samedi 27 mars 2021

SEMAINE DU 21 AU 27 MARS. EVANGILES.


 

DIMANCHE 21 MARS. 

 

 5° dimanche de Carême. Jr 31, 31-34, Ps 50, He 5, 7-9, Jn 12, 20-33.

 

Le chapitre 12 de l'évangile de Jean, clôt ce qu'on appelle le livre des signes. Au chapitre 11, Jésus a ressuscité Lazare et provoqué les foudres des pharisiens, qui veulent vraiment le faire mourir. Au début de chapitre 12, il y a le repas chez Lazare, la décision de faire mourir et Jésus et Lazare, une sorte de fuite de Jésus dans le désert, puisque sa tête est mise à prix, et finalement sa décision de revenir à Jérusalem. C'est alors l'arrivée triomphale, la constatation des pharisiens que ce n'est pas le moment d'arrêter Jésus. Des grecs, des étrangers, demandent à voir Jésus, et à défaut de voir, ils vont l'entendre et avoir un "signe" venu du ciel,  ce coup de tonnerre qui est parole du Père. 

 

Cet épisode est comme un condensé de de ce qu'on trouve dans les synoptiques: la transfiguration ( la Gloire du Père qui est sur le Fils), l'agonie à Gethsémani (mon âme est bouleversée), de la mort (le grain de blé qui tombe en terre), la croix (quand je serai élevé de terre , j'attirerai tout à moi), mais surtout, la place qui est faire à son Père. 

 

Jésus lui demande de glorifier son nom à lui, pas le sien. Il montre son obéissance, sa soumission et c'est la voix qui dit "Je l'ai glorifié et je le glorifierai encore" qui est bien une manière de parler de la filiation de Jésus, vrai homme et vrai Dieu,qui dans le combat contre le Prince de monde, sera vainqueur, même si cela semble passer par la défaite.

 

Alors aujourd'hui, nous pouvons contempler Jésus, qui va entrer dans la Passion et à sa suite, devenir des petits grains de blé, qui s'ils veulent bien "perdre" ce à quoi ils tiennent peut-être un peu trop, seront des disciples qui porteront du fruit. 

 

 

Il va parler de sa mort (le grain de blé)

 

Pour moi, le verset important de ce texte, c'est  "Père glorifie ton nom", car c'est l'effacement du Fils devant la Présence du Père, et la réponse: je l'ai glorifié et je le glorifierait encore.

 

20 En ce temps-là, il y avait quelques Grecs parmi ceux qui étaient montés à Jérusalem pour adorer Dieu pendant la fête de la Pâque. 

21 Ils abordèrent Philippe, qui était de Bethsaïde en Galilée, et lui firent cette demande : « Nous voudrions voir Jésus. » 

 

La question qui se pose souvent est celle de savoir qui sont ces grecs? S'agit-il de juifs de la diaspora ou de grecs païens, qui sont séduits pas le judaïsme et qui montent à Jérusalem pour mieux connaître ce Dieu unique dont on leur a parlé. Je ne sais pas. Mais il y a une demande, nous voudrions voir Jésus, ce Jésus dont on a entendu parler et qui… Mais qui quoi… 

 

22 Philippe va le dire à André, et tous deux vont le dire à Jésus. 

 

La suite indiquerait, que ce qui va se passer, dépasse Israël et s'adresse bien aux nations. 

 

23 Alors Jésus leur déclare : « L’heure est venue où le Fils de l’homme doit être glorifié. 

24 Amen, amen, je vous le dis : si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il reste seul ; mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruit.

 25 Qui aime sa vie la perd ; qui s’en détache en ce monde la gardera pour la vie éternelle. 

26 Si quelqu'un veut me servir, qu’il me suive ; et là où moi je suis, là aussi sera mon serviteur. Si quelqu'un me sert, mon Père l’honorera. » 

 

Il y a là, annonce de la passion: le grain de blé, mais aussi une annonce: celui qui veut être mon disciple, qu'il se détache de sa vie, qu'il me suive, et ainsi il me servira. Et il sera avec moi, dans l'après. Mon Père lui donnera son poids.

 

27 Maintenant mon âme est bouleversée. Que vais-je dire ? “Père, sauve-moi de cette heure” ? – Mais non ! C’est pour cela que je suis parvenu à cette heure-ci ! 

 

on dit souvent que ce verset est une anticipation de l'agonie. Avec cette demande de Jésus, sauve moi de cette heure (non pas ma volonté mais la tienne).

 

28 Père, glorifie ton nom ! » Alors, du ciel vint une voix qui disait : « Je l’ai glorifié et je le glorifierai encore. » 

 

Et une réponse qui condense peut-être le baptême, la transfiguration et ce qui se passera après. Glorifie ton nom. (pas le mien le tien). Là, il y a un dessaisissement extraordinaire. Jésus aurait pu demander ce fameux signe réclamé par les pharisiens pour que tous reconnaissent qui il est, mais il n'en fait rien. Et la réponse du Père "éclate";

 

29 En l’entendant, la foule qui se tenait là disait que c’était un coup de tonnerre. D’autres disaient : « C’est un ange qui lui a parlé. » 

30 Mais Jésus leur répondit : « Ce n’est pas pour moi qu’il y a eu cette voix, mais pour vous. 

 

Il y a un signe, audible et interprété par tous: un ange. Et traduit par Jésus, moi je n'en n'ai pas besoin, c'est pour vous.

 

31 Maintenant a lieu le jugement de ce monde ; maintenant le prince de ce monde va être jeté dehors ; 

32 et moi, quand j’aurai été élevé de terre, j’attirerai à moi tous les hommes. »

33 Il signifiait par là de quel genre de mort il allait mourir.

 

 

Le prophète fait une annonce qui se réalise en Jésus: l'alliance que Dieu conclura avec la maison d'Israël, est une alliance nouvelle et éternelle, où tous connaîtront le Seigneur, du plus grand au plus petit, et par cette alliance, Dieu pardonnera les fautes et oubliera les péchés.  Cette alliance est possible grâce à Jésus, qui par son obéissance est devenu pour vœux qui lui obéissent la cause du salut éternel.

 

LUNDI 22 MARS. Jn 8, 1-11 , Dn13, 1-9. 15-17. 19-30. 33-62; Ps22. 1-6

 

https://giboulee.blogspot.com/2013/03/la-femme-adultere-jean-81-10.html

https://giboulee.blogspot.com/2019/04/jesus-raconte-la-femme-adultere-jn-8-1.html

 

 

 

La première lecture, raconte comment une jeune femme, Suzanne, prise au piège de la lubricité de deux anciens, et qui clame son innocence, est sauvée de la mort, grâce à un jeune homme, Daniel, qui poussé par l'Esprit de Dieu, va démontrer le mensonge des deux hommes. 

 

Ce texte va avec l'évangile de ce jour, le début du chapitre 8 de Jean: la femme adultère. 

 

Jésus est aussi le sauveur de cette femme qui aurait dû être lapidée, mais la démarche est très différente, d'autant que Jésus est lui-même en position d'accusé. Nous connaissons tous la phrase adressée aux accusateurs, "que celui qui n'a pas de péché lui jette la première pierre", phrase qui sauve et la femme et Jésus. 

 

Comme le rappelle le psaume, Jésus est le bon berger. Qui a sauvé une brebis perdue, brebis qui peut représenter le peuple Israël. 

 

Mais peut-être faut il rapprocher la dernière phrase: Va et désormais ne pèche plus, avec la phrase adressée au paralytique guéri, rencontré dans le Temple: Jn 5, 14: Te voilà guéri, ne pèche plus car il pourrait t'arriver quelque chose de pire. 

 

Oui, la femme est sauvée, mais à elle maintenant de vivre autrement, et cela nous concerne tous. Nous sommes sauvés, mais à nous de laisser l'Esprit Saint, nous montrer jour après jour comment sortir de nos ténèbres. 

 


Pour moi, aujourd'hui: je mets mon orgueil dans la Croix du Christ/ je mets mon orgueil dans mes faiblesses. 2 Cor 12, 1_12/

 

Le chapitre 7 s'est terminé par "ils allèrent chacun chez soi". C'est la question de l'origine de Jésus. 

 

En ce temps-là, Jésus s’en alla au mont des Oliviers. 

Dès l’aurore, il retourna au Temple. Comme tout le peuple venait à lui, il s’assit et se mit à enseigner. 

 

On peut penser qu'il a passé du temps à prier, puis c'est la prière des psaumes, puis, il y a une demande: le peuple qui vient à lui, et une réponse à la demande; il enseigne, dans la position de l'enseignant: assis. 

 

Les scribes et les pharisiens lui amènent une femme qu’on avait surprise en situation d’adultère. Ils la mettent au milieu, 

et disent à Jésus : « Maître, cette femme a été surprise en flagrant délit d’adultère. 

5Or, dans la Loi, Moïse nous a ordonné de lapider ces femmes-là. Et toi, que dis-tu ? »

 Ils parlaient ainsi pour le mettre à l’épreuve, afin de pouvoir l’accuser. 

Mais Jésus s’était baissé et, du doigt, il écrivait sur la terre. 

 

On ne sait pas qui est le "on" qui a surpris la femme en situation d'adultère, mais l'autre, l'homme, lui, il n'est pas là. On est dans l'affrontement avec Jésus qui est "sommé "de répondre. Peut-être que la femme est jetée au sol. Si c'est le cas, on comprend mieux Jésus qui se courbe ensuite vers le sol. Il se met au même niveau que la femme.

 

 

On a là, une drôle de posture. Il ne les regarde pas, il reste assis, il se courbe peut-être pour écrire sur la terre. Pas sur les pierres, ce qui aurait évoqué les tables de la loi, mais sur la terre ce qui évoque la création. Ecrire, ce n'est pas n'importe quoI. Autrefois, on disait sur le sable. Sur le sable, les écrits (et les condamnations s'envolent).

 

Comme on persistait à l’interroger, il se redressa et leur dit : « Celui d’entre vous qui est sans péché, qu’il soit le premier à lui jeter une pierre. » 


Il se baissa de nouveau et il écrivait sur la terre.

Eux, après avoir entendu cela, s’en allaient un par un, en commençant par les plus âgés. Jésus resta seul avec la femme toujours là au milieu. 

 

Là, il se redresse, cela me fait un peu penser à quelqu'un qui donne une tape à une mouche qui l'ennuie et il reprend sa posture antérieure, il fait autre chose qui lui paraît plus important. Les pharisiens sont un peu des gens inopportuns qui sont venus l'interrompre dans son enseignement. Ils partent et la femme, elle n'a pas bougé d'un poil. Elle est là, soit debout, soit jetée sur le sol. 

 

10 Il se redresse et lui demanda : « Femme, où sont-ils donc ? Personne ne t’a condamnée ? » 

 

Il se redresse et quand il se redresse il parle. Avant c'était pour les pharisiens, là c'est pour la femme. Et c'est quand même quelque chose de fort, je ne te condamne pas, et change..

 

11 Elle répondit : « Personne, Seigneur. » Et Jésus lui dit : « Moi non plus, je ne te condamne pas. Va, et désormais ne pèche plus. »

 

Il a dit la même chose au paralysé.. Il s'agit quand même d'un changement.

 

 

MARDI 23 MAR. Jn 8, 21-30, Nb 24, 4-9 Ps 102.

 

Manque toute la partie sur "je suis la lumière du monde". C'est bien dommage. Et ensuite il y a l'éternelle question du témoignage. 

 

21 En ce temps-là, Jésus disait aux pharisiens : « Je m’en vais ; vous me chercherez, et vous mourrez dans votre péché. Là où moi je vais, vous ne pouvez pas aller. » 

22 Les Juifs disaient : « Veut-il donc se donner la mort, puisqu’il dit : “Là où moi je vais, vous ne pouvez pas aller” ? » 

 

On peut presque dire, qu'il y a une annonce de ce qui va se passer par la suite. Sauf que là, où il ira c'est rejoindre le lieu de vie de son Père, en haut. Une fois de plus, on a, comme on aura par la suite, cette incompréhension de mots. Ceci dit, ils comprennent bien que quelque chose va arriver, mais quoi. 

 

23 Il leur répondit : « Vous, vous êtes d’en bas ; moi, je suis d’en haut. Vous, vous êtes de ce monde ; moi, je ne suis pas de ce monde. 

24 C’est pourquoi je vous ai dit que vous mourrez dans vos péchés. En effet, si vous ne croyez pas que moi, JE SUIS, vous mourrez dans vos péchés. » 

 

Arrive à partir de maintenant le "Je suis" du buisson ardent l'affirmation de la divinité totale de Jésus. Le péché chez Jean, c'est de ne pas reconnaître qui est Jésus (cela sera dit et redit dans la première épitre), c'est le croire ou ne le pas croire. C'est une autre définition du péché. 

 

25 Alors, ils lui demandaient : « Toi, qui es-tu ? » Jésus leur répondit : « Je n’ai pas cessé de vous le dire. 

26 À votre sujet, j’ai beaucoup à dire et à juger. D’ailleurs Celui qui m’a envoyé dit la vérité, et ce que j’ai entendu de lui, je le dis pour le monde. » 

27 Ils ne comprirent pas qu’il leur parlait du Père. 

 

Le questionnement qui est parfois le notre. Qui est tu, toi… Lui, il est dans ces versets celui qui écoute en permanence le Père, qui est comme son oreille.

 

28 Jésus leur déclara : « Quand vous aurez élevé le Fils de l’homme, alors vous comprendrez que moi, JE SUIS, et que je ne fais rien de moi-même ; ce que je dis là, je le dis comme le Père me l’a enseigné. 

29 Celui qui m’a envoyé est avec moi ; il ne m’a pas laissé seul, parce que je fais toujours ce qui lui est agréable. » 

30 Sur ces paroles de Jésus, beaucoup crurent en lui.

 

Très étonnant le verset 30. Beaucoup crurent en lui, sauf qu'en général, après, il se passe quelque chose qui va à l'encontre de cela. On verra demain ce que la liturgie propose.

 

 

Commentaire.

 

Si la première lecture rapporte un épisode du livre des Nombre, où Moïse à la demande de Dieu sculpte un serpent en bronze et l'attache sur un mat, c'est en quelque sorte pour "illustrer" dans l'évangile du jour, la phrase que Jésus adresse aux pharisiens, et qui parle de sa mort, sur la croix. Or les pharisiens remettent en cause, une fois de plus son identité; et Jésus associe sa mort et sa divinité. Dire : " "quand vous aurez élevé le fils de l'homme, alors vous comprendrez que moi, JE SUIS, c'est affirmer que quand il sera élevé de terre, regarder vers lui qui donnera sa vie, c'est reconnaître son péché (ce que faisaient les hommes qui avaient été mordus par ces serpents à la gueule brûlante et qui ne mourraient pas, mais contempler celui qui est pleinement Dieu et qui peut dire "JE SUIS". 

 

Si Jésus peut dire et affirmer qu'il n'est jamais seul, c'est parce qu'il fait toujours ce qui est agréable à son Père.

 

Ce que Jean décrit là, c'est une relation d'amour. À nous, d'entrer dans cette relation "amoureuse " avec le Père, d'essayer de ne pas récriminer contre lui, même si parfois la vie n'est pas un long fleuve tranquille, car des épreuves il y en a et il y en aura toujours, pour avoir cette liberté sans cesse à renouveler, liberté qui nous permet de voir autrement, de donner un autre sens à ce que nous vivons. 

 

Jésus nous a révélé qui et où était son Père. Que nous puissions durant ces jours qui préparent Pâques, nous tourner vers celui "qui ne juge personne", mais qui est la lumière du monde et contempler la Gloire de Dieu.

 

 

MERCREDI 24 MARS: Dn 3, 14-20, 91-92, 95. Dn 3, 52-56, Jn 8, 31-44

STE CATHERINE DE SUEDE.

 

31 En ce temps-là, Jésus disait à ceux des Juifs qui croyaient en lui : « Si vous demeurez fidèles à ma parole, vous êtes vraiment mes disciples ; 

32 alors vous connaîtrez la vérité, et la vérité vous rendra libres. »

 

Ce n'est pas la vérité qui s'oppose au mensonge, du moins pas seulement. Pour moi, c'est Jn 3? 21. Faire la Vérité, c'est s'opposer à faire le Mal (mal, mensonge, diable), c'est faire ce qui est bien (mais pour cela on a besoin d'aide), et si on fait cela, on est dans la lumière données.  

 

33 Ils lui répliquèrent : « Nous sommes la descendance d’Abraham, et nous n’avons jamais été les esclavesde personne. Comment peux-tu dire : “Vous deviendrez libres” ? » 

 

Le quiproquo: liberté, esclavage. Or là, ils ne reconnaissent pas que comme tout homme, il y en eux une part d'ombre qui les maintient sous la domination du péché.

 

34 Jésus leur répondit : « Amen, amen, je vous le dis : qui commet le péché est esclave du péché.

35 L’esclave ne demeure pas pour toujours dans la maison ; le fils, lui, y demeure pour toujours. 

36 Si donc le Fils vous rend libres, réellement vous serez libres. 

 

Cela c'est une affirmation théologique: seul le fils peut nous sortir de l'esclavage du péché et pas de l'esclavage lié à la domination des romaines.. 

 

37 Je sais bien que vous êtes la descendance d’Abraham, et pourtant vous cherchez à me tuer, parce que ma parole ne trouve pas sa place en vous. 

 

Quelle lucidité qui continue encore aujourd'hui.

 

38 Je dis ce que moi, j’ai vu auprès de mon Père, et vous aussi, vous faites ce que vous avez entendu chez votre père. » 

 

Deuxième quiproquo; le père ce n'est pas Abraham, mais le mauvais.

 

39 Ils lui répliquèrent : « Notre père, c’est Abraham. » Jésus leur dit : « Si vous étiez les enfants d’Abraham, vous feriez les œuvres d’Abraham. 

40 Mais maintenant, vous cherchez à me tuer, moi, un homme qui vous ai dit la vérité que j’ai entendue de Dieu. Cela, Abraham ne l’a pas fait.

41 Vous, vous faites les œuvres de votre père. » Ils lui dirent : « Nous ne sommes pas nés de la prostitution ! Nous n’avons qu’un seul Père : c’est Dieu. » 

42 Jésus leur dit : « Si Dieu était votre Père, vous m’aimeriez, car moi, c’est de Dieu que je suis sorti et que je viens. Je ne suis pas venu de moi-même ; c’est lui qui m’a envoyé. »

 

Là, il y a quand même une affirmation que Jésus démonte. Ils n'ont pas la même reconnaissance de Dieu. S'ils n'aiment pas le Fils, c'est qu'ils n'aiment pas le Père; et là une affirmation très forte: je ne suis pas venu de moi-même, c'est lui qui m'a envoyé.

 

Commentaire.

 

Les deux premiers textes proposés, viennent du livre de Daniel, et rapportent comment trois jeunes hommes, s'opposent au roi qui veut leur faire adorer comme un Dieu une statue faite à son effigie. Ils acceptent d'être jetés dans une fournaise, et ont une phrase magnifique: "Si notre Dieu que nous servons peut nous délivrer il le fera, et même s'il ne le fait pas, nous ne servirons pas d'autres Dieu que lui." Leur confiance permet le miracle, mais aussi leur capacité à louer leur Seigneur. Je suppose que ces textes montrent que Jésus qui met totalement sa confiance en son Père, sera lui aussi sauvé, mais que lui, sauvera l'humanité .

 

Le texte de Jean, montre comment l'incompréhension continue à s'installer même avec ceux qui suivent Jésus. On est dans le jeu des quiproquos. Mais il faut aussi comprendre que désormais le péché, c'est s'aveugler sur l'identité de Jésus, ne pas le reconnaître comme Fils de Dieu, et que la liberté, c'est la capacité à le reconnaître et avec son aide à sortir des enfermements qui nous maintiennent dans le ou les mensonges.

 

Le premier quiproquo vient sur le mot liberté. Pour les auditeurs il renvoie à l'esclavage, et à la revendication à être les fils d'Abraham. Pour Jésus, c'est accepter son enseignement qui révèle le Père, et le reconnaître comme le Fils, qui va rendre libre.

 

Pour sortir de l'esclavage du péché, il faut accepter d'être libéré par Jésus, le Fils, ce qui est alors refusé par les auditeurs, qui sont certes de la descendance d'Abraham, mais qui (cela sera explicité dans la suite du texte ) sont pris par le père du mensonge, le Diable, qui obscurcit leur jugement, qui les rend aveugles. 

 

 

 

JEUDI 25 MARS. ANNONCIATION.(Is 7, 10-14 ; 8, 10), Ps 39 (40), 7-8a, 8b-9, 10,11, (He 10, 4-10) Lc 1, 26-38)
En cette fête de l'annonciation, la première lecture, reprend les titres qui sont ceux de Jésus (Dieu sauve), en le condensant en un seul prénom, Emmanuel (Dieu avec nous).  Cet enfant sera appelé é Fils du Très Haut, il recevra le trône de David son père, il règnera pour toujours sur la maison de Jacob et son règne n'aura pas de fin. Jésus est le nouveau roi d'Israël, celui qui réalise la prophétie faite dans le passé au roi Achaz et qui prend tout son sens dans le présent: "la jeune fille enfantera un fils". 
Il faut remarquer que les lectures suivantes, le psaume et la lettre aux hébreux, sont une description de celui qui est le Sauveur, de celui qui est le serviteur parfait, qui vient faire la volonté de Dieu et qui annonce son amour, et qui sanctifie le monde par l'offrande de son corps, une fois pour toute.
Nous pouvons en ce jour, à la fois nous réjouir devant la Oui de Marie, mais aussi puisque cette fête arrive avant le début de la semaine sainte, contempler celui qui va donner sa vie par amour, celui qui comme nous le rappelle sans cesse l'évangile de Jean est venu non pour condamner mais pour sauver et pour donner sa lumière.

26 En ce temps-là, l’ange Gabriel fut envoyé par Dieu dans une ville de Galilée, appelée Nazareth, 

27 à une jeune fille vierge, accordée en mariage à un homme de la maison de David, appelé Joseph ; et le nom de la jeune fille était Marie.

28 L’ange entra chez elle et dit : « Je te salue, Comblée-de-grâce, le Seigneur est avec toi. » 

 

 

 Ce matin je réagis ou ça réagit en moi à ce morceau de phrase: l'ange entra chez elle. Elle était seule et d'un coup elle ne l'est plus. Qu'est ce qui la bouleverse le plus, cette présence insolite ou la voix qu'elle entend en elle ou à côté d'elle?  

 

Je vois que cela me renvoie à ces phrases qui prennent corps en soi,  qui entre en soi, en moi, et cela c'est l'Esprit qui seul peut entrer sans préavis. Peut-être que les mots, c'est la capacité à ne pas aller trop vite avec Marie, à prendre du temps avec elle.

 

29 À cette parole, elle fut toute bouleversée, et elle se demandait ce que pouvait signifier cette salutation. 

30 L’ange lui dit alors : « Sois sans crainte, Marie, car tu as trouvé grâce auprès de Dieu. 

31 Voici que tu vas concevoir et enfanter un fils ; tu lui donneras le nom de Jésus. 

32 Il sera grand, il sera appelé Fils du Très-Haut ; le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David son père ; 

33 il régnera pour toujours sur la maison de Jacob, et son règne n’aura pas de fin. » 

34 Marie dit à l’ange : « Comment cela va-t-il se faire puisque je ne connais pas d’homme ? » 

 

Elle a là des indices précieux, car ces phrases là, qui en général décrivent la relation de Dieu avec son Messie, son David, on les trouve dans les psaumes et Marie devait bien les connaître. Elle sait que ce qui lui est promis, c'est le messie attendu, le don de Dieu pour son peuple Israël. Et sa question coule presque de source.

 

En fait cela pourrait être: je ne demande pas mieux, quel honneur, mais comment cela sera t il possible? Et Marie se rend compte que cette annonce, elle n'est pas pour quand le mariage avec Joseph sera célébré, mais tout de suite. Et c'est le tout de suite, qu'elle perçoit qui montre son écoute totale.

 

35 L’ange lui répondit : « L’Esprit Saint viendra sur toi, et la puissance du Très-Haut te prendra sous son ombre ; c’est pourquoi celui qui va naître sera saint, il sera appelé Fils de Dieu. 

 

 Comme le dit un commentateur, on ne peut pas dire que ce soit ultra clair. Mais cela suffit, et surtout il y a ce signe, celui de la grossesse d'Elisabeth. 

 

36 Or voici que, dans sa vieillesse, Élisabeth, ta parente, a conçu, elle aussi, un fils et en est à son sixième mois, alors qu’on l’appelait la femme stérile. 

37 Car rien n’est impossible à Dieu. » 

38 Marie dit alors : « Voici la servante du Seigneur ; que tout m’advienne selon ta parole. » Alors l’ange la quitta.

 
Et là, pour moi, ça chante.." L'ange entra chez elle... l'ange la quitta". Mais là, elle n'est plus seule, elle est deux.. 
 

 

VENDREDI 26 MARS.            Jr 20, 10-13, Ps 18, 2-7, Jn 10, 21-42

 

Après réflexion, il me semble que l'intention de la liturgie est de se centrer sur la mort de Jésus, et donc de voir comment cela se noue. Là, c'est après une phrase forte: Le Père et Moi, nous sommes UN, que la réaction des auditeurs est immédiate: il blasphème (toi qui n'es qu'un homme, tu te fais un Dieu).

 

31 En ce temps-là, de nouveau, des Juifs prirent des pierres pour lapider Jésus. 

32 Celui-ci reprit la parole : « J’ai multiplié sous vos yeux les œuvres bonnes qui viennent du Père. Pour laquelle de ces œuvres voulez-vous me lapider ? » 

 

le "multiplier" renvoie ici à l'abondance, qui est marque de Dieu, et cette abondance, ils n'en veulent pas. Ils contestent les phrases sans voir que derrière, il y a la présence du Père et de son Agir.

 

33 Ils lui répondirent : « Ce n’est pas pour une œuvre bonne que nous voulons te lapider, mais c’est pour un blasphème : tu n’es qu’un homme, et tu te fais Dieu. » 

34 Jésus leur répliqua : « N’est-il pas écrit dans votre Loi : ‘J’ai dit : Vous êtes des dieux ?’ 

35 Elle les appelle donc des dieux, ceux à qui la parole de Dieu s’adressait, et l’Écriture ne peut pas être abolie. l

 

C'est toujours étonnant de voir comment Jésus se sert de l'écriture, que ce soit avec des adversaires ou avec le mauvais, pour clouer le bec. Il a des réparties superbes. Cela renvoie aussi à l'évangile de Matthieu, pas un seul iota ne peut être changé. 

 

36 Or, celui que le Père a consacré et envoyé dans le monde, vous lui dites : “Tu blasphèmes”, parce que j’ai dit : “Je suis le Fils de Dieu”. 

 

37 Si je ne fais pas les œuvres de mon Père, continuez à ne pas me croire. 

38 Mais si je les fais, même si vous ne me croyez pas, croyez les œuvres. Ainsi vous reconnaîtrez, et de plus en plus, que le Père est en moi, et moi dans le Père. » 

 

Une autre manière de dire que lui et le Père sont UN.

 

39 Eux cherchaient de nouveau à l’arrêter, mais il échappa à leurs mains. 

40 Il repartit de l’autre côté du Jourdain, à l’endroit où, au début, Jean baptisait ; et il y demeura. 

 

Est ce que le "demeura" est important ici. Si c'est bien là où Jean baptisait, ce point d'entrée en terre "sainte", alors cela donne à Jésus la typologie de Moïse, de Josué,  et de Jean. Il va faire entrer par sa mort, le peuple dans la nouvelle alliance, dans le nouveau royaume.

 

41 Beaucoup vinrent à lui en déclarant : « Jean n’a pas accompli de signe ; mais tout ce que Jean a dit de celui-ci était vrai. » 

42 Et là, beaucoup crurent en lui.

 

 

"Dans mon angoisse, j'appelai le Seigneur, vers mon Dieu je lançais mon cri, de son temple il entend ma voix, mon cri parvient à ses oreilles". Telle est l'affirmation du psalmiste, accusé injustement, qui sait que Dieu écoute, telle est aussi la demande de Jérémie, qui sait qu'il sera délivré de la main des méchants. 

 

Jésus lui, dans le texte proposé aujourd'hui, la fin du chapitre 10, qui est est le chapitre du bon pasteur, est une fois de plus est sur le point d'être lapidé, pour une affirmation très forte: Le Père et moi, nous sommes UN".

 

 Lui ne fait pas appel à Dieu pour être délivré, mais il essaye de faire comprendre à ceux qui veulent le tuer qu'il a le droit de dire ce qu'il dit (là c'est une discussion rabbinique sur le verset: j'ai dit vous êtes des Dieux, vous tous", mais surtout qu'ils sont aveuglés par leur savoir. Une fois de plus, il  essaye de les convaincre d'ouvrir les yeux et de reconnaître que Dieu est à l'œuvre en lui, que le Père est en Lui et Lui dans le Père. 

 

Jésus leur échappe, parce que son heure n'est pas venue. Il quitte Jérusalem et s'installe là où Jean baptisait et c'est de là qu'il partira pour signer son arrêt de mort en redonnant la vie à Lazare.

 

Que ces textes nous ouvrent les yeux pour que nous reconnaissions en Jésus le "bon pasteur", celui qui prend soin de nous, qui fait de nous des fils du Très Haut, pour que nous puissions quand l'angoisse est là, nous tourner vers Celui qui écoute notre appel et nous délivre des pièges de la mort. 

 

 

SAMEDI 27 MARS. Ez 37, 21-28, Ps: Jr 31, 10-13, Jn 11, 45-57

 

Les évangiles proposent des textes qui montrent tous que Jésus va être condamné et que c'est devenu imminent, ce qui est une manière d'entrer dans la semaine sainte. Le texte d'aujourd'hui, qui suit la résurrection de Lazare, montre bien que ce miracle, au lieu de provoquer la foi, provoque la peur des dirigeants et les décide à agir rapidement. Pour eux, il s'agit de sauver la nation d'une destruction, alors que la mort de Jésus, allait permettre de rassembler dans l'unité les enfants de Dieu dispersés. 

 

Et cela, c'est que qui avait été promis au prophète Ezéchiel (première lecture), mais là, il s'agissait de réunir les descendants d'Israël et Juda, dispersés à cause de l'exil, d'en faire un seul peuple: ils seront mon peuple et je serai leur Dieu. Celui qui a dispersé Israël (Jérémie) le garde comme un berger. Et qui va se réaliser mais beaucoup plus largement.

 

Nous allons entrer demain dans la semaine sainte. La mort de Jésus, lieu de la Présence de Dieu, va permettre le rassemblement dans l'Unité de tous les enfants de Dieu dispersés, et là, cela va bien au-delà de la réunification à Jérusalem, la ville Sainte de Juda et d'Israël. Qu'en ce jour nous puissions demander que tous les enfants de Dieu, regardent leurs frères avec amour. 

 

Pour ceux qui ne connaissent pas bien l'ancien testament, le chapitre 37 du livre d'Ezéchiel qui commence par la vision des os desséchés qui reprennent vie sous l'action de l'esprit et qui montre comment Dieu va redonner vie à son peuple, est un beau texte qui vaut la peine d'être connu. "Ils seront mon peuple et Je serai leur Dieu".

 

Bon retour au Père Félix. 

 

Bonne journée à tous et toutes.

 

 

45 En ce temps-là, quand Lazare fut sorti du tombeau, beaucoup de Juifs, qui étaient venus auprès de Marie et avaient donc vu ce que Jésus avait fait, crurent en lui. 

46 Mais quelques-uns allèrent trouver les pharisiens pour leur raconter ce qu’il avait fait. 

 

On a toujours cette division, les uns qui voient un signe et qui croient, et là, je pense que croire, c'est reconnaître que Dieu fait des actions extraordinaires par cet homme et que donc cet homme est plus que ce qu'il montre. Il y a un lien. Et les autres, qui ne comprennent pas, mais qui ont peur de lui. Et du coup, ils vont en référer aux autorités. (aller voir les flics…).

 

47 Les grands prêtres et les pharisiens réunirent donc le Conseil suprême ; ils disaient : « Qu’allons-nous faire ? Cet homme accomplit un grand nombre de signes. 

48 Si nous le laissons faire, tout le monde va croire en lui, et les Romains viendront détruire notre Lieu saint et notre nation. »

 

Là, ça va quand même vite: on réunit le conseil suprême. Il faut dire que ça fait un bout de temps que Jésus leur échauffe les oreilles. Et là, ce qu'il a fait, dépasse tout. Il va être reconnu comme le messie  et les romains vont tout casser. On va revivre les invasions et les destructions des perses et des grecs. Alors maintenant qu'on a un beau temple, pas question de perdre ça. 

 

 

49 Alors, l’un d’entre eux, Caïphe, qui était grand prêtre cette année-là, leur dit : « Vous n’y comprenez rien ; 

50 vous ne voyez pas quel est votre intérêt : il vaut mieux qu’un seul homme meure pour le peuple, et que l’ensemble de la nation ne périsse pas. » 

51 Ce qu’il disait là ne venait pas de lui-même ; mais, étant grand prêtre cette année-là, il prophétisa que Jésus allait mourir pour la nation ; 

52 et ce n’était pas seulement pour la nation, c’était afin de rassembler dans l’unité les enfants de Dieu dispersés.  

53 À partir de ce jour-là, ils décidèrent de le tuer. 

 

Là, on a ce que dit Caïphe. Mourir pour le peuple pour que la nation ne périsse pas. 

Là, ce que dit Jean: pas mourir pour que la nation ne périsse pas, mais pour rassembler dans l'unité les enfants de Dieu dispersés. Et c'est complètement inversé. 

 

La mort de Jésus, ne va pas provoquer la mort de la nation, mais au contraire, elle va rassembler en une seule nation tous les enfants de Dieu qui sont dispersés.

 

54 C’est pourquoi Jésus ne se déplaçait plus ouvertement parmi les Juifs ; il partit pour la région proche du désert, dans la ville d’Éphraïm où il séjourna avec ses disciples. 

 

On a encore un déplacement de Jésus. Il faudrait d'ailleurs faire un recensement des ces lieux. Mais là, on peut penser qu'il n'est pas très loin de Jérusalem.  

 

55 Or, la Pâque juive était proche, et beaucoup montèrent de la campagne à Jérusalem pour se purifier avant la Pâque.

 56 Ils cherchaient Jésus et, dans le Temple, ils se disaient entre eux : « Qu’en pensez-vous ? Il ne viendra sûrement pas à la fête ! » 

57 Les grands prêtres et les pharisiens avaient donné des ordres : quiconque saurait où il était devait le dénoncer, pour qu’on puisse l’arrêter.

 

 Si on prend la dernière phrase; Judas finalement ne fait que son devoir de bon citoyen; il sait où est Jésus, et il va donc dire où il se trouve.