l’accompagnaient?
26 Au temps du grand prêtre Abiatar, il entra dans la maison de Dieu et mangea les pains de l’offrande que nul n’a le droit de manger, sinon les prêtres, et il en donna aussi à ceux qui l’accompagnaient. »

Là, c'est Jésus qui montre que la Torah, il la connaît bien, et que lui aussi peut s'en servir pour trouver ce qui est permis ou défendu. Les pains étaient pour Dieu, mais si l'homme est sur le point de mourir de faim, alors il peut se servir. Le problème c'est que, du moins dans le livre de Samuel tel que cela nous est transmis, ce n'est pas tout à fait comme cela que ça se passe et que David prend les pains pour lui, ainsi que l'épée du philistin Goliath, car il est en fuite devant Saül, qui veut sa peau. Mais il y a un proverbe qui dit: nécessité fait loi et on a l'impression que c'est cela que Jésus veut faire comprendre. Ne pas devenir esclave des mots. Et les interdictions ne sont pas forcément des interdits, n'ont pas la même force. Les interdictions sont nécessaires chez les enfants, pour les protéger, mais petit à petit, elles diminuent. Les interdits, eux, demeurent.

27 Il leur disait encore : « Le sabbat a été fait pour l’homme, et non pas l’homme pour le sabbat.
28 Voilà pourquoi le Fils de l’homme est maîtremême du sabbat. »

Il s'adresse toujours aux pharisiens. Le sabbat est donné comme une loi, pour cesser de s'agiter, pour prendre du temps, pour changer de rythme; pour se tourner vers la source. C'est presque comme un cadeau du Dieu pour l'humain: lui permettre de vivre une journée par semaine autrement. Mais la dernière phrase a dû faire hurler, parce que Jésus, qui s'est montré maître des esprits mauvais, maitre de la fièvre et de la lèpre, se proclame équivalent de Dieu, lui qui est le fils de l'homme. C'est un peu comme s'il disait, arrêtez de me chercher des poux dans la tête, et regardez et reconnaissez que je suis celui qui vient, mais aussi celui qui est, comme le Père est celui qui est; les signes précédents devant permettre de comprendre ce qui se joue là. 

Fin du chapitre 2



MERCREDI 23 JANVIER. Mc 3, 1-6. L'homme à la main desséchée

C'est un texte que j'aime beaucoup, surtout à cause de la phrase: "Jésus promenant sur eux un regard navré de colère" (j'utilise une ancienne traduction qui doit venir de la B.J.). J'imagine l'homme qui est là, avec sa pauvre main dont il a sûrement honte, en plein milieu, regardé par tous. Et le cercle des autres, de ces pharisiens qui dans l'évangile de Marc semblent être omniprésents et pister Jésus. Je me suis même demandé si les réflexions qu'ils se font, les disciples ne se les font pas eux aussi de temps en temps. Car eux aussi savent que, le jour du Sabbat, on n'est pas censé faire certains gestes: ne leur a-t-on pas reproché de froisser des épis de blé; alors ils doivent se demander comment ça va se terminer cette histoire. 

Le terme d'autrefois - main desséchée (que pour ma part, ayant travaillé avec des personnes avec des mains recroquevillées sur elles-mêmes, des mains "pourrites", je sais ce que c'est), me renvoie aussi à ce figuier qui est desséché, parce qu'il n'a pas donné les fruits attendus quand Jésus en avait besoin. Le figuier desséché, meurt, la sève ne circule plus. Et chez cet homme, peut-être victime d'une malédiction (mais qu'a-t-il fait?) ça ne circule plus. Jésus va redonner le mouvement, la vie, la circulation. La main sera à nouveau irriguée. 

Dans cette tension, il y a le regard de Jésus, regard attristé devant ce refus, et en même temps, mais est-ce bien cela de la colère, cette colère divine? Je ne sais pas trop. J'y vois plus de la peine, de la souffrance, de la tristesse que de la colère, car la colère est destructrice. Ou alors Jésus voudrait que l'endurcissement disparaisse et c'est contre cela que se lève la colère, l'endurcissement qui détourne du Père. Bref, c'est un texte que j'aime, d'autant qu'ayant à un moment donné, cherché de quelles couleurs pouvaient être les yeux de Jésus, j'en étais arrivé au gris, un gris profond, vivant, aimant. Et quand je me représente la scène, c'est ce regard que je vois, ce regard qui va de l'homme aux hommes, et qui revient vers l'homme.

En ce temps-là, Jésus entra de nouveau dans la synagogue; il y avait là un homme dont la main était atrophiée. 
On observait Jésus pour voir s’il le guérirait le jour du sabbat. C’était afin de pouvoir l’accuser

 Jésus accomplit ce qui est demandé, il va dans la synagogue. Est ce que l'homme malade est venu spontanément comme tous les samedis, ou est ce qu'il s'agit d'un piège, d'un montage? Dans ce cas la petite phrase "c'était afin de pouvoir l'accuser" se comprend mieux.

Il dit à l’homme qui avait la main atrophiée : « Lève-toi, viens au milieu. »

 Lève-toi.. viens. Une main atrophiée, ça ne se voit pas tellement; souvent elle se cache dans une manche. Mais Jésus la voit et n'écoute que son cœur; mais il demande un geste qui est déjà un geste de résurrection: lève-toi.

 Et, s’adressant aux autres: « Est-il permis, le jour du sabbat, de faire le bien ou de faire le mal? de sauver une vie ou de tuer? » Mais eux se taisaient. 

 Arrive la question. Question qui n'a pas de réponse, et qui est une grande question: est-il permis le jour du sabbat, donc pas n'importe quel jour, de faire le bien (guérir, bénir,) ou le mal (condamner, mais aussi laisser l'autre dans sa maladie). Et comme il n'y a pas de réponse dans la Torah, ils se taisent, ils ne discutent pas, ils restent avec sûrement une phrase qui interdit de faire, mais dans la Genèse: il s'agit ce jour là de se reposer pour participer au repos de Dieu qui a vu que sa création était bonne. Et peut-être que si on peut la faire encore meilleure cette création, pourquoi pas? 

Alors, promenant sur eux un regard de colère, navré de l’endurcissement de leurs cœurs, il dit à l’homme : « Étends la main. » Il l’étendit, et sa main redevint normale. 

 Ce qui est intéressant, c'est que Jésus ne touche pas. Par contre il demande quand même un acte de foi à l'homme qui étend sa main (et à mon avis, il découvre qu'il peut le faire alors qu'avant c'était impossible) et il étend une main qui est redevenue normale, et ça a dû être une joie immense pour lui, même si on n'en parle pas.

Une fois sortis, les pharisiens se réunirent en conseil avec les partisans d’Hérode contre Jésus, pour voir comment le faire périr.

On imagine que les lectures et les prières ont eu lieu, que les pharisiens ont bouilli durant tout ce temps, et qu'ils ont mijoté quelque chose: s'unir aux hérodiens qui ont un certain pouvoir et sûrement une petite armée, donc avec des sbires, pour tendre un piège à Jésus et le faire périr. Le faire périr, parce que quoi finalement? Il met en cause leur manière d'être, il les bouscule; et ils ne le veulent pas. Ils savent ce qui est bien et mal, ils connaissent la Loi par cœur, mais est ce qu'ils l'aiment cette Loi, ou est-ce qu'elle leur fait peur? 


JEUDI 24 JANVIER: Mc 3, 7-12

En ce temps-là, Jésus se retira avec ses disciples près de la mer, et une grande multitude de gens, venus de la Galilée, le suivirent. 
De Judée, de Jérusalem, d’Idumée, de Transjordanie, et de la région de Tyr et de Sidon vinrent aussi à lui une multitude de gens qui avaient entendu parler de ce qu’il faisait. 

Si on ne dit pas "en ce temps là", mais si on prend dans la suite, je peux penser que Jésus qui se sait et se sent menacé part ailleurs; et du coup l'idée de "se retirer", comme on se retire de la circulation quand on veut se faire oublier, prend son sens. Seulement sa notoriété est déjà telle que non seulement il y a des gens de Galilée qui viennent, mais aussi des personnes venant de Judée et de Jérusalem, et des étrangers. Donc ça fait du monde.

9 Il dit à ses disciples de tenir une barque à sa disposition pour que la foule ne l’écrase pas
10 Car il avait fait beaucoup de guérisons, si bien que tous ceux qui souffraient de quelque mal se précipitaient sur lui pour le toucher

 Je trouve cette remarque étonnante. On dirait presque que les gens se jettent sur Jésus, et que celui ci a peur d'être étouffé, cogné et qu'il lui faut une solution de repli. Fatigue? Et du coup il y a une barque qui devrait lui permettre de s'éloigner. 

11 Et lorsque les esprits impurs le voyaient, ils se jetaient à ses pieds et criaient : « Toi, tu es le Fils de Dieu ! » 
12 Mais il leur défendait vivement de le faire connaître.

Je comprends mal ce qui se passe. Pourquoi les esprits impurs, véhiculés par un être humain, viennent-ils? Ou alors c'est une manière de parler des malades, comme s'il y avait deux sortes de malades, ceux qui souffrent d'un mal (voir le verset précédent), et ceux là - ce qui renvoie plus au "spirituel". Alors, peut-être que ces personnes qui souffrent dans leur spirituel (angoisses, peurs, dépression, tristesse) viennent, et en elles il y a une délivrance. C'est peut-être parce qu'il s'agit d'un autre ordre, spirituel, que la reconnaissance de la divinité se fait, mais ce n'est pas le moment; je ne sais pas. Peut-être que cela introduit les accusations qui vont suivre, à savoir qu'il soit lui-même possédé par un esprit impur.


VENDREDI 25 JANVIER. CONVERSION DE ST PAUL. Mc 16, 15-18

15 En ce temps-là, Jésus ressuscité se manifesta aux onze Apôtres et leur dit : « Allez dans le monde entierProclamez l’Évangile à toute la création»

Cela peut s'appeler un envoi en mission. Proclamer à toute la création reste étonnant, parce que ça dépasse très largement l'humain. Mais c'est peut-être pour renvoyer à l'universel. 

16 Celui qui croira et sera baptisé sera sauvé; celui qui refusera de croire sera condamné

 Je trouve quand même cela très violent. Il est bien sûr question de liberté, mais pas que. Est ce que cela renvoie au choix de Lucifer (même si c'est plus ou moins apocryphe)? Est ce que l'humain a toutes les capacités pour croire? Je crois, moi, à la compassion de Jésus pour nous, et j'espère des jugements moins tranchés; mais peut-être que j'aurai des surprises. Je sais que le choix reste en principe toujours possible, et là il est question de salut. On peut le refuser. C'est lier foi et salut, et c'est bien ce que fera Paul.

17 Voici les signes qui accompagneront ceux qui deviendront croyants: en mon nom, ils expulseront les démons; ils parleront en langues nouvelles
18 ils prendront des serpents dans leurs mains et, s’ils boivent un poison mortel, il ne leur fera pas de mal; ils imposeront les mains aux malades, et les malades s’en trouveront bien. »

 On a dont des signes:
-expulser les démons (la première chose que Jésus a faite, et qui renvoie au combat contre le Malin, le mal, le soupçon, la duperie, la convoitise). 
-Parler en langues nouvelles: ça Paul en parle aussi; il y a ceux qui parlent ainsi et ceux qui traduisent (épitre aux Corinthiens).
-Prendre des serpents qui ne feront aucun mal, ça c'est Paul dans les Actes.
-Boire un poison mortel.. Être plus fort que Socrate, donc avoir une sagesse différente? 
-Imposer les mains aux malades: ça, cela reprend le ministère de Pierre dans les Actes, le ministère de Paul toujours dans les Actes, l'épitre de Jacques, et la mission des apôtres dans les évangiles. 


SAMEDI 26 JANVIER. Lc 10, 1-9  Evangile spécifique pour Timothée et Tite . Envoi en mission.

C'est un texte qui était lu pour nous, les étudiants engagés du Centre Richelieu, chaque année en octobre, au moment de la rentrée universitaire. Je pense que j'écoutais ce texte sans trop y attacher d'importance; en tous les cas il ne me posait pas de problème. Peut-être que faire des annonces dans les amphis, c'était un peu annoncer la parole au milieu des loups, mais cela ne m'inquiétait pas. Peut-être que nous n'étions pas assez nombreux, mais nous avions, je pense, une foi à déplacer les montagnes, et on était sûrs que quelque chose pouvait se passer, quel que soit le nombre. Pour le reste, je ne me sentais pas trop concernée, sauf qu'il fallait prier et prier encore. Et il y avait les grandes actions; la montée à Montmartre, les journées d'entraide, le pèlerinage de Chartres, et ce qui se passait en interne et qui nous façonnait. Donc finalement un texte que je relis aujourd'hui différemment, mais qui a été un texte "fondateur" pour moi car, oui, je voulais l'annoncer, Lui. 

En ce temps-là, parmi les disciples, le Seigneur en désigna encore soixante-douze, et il les envoya deux par deuxen avant de lui, en toute ville et localité où lui-même allait se rendre

Il y a les 72 (nombre des nations), il y a le "deux par deux", il y a en "avant de lui", et les localités, ce qui peut montrer que Jésus ne fait pas les choses au hasard. Il sait où il veut aller; et les disciples, que font-ils? Est ce qu'ils annoncent l'arrivée d'un guérisseur, d'un prophète? Je ne sais pas trop. Est-ce qu'ils témoignent de leur rencontre avec Lui? Je ne sais pas non plus ce que Jésus leur demande de faire et d'être. Missionnaire, qu'est ce que cela voulait dire? 

Il leur dit : « La moisson est abondante, mais les ouvriers sont peu nombreux. Priez donc le maître de la moisson d’envoyer des ouvriers pour sa moisson. 

Manifestement il y a une demande (et cela reste vrai aujourd'hui), mais d'après Jésus, la demande est trop importante et on ne peut pas y répondre. Donc si on se sent seul face à la demande, prier et prier en encore. Donc les missionnaires débordés doivent prier.

Allez! Voici que je vous envoie comme des agneaux au milieu des loups

Le "allez", c'est vraiment l'envoi. Allez y, partez, ne regardez pas en arrière, foncez, c'est votre boulot. Et quelque chose qui glace quand même un peu: vous risquez de vous faire blesser ou dévorer. Il y a un risque de se faire avoir par ceux avec lesquels on discute. C'est bien ce qu'on voit avec Etienne et les hommes qui le lapident. Et cela renvoie peut-être à la dernière béatitude: persécutions. Donc Jésus n'est pas très gai, sûrement réaliste et peut-être qu'il va y avoir de la perte chez ces envoyés (c'est bien ce qui s'est passé avec Judas).

Ne portez ni bourse, ni sac, ni sandales, et ne saluez personne en chemin. 

Que de négatifs.. S'appuyer sur Dieu seul, enfin je suppose que c'est cela.

Mais dans toute maison où vous entrerez, dites d’abord : ‘Paix à cette maison.’ 
S’il y a là un ami de la paix, votre paix ira reposer sur lui; sinon, elle reviendra sur vous. 
Restez dans cette maison, mangeant et buvant ce que l’on vous sert; car l’ouvrier mérite son salaire. Ne passez pas de maison en maison
Dans toute ville où vous entrerez et où vous serez accueillis, mangez ce qui vous est présenté

Le missionnaire peut paraître les mains vides, il peut paraître un peu mendiant, mais il peut donner la Paix, et rendre Dieu présent dans cette maison. J'ai toujours eu du mal avec cette représentation de la paix comme un oiseau: elle cherche un perchoir, si elle le trouve, elle s'installe et elle diffuse finalement dans toute la maison (maison au sens large, donc toutes les personnes qui sont là), si elle n'en trouve pas, elle revient sur l'épaule du missionnaire qui du coup repart et cherche un autre lieu. 
Importance de la simplicité et de l'accueil. Une fois un lieu trouvé, ne pas aller voir s'il n'y a pas mieux ailleurs. 

Guérissez les malades qui s’y trouvent et dites-leur : “Le règne de Dieu s’est approché de vous.” »

 Là il me semble qu'on dépasse la maison, il s'agit de la ville. Il s'agit par le bien de faire comprendre que Dieu s'approche et que en Jésus, quelque chose change. 


DIMANCHE 27 JANVIER Lc 1,1-4 et 4,14-21

On doit pouvoir dire que le temps ordinaire commence vraiment. Donc évangile de Luc, avec le début, et on saute tout ce qui a été pris durant le temps de Noël (au sens large). Les tentations devant être prises pendant le carême, on saute donc à l'épisode dans la synagogue de Nazareth, et dans la séquence ci-dessous, tout se passe bien, alors qu'ensuite cela se termine par la tentative de tuer Jésus, qui passe son chemin au milieu d'eux...

Beaucoup ont entrepris de composer un récit des événements qui se sont accomplis parmi nous,
d’après ce que nous ont transmis ceux qui, dès le commencement, furent témoins oculaires et serviteurs de la Parole

Il y a donc eu "beaucoup" qui ont composé, ce qui est différent de "raconter oralement". Et la source étant ceux qui ont été les témoins oculaires: ils ont vu et ils sont devenus serviteurs de la parole.

C’est pourquoi j’ai décidé, moi aussi, après avoir recueilli avec précision des informations concernant tout ce qui s’est passé depuis le début, d’écrire pour toi, excellent Théophile, un exposé suivi, 
afin que tu te rendes bien compte de la solidité des enseignements que tu as entendus

Là, Luc ne fait aucune référence à l'Esprit Saint, mais simplement à son désir de montrer à ce Théophile (ami de Dieu) que ce qui lui a été transmis, ce n'est pas du pipeau, mais que ce Jésus est bien celui qui était annoncé par les prophètes et qu'en Lui les temps sont accomplis et la tendresse de Dieu est manifestée.

14 Lorsque Jésus, dans la puissance de l’Esprit, revint en Galilée, sa renommée se répandit dans toute la région. 
15 Il enseignait dans les synagogues, et tout le monde faisait son éloge

Là, j'ai l'impression de lire une sorte de texte "convenu": quand on parle d'un homme illustre, c'est comme cela que l'on parle de lui. Il est question de renommée, il est question d'éloge. Noter que là, Luc ne parle que d'enseignement, pas de miracles.

16 Il vint à Nazareth, où il avait été élevé. Selon son habitude, il entra dans la synagogue le jour du sabbat, et il se leva pour faire la lecture
17 On lui remit le livre du prophète Isaïe. Il ouvrit le livre et trouva le passage où il est écrit

Là, on visualise bien la scène. Il est chez lui, ou il revient chez lui. Il entre comme tout le monde dans la synagogue, et comme il est un peu l'invité, c'est à lui que revient l'honneur de lire le texte des prophètes et de le commenter.

18 ‘L'esprit du Seigneur est sur moi parce que le Seigneur m’a consacré par l’onction. Il m’a envoyé porter la Bonne Nouvelle aux pauvres, annoncer aux captifs leur libération, et aux aveugles qu’ils retrouveront la vue, remettre en liberté les opprimés, 
19 annoncer une année favorable accordée par le Seigneur.’ 

On a donc la phrase du prophète Isaïe, qui parle de lui, en tant que prophète. Il transmet un certain nombre de choses qui vont vers la délivrance, mais il ne dit pas qu'il le fera. C'est une annonce; or Jésus lui, va réaliser ces paroles (suite de l'évangile) et c'est aussi ce qui le différencie du rôle du prophète.

En même temps, il s'agit d'un texte du troisième Isaïe, qui promet que les exilés rentreront chez eux, qu'un retournement se fera. Mais s'agit-il de la fin des temps où d'un futur plus proche? Ce qui est certain c'est qu'il s'agit aussi d'une nouvelle alliance; que Dieu va restaurer son peuple, et que le Seigneur fera germer la justice et la louange devant toutes les nations. Pour un peuple qui est opprimé, c'est un programme d'espérance. Et cette espérance, est ce que Jésus va la réaliser? 


20 Jésus referma le livre, le rendit au servant et s’assit. Tous, dans la synagogue, avaient les yeux fixés sur lui. 
21 Alors il se mit à leur dire : « Aujourd’hui s’accomplit ce passage de l’Écriture que vous venez d’entendre. »

Est ce que la coutume voulait qu'on ne lise qu'un verset (enfin je dis un verset, mais ce n'était sûrement pas présenté comme cela, dans les rouleaux). Jésus lit un verset, et les juifs qui sont là ont les yeux fixés et attendent son commentaire. Les yeux fixés, cela me fait penser à "ils étaient suspendus à ses lèvres" quand, à la fin de sa vie, Jésus est dans le Temple et que les prêtres veulent le mettre à mort mais que le peuple, lui, est suspendu à ses lèvres. 

Comment les auditeurs réagissent-ils à une pareille affirmation? Ce "aujourd'hui" renvoie à d'autres aujourd'hui.. (Ps 94, aujourd'hui ne fermez pas votre cœur). Ce qui est certain c'est que la suite du texte si toutefois les deux morceaux sont cohérents entre eux, montre que cet aujourd'hui n'a pas été entendu. 


Jésus raconte…

Quand je suis allé trouver Jean sur les bords du Jourdain pour recevoir son baptême, je n'avais pas à changer de vie, je n'avais pas à renoncer au Mal, mais je devais vivre un événement qui allait comme concrétiser ce que je ressentais depuis de longs mois. Et quand je me suis plongé dans les eaux vives et frémissantes du Jourdain, je suis resté longtemps plongé dans l'eau, jusqu'à en perdre le souffle, jusqu'à descendre au plus profond de moi, dans les ténèbres, comme si malgré tout quelque chose devait disparaître. Et quand je suis sorti de l'eau, quelque chose s'était déchiré en moi, quelque chose parlait en moi, quelque chose me disait que j'étais celui qui allait faire comprendre que le Très Haut, qui était mon Père, qui me considérait comme son Fils, était un Dieu qui aimait les hommes, qu'il leur voulait du Bien, du Bon; et que par moi il allait leur montrer un chemin de vie. 

Je sais que cela, Jean l'a vu, car il m'a dit avoir vu une colombe descendre du ciel et demeurer au dessus de moi, et qu'il a entendu la même voix que celle que j'avais entendue et qui disait qu'en moi, Dieu avait mis tout son amour. Je crois que d'autres ont aussi entendu comme une sorte de bourrasque, mais ils n'ont pas compris les paroles. 
Tout de suite après, je suis parti dans le désert, pour comprendre, pour me préparer. Durant ce temps, j'ai dû me positionner, car malgré tout, en moi, ce n'était pas simple, et il y a eu un combat. Car oui, j'ai eu faim, j'ai eu soif, et il y avait en moi la tentation de dire aux pierres de se transformer en pain; mais en même temps, je savais que cela eut été prendre la force qui était là en moi, cette force de l'Esprit de mon Père, pour moi; et que ce n'était pas cela mon appel. J'ai eu aussi l'envie de sauter dans le vide, pour voir si je pouvais être plus puissant que cette force qui nous fait tomber, pour savoir si j'étais un peu comme un ange, mais cette idée est partie aussi vite qu'elle était venue. Il y a eu aussi la tentation d'imaginer que ce pouvoir pouvait faire de moi le Messie que le peuple attendait, le libérateur du joug des Romains; mais ce que mon Père attend de moi, c'est que je libère les hommes, tous les hommes, de l'esclavage du mal, de la convoitise, de l'adultère…

Une fois ces pensées parties, ces renoncements accomplis, je suis allé, un peu comme Jean l'avait fait, mais autrement, annoncer que le royaume de Dieu était là. Et j'ai parlé un peu partout, de la Judée à la Galilée. Et aujourd'hui, me voilà à Nazareth, chez moi, dans cette ville qui m'a vu grandir, où j'ai appris mon métier de charpentier, où j'ai appris à lire la Torah et à en faire mes délices. 

Alors, après avoir lu les psaumes, on m'a présenté le rouleau du prophète Isaïe, pour choisir une phrase et la commenter. Et j'ai choisi cette phrase qui dit que l'Esprit du Seigneur est sur moi, qu'il m'a consacré par l'onction (même si je ne suis pas David et que je n'ai pas été consacré par une huile versée sur ma tête), et que j'annonce la délivrance pour les malheureux. Car oui, désormais les aveuglés par leur péché ouvriront les yeux, ceux qui sont captifs du mal verront leurs liens tomber, ceux qui se sentent emprisonnés dans le malheur découvriront la joie d'être sauvés. Tout cela, parce que c'est la volonté de mon Père, je vais le réaliser pour eux.

Mais le comprendront-ils? Comprendront-ils cet "aujourd'hui" qui est là pour eux? 

samedi 19 janvier 2019

ÉVANGILES: SEMAINE DU 14 AU 20 JANVIER

ÉVANGILES: SEMAINE DU 14 AU 20 JANVIER: REPRISE DU TEMPS ORDINAIRE…


LUNDI 14 JANVIER: Mc 1, 14-20

Commencement "brutal" de l'évangile de Marc: ça commence avec Jean, qui proclame un baptême de conversion, et qui annonce Celui que baptisera dans le feu et dans l'esprit; puis baptême de Jésus, avec la phrase "Fils bien-aimé en qui je trouve ma joie" et la colombe puis le désert; et l'évangile commence avec l'appel des disciples.

14 Après l’arrestation de Jean, Jésus partit pour la Galilée proclamer l’Évangile de Dieu
15 il disait: « Les temps sont accomplis : le règne de Dieu est tout proche. Convertissez-vous et croyez à l’Évangile. » 

Intéressant, le temps des verbes. On a cet événement finalement fondateur, le départ de Jean, qui signe l'arrivée de Jésus. Le texte est au "passé simple". Avec un programme: proclamer la Bonne nouvelle, ce qui est développé dans la suite, mais au "présent". Il y a sûrement un lien entre se convertir et croire, parce que la Bonne Nouvelle, c'est Lui. Comment est-ce que les gens réagissaient à ce nouveau prophète? Et c'est peut-être la suite qui donne la réponse, avec les deux appels des familles de frères qui ont métier, une barque, une maison. 

16 Passant le long de la mer de Galilée, Jésus vit Simon et André, le frère de Simon, en train de jeter les filets dans la mer, car c’étaient des pêcheurs.
 17 Il leur dit : « Venez à ma suite. Je vous ferai devenir pêcheurs d’hommes. » 
18 Aussitôt, laissant leurs filets, ils le suivirent.

On a deux hommes qui sont dans leur barque, qui sont en train de pêcher; ils sont dedans. Et être à la suite, c'est d'emblée être disciple, c'est être dehors, c'est sortir du ventre du bateau.. Est ce que la promesse, parce que la promesse est importante - faire des pécheurs d'humains - a eu une incidence sur leur réponse? C'est certain que des promesses, nous en avons besoin. En tous les cas, ce qui reste sidérant c'est l'ascendant de Jésus sur ces deux là, d'autant que dans cet écrit, il n'y a pas eu de rencontre préalable comme dans l'évangile de Jean.  Et le "aussitôt" de Marc, que j'aime tant. Laisser les filets, c'est tout laisser en plan, c'est laisser à d'autres le soin de lever les filets, de rentrer la barque là où elle doit être. Suivre et faire confiance, confiance à la voix qui appelle, mais aussi confiance aux frères. Et s'ils comptaient sur les deux autres (les fils de Zébédée), eh bien c'est loupé.. Je me disais que être pécheur d'hommes, cela peut vouloir dire mettre dans son filet des hommes qui pataugent dans la boue, pour les sortir de là, les laver, leur redonner figure humaine, et de l'espoir. 


19 Jésus avança un peu et il vit Jacques, fils de Zébédée, et son frère Jean, qui étaient dans la barque et réparaient les filets.
 20 Aussitôt, Jésus les appela. Alors, laissant dans la barque leur père Zébédée avec ses ouvriers, ils partirent à sa suite.

Alors peut-être que celui qui va récupérer la barque de Pierre c'est Zébédée. Le père qui ne s'oppose pas, qui ne grogne pas au nom de l'obéissance, eh bien c'est très beau. Grâce à lui, le départ est rendu possible.


MARDI 15 JANVIER: Mc 1, 21-28

21 Jésus et ses disciples entrèrent à CapharnaümAussitôt, le jour du sabbat, Jésus se rendit à la synagogue, et là, il enseignait.
22 On était frappé par son enseignement, car il enseignait en homme qui a autorité, et non pas comme les scribes.

Enseignement, enseigner, autorité. Entrer dans une ville, entrer dans une synagogue, et là, on a bien la différence avec Jean qui est dehors, au bord du Jourdain. Jésus est dedans. Et d'emblée il y  a l'autorité. Et je note le "aussitôt", cher à Marc.

23 Or, il y avait dans leur synagogue un homme tourmenté par un esprit impur, qui se mit à crier :
 24 « Que nous veux-tu, Jésus de Nazareth? Es-tu venu pour nous perdre ? Je sais qui tu es : tu es le Saint de Dieu. » 

Je ne sais pas si l'homme crie, mais à mon avis, il interrompt Jésus, il lui coupe la parole ce qui est très mal élevé; et d'emblée on peut parler d'un combat. Il y a le "nous" qui peut renvoyer à toutes ces forces du mal qui se sentent menacés et il y a ce "Je": je sais qui tu es, tu es le Saint de Dieu, ce qui est quand même une belle affirmation devant ceux qui célèbrent justement la Sainteté du Très Haut, le jour du Sabbat. La question qui se pose est la suivante: est-ce-que Jésus est venu pour perdre ou pour sauver? SI on se place du côté des forces du mal (ces forces qui se retrouveront dans des porcs dans un autre épisode), oui on peut dire que Jésus, en les mettant dehors, en sauvant celui qui en est possédé, pousse le mal à sa perte. Mais peut-être y a-t-il un mais (qui me plairait): ce serait que le Mal reconnaisse qu'il a choisi une voie fausse, que la puissance, la convoitise, ça ne conduit qu'à la mort; et qu'il change de voie. Et cela, même si c'est dans un futur eschatologique, ce serait une concrétisation du pouvoir de Jésus sur la mort et sur le Mal. On ne trouverait plus un futur comportant le mal d'un côté, et le bon de l'autre, mais un futur sans le mal; et donner sa vie pour ça, ça vaut vraiment la peine.

25 Jésus l’interpella vivement : « Tais-toi ! Sors de cet homme. » 
26 L’esprit impur le fit entrer en convulsions, puis, poussant un grand crisortit de lui. 

Dans cet épisode, il n'y a pas de discussion possible. Jésus donne des ordres: "tais-toi" (toi qui parles trop vite et trop tôt) et laisse cet homme tranquille, quitte ce véhicule, va-t'en. Et l'esprit obéit. Quant aux convulsions, c'est sûr que cela laisse rêveur, ou pantois. Ce qui est sûr, c'est que le corps participe. Un corps qui tremble, un corps qui a perdu le contrôle, un corps qui tombe et un corps qui devient mou. Parce que c'est un peu comme une crise d'épilepsie. Et donc il y a une guérison. A la fois expulsion et guérison. Lien entre la possession par le mauvais et la maladie, quelle qu'elle soit.

27 Ils furent tous frappés de stupeur et se demandaient entre eux : « Qu’est-ce que cela veut dire ? Voilà un enseignement nouveau, donné avec autorité! Il commande même aux esprits impurs, et ils lui obéissent. » 

Plus tard, les pharisiens lui reprocheront de chasser les démons avec l'aide du chef des démons. Là on est encore dans l'expectative: qui est-il celui là? Notons que dans ce verset il y a deux choses: la qualité de l'enseignement "nouveau", et le pouvoir sur le mal. 

28 Sa renommée se répandit aussitôt partout, dans toute la région de la Galilée.


MERCREDI 16 JANVIER. Mc 1, 29-39

29 En ce temps-là, aussitôt sortis de la synagogue de Capharnaüm, Jésus et ses disciples allèrent, avec Jacques et Jean, dans la maison de Simon et d’André. 
30 Or la belle-mère de Simon était au lit, elle avait de la fièvre. Aussitôt on parla à Jésus de la malade. 
31 Jésus s’approcha, la saisit par la main et la fit lever. La fièvre la quitta, et elle les servait. 

Intéressant ce verset 31, que j'aime beaucoup. Il y a une relation entre Jésus et cette femme: il lui prend la main, il la pousse à se lever, il la tire du lit. La fièvre la quitte, et elle sort de cette paralysie où elle était, et c'est normal, centrée sur elle-même; elle peut se remettre à vivre et à s'occuper des autres. A la lecture de ce matin, je n'avais pas entendu que Jésus va avec Jacques et Jean dans la maison de Simon et d'André. Ce qui peut laisser à supposer que Pierre et André n'étaient pas avec Jésus, et qu'ils accueillent Jésus dans la maison de la belle-mère qui est malade: ça doit être plus que désagréable pour les deux hommes, et on comprend mieux la hâte à parler de cela. Mais cela montre aussi qu'on peut parler de tout à Jésus, et qu'il n'y a rien qu'il ne puisse entendre et faire.

32 Le soir venu, après le coucher du soleil, on lui amenait tous ceux qui étaient atteints d’un mal ou possédés par des démons. 
33 La ville entière se pressait à la porte. 
34 Il guérit beaucoup de gens atteints de toutes sortes de maladies, et il expulsa beaucoup de démons ; il empêchait les démons de parler, parce qu’ils savaient, eux, qui il était. 

La question du secret messianique: ne pas dire qui il est. Ne pas précipiter les choses, attendre le temps de Dieu, obéir.

35 Le lendemain, Jésus se leva, bien avant l’aube. Il sortit et se rendit dans un endroit désert, et là il priait.
36 Simon et ceux qui étaient avec lui partirent à sa recherche. 
37 Ils le trouvent et lui disent : « Tout le monde te cherche. » 

38 Jésus leur dit : « Allons ailleurs, dans les villages voisins, afin que là aussi je proclame l’Évangile ; car c’est pour cela que je suis sorti. » 

39 Et il parcourut toute la Galilée, proclamant l’Évangile dans leurs synagogues, et expulsant les démons.

Importance de la proclamation, et là, il reste l'enseignement et le travail sur le mal, sur la délivrance.



JEUDI 17 JANVIER: Mc 1, 40-45

Ce texte est presque copie conforme de celui que l'on trouve dans Luc, sauf qu'il n'y a pas la notion de "couvert de lèpre". Il y a la même demande; et même si l'homme supplie et tombe à genoux (au lieu de se prosterner), je ne trouve pas la phrase que l'on trouve pour d'autres guérisons, d'avoir pitié. Il y a cet échange verbal, qui se concrétise par le toucher et la guérison; enfin on peut se poser la question de la guérison: de quelle guérison s'agit-il? Somatique ou… En tous les cas, l'homme au lieu d'aller se montrer, "proclame", et finalement on le comprend très bien. Est ce qu'on peut se taire quand on vient de sortir de la honte et du rejet? Est ce qu'on ne va pas proclamer ce qu'on vient de vivre? Je ne sais pas, mais je comprends cet homme. 

40 En ce temps-là, un lépreux vint auprès de Jésus ; il le supplia et, tombant à ses genoux, lui dit : « Si tu le veux, tu peux me purifier. » 
41 Saisi de compassion, Jésus étendit la main, le toucha et lui dit: « Je le veux, sois purifié. » 
42 À l’instant même, la lèpre le quitta et il fut purifié
43 Avec fermeté, Jésus le renvoya aussitôt 
44 en lui disant : « Attention, ne dis rien à personne, mais va te montrer au prêtre, et donne pour ta purification ce que Moïse a prescrit dans la Loi : cela sera pour les gens un témoignage.» 

45 Une fois parti, cet homme se mit à proclamer et à répandre la nouvelle, de sorte que Jésus ne pouvait plus entrer ouvertement dans une ville, mais restait à l’écart, dans des endroits déserts. De partout cependant ovenait à lui.



VENDREDI 18 JANVIER. DEBUT SEMAINE DE L'UNITÉ DES CHRÉTIENS. Mc 2, 1-12 Le paralytique.

En pensant à ce texte ce matin, je me disais que le narrateur braque son projecteur différemment.  

Premier coup de projecteur: la maison de Pierre, après la guérison du lépreux; guérison qui a dû apprendre quelque chose à Jésus, parce que là, il va s'y prendre différemment. Dans cette maison, tout le monde se rassemble, et on a l'impression que la maison est pleine à craquer. Jésus enseigne. On est "sur la maison". 

Deuxième coup de projecteur: sur le dehors. Des gens qui arrivent, un petit groupe, avec 4 personnes qui portent un grabataire, paralysé. On ne sait pas pourquoi il est dans cet état, mais il y a ces 4 qui veulent une guérison pour leur ami. Et là, impossible de rentrer dans la maison. 

Troisième coup de projecteur: celui-ci se se déplace et on monte sur la terrasse, on est toujours à l'extérieur, mais on va rentrer dedans. C'est un peu comme si on assistait à l'inverse d'une naissance. On passe du dehors au dedans, avec cet homme qui descend du ciel, pour devenir le centre des regards, qui est dans la maison, qui est posé sur le sol, passif. 

Et maintenant on reste dedans, avec des dialogues qui reprennent un peu ces coups de projecteur.  Et on passe à la parole, avec de fait le projecteur qui va sur le paralysé, sur les scribes, qui reste sur les scribes, qui se déplace sur le paralysé, et qui le suit quant il sort, et sur la foule.

Première parole - entre Jésus et le paralysé: mon enfant tes péchés te sont remis. 
Deuxième parole aux scribes: pourquoi tenez vous de tels raisonnements? 
Troisième parole, toujours aux scribes, avec une autre interrogation: Qu'est ce qui est le plus facile?
Quatrième parole qui englobe maintenant tout le monde: les scribes (qui évoquent un peu le peuple au moment de la sortie d'Egypte, qui récrimine en permanence), la foule qui assiste à ce duel de paroles, et le paralysé et ses amis: la guérison donnée comme signe de la purification. 

Et un nouveau coup de projecteur; d'abord sur le paralysé qui se lève, prend son lit et sort (il est sorti de l'utérus, il est né), et sur la foule qui est un peu comme le chœur des tragédies grecques, qui rend gloire à Dieu (un peu comme les anges de Bethléem) et qui reconnaît en Jésus quelqu'un habité par un Autre. Mais c'est bien Jésus qui tourne les cœurs vers son Père. 


Quelques jours après la guérison d’un lépreux, Jésus revint à Capharnaüm, et l’on apprit qu’il était à la maison.
 Tant de monde s’y rassembla qu’il n’y avait plus de place, pas même devant la porte, et il leur annonçait la Parole.

On ne sait pas trop ce que les gens viennent chercher, peut-être plus des guérisons que des enseignements, mais ce n'est pas certain. Annoncer la parole, c'est ce qu'il avait dit à Pierre après avoir passé la nuit en prière: "c'est pour cela que je suis sorti".

 Arrivent des gens qui lui amènent un paralysé, porté par quatre hommes
Comme ils ne peuvent l’approcher à cause de la foule, ils découvrent le toit au-dessus de lui, ils font une ouverture, et descendent le brancard sur lequel était couché le paralysé. 
Voyant leur foi, Jésus dit au paralysé : « Mon enfant, tes  péchés sont pardonnés. » 

Là, c'est ce que nous visualisons tous facilement, mais qui n'a pas dû être facile pour le malade qui a été manipulé. Jésus le nomme "mon enfant", comme le Père dans l'Evangile de Luc, appellera ses fils. Peut-être que Jésus a appris quelque chose de la guérison du lépreux... Ce dernier a eu une purification de la peau, de l'extérieur, mais il a été "raide" en n'écoutant pas la consigne de Jésus et l'autre guérison qui aurait pu se faire aussi ne s'est pas faite. Alors là, et peut-être aussi que c'est cohérent avec ce qu'il enseignait - d'un Dieu qui pardonne, c'est cette phrase là qu'il dit, au grand dam des bien-pensants, de ceux qui savent que Dieu seul pardonne. Et pourtant Jésus n'a pas dit "Je", mais il a employé un passif. Tes péchés te sont pardonnés. On retrouvera encore une phrase un peu semblable je crois chez Luc, Lc 7, 47-49, à propos de la "femme pécheresse": parce qu'elle a beaucoup aimé, ses péchés, ses nombreux péchés sont pardonnés (encore un passif), mais avec un lien avec l'amour. Et la même phrase: qui est-il celui-là qui va jusqu'à remettre les péchés? 

Or, il y avait quelques scribes, assis là, qui raisonnaient en eux-mêmes : 
7« Pourquoi celui-là parle-t-il ainsi ? Il blasphèmeQui donc peut pardonner les péchés, sinon Dieu seul? » 
Percevant aussitôt dans son esprit les raisonnements qu’ils se faisaient, Jésus leur dit : « Pourquoi tenez-vous de tels raisonnements 

Importance de ce mot raisonnement, caractéristique des scribes qui connaissent, qui aiment discuter, mais qui utilisent la Torah comme un outil pour attaquer celui qui ne fonctionne pas comme eux. Car là, il y a une condamnation: il blasphème ce mec. Mais Jésus ne condamne pas, il pose une question pour les faire sortir de leur paralysie, car c'en est une.  


Qu’est-ce qui est le plus facile? Dire à ce paralysé : “Tes péchés sont pardonnés”, ou bien lui dire : “Lève-toi, prends ton brancard et marche” ? 
10 Eh bien ! Pour que vous sachiez que le Fils de l’homme autorité pour pardonner les péchés sur la terre… – Jésus s’adressa au paralysé– 
11 je te le dis, lève-toi, prends ton brancard, et rentre dans ta maison. »

 Il y a la querelle avec les scribes - et Jésus s'adresse à eux avant de s'adresser au malade: Jésus indique que la guérison est signe d'autre chose, et en même temps qu'il a autorité pour pardonner les péchés sur la terre (ailleurs, c'est le rôle du Père). Et la phrase m'a toujours fait penser à celle qu'il emploiera: si quelqu'un veut me suivre, qu'il se renonce à lui-même, qu'il prenne sa croix (comme l'homme son brancard) et qu'il se mette en route. Là l'homme reprend sa vie (ce qui ne veut pas dire qu'il ne suivra pas Jésus).

12 Il se leva, prit aussitôt son brancard, et sortit devant tout le monde. 

Tous étaient frappés de stupeur et rendaient gloire à Dieu, en disant : « Nous n’avons jamais rien vu de pareil. »

 Manifestement, Jésus se démarque. Dans le début de l'évangile de Marc, on a une délivrance de possession, une guérison d'un lépreux, et la guérison complète de ce paralysé. Ensuite Jésus va appeler Lévi. Mais on va avoir les conflits permanents avec les scribes et les pharisiens, qui montrent que la Loi ne les rend pas libres, mais les paralyse.



SAMEDI 19 JANVIER: Mc 2, 13-17:l'appel de Lévi.

13 En ce temps-là, Jésus sortit de nouveau le long de la mer; toute la foule venait à lui, et il les enseignait
14 En passantil aperçut Lévi, fils d’Alphée, assis au bureau des impôts. Il lui dit : « Suis-moi. » L’homme se leva et le suivit.

Pas si évident de se représenter la ou les scènes. D'une part, si Jésus sort à nouveau le long de la mer, c'est qu'on peut imaginer que comme pour Pierre, André, Jacques et Jean, un appel concernant des hommes de la pêche va avoir lieu. Mais Jésus parle et enseigne. Et ensuite, quand on peut imaginer qu'il a fini de parler, il s'en retourne et c'est là qu'il aperçoit Lévi et il lui adresse la phrase-type "Suis-moi!". Et si l'homme, qui est assis, se lève et se met en route, c'est qu'on a une autre image de résurrection. Lui, ce n'est pas ses filets qu'il quitte, c'est son bureau, c'est son métier. Et cela d'un coup. 

15 Comme Jésus était à table dans la maison de Lévibeaucoup de publicains (c’est-à-dire des collecteurs d’impôts) et beaucoup de pécheurs vinrent prendre place avec Jésus et ses disciples, car ils étaient nombreux à le suivre.

Là, Jésus ne va pas chez Pierre, mais chez Lévi. On n'a plus la table (le bureau ) des impôts, où quand on passe, il faut donner; on est à sa table, et c'est lui qui donne. La table est devenue signe du don. Il y a la petite phrase: prendre place avec Jésus, qui renvoie à la fin des temps: prendre place avec Jésus au festin. Et ceux qui prennent place, ce sont ceux qui sont considérés comme des pécheurs. Mt 8, 11: Beaucoup viendront du levant et du couchant prendre place au festin avec Abraham, Isaac et Jacob dans le royaume des cieux. 
Ce qui est aussi un peu étonnant, c'est que dans la maison de Pierre, il n'y avait plus de place, alors que là, il semble que ce soit très largement ouvert. Et c'est aussi une belle maison que Matthieu va abandonner pour suivre Jésus.

16 Les scribes du groupe des pharisiens, voyant qu’il mangeait avec les pécheurs et les publicains, disaient à ses disciples: « Comment ! Il mange avec les publicains et les pécheurs ! » 

 A nouveau le groupe de ceux qui récriminent.. Ils se plaignent aux disciples, ils ne disent rien à Jésus, mais on a l'impression qu'ils veulent discréditer Jésus, faire comprendre à ces nouveaux disciples que cet homme qui ne respecte pas la loi ne peut pas être suivi. Par contre eux, ils savent ce qui est bien.. On risque d'avoir de sacrées surprises dans l'Au-Delà…

17 Jésus, qui avait entenduleur déclara : « Ce ne sont pas les gens bien portants qui ont besoin du médecin, mais les malades. Je ne suis pas venu appeler des justes, mais des pécheurs.»

Pas facile l'oreille qui traîne… Jésus entend tout. Et il veut aussi rassurer ses disciples. Maintenant, est-ce que les scribes ne sont pas des malades qui s'ignorent, c'est bien possible, mais ce n'est pas dit. Et qui est juste devant Dieu? A priori personne.. Alors écouter et reconnaître ce qui sépare de Dieu.



DIMANCHE 20 JANVIER: Jn 2, 1-11: les noces de Cana.


En ce temps-là, il y eut un mariage à Cana de Galilée. La mère de Jésus était là. 
Jésus aussi avait été invité au mariage avec ses disciples
Or, on manqua de vin. La mère de Jésus lui dit : « Ils n’ont pas de vin. » 
Jésus lui répond : « Femme, que me veux-tu ? Mon heure n’est pas encore venue. » 
Sa mère dit à ceux qui servaient: « Tout ce qu’il vous dira, faites-le. »

 Dans le texte de l'évangile, il n'y a pas "en ce temps là" mais "le troisième jour", et c'est une précision sûrement importante pour celui qui rapporte l'histoire de sa rencontre avec Jésus.  Ce "troisième jour "qui renvoie à la résurrection, peut aussi montrer que Jésus se "lève" ce jour là et que ce signe est signe pour les disciples. Ils n'ont eu que des paroles jusqu'alors; là, le signe est pour eux, signe qui prendra toute sa signification après la résurrection: l'eau changée en vin, le vin qui devient sang, le sang, l'eau et l'esprit.. 

Ce qui est aussi frappant, c'est que l'auteur parle de Marie en disant "la mère de Jésus", ou "sa mère", mais Jésus lui ne dit pas "mère" ce qui serait normal, mais qu'il a cette interpellation  étonnante (qu'on retrouve à la croix), "femme que me veux tu". Autrefois on disait, quoi entre toi et moi, ce qui était encore plus fort. Dans les autres évangiles, ce sont les esprits mauvais qui disent à Jésus "que nous veux tu? Nous savons que tu es venu pour nous perdre." Comme si, là, il y avait un combat en Jésus, est ce que c'est le moment ou pas encore? Apparemment c'est une fin de non recevoir, mais ce qui se passe, montre qu'avec Jésus, rien n'est figé.. 

 Or, il y avait là six jarres de pierre pour les purifications rituelles des Juifs ; chacune contenait deux à trois mesures, (c’est-à-dire environ cent litres). 
Jésus dit à ceux qui servaient: « Remplissez d’eau les jarres. » Et ils les remplirent jusqu’au bord.
 Il leur dit : « Maintenant, puisez, et portez-en au maître du repas. » Ils lui en portèrent. 
Et celui-ci goûta l’eau changée en vin. Il ne savait pas d’où venait ce vin, mais ceux qui servaient le savaient bien, eux qui avaient puisé l’eau. Alors le maître du repas appelle le marié. 

 Il y a l'insistance portée sur "ceux qui servaient", cela revient 3 fois. Et ceux là ont obéi, ils ont dû voir le changement de couleur, quand ça passe du transparent au rouge, ou alors cela s'est fait quand ils sont allés porter l'eau au maître su repas. Cela on ne le sait pas, mais pour eux, cela a dû être une expérience étonnante, ce type qui sort d'on ne sait trop où, peut-être de Nazareth, qui s'invite avec d'autres qui se disent disciples, et qui donne un ordre plus que bizarre, d'autant que remplir ces cuves, ça a dû prendre du temps pour "ceux qui servaient". 

Et il y a le "puisé". Et cela renvoie au puits, et les puits dans la bible, ce sont des lieux de rencontre, des lieux l'amour. Et c'est comme si ce miracle, disait "Je vous rencontre, je vous aime, aimez-moi, aimons-nous". 

10 et lui dit : « Tout le monde sert le bon vin en premier et, lorsque les gens ont bien bu, on apporte le moins bon. Mais toi, tu as gardé le bon vin jusqu’à maintenant. » 

11Tel fut le commencement des signes que Jésus accomplit. C’était à Cana de Galilée. Il manifesta sa gloire, et ses disciples crurent en lui.


Pour moi, important ce "le commencement" qui n'est pas le "au commencement" au début de l'évangile de Jean, mais qui est la marque de la nouveauté qui arrive, le premier signe, accompli quand même à la demande de sa mère, pour combler un manque; il est un signe symbolique des noces (alliance): noces autres, avec l'humanité. 

Les serviteurs parlent… 

On était au deuxième jour de la noce, on commençait à en avoir plein les bottes, et on s'est rendu compte qu'il n'y avait plus de vin. Par certains côtés cela nous arrangeait, mais ce n'était pas à nous de nous occuper de cela. Il y avait une jeune femme, enfin peut-être pas si jeune, mais elle le paraissait, et aussi son fils. Lui, c'était un très bel homme. Il ne buvait pas comme les autres. Il avait avec lui des amis qui s'étaient invités avec lui à la noce. Ces cinq là, ils n'étaient pas comptés, mais ces grandes fêtes là sont ouvertes à tous. 

Elle, elle s'était rendue compte que nous étions soucieux, et puis nous avions un peu peur de la réaction du maître du repas. Lui, il n'est pas drôle, il contrôle tout, il est partout et pas question pour nous de ne pas être attentifs aux besoins des uns et des autres et quand les gens comment à être un peu ivres, ce n'est pas facile. 

Elle a attrapé son fils par la manche et comme on n'était pas loin on a entendu qu'il lui disait - et cela nous a surpris, parce que ce n'est pas comme cela qu'on répond à la mère qui vous a porté dans son ventre, qui vous a mis au monde, qui vous a élevé: "Femme, que me veux-tu, mon heure n'est pas venue". C'était étonnant cette phrase.. Et qu'est ce qu'il voulait dire par "mon heure n'est pas encore venue"? Qui était-il ce galiléen? Et pourtant lui, il n'avait pas bu, donc il ne pouvait pas être pris par la folie des grandeurs. Bref on n'a pas compris. Elle, elle s'est approchée de nous et elle nous a dit que s'il nous demandait de faire quelque chose, nous devrions le faire. Après tout pourquoi pas. 

Et lui, il est arrivé un peu plus tard, et vraiment pour le vin, il n'en restait plus. Les outres se vidaient les unes après les autres. Il nous a demandé de remplir d'eau, les grandes cuves qui servent aux ablutions. Là on n'était pas très contents, parce que l'eau, il faut aller la chercher à la source, mais bon c'était comme ça. Et on a rempli les six cuves. On était fatigués.. On se demandait ce qui allait se passer. C'était bien gentil d'avoir de l'eau, mais ce n'était pas de ça qu'on avait besoin. 

Il nous a demandé d'en puiser un peu, et de l'apporter au maître du repas et là, on a vu que l'eau limpide avait changé de couleur. On n'en croyait pas nos yeux. On avait l'impression que quelque chose avait changé en nous, autour de nous, et nous ne sentions plus la fatigue. 

Bref, on a apporté de cette eau changée en vin à celui qui était le régisseur, il l'a goûtée (nous on se demandait un peu quel goût ça allait avoir) et sans nous regarder il s'est dirigé vers le marié, et on avait l'impression qu'il n'était pas content. On a su qu'il lui avait reproché d'avoir gardé ce vin qu'il trouvait excellent pour la fin de la noce, à un moment où convives n'étaient plus capables de faire la différence entre un bon vin et de la piquette. Mais bon, c'était comme ça, sauf que nous, on savait que c'était un vin mystérieux. 

La noce s'est terminée, et nous les serviteurs, nous sommes allés trouver ce Jésus et nous lui avons dit que nous voulions le suivre, et il a bien voulu. C'était le premier miracle qu'il faisait, et cela nous avait fait penser à Moïse qui transforme les eaux du Nil en sang. Et nous ne savions pas qu'un jour il donnerait son sang pour nous, mais ce jour là, nous étions dans la joie de pouvoir le suivre.