dimanche 31 mars 2019

SEMAINE DU 25 AU 31 MARS: ÉVANGILES.


LUNDI 25 MARS: ANNONCIATION. Lc 1,26-38

Ce qui m'a étonnée c'est le titre: "Annonciation du Seigneur". Du coup, Marie passe vraiment en arrière plan.

26 En ce temps-là, l’ange Gabriel fut envoyé par Dieu dans une ville de Galilée, appelée Nazareth
27 à une jeune fille vierge, accordée en mariage à un homme de la maison de David, appelé Joseph ; et le nom de la jeune fille était Marie.

Le tableau est dressé, ça peut commencer. On connaît les personnages et le lieu. On ne dit pas ce que Marie est en train de faire et chez qui elle habite…

 28 L’ange entra chez elleet dit : « Je te salue ,Comblée-de-grâce, le Seigneur est avec toi. » 
29 À cette vue, elle fut toute bouleversée, et elle se demandait ce que pouvait signifier cette salutation.

On peut imaginer la stupéfaction, même si c'est une perception, pas une réalité. Encore que Gédéon voit bien l'Ange du Seigneur et entend bien une salutation/ salut à toi, vaillant guerrier.. Le "comblée de grâce", sans que je puisse dire pourquoi, me fait comme du baume quand je le dis. Il y a cette abondance du don, il y a ce réceptacle humain plein à ras bord, et qui ne le sait pas. Il y a cette présence en elle. 

Le bouleversé, troublé dans la BJ; se trouve avec Zacharie et quand Jésus (Jn ) est troublé: l'un de vous me trahira. Il montre quelque chose d'important. 

30 L’ange lui dit alors : « Sois sans crainte, Marie, car tu as trouvé grâce auprès de Dieu.
 31 Voici que tu vas concevoir et enfanter un fils ; tu lui donneras le nom de Jésus.

Les trois temps de la conception/ concevoir/ enfanter/ nommer.

 32 Il sera grand, il sera appelé Fils du Très-Haut; le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David son père ; 
33 il régnera pour toujours sur la maison de Jacob, et son règne n’aura pas de fin. » 

Superbes promesses.. Fils du très haut (psaume), trône de David (lignée du messie), royauté sur Israël et pérennité de la domination. Ce n'est plus Dieu qui a le règne, mais celui qui doit venir. Comme une passation de pouvoirs. Comme si Dieu remettait quelque chose en héritage dans les mains de celui qui doit venir. Mais si héritage, il y a comme le dit je crois Paul, mort du testateur, donc annonce d'un Dieu qui ne sera plus le même. 

34 Marie dit à l’ange : « Comment cela va-t-il se faire puisque je ne connais pas d’homme ? » 35L’ange lui répondit: « L’Esprit Saint viendra sur toi, et la puissance du Très-Haut te prendra sous son ombre ; c’est pourquoi celui qui va naître sera saint, il sera appelé Fils de Dieu.

Question/ réponse? Pas de pourquoi, et c'est cela l'important. Un Comment.. Et une réponse pas évidente du tout. Mais il y a l'image de la nuée qui prend sous sont ombre. Il y a la promesse de l'esprit. Et la sainteté de celui qui viendra au monde et sa filiation.

36 Or voici que, dans sa vieillesse, Élisabeth,ta parente, a conçu, elle aussi, un fils et en est à son sixième mois, alors qu’on l’appelait la femme stérile.
37 Car rien n’est impossible à Dieu. » 

le signe non demandé, mais donné. Passer de la stérilité liée à la personne et renforcée par l'âge.. 

38 Marie dit alors : « Voici la servante du Seigneur ; que tout m’advienne selon ta parole.» Alors l’ange la quitta.

Servante ou esclave. Et là, cela renvoie eux femmes porteuses de la première alliance, quand la femme légitime ne peut avoir d'enfant. Marie accepte cette place là, et c'est magnifique.

MARDI 26 MARS: Mt18, 21- 35

Si on remet dans son contexte, il y a eu la question du frère qui a commis un péché contre toi.. Lui faire de vifs reproches à lui seul. S'il t'écoute tu as gagné un frère. Puis la possibilité de le regarder comme un publicain s'il ne change pas. La phrase: tout ce que vous aurez lié sur la terre… Quand deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis au milieu d'eux. Et le texte d'aujourd'hui.



21 En ce temps-là, Pierre s’approcha de Jésus pour lui demander« Seigneur, lorsque mon frère commettra des fautes contre moi, combien de fois dois-je lui pardonner? Jusqu’à sept fois ? »
 22 Jésus lui répondit : « Je ne te dis pas jusqu’à sept fois, mais jusqu’à soixante-dix fois sept fois. 

On imagine bien la scène, surtout que Pierre, est un peu le porte parole. Et il pose un cas de figure, puisque c'est au futur.. Mon frère commettra.. Il ensuite il s'agit de devoir, avec l'idée que si c'est plus que ça, qui est déjà beaucoup, c'est fini. A quoi Jésus rétorque par un nombre qui est celui de l'abondance. 490 fois, contre 7. On a la notion de nombre au carré; carré multiplié  par 10, puisque 10 renvoie à la plénitude. Sauf que l'humain n'en n'est pas capable ou peu capable et c'est bien ça le problème. Quelqu'un avait calculé que cela faisait sur 24h un pardon environ toutes les 4 ou 5 minutes.. 

23 Ainsi, le royaume des Cieuxest comparable à un roi qui voulut régler ses comptes avec ses serviteurs
24 Il commençait, quand on lui amena quelqu’un qui lui devait dix mille talents (c’est-à-dire soixante millions de pièces d’argent). 
25 Comme cet homme n’avait pas de quoi rembourser, le maître ordonna de le vendre, avec sa femme, ses enfants et tous ses biens, en remboursement de sa dette. 

26 Alors, tombant à ses pieds, le serviteur demeurait prosterné et disait : “Prends patience envers moi, et je te rembourserai tout.” 
27 Saisi de compassion, le maître de ce serviteur le laissa partir et lui remit sa dette. 

Ce qui est drôle, c'est que le Maître a un projet : régler ses comptes, il s'agit donc de gérance, comme c'est fréquent dans les paraboles. Mais quelque chose se passe, comme pour faire diversion et montrer aussi comment le Maître fonctionne. On ne sait pas qui est le "on", mais celui là, qui n'est pas un serviteur, mais un emprunteur, doit à ce moment là rembourser une dette incommensurable. On peut d'ailleurs se demander s'il ne figure pas l'humanité toute entière. Ce matin je pensais à une dette de jeu.. Le jeu comme une addiction, qui fait qu'on n'arrive pas à s'en sortir. Et cet homme, il joue le tout pour le tout. Il a entendu la sentence, il reste prosterné en attente d'une clémence qui risque de ne pas venir, d'autant que rembourser, c'est impossible. Et le maître ne le met pas en prison, il est libre, et sa dette est remise (mais pas oubliée). Enfin je ne sais pas trop.. Mais à ce moment là, il n'a plus à payer. A lui, de vivre pour ne plus faire de dettes. Non seulement il est libre, ce qui est déjà énorme, mais il ne doit plus rien. Il devrait être fou de joie. Aller raconter ça à sa femme. Mais non.. Peut-être que le démon du jeu est là, il lui faut à nouveau de l'argent. Il est dans la dépendance totale. Le lien n'a pas été coupé..  Il aurait bien pu se promettre de ne plus jouer..

28 Mais, en sortant,ce serviteur trouva un de ses compagnonsqui lui devait cent pièces d’argent. Il se jeta sur lui pour l’étrangler, en disant : “Rembourse ta dette!” 

Cela fait vraiment penser à ce qu'on voit dans les feuilletons où c'est par la force qu'on veut faire peur à l'autre pour qu'il comprenne qu'il doit rembourser, qu'il n'y a plus de délais. Etrangler.. Violence… 

29 Alors, tombant à ses pieds, son compagnon le suppliait : “Prends patience envers moi, et je te rembourserai.” 

C'est la même phrase, mais là elle n'est pas entendue. 

30 Mais l’autre refusa et le fit jeter en prison jusqu’à ce qu’il ait remboursé ce qu’il devait. 
31 Ses compagnons, voyant cela, furent profondément attristés et allèrent raconter à leur maître tout ce qui s’était passé. 

J'aime bien la réaction "attristé" et la notion de compagnons que je n'avais pu vu en premier. Moi, je crois que cela m'aurais mise très très en colère. Est ce que j'aurais cafté.. Je ne sais pas. Mais là, Jésus parle d'une justice humaine. Intéressant.

32 Alors celui-ci le fit appeler et lui dit : “Serviteur mauvais! je t’avais remis toute cette dette parce que tu m’avais supplié.
33 Ne devais-tu pas, à ton tour, avoir pitié de ton compagnon, comme moi-même j’avais eu pitié de toi ?” 

J'ai lu et j'avais aimé, que ce qui s'est passé, c'est que le donateur finalement ne compte pas pour l'homme. Il a eu ce qu'il voulait et ça ne crée aucun changement pour lui. Il a même été "plus fort" que le maître, il l'a eu. Et c'est cela le drame. Il ne fait pas l'expérience de la miséricorde. Alors attention au pardon pris comme un dû. Dieu n'est pas obligé. Maintenant, il y a ce que fait le Fils, pour la remise de la dette, mais là, je mélange tout.

34 Dans sa colère, son maître le livra aux bourreaux jusqu’à ce qu’il eût remboursé tout ce qu’il devait. 
35 C’est ainsi que mon Père du ciel vous traitera, si chacun de vous ne pardonne pas à son frère du fond du cœur. »

Là, il y a comme un recentrement sur le pardon envers le frère et pardon du fond du cœur. Et c'est quand même l'inverse du notre Père: parce que moi, je fais l'expérience du pardon et de l'amour, parce que cela change mon cœur, alors je peux pardonner à mon frère du fond de mon cœur, comme le fait Jésus.  Bon ça c'est le désir, mais la pratique c'est autre chose. Peut-être qu'il y a offense et offense, et quand je ne peux pas, alors c'est Lui qui pardonne , ce qui me libère moi.


MERCREDI 27 MARS: Mt 5, 17-19

17 En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Ne pensez pas que je sois venu abolir la Loi ou les Prophètes : je ne suis pas venu abolir, mais accomplir

C'est une phrase qu'on connaît bien. Mais le "ne pensez pas que" c'est aussi ne pensez pas à ma place. Je ne suis pas venu pour ça, mais pour revivifier et accomplir, lui redonner sa plénitude.

18 Amen, je vous le dis : Avant que le ciel et la terre disparaissent, pas un seul iota, pas un seul trait ne disparaîtra de la Loi jusqu’à ce que tout se réalise

C'est une jolie, phrase, bien balancée. Il y a deux fois disparaître.. La fin des temps,( mais avec la mort et résurrection est ce que ce n'est pas déjà arrivé). Mais qu'est ce qui doit se réaliser? Dans Matthieu la transfiguration n'a pas eu lieu et on est juste après ou même pendant le discours sur la montagne. Et pourtant on pense à cette nouvelle loi qui sera écrite sur et dans le cœur.. Mais quelque chose doit se réaliser…

19 Donc, celui qui rejettera un seul de ces plus petits commandements, et qui enseignera aux hommes à faire ainsi, sera déclaréle plus petit dans le royaume des Cieux. Mais celui qui les observera et les enseignera, celui-là sera déclaré grand dans le royaume des Cieux. 

 Logiquement, celui qui enseigne et observe, c'est le scribe ou le pharisien. Alors là, il y a une annonce de quelque chose. Aujourd'hui, il demeure le aimez vous les uns les autres comme je vous ai aimé, avec l'idée que cela résume toute la loi. N'empêche que souvent, ces petites lois humaines qui viennent de fait des lois de la bible, c'est bien facile de faire comme si elles n'existaient pas, qu'elle étaient dépassées, et pour moi, souvent elles le sont, mais le sont-elles vraiment?

JEUDI 28 MARS: Lc 11, 14-23 

14 En ce temps-là, Jésus expulsait un démon qui rendait un homme muet .Lorsque le démon fut sorti, le muet se mit à parler, et les foules furent dans l’admiration.

15 Mais certains d’entre eux dirent : « C’est par Béelzéboul, le chef des démons, qu’il expulse les démons. » 
16 D’autres, pour le mettre à l’épreuve, cherchaient à obtenir de lui un signe venant du ciel.

On a une guérison, mais qui est attribuée  à un exorcisme. Quelque chose qui serait tombé sur cet homme et qui lui aurait coupé la parole. Etre muet de stupeur. Et les foules admirent. Et aussitôt, le démon de remet à l'œuvre, il donne la parole à certains, qui disqualifient le geste. Et  d'autres, du coup, disent à Jésus, prouve le, donne nous un signe qui nous prouvera que tu es un homme de Dieu, comme l'était Moïse.

17Jésus, connaissant leurs pensées, leur dit : « Tout royaume divisé contre lui-même devient désert, ses maisons s’écroulent les unes sur les autres. 
18 Si Satan,lui aussi, est divisé contre lui-même, comment son royaume tiendra-t-il ? Vous dites en effet que c’est par Béelzéboul que j’expulse les démons. 
19 Mais si c’est par Béelzéboul que moi, je les expulse, vos disciples, par qui les expulsent-ils ? Dès lors, ils seront eux-mêmes vos juges
20 En revanche, si c’est par le doigt de Dieu que j’expulse les démons, c’est donc que le règne de Dieu est venu jusqu’à vous.

 Je pense qu'au delà des mots: c'est parce qu'il a fait alliance avec le mauvais que celui ci lui obéit, et qu'il prouve, il y a derrière une pensée de destruction. Ils veulent la peau de Jésus, ils ne veulent pas de lui. Et cela Jésus le sait. Il ne répond pas par du faire, mais par des mots. Il essaye de les faire réfléchir, mais c'est du bon sens. Si Satan est divisé, son royaume ne peut pas tenir. Et cela devrait les faire réfléchir, parce que c'est là où est la mauvaise pensée, la méprise. SI c'est par le doigt de Dieu, que Jésus a le pouvoir sur le mal, c'est que le règne de Dieu est là.

21 Quand l’homme fort, et bien armé, garde son palais, tout ce qui lui appartient est en sécurité.
22 Mais si un plus fort survient et triomphe de lui, il lui enlève son armement auquel il se fiait, et il distribue toutce dont il l’a dépouillé. 

Là, normalement, il y a comme une petite parabole; l'homme fort, c'est le mauvais. Il garde son palais. Et pour le dépouiller il faut quelqu'un de plus fort que lui, et c'est ce que fait Jésus. Mais la finale je ne la comprends pas. Si Jésus délie, il met le mal dehors et le renvoie. 

23 Celui qui n’est pas avec moi est contre moi ; celui qui ne rassemble pas avec moi disperse. »

Je pense que cela s'adresse bien aux uns et autres. On ne peut pas faire de faux semblant. Ou on est avec Jésus ou on est contre lui. Lui, rassemble, remet ensemble ce qui a été dispersé par le mal, parce que ça c'est le travail du mauvais. Rassembler/ disperser. Cela me semble très important. Unir/ desunir. Lier/délier. Et cela, nous ne pouvons le faire qu'avec Lui. 


VENDREDI 29 MARS. MC 12, 28-34

Jésus est entré à Jérusalem, donc les choses se précisent. Et dans ce chapitre on est dans les les polémiques. Il s'agit en théorie de trouver quelque chose pour le lapider.. Jésus commence par annoncer ce qui va lui arriver (vignerons homicides) puis tout le monde s'y met, les pharisiens, les sadducéens et là, on a l'impression que ce scribe débarque, entend ce qui se passe avec les sadducéens et la réponse de Jésus, qu'il la trouve intéressante et que du coup, il pose une question qui doit certainement le travailler lui, mais qui n'est pas là pour mettre Jésus en difficultés. 

28b En ce temps-là, un scribe s’avança pour demander à Jésus : « Quel est le premier de tous les commandements? » 
29 Jésus lui fit cette réponse : « Voici le premier: ‘Écoute, Israël: le Seigneur notre Dieu est l’unique Seigneur.
30 Tu aimerasle Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âmede tout ton esprit et de toute ta force.’ 
31 Et voici le second: ‘Tu aimeras ton prochain comme toi-même.’ Il n’y a pas de commandement plus grand que ceux-là. »

 Le scribe qui connaît certainement les 613 commandements (enfin je pense qu'il faut distinguer les 10 paroles qui sont les commandements, du reste qui permettent la vie en société et dont certains sont des rajouts écrits à l'époque de la reconstruction du temple, pour redonner une identité à ceux qui sont revenus de l'exil. Faire du même.. Et peut-être que dans désir de bien faire il se sent un peu perdu, d'autant qu'il doit conseiller les autres. 

Il y a d'abord la référence à l'écoute, puis le premier commandement, avec le choix: il est l'unique Seigneur, donc pas d'autres dieux chez toi. Puis le comment aimer, comment se tourner vers le Seigneur. Et peut-être remettre ces mots dans la signification hébraïque. Le cœur étant la partie rationnelle, et pas affective. L'âme, c'est cette partie intérieure qui souvent sent le manque, et l'esprit, pour moi, c'est cette partie qui veut s'unir à Dieu, qui est ce qui petit à petit doit se former, pour être en adéquation. Et le toute ta force, c'est consacrer sa vie à ça. 

Puis la référence à l'autre. Aimer "comme" soi-même. 

Le vertical et l'horizontal.

 32 Le scribe reprit : « Fort bien, Maître, tu as dit vrai: Dieu est l’Unique et il n’y en a pas d’autre que lui.
 33 L’aimerde tout son cœur, de toute son intelligence, de toute sa force, et aimerson prochain comme soi-même, vaut mieux que toute offrande d’holocaustes et de sacrifices. » 

Leçon bien entendue.. Et même intégrée. Car il en rajoute pour le prochain. 
34 Jésus, voyant qu’il avait fait une remarque judicieuse, lui dit : « Tu n’es pas loin du royaume de Dieu. » Et personne n’osait plus l’interroger.

Je me demande ce que le scribe entend. Peut-être qu'il reconnaît en jésus un Maître, mais pas le messie. Mais en utilisant la tora, en reprenant d'ailleurs des phrases de Jésus sur les sacrifices qui ne servent à rien si le cœur n'est pas changé; il pourra certainement reconnaître. 

La péricope te termine par "plus personne l'osait l'interroger", et la suite c'est Jésus qui questionne les scribes sur qui il est lui.. Le seigneur à dit à mon Seigneur…

SAMEDI 30 MARS: Lc 18, 9-14

Dans ce chapitre 18, Jésus est en route vers Jérusalem. Il s'adresse d'abord aux disciples: le juge inique qui se termine quand même par: le fils de l'homme quand il reviendra, trouvera-t-il la foi sur la terre. Puis vient cette parabole qui s'adresse à ceux qui s'estiment "justes", donc a priori les pharisiens, mais pas que.

En ce temps-là, à l’adresse de certains qui étaient convaincusd’être justeset qui méprisaient les autres, Jésus dit la parabole que voici :

Le problème, ce n'est pas d'être convaincu d'être juste, (le faire) mais s'enorgueillir, et du coup regarder les autres, dont on ne sait rien, sauf ce qu'on voit d'eux, avec mépris. Du coup je me demande si les publicains portaient une sorte d'uniforme pour qu'on puisse les repérer au premier regard.

 10 « Deux hommes montèrent au Temple pour prier. L’un était pharisien, et l’autre, publicain(c’est-à-dire un collecteur d’impôts). 

Il y a la notion de monter, que l'on peut-être prendre au sens figuré. La chambre haute d'abord, où on se retire pour prier, mais aussi essayer spirituellement de monter, d'élever vers le Seigneur. 

11 Le pharisien se tenait debout et priait en lui-même : ‘Mon Dieu, je te rends grâce parce que je ne suis pas comme les autres hommes – ils sont voleurs, injustes, adultères –, ou encore comme ce publicain. 
12 Je jeûne deux fois par semaine et je verse le dixième de tout ce que je gagne.’

Il y a l'attitude; debout. Mais contrairement au publicain, il prie en lui-même.. Il y a quand même de la louange, mais elle dérape. Ce n'est pas je te loue pour tout ce que tu m'as donné, pour que je puisse, non c'est je te loue parce que grâce à toi je suis bien meilleur que les autres. Et là, il y a un jugement de valeur sur l'humanité qui est voleuse, injuste, adultère, et sur cet homme qui est loin de lui. Comme le dira jésus à la fin de cette histoire, il est sur son petit nuage, il y est bien, il regarde tout avec mépris, il se met en valeur et c'est la finale de ce qui est rapporte: je jeune plus que les autres, et je verse la dîme.

13 Le publicain, lui, se tenait à distance et n’osait même pas lever les yeux vers le ciel; mais il se frappait la poitrine, en disant: ‘Mon Dieu, montre-toi favorable au pécheur que je suis'

 A distance? De quoi? On peut imaginer un tout petit coin, derrière un pilier. Il est en posture totale d'humilité
Pas lever les yeux vers le ciel.  Si le ciel est le lieu de la Demeure (et pas le temple), c'est une attitude splendide. Tu es là, tu es resplendissant de majesté, et moi petit humain pécheur, je n'ose pas te regarder, je n'ose pas croiser ton regard. 
Se frapper la poitrine.Peut-être que c'est un geste d'agression envers soi-même, se frapper pour montrer qu'on se sait devoir recevoir une punition.  
Et une demande  qui est exprimée à haute voix et que les autres peuvent entendre, demande qui pour moi est très proche de la prière de Jésus: Mon Dieu, montre-toi favorable au pécheur que je suis// Seigneur Jésus, prends pitié de moi pécheur. Se montrer favorable c'est vouloir du bien à l'autre. Et c'est une demande: je sais que je ne vaux pas grand chose, (ou rien) , mais montre toi favorable, ne me méprise pas, regarde-moi tel que je suis, mais regarde-moi avec amour.

 14 Je vous le déclare : quand ce dernieredescendit dans sa maison, c’est lui qui était devenu un homme juste, plutôt que l’autre. Qui s’élève sera abaissé; qui s’abaisse sera élevé. »

 On avait au début deux hommes qui montent au temple et là ils redescendent dans leur maison. Il y a eu un moment d'élévation vers Dieu, un peu une sortie de soi-même (mais sortie pas réussie pour le pharisien qui s'élève lui-même). Mais ce que Jésus dit, c'est qu'il se passe quelque chose dans ce mouvement. Dieu est présent et écoute (ce qui renvoie un peu à la parabole précédente qui parlait de la prière). Et il répond ou ne répond pas. Dieu est favorable à celui qui se reconnaît tel qu'il est. Quant à celui qui a sa propre gloire, à quoi bon, sauf qu'il s'imagine être devenu plus juste et qu'il ne l'est pas. Finalement il y en a qui se regarde le nombril en ayant l'impression de parler à Dieu et un autre, qui se sait pécheur, qui sait que dans la théologie de la première alliance, son Dieu peut le punir, il demande que malgré tout, Dieu lui soit favorable, qu'il lui donne de bonnes choses et au fond de lui, il est convaincu que c'est possible. Peut-être que ce qui rend juste, c'est de regarder Dieu comme celui qui se penche sur l'humain, et qui le mène vers lui, petit à petit.

DIMANCHE 31 MARS: Lc 15, 1-3, 11-32

Au delà des trois premiers versets, Luc a rassemblé 3 paraboles, mais là, on n'a que la dernière. 

01 Les publicains et les pécheurs venaient tous à Jésus pour l’écouter.
02 Les pharisiens et les scribes récriminaient contre lui : « Cet homme fait bon accueil aux pécheurs, et il mange avec eux ! »
03 Alors Jésus leur dit cette parabole :

il mange avec eux… ne fallait-il pas festoyer et se réjouir parce que.. La conclusion répond à la récrimination des pharisiens et des scribes. Ce qui est amusant c'est les deux: scribes et pharisiens, pécheurs et publicains, deux frères (deux fils). 

11 Jésus dit encore : « Un homme avait deux fils.
12 Le plus jeune dit à son père : “Père, donne-moi la part de fortune qui me revient.” Et le père leur partagea ses biens.

Il y a une demande, qui fait que d'une certaine manière le père est mort (héritage). Mais aucune contestation du père. Il accepte cet état de fait.

13 Peu de jours après, le plus jeune rassembla tout ce qu’il avait,et partit pour un pays lointain où il dilapida sa fortune en menant une vie de désordre.

On peut supposer qu'avant de partir il transforme en argent les biens (troupeaux et terres) et que de ce fait, le père est comme amputé de sa richesse, mais ça ne lui fait rien, dans cette histoire. Il se soumet au désir de son fils. Puis celui-ci part loin et vit en mangeant la vie par les deux bouts.

14 Il avait tout dépensé, quand une grande faminesurvint dans ce pays, et il commença à se trouver dans le besoin.
15 Il alla s’engager auprès d’un habitantde ce pays, qui l’envoya dans ses champs garder les porcs.
16 Il aurait bien voulu se remplir le ventre avec les gousses que mangeaient les porcs, mais personne ne lui donnait rien.

Bien heureuse famine, qui du coup crée le besoin puis le manque. Car là il y a les deux; il y a la perte, plus d'argent donc peut pas acheter à manger et il ne s'est pas fait d'amis. Puis le manque: personne ne lui donnait rien. Solitude, compagnie des porcs, faim. 

17 Alors il rentra en lui-même et se dit : “Combien d’ouvriers de mon père ont du pain en abondance, et moi, ici, je meurs de faim !

Que mange t il cet homme dans un pays où on élève des porcs? Quelle est sa faim? Le bon pain que l'on mange dans la maison de son père…

18 Je me lèverai, j’irai vers mon père, et je lui dirai : Père, j’ai péché contre le ciel et envers toi.
19 Je ne suis plus digne d’être appelé ton fils. Traite-moi comme l’un de tes ouvriers.”

Voilà la phrase qu'il veut dire. Pourquoi n'est-il plus digne? Qu'a-t-il fait de si déshonorant? Est ce le fait d'être parti ou le fait d'avoir mal agi dans une terre étrangère? Il demande le statut d'ouvrier, donc l'idée de travailler… Ne plus être le fils qui profite des biens de son père.

20 Il se leva et s’en alla vers son père. Comme il était encore loin, son père l’aperçut et fut saisi de compassion il courut se jeter à son couet le couvrit de baisers.
21 Lefils lui dit : “Père, j’ai péché contre le ciel et envers toi. Je ne suis plus digne d’être appelé ton fils.”

On peut imaginer la tête du fils, accueilli par une telle démonstration d'affection. Mais il dit quand même la phase prévue. Phrase que le Père n'entend pas..

22 Mais le père dit à ses serviteurs : “Vite, apportez le plus beau vêtement pour l’habiller, mettez-lui une bague au doigt et dessangles aux pieds,
23 allez chercher le veau gras, tuez-le, mangeons et festoyons,
24 car mon fils que voilà était mort, et il est revenu à la vie il était perdu, et il est retrouvé.” Et ils commencèrent à festoyer.

Là, on est dans le faire: les vêtements, la bague, les sandales. Restauration du fils avant la restauration avec le "festoyer". Et festoyer renvoie à la joie. Il y a ces deux temps: imparfait: il était mort, il était perdu et le présent: il est revenu à la vie, il est retrouvé. C'est quasiment une nouvelle naissance.

25 Orle fils aîné était aux champs. Quand il revint et fut près de la maison, il entendit la musique et les danses.
26 Appelant un des serviteurs, il s’informa de ce qui se passait.
27 Celui-ci répondit : “Ton frère est arrivé, et ton père a tué le veau gras, parce qu’il a retrouvé ton frère en bonne santé.”

Intéressant, ce n'est pas la santé, mais bien le retour du fils. Il vaut mieux aller poser la question directement. Mais c'est cela que le serviteur à compris. le "était au champs" pour moi sonne un peu comme la rencontre de Caïn et Abel.. Et c'est bien à de la jalousie et surement à un désir de mort que l'histoire nous confronte à minima.


28 Alors le fils aîné se mit en colère, et il refusait d’entrer. Son père sortit le supplier.

Quel Père étonnant, qui sort pour supplier… 

29 Mais il répliquaà son père : “Il y a tant d’années que je suis à ton service sans avoir jamais transgressétes ordres, et jamais tu ne m’as donné un chevreau pour festoyer avec mes amis.
30 Mais, quand ton fils que voilà est revenu après avoir dévoré ton bien avec des prostituées, tu as fait tuerpour lui le veau gras !”

Là, on voit bien que Jésus pense aux pharisiens, qui avec leurs jeûnes n'ont pas compris grand chose. L'aîné fait fructifier le bien du père, alors que le cadet a dévoré le même bien. Injustice alors, non reconnaissance.

31 Le père répondit : “Toi, mon enfant, tu es toujours avec moi,et tout ce qui est à moi est à toi.
32 Il fallait festoyer et se réjouir ; car ton frère que voilà était mort, et il est revenuà la vie ; il était perdu,et il est retrouvé !” »

La phrase est magnifique, est ce que les auditeurs de Jésus la comprennent.

Mais je me dis que c'est aussi ce qui se passe au niveau du Père qui est fantastique. Dans un premier temps, il ne réagit pas, il accepter, il est passif. Et il n' s'occupe pas beaucoup de l'ainé qui est dans les rails. Il est un peu mort ce père qui donne l'héritage de son vivant.. Puis il y a le deuil lié à l'absence, qui fait du travail en lui et qui lui permet de voir son second autrement. Il permet une renaissance, il redonne à se fils sa place. Puis il voudrait aussi que cela soit pareil pour son aîné. Il lui donne aussi sa place, il met des mots, jamais mis. 

Je crois que cette parabole, je l'appelerai la naissance du Père, et c'est ce qui se fait quant Jésus vient. Le regard du père sur l'humanité doit changer. L'humain n'est plus à distance, il est dans son fils, son fils qui vit notre vie, son fils qui meurt. J'aime la mutualité. Dans la parabole, il y a du fils qui fait du père et du père qui fait du fils.

dimanche 24 mars 2019

SEMAINE DU 18 AU 23 MARS: ÉVANGILES



LUNDI 18 MARS. Lc 6, 36-38

36 En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Soyez miséricordieux comme votre Père est miséricordieux.
37 Ne jugez pas, et vous ne serez pas jugés. 
Ne condamnez pas, et vous ne serez pas condamnés. 
Pardonnez, et vous serez pardonnés. 

Être miséricordieux, c'est la thématique de Luc, donc c'est ce qui est demandé en premier, mais il y a tout le temps le lien avec Le Père. C'est actif. Puis des verbes avec du ne pas.. Ne pas juger, ne pas condamner, sauf que ça explicite la notion de miséricorde. 
Pardonnez et .. On est sorti du comme du "notre père". J'aime la ressemblance qui nous est demandée. Faire l'expérience de la miséricorde, voir ce texte merveilleux de Julienne de Norwitch. Et apprendre du plus profond de soi, ce désir d'être à son image et à sa ressemblance.

À mes yeux, la miséricorde [de Dieu], c'est l'amour qui œuvre avec douceur et plénitude de grâce, dans une compassion surabondante. Elle est à l'œuvre pour nous garder ; elle est à l'œuvre pour que toutes choses tournent pour notre bien. Elle permet, par amour, que nous défaillions, dans une certaine mesure. Autant nous défaillons, autant de fois nous tombons ; autant nous tombons, autant nous mourons... Cependant, l'œil doux de la pitié et de l'amour ne se détache jamais de nous ; l'œuvre de la miséricorde ne cesse pas. J'ai vu quel est le propre de la miséricorde et j'ai vu quel est le propre de la grâce : ce sont deux aspects de l'œuvre d'un seul amour. La miséricorde est un attribut de compassion, provenant de la tendresse maternelle ; la grâce est un attribut de gloire, provenant de la puissance royale du Seigneur dans le même amour. La miséricorde œuvre pour garder, supporter, vivifier, et guérir : en tout cela elle est tendresse d'amour. La grâce fait œuvre pour élever et récompenser, infiniment au-delà de ce que méritent notre désir et notre labeur ; elle répand et manifeste la largesse que Dieu, notre souverain Seigneur, nous prodigue en sa merveilleuse courtoisie. Tout cela vient de l'abondance de son amour. Car la grâce change notre défaillance terrible en une consolation abondante et sans fin, la grâce change notre chute honteuse en un relèvement sublime et glorieux, la grâce change notre triste mourir en une vie sainte et bienheureuse. Je l'ai vu en vérité : chaque fois que notre perversité nous conduit ici-bas à la douleur, la honte et l'affliction, au ciel la grâce, au contraire, nous conduit au réconfort, la gloire et la félicité. Et avec une telle surabondance qu'en arrivant là-haut pour y recevoir la récompense que la grâce y a préparée pour nous, nous remercierons et bénirons notre Seigneur, nous réjouissant sans fin d'avoir souffert de telles adversités. Et cet amour bienheureux sera de telle nature que nous connaîtrons en Dieu des choses que nous n'aurions jamais pu connaître sans être passés par ces épreuves.


Je pense "être miséricordieux" et "pardonner" se répondent. 
Quelque part, l'initiative est du côté du disciple ou de celui qui veut le devenir; et c'est un beau programme.

38 Donnez, et l’on vous donnera:
 C’est une mesure bien pleine, tassée, secouée, débordante, qui sera versée dans le pan de votre vêtement ;
 car la mesure dont vous vous servez pour les autres servira de mesure aussi pour vous. »

J'aime bien l'image du tablier, ce tablier d'autre fois, et avec la référence à moi: c'est de la manière dont je fais, mon aulne que cela sera repris dans l'autre monde. Alors élargir au maximum. 

Je vois quelqu'un qui prend un boisseau, qui le met dans un sac rempli d'orge (par exemple) et qui le verse dans le tablier; Et qui le fait, encore et encore, jusqu'à ce que le tablier soit rempli. C'est l'abondance et j'aime.

MARDI 19 MARS. ST JOSEPH. Mt1, 16, 18-2

16 Jacob engendra Joseph, l’époux de Marie, de laquelle fut engendré Jésus, que l’on appelle Christ.
17 Le nombre total des générations est donc : depuis Abraham jusqu’à David, quatorze générations ; depuis David jusqu’à l’exil à Babylone, quatorze générations ; depuis l’exil à Babylone jusqu’au Christ, quatorze générations.


 Fin de généalogie de Matthieu importance de Jésus d'être inséré dans une lignée; Si on se réfère au premier testament, on a Jacob qui engendre Joseph (son préféré) qui engendre Ephraïm et Manassé… Or souvent Ephraïm est assimilé à la terre promise. Jésus comme la terre nouvelle.

18 Or, voici comment fut engendré Jésus Christ : Marie, sa mère, avait été accordée en mariage à Joseph ; avant qu’ils aient habité ensemble, elle fut enceinte par l’action de l’Esprit Saint.
19 Joseph, son époux, qui était un homme juste, et ne voulait pas la dénoncer publiquement, décida de la renvoyer en secret.

 Et là, on rentre dans une histoire. Voilà comment ça s'est passé pour Jésus. On a la centration sur l'homme, dont on a déjà parlé, Joseph et une femme, d'emblée la mère, qui est "accordée" donnée en mariage. Et la voila enceinte, et donc Joseph obligé de la renvoyer. Mais il ne lui veut pas de mal.

20 Comme il avait formé ce projet, voici que l’ange du Seigneur lui apparut en songe et lui dit : « Joseph, fils de David, ne crains pas de prendre chez toi Marie, ton épouse, puisque l’enfant qui est engendré en elle vient de l’Esprit Saint ;
21 elle enfantera un fils, et tu lui donneras le nom de Jésus (c’est-à-dire : Le-Seigneur-sauve), car c’est lui qui sauvera son peuple de ses péchés. »

 Au mot secret, répond peut-être la notion de songe, (au secret de la nuit). Et l'ange su Seigneur, qui n'a pas de nom ici. Il y a le "ne crains pas" qui ressemble à celui adressé à Marie par l'ange Gabriel. Et le nom: Jésus.

24a Quand Joseph se réveilla, il fit ce que l’ange du Seigneur lui avait prescrit.

Magnifique.

MERCREDI 21 MARS: Mt17, 17-28

17 En ce temps-là, Jésus, montant à Jérusalem, prit à part les Douze disciples et, en chemin, il leur dit
18 « Voici que nous montons à Jérusalem. Le Fils de l’homme sera livré aux grands prêtreset aux scribes, ils le condamneront à mort 
19 et le livreront aux nations païennes pour qu’elles se moquent de lui, le flagellent et le crucifient ; le troisième jour, il ressuscitera. » 

Important le "se moquer" de. On trouve dans les psaumes. On se moque du juste. Troisième annonce de la passion, mais là, les dés sont jetés puisqu'ils sont sur le chemin qui  mène à Jérusalem. Quand les nations se moquent de Jérusalem c'est que Jérusalem est détruite qu'elle n'a pas su résister; qu'elle est vaincue. C'est à la fois le dedans (les prêtres) et le dehors qui ont volé l'honneur de Jésus. Mais cet honneur et sa gloire lui seront rendues. Et ça, on dirait que madame Zébédée l'a entendue. Peut-être qu'elle a comme on le dit ailleurs une foi solide.

20 Alors la mère des fils de Zébédée s’approcha de Jésus avec ses fils Jacques et Jean, et elle se prosterna pour lui faire une demande
21 Jésus lui dit : « Que veux-tu ? » Elle répondit : « Ordonne que mes deux fils que voici siègent, l’un à ta droite et l’autre à ta gauche, dans ton Royaume. »

Elle lui reconnaît un sacré pouvoir/ ordonne. Et c'est intéressant. Elle le voit comme le roi de gloire, mais…

 22 Jésus répondit : « Vous ne savez pas ce que vous demandezPouvez-vous boire la coupe que jevais boire? » Ils lui disent : «Nous le pouvons. » 
23 Il leur dit : « Ma coupe, vous la boirez ; quant à siéger à ma droite et à ma gauche, ce n’est pas à moi de l’accorder ; il y a ceux pour qui cela est préparé par mon Père. » 

Jésus semble penser que la maman est en fait l'envoyée des fils qui n'osent pas demander cela, eux qui sont les fils du Tonnerre.. Et il y a le questionnement sur le pouvoir faire comme le fils et cela nous concerne tous, encore aujourd'hui. 

24Les dix autres, qui avaient entendu, s’indignèrent contre les deux frères. 

Là, en fait fin de l'histoire, mais Jésus quelque part fait une synthèse. 

25 Jésus les appela et dit : « Vousle savez : les chefs des nations les commandent en maîtres, et les grands font sentir leur pouvoir. 
26 Parmi vous, il ne devra pas en être ainsi : celui qui veut devenir grand parmi vous sera votre serviteur;
 27 et celui qui veut être parmi vous le premier sera votre esclave.

28 Ainsi, le Fils de l’hommen’est pas venu pour être servi, mais pour servir, et donner sa vie en rançon pour la multitude. »

Il y a ce qui est demandé à ceux qui vont demeurer sur la terre, et l'exemple donné par Jésus, avec une phrase tirée du Serviteur souffrant. Avec peut-être l'analogie: fils de l'homme/serviteur. 




JEUDI 21 MARS: LC 16, 19-31 LAZARE

19 En ce temps-là, Jésus disait aux pharisiens: « Il y avait un homme riche, vêtu de pourpre et de lin fin, qui faisait chaque jour des festins somptueux. 
20 Devant son portail gisait un pauvre nommé Lazare, qui était couvert d’ulcères. 
21 Il aurait bien voulu se rassasier de ce qui tombait de la table du riche ; mais les chiens, eux, venaient lécher ses ulcères. 

Jésus s'adresse aux pharisiens et ça il ne faut pas l'oublier, car la pointe de la parabole elle est pour eux. 

Lazare veut dire: Dieu m'a aidé. Or la, la vie du pauvre ne va pas dans ce sens. Se rassasier de ce qui tombe, cela évoque la syro-phénicienne: les miettes pour les petits chiens. Et ce sont les chiens qui lèchent, donc les chiens, ce sont peut-être les païens méprisés pas les pharisiens, mais qui ont un cœur. Ce qui veut dire que certains s'occupaient de ce pauvre.

 22 Or le pauvre mourut, et les anges l’emportèrent auprès d’Abraham. Le riche mourut aussi, et on l’enterra.

Le pauvre va directement au ciel, du moins à la cour du Très Haut. D'emblé le riche est dans la terre, et de la terre il va en enfer. Un qui monte, un qui descend. 

23 Au séjour des morts, il était en proie à la torture ; levant les yeux, il vit Abraham de loin et Lazare tout près de lui

24 Alors il cria : “Père Abraham, prends pitié de moi et envoie Lazare tremper le bout de son doigt dans l’eau pour me rafraîchir la langue, car je souffre terriblement dans cette fournaise. 

Donc le pauvre qui était près de chez lui, il le voyait et connaissait même son nom.. Intéressant. Et il le considère un peu comme un serviteur. Abraham doit envoyer Lazare au service du riche.. Il a encore beaucoup de choses à apprendre. Aucune culpabilité.


25 – Mon enfant, répondit Abraham, rappelle-toi : tu as reçu le bonheur pendant ta vie, et Lazare, le malheur pendant la sienne. Maintenant, lui, il trouve ici la consolation, et toi, la souffrance
26 Et en plus de tout cela, un grand abîme a été établi entre vous et nous, pour que ceux qui voudraient passer vers vous ne le puissent pas, et que, de là-bas non plus, on ne traverse pas vers nous.” 
 Ceux qui sont du bon côté ne peuvent pas aller vers ceux qui sont du mauvais côté..

27 Le riche répliqua : “Eh bien ! père, je te prie d’envoyer Lazare dans la maison de mon père. 
28 En effet, j’ai cinq frères: qu’il leur porte son témoignage, de peur qu’eux aussi ne viennent dans ce lieu de torture !” 
29 Abraham lui dit : “Ils ont Moïse et les Prophètes : qu’ils les écoutent

30– Non, père Abraham, dit-il, mais si quelqu’un de chez les morts vient les trouver, ils se convertiront.” 
31 Abraham répondit : “S’ils n’écoutent pas Moïse ni les Prophètesquelqu’un pourra bien ressusciter d’entre les morts : ils ne seront pas convaincus.” »

On a la requête du riche, qui quelque part à peur pour ses frères. Et à nouveau, Lazare est utilisé, mais c'est refusé par Abraham, qui pointe la nécessite d'écouter, ECOUTER, Moïse et les prophètes. Ce qui me frappe c'est le futur. Quelqu'un pourra (et non pourrait) bien ressusciter d'entre les morts, ils ne seront pas convaincus. Et c'est ce qui se passe après la résurrection. Ils ne sont pas convaincus..

VENDREDI 22 MARS: Mt 21,33-45


Quels sont les fruits. Certainement au niveau de l'amour. Aimer Dieu, aimer le prochain. Garder les fruits, qu'est ce que ça veut dire? C'est avoir un pouvoir sur le peuple, se faire nourrir par lui, se faire aduler, respecter, se mettre à la place du très haut? C'est prendre pour soi ce qui devrait être donné à Dieu, donc les détourner de l'enseignement de la Tora. Si on fait le lien avec la première lecture, il y a la question de la jalousie et de la haine et de la mise à mort. Joseph est le préféré.. 

33 En ce temps-là, Jésus disait aux grands prêtres et aux anciens du peuple« Écoutez cette parabole : Un homme était propriétaire d’un domaine ; il planta une vigne, l’entoura d’une clôture, y creusa un pressoir et bâtit une tour de garde. Puis il loua cette vigne à des vignerons, et partit en voyage

Je me permets de rire, mais ce propriétaire qui part en voyage, depuis le temps, il devrait bien savoir que faire confiance ce n'est pas possible. Et pourtant, il recommence encore et encore. Et là encore il va être déçu au delà de tout ce qu'on peut imaginer. Jésus cite presque intégralement des versets d'Isaïe, donc ça devait vraiment parler à ses auditeurs.

34 Quand arriva le temps des fruits, il envoya ses serviteurs auprès des vignerons pour se faire remettre le produit de sa vigne. 
35 Mais les vignerons se saisirent des serviteurs, frappèrent l’un, tuèrent l’autre, lapidèrent le troisième. 

Manifestement il a envoyé trois serviteurs qui ont des sorts différents: frapper, tuer, lapider. Maintenant quels sont les fruits que les vignerons auraient du récolter parce que c'est récolté, mais c'est gardé pour eux. 

36 De nouveau, le propriétaire envoya d’autres serviteurs plus nombreux que les premiers ; mais on les traita de la même façon. 

37 Finalement, il leur envoya son fils, en se disant : “Ils respecteront mon fils.”
 38 Mais, voyant le fils, les vignerons se dirent entre eux : “Voici l’héritier: venez ! tuons-le, nous aurons son héritage!” 
39 Ils se saisirent de lui, le jetèrent hors de la vigne et le tuèrent.

Finalement ce n'est pas si simple cette parabole. Hors de la vigne, est ce que cela annonce la mort en dehors de la ville? Ce qui est sûr, c'est que le fils est reconnu, mais qu'on ne veut pas de lui. 


40 Eh bien ! quand le maître de la vigne viendra, que fera-t-il à ces vignerons ? »
 41On lui répond : « Ces misérables, il les fera périr misérablement. Il louera la vigne à d’autres vignerons, qui lui en remettront le produit en temps voulu. » 

Cela fait un peu penser au prophète Nathan qui raconte une parabole à David pour que celui-ci comprenne ce qu'il a fait. La réponse donnée aurait dû permettre aux anciens de se mettre en question, d'ouvrir les yeux. Mais ça n'a pas marché. 

42 Jésus leur dit : « N’avez-vous jamais lu dans les Écritures : ‘La pierre qu’ont rejetée les bâtisseurs est devenue la pierre d’angle : c’est là l’œuvre du Seigneur, la merveille devant nos yeux !’ 
43 Aussi, je vous le dis : Le royaume de Dieu vous sera enlevé pour être donné à une nation qui lui fera produire ses fruits. » 

Là, c'est Jésus, qui donne lui-même le sens. Et le résultat c'est la colère et le désir de meurtre pas un beau produit de la vigne.

45 En entendant les paraboles de Jésus, les grands prêtres et les pharisiens avaient bien compris qu’il parlait d’eux. 
46 Tout en cherchant à l’arrêter, ils eurent peur des foules, parce qu’elles le tenaient pour un prophète.

Curieux "les paraboles de Jésus" car là il y en a une.. Mais les foules le reconnaissent pour un prophète , ce qu'ils refusent. 


SAMEDI 23 MARS: Lc 15, 1-3, 11-33  Les deux fils.

On est toujours dans ces paraboles qui ne concernent que ceux qui critiquent Jésus en permanence. Et là, il y a simplement écouter, comme si les pécheurs et les publicains n'avaient même pas le droit d'entendre. Et cela évoque un peu l'évangile de Jean, la guérison de l'aveugle-né/ nous savons nous que cet homme un pécheur.. Et manger avec eux, il semble que ce soit le comble du comble. Et Jésus leur propose un autre regard sur leur Dieu. Pour moi, un Dieu de tendresse, c'est un Dieu qui se laisse atteindre, qui se laisse déchirer; une roche tendre, c'est une roche que l'on peut rayer facilement, mais qui ne se casse pas pour autant. Une roche que l'on peut aussi travailler. Et Jésus montre un Dieu qui se laisse travailler par la faim, par la colère des fils. Je préfère Dieu de tendresse, à Dieu de miséricorde. 

En ce temps-là, les publicains et les pécheurs venaient tous à Jésus pour l’écouter. 
Les pharisiens et les scribes récriminaient contre lui : « Cet homme fait bon accueil aux pécheurs, et il mange avec eux ! » 
Alors Jésus leur dit cette parabole :

 11« Un homme avait deux fils
12Le plus jeunedit à son père : “Père, donne-moi la part de fortune qui me revient.” Et le père leur partagea ses biens. 
13 Peu de jours après, le plus jeune rassembla tout ce qu’il avait, et partit pour un pays lointain où il dilapida sa fortune en menant une vie de désordre. 

Acte un. 
Un homme riche, deux fils. Il accepte de faire ce qu'on lui demande: partager l'héritage de son vivant. Il ne pose pas de questions. Il accepte.

14Il avait tout dépensé, quand une grande famine survint dans ce pays, et il commença à se trouver dans le besoin.
15Il alla s’engager auprès d’un habitant de ce pays, qui l’envoya dans ses champs garder les porcs.
16Il aurait bien voulu se remplir le ventre avec les gousses que mangeaient les porcs, mais personne ne lui donnait rien. 

Acte deux
Il fait la fête, il dépense tout. Importance de la famine.. Il est seul, personne ne s'occupe de lui. Et il aurait bien voulu se remplir le ventre, qui renvoie au pauvre Lazarre qui aurait bien voulu manger les miettes qui tombaient de la table du riche.  

17 Alors il rentraen lui-même et se dit : “Combien d’ouvriers de mon père ont du pain en abondance, et moi, ici, je meurs de faim ! 
18 Je me lèverai, j’irai vers mon père, et je lui dirai : Père, j’ai péché contre le ciel et envers toi. 
19 Je ne suis plus digne d’être appelé ton fils. Traite-moi comme l’un de tes ouvriers.”

Acte trois
ça ne vole pas très haut. Moi j'ai la dalle, là-bas, ils ont à manger. Je vais y aller. Il ne pourra pas me refuser de me prendre comme un de ses ouvriers.

20 Il se levaet s’en alla vers son père. Comme il était encore loin, son père l’aperçut et fut saisi de compassion; il courut se jeter à son cou et le couvrit de baisers. 
21 Le fils lui dit : “Père, j’ai péché contre le ciel et envers toi. Je ne suis plus digne d’être appelé ton fils.”

Acte quatre.
Il me semble que derrière cette scène de retrouvailles, il y a d'abord une scène de résurrection. Le "je me lèverai" est devenu il se leva. Et je pense que c'est là, où ça ne noue, quelle que soit l'image qu'il ait de son père, qui n'est pas une bonne image.

22 Mais le père dit à ses serviteurs : “Vite, apportez leplus beau vêtement pour l’habiller, mettez-lui une bague au doigt et des sandales aux pieds, 
23 allez chercher le veau gras, tuez-le, mangeons et festoyons,
 24 car mon fils que voilà était mort, et il est revenu à la vie; il était perdu, et il est retrouvé.” Et ils commencèrent à festoyer. 

Et là, c'est un peu une scène d'alliance, avec le veau tué. Mais c'est le père qui prend l'initiative. Un peu comme dans les autres paraboles (la brebis et la drachme): tout à sa joie d'avoir retrouvé, il fait un festin. 

25 Or le fils aîné était aux champs. Quand il revint et fut près de la maison, il entendit la musique et les danses. 
26 Appelant un des serviteurs, il s’informa de ce qui se passait. 27Celui-ci répondit : “Ton frère est arrivé, et ton père a tué le veau gras, parce qu’il a retrouvé ton frère en bonne santé.” 
28 Alors le fils aîné se mit en colère, et il refusait d’entrer. Son père sortit le supplier. 
29 Mais il répliqua à son père : “Il y a tant d’années que je suis à ton service sans avoir jamais transgressé tes ordres, et jamais tu ne m’as donné un chevreau pour festoyer avec mes amis. 
30 Mais, quand ton fils que voilà est revenu après avoir dévoré ton bien avec des prostituées, tu as fait tuer pour lui le veau gras !”
31 Le père répondit : “Toi, mon enfant, tu es toujours avec moi, et tout ce qui est à moi est à toi. 
32 Il fallait festoyer et se réjouir ; car ton frère que voilà était mort, et il est revenu à la vie ; il était perdu, et il est retrouvé !” »

Acte cinq: 
Les scribes sont un peu comme ce fils, qui suivent la loi à la lettre, mais qui oublient qu'ils ont le droit de se réjouir d'être avec leur Père. Et Jésus essaye de leur faire comprendre que cette jalousie est stupide, mais ce n'est jamais si simple. Parce qu'il y a les pécheurs, mais il y aura aussi les autres.. les non juifs.

DIMANCHE 25 MARS. Lc 13, 1-9

Un jour, des gens rapportèrent à Jésus l’affaire des Galiléens que Pilate avait fait massacrer, mêlant leur sang à celui des sacrifices qu’ils offraient. 
Jésus leur répondit : « Pensez-vous que ces Galiléens étaient de plus grands pécheurs que tous les autres Galiléens, pour avoir subi un tel sort ? 
Eh bien, je vous dis : pas du tout ! Mais si vous ne vous convertissez pas, vous périrez tous de même. 

On a là, une histoire de "bons" tués par la méchanceté d'un seul. C'est le politique qui l'a emporté ou le besoin de faire un exemple. Si ce gens sont morts,, l'idée seraient qu'ils sont punis de quelque chose, sauf que là, on ne voir pas trop de quoi. La question du juste et de l'injuste. La réponse de Jésus: ils n'ont pas mérité ça. Mais dans l'au-delà, la vie sera liée à la conversion.
On pourrait dire: à la fin si vous ne vous convertissez pas, vous perdrez aussi votre vie, vous serez mis à mort.


Et ces dix-huit personnes tuées par la chute de la tour de Siloé, pensez-vous qu’elles étaient plus coupables que tous les autres habitants de Jérusalem? 
 Eh bien, je vous dis : pas du tout ! Mais si vous ne vous convertissez pas, vous périrez tous de même. »

 Là, c'est plus facile: si vous ne changez pas de vie, à la fin, vous serez entraînés dans un abîme sans fond. Ce sera la chute.

Jésus disait encore cette parabole: « Quelqu’un avait un figuier planté dans sa vigne. Il vint chercher du fruits ur ce figuier, et n’en trouva pas.

Il est question de conversion. Le figuier représente le scribe ou le pharisien qui devrait porter des fruits de sagesse pour enseigner la vigne (le peuple choisi). Mais il n'en porte pas, parce qu'il ne s'est pas converti, il est resté figé sur lui-même, sur sa manière d'être.

 Il dit alors à son vigneron : “Voilà trois ans que je viens chercher du fruit sur ce figuier, et je n’en trouve pas. Coupe-le. À quoi bon le laisser épuiser le sol?” 

On est dans la logique d'une fin de quelque chose. Ils ne veulent pas entendre, ils ne veulent pas se convertir, et pourtant ils devraient comprendre et ils empêchent la vigne(le peuple) de profiter de la parole. Alors il est mauvais. Non seulement il ne porte pas de fruits, mais en plus il empêche les autres de donner leurs fruits.

Mais le vigneron lui répondit : “Maître, laisse-le, encore cette année, le temps que je bêche autour pour y mettre du fumier
Peut-être donnera-t-il du fruit à l’avenir. Sinon, tu le couperas.” »

On est au chapitre 13 de Luc, Jésus est en route vers Jérusalem, mais il reste encore du temps. Peut-être que le fumier ce sera ce qui va se passer sur la croix. Mais Jésus (si c'est lui le vigneron), ne baisse pas les bras. 
Le vigneron… La vigne…. Un arbre qui est là en plein milieu comme symbole de quelque chose. La sagesse. Et le vigneron qui devrait s'occuper de sa vigne, de la tailler, de la faire fructifier, doit aussi s'occuper de cet arbre, et l'aider à produire du fruit. L'arbre au milieu du jardin. L'arbre de la Tora. Et cet arbre pourra donner son fruit.. Image d'espoir envers et contre tout. 


Retraite dans la Ville de ce 24 mars.

"Je vis sur la péninsule arabique et je tente de faire survivre mon petit jardin aux températures estivales qui montent à 50 °C. Chaque année, je regarde mon figuier jaunir et mon bougainvillier se rabougrir. Et chaque année, je crains de les perdre. Alors j’arrose, j’en prends soin. La laïque dominicaine que je suis voit parfois la Bible comme l’almanach de Michel le Jardinier. Entre vignes, figuiers, graines de moutarde, blés, on pourrait presque se lancer dans l’agriculture.

Je me suis demandé pourquoi le maître et le vigneron étaient frustrés de ne pas trouver du fruit sur leur figuier. Mais quand j’ai regardé le mien, la réponse m’est venue : ils l’aiment.

Je ne sais si les plantes ont une âme et répondent aux soins qu’on leur donne, mais je sais que des hommes, même brûlés par la vie, donnent des fruits quand ils sont aimés, choyés. 

Rien n’est jamais foutu. Mais cela ne suffit pas ! Nous avons besoin de savoir que nous sommes aimés ! Cela peut paraître impossible dans les difficultés. Pourtant, même dans ces moments nous recevons de la bienveillance.

Apprenons à reconnaître que nous recevons des autres. De Dieu. Puis remercier, louer et reverdir. S’épanouir. Et porter des fruits. Cette reconnaissance de l’amour reçu de Dieu est ce premier pas qui nous sauve. Porter des fruits, c’est donner chair à l’amour, à l’espérance, à la foi.

Quel jardinier suis-je si je ne prends pas soin du jardin de Dieu ? Jardiner les hommes nous demande de la patience et de mettre de côté nos jugements. Qui suis-je pour dire que telle ou telle personne est foutue, bonne à rien ? Ma foi de chrétienne, c’est de reconnaître qu’il y a un grand Jardinier* et qu’Il prend soin de nous retourner le cœur et nous permet peut-être de décupler ces fruits, de les rendre plus gros, plus sucrés, plus juteux. L’amour, la joie, la compassion sont nos fruits. Entendre « peut-être donnera-t-il du fruit à l’avenir », c’est entendre cette espérance venue de Dieu que peut-être nous ne sommes pas des « bons à rien », mais des porteurs de bienfaits.