samedi 30 novembre 2013

Prier pour moi c'est...

Prier :
« Que je fasse de ma vie quelque chose de simple et beau que tu puisses remplir de ta musique ».Cette phrase je la connais depuis des années et elle m’a toujours accompagnée, et elle est pour moi prière ou représentation de la prière.

Pour jouer soi même de la flute, il faut apprendre, il faut faire des exercices. Il y a des spiritualités qui en parlent beaucoup des exercices, je ne m’y reconnais pas, parce que le joueur de flute ce n’est pas moi, c’est le Seigneur (ou son souffle) et moi, j’ai juste à le laisser faire.

Que cela nécessite du temps, que cela nécessite non pas de faire des gros efforts mais de se donner des moyens, oui, mais l’artisan c’est Dieu. Et peu à peu lui qui pour moi est la source et le sourcier se laisse découvrir et me transforme.

Pour moi, prier, c’est être cette flute dans laquelle le souffle de Dieu peut passer. Cela veut dire ce que cela ne se fait jamais d’un coup, qu’il me faut du temps. Il me faut du temps pour que je sois là présente, pour que j’entende ce murmure qui est en moi au plus profond de moi, qui chante comme l’eau d’un ruisseau ou d’une source. Utiliser ma respiration, sentir l’air qui arrive en moi, qui me dit à sa manière la présence de l’Esprit.

Parfois (souvent) surtout au début de ce temps que j’ai la chance de pouvoir me donner, de pouvoir prendre, mon oreille n’entend rien. Mais c’est peut être parce qu’il faut le temps de nettoyer le tuyau pour le désencombrer, pour qu’il se laisse frotter dans son intérieur.  C’est parfois ce temps où les souvenirs (surtout ceux du passé, de l’enfance) sont là et où il faut les lâcher, les laisser partir, s’envoler comme s’ils ne vous appartenaient plus. C’est aussi le temps où l’Ecriture s’éclaire, où une compréhension  jaillit et procure de la joie à l’état pur.

Prier pour moi, c’est souvent penser mais en me laissant agir(mouvoir et émouvoir) par ce souffle qui vient d’ailleurs.

Prier, c’est laisser passer l’air en soi, faire de la place, faire du vide qui n’est pas du vide. 

Parfois il faut peut être que de nouveau trous (dans cette flute) se créent pour que de nouveaux sons puissent sortir : un autre regard, une autre écoute, une autre inventivité, mais pas la mienne, même si elle s’appuie souvent sur ce que je sais. Ce ne sont pas mes trous, mes notes, peu importe, ce qui compte c’est que ça sonne le plus juste possible. De toutes les manières moi je suis juste l’instrument. Parfois ce sera un mot qui s’imprime, juste un et il devient prière. Je veux dire que dans ce temps qui est le mien, à un moment donné, les choses se ralentissent, le tambour bat lentement, profondément et  tout se met à l’unisson .

Parfois c’est juste être là avec cette certitude que ce temps que je passe à prier, cela crée du Seigneur et cela crée du moi, parce que l’important c’est le temps donné. Prier c’est être avec, que je le sente ou ne le sente pas.
  
Prier c’est me décentrer, c’est essayer de ne pas être envahie par ce qui est trop présent, mais c’est aussi chercher parfois des solutions, pour que ce que je pourrais dire et faire dans la journée qui vient ne masque pas la Présence de celui qui est là en moi.

Prier c’est laisser faire en moi…



vendredi 1 novembre 2013

La croix comme un autel: Juges 6, 20-22

La croix comme un autel.

Je n’aime pas les images de victime, de sacrifice, d’autel, ni la formule « le sang de la croix », j’ai beaucoup de mal avec l’épître aux Hébreux, Jésus à la fois prêtre et victime , mais dans le livre des juges il y a un épisode que j’aime beaucoup et qui se passe avec Gédéon.

Gédéon vient de comprendre que celui qui s’adresse à lui en lui disant « salut à toi vaillant guerrier » alors qu’il est en train d’essayer de « planquer » le grain qui devrait revenir à l’occupant, n’est autre que l’Ange du Seigneur  c’est à dire que le Tout Puissant se montre à lui sous cette forme là. Gédéon demande un signe pour être bien sûr qu’il n’a pas la berlue. Ce ne sera que le premier de nombreux signes que Gédéon demandera et je trouve cela très rassurant : ne pas avoir peur de discuter le bout de gras avec le Seigneur, demander qu’il se manifeste de manière à ce que nous puissions être surs de bien comprendre ce qu’il veut Lui.

Et Gédéon prépare un sacrifice pour cet « Ange » qui attend bien patiemment que tout soit près : il s’agit quand même de tuer et préparer un chevreau et des pains sans levain en grande quantité : 30 kilos de farine, ce qui n’est pas rien. J’en arrive au passage qui est pour moi très important :Ju 6,20-22. : L’ange lui di : va poser la viande et les pains sur ce rocher et verse le jus par dessus. Gédéon obéit. Alors l’ange du Seigneur étendit la main et avec l’extrémité du bâton qu’il tenait il toucha la viande et les pains. Le feu jaillit du rocher et brûla la viande et les pains ».

Ce qui m’interpelle dans ce passage c’est le feu ne sort pas du bâton tenu par l’ange, ce n’est pas la foudre qui tomberait du ciel et qui viendrait consumer les offrandes, non c’est le rocher qui devient autel et qui devient source de feu et qui consumme entièrement l’offrande qui est holocauste, puisque tout est brûlé. Ce n'est pas le feu de Dieu ce n'est pas le Dieu courroucé  qui vient prendre la vie de l'homme qui est pendu là. Non c'est une espèce d'alchimie qui se fait, un contact en Dieu et son Fils, un regard peut-être mais ce n'est pas Dieu qui tue. 


 L’Ange disparaît, Gédéon comprend alors que l’homme qu’il a vu est bien le Seigneur, il a du coup la peur de sa vie et curieusement le Seigneur parle et rassure.

Je me dis que sur la croix, il y a l’homme Jésus, qui comme les offrandes de Gédéon est comme recouvert du jus (le sang). Mais ce n’est pas dieu qui le foudroie comme un dieu vengeur et destructeur, non c’est la croix qui devient comme un autel sur lequel la vie est donnée. Quand Jésus dit »tout est consommé » peut être peut-on entendre « tout est consumé ». 

De l’homme qui a aimé les siens jusqu’au bout et qui a donné sa vie pour que aucun ne soit perdu, de l’homme qui s’est fait obéissant, il ne va rien rester et la nature divine va pouvoir se révéler dans sa gloire.

Alors oui, il est possible de voir la croix comme un autel sur lequel comme le dit l’épître aux hébreux le sacrifice parfait a été réalisé, sacrifice qui fait de nous du sacré.