dimanche 28 octobre 2012

Très bref..Perverti... Converti

Je suis en train de parcourir un livre sur Madeleine Delbreil.

Je suis tombée sur une phrase qui associe perversion et conversion. Je pense que lorsqu'on se rend compte qu'il y a quelque chose de perverti en soi, et de la perversion il y en a toujours car c'est si tentant de faire sa propre loi, d'être le maître de la loi, alors oui, on peut désirer se convertir et se rendre compte que cela dépasse nos possibilités et que seule la force de l'Esprit est capable de la faire. Tourner le dos n'est pas si simple...

mercredi 24 octobre 2012

Energies

Au coeur de ce monde, le souffle de l'Esprit met à l'oeuvre aujourd'hui des "énergies nouvelles".

Ces paroles d'un chant, me posent question. Naturellement quand on me parle d'énergies nouvelles, je vois des éoliennes, des panneaux solaires, des usines marées motrices, c'est à dire qui utilisent des énergies dont nous ne tenions pas compte jusqu'à maintenant. Et il est bien possible que l'Esprit Saint nous rende inventif et créatif.

Mais que mettre derrière ce mot, qui est employé un peu à toutes les sauces et qu'entend on par énergie divine?

On parle beaucoup de l'énergie, qu'elle soit divine ou pas. Il faut la ressentir, se mettre en phase avec elle, la laisser circuler en nous. On parle beaucoup de l'énergie qui vient de la terre, qui permet aux plantes de pousser aux pierres de pouvoir parfois guérir, de l'énergie qui nous entoure autour de nous , au dessus de nous. Ces énergies que nous ne pouvons pas (ou ne savons plus)  capter, parce que nous en sommes pas habitués à cela dans notre culture, certains le peuvent. Un moine bouddhiste qui se nourrit de l'énergie donnée par l'air, pas les plantes, cela existe. Mais est cela l'énergie "divine"? Je pense que cela permet peut être de l'approcher un peu, mais qu'elle ne se réduit pas à cela. On ne devrait pas la confondre avec ces énergies qui existent, que nous connaissons mal, que nous ne maîtrisons pas.

On finit presque par croire que cette énergie (dont on fait souvent connaissance par la méditation) va nous permettre d'échapper à la mort. J'ai souvent l'impression qu'il se fait une sorte d'idéalisation comme si l'énergie si elle passe en nous sans que rien ne vienne l'entraver, pourrait empêcher la maladie, voire même la mort. Ce serait alors une sorte de de maîtrise de l'esprit sur la matière (le corps) et je ne suis pas sure que ce soit le bon but. Pour ma part j'opterai d'avantage pour une unification de qui nous sommes ou appelés à devenir. Qui dit énergie pense souvent force, or je ne suis pas sûre que ce soit cela qui serait donné par l'énergie divine. Car si on pense au "baptême dans l'Esprit", il en s'agit pas d'obtenir la "force" de l'Esprit, mais d'être animé par l'Esprit de Jésus, qui lui est Esprit d'amour, ce qui est tout à fait autre chose.

Lors d'une journée de stage, l'animatrice disait entre autre que le corps s'enracine dans le sol (reçoit les énergies de la terre, cette énergie qui donne la vie aux plantes par exemple) et dans le ciel. Il est  comme un pont entre ces deux lieux et que c'est cela la fonction de l'humain. Le point d'ancrage qu'elle montrait, du moins pour la tête est la partie du crâne qui est en général tenue par la maman d'un bébé tant que celui ci est trop petit pour tenir sa tête. Ce n'est pas un lieu "neutre" c'est un lieu qui a permis d'acquérir la confiance dans l'autre. Certes on peut imaginer l'homme comme cela, mais quelque part cela n'est pas suffisant.

Quand je prends le temps de respirer, je perçois dans l'air autre chose de plus subtile, que je peux "goûter"qui d'une certaine manière me remplit et me donne de son énergie.  Quand je prends le temps d'écouter, il peut arriver que j'entende autre chose que ce que je percevais au début de mon écoute. Il y a certains chants qui font vibrer certains lieux du corps, qui les éveille. Là aussi il y a du subtile, comme il peut y en avoir dans ce je mange, dans ce que je touche, si je change mon rapport à l'extérieur et si je laisse l'extérieur entrer en moi, me pénétrer, si je prends le temps et si je vis dans le présent de ce qui je suis en train de faire.

Si je pense que Dieu "remplit l'univers", je peux penser que je respire du Dieu, à chaque inspiration. Il est vrai que parfois quand je suis un télésiège et que je regarde simplement le scintillement de la neige, je pense bien à cette présence et  je me remplis de cette énergie qui est là, qui m'est donnée, mais Dieu est bien Au delà de cela.

Mais plus ça va et plus je me dis que l'énergie divine, même si un des attribut du divin (dans notre manière de penser) est de donner la vie, de donner de la vie, ce n'est pas ça.

Comme je le disais, nous ne savons pas grand chose des énergies terrestres et des énergies célestes. Or de mon point de vue, elles sont loin d'être "bonnes". Quand la terre se met à trembler, quand un volcan se met à éructer, quand un ras de marée se déclenche, peut-on dire que cette énergie est bonne? Bien sûr elle ne l'est pas, du moins à notre échelle.  Et que l'on ne vienne pas me dire que cela c'est la conséquence du péché de l'homme car ces phénomènes ont existé bien avant son apparition.

Les énergies celestes, si on prend le vent ou la pluie, là encore, il y a du bon et du désastreux, et si l'on pense comme Paul qu'il existe des formes de vie (des Puissances invisibles), il y a des bonnes comme il y en a des mauvaises. Le combat entre la lumière et les ténèbres est certes un combat mythique, mythologique, mais il est bien réel.

Nous sommes dans un monde dans lequel le bon et le mauvais se cotoyent et luttent en permanence, même si nous ne en rendons pas compte. Si les églises refusent l'occultisme, c'est parce que personne ne sait ce qui va êtr libéré: bon ou mauvais esprit, qui peut le savoir.

Ce que je crois profondément c'est que Dieu n'est pas énergie (parce que l'énergie même si nous ne savons pas le faire actuellement, c'est du quantifiable) , mais qu'Il est Amour, parce que c'est cela que Jésus est venu nous révéler.

Que l'Amour déplace des montagnes oui, que l'Amour ne se le laisse pas écraser par le mal - même si parfois il semble bien que oui-  certes il peut faire cela, et peut être peut on parler d'énergie. Mais cette énergie est toujours relationnelle, elle est là pour créer du lien pas pour créer de la force.

Si beaucoup de personnes qiui ont vécu une NDE parlent de l'Amour qu'elles ont rencontré, de cet amour qui les a souvent complètement changées bouleversées, métamorphosées. Cet amour qui les inonde (les purifie) , est bien décrit comme une relation. Il y a quelqu'un. Il ne s'agit pas d'acquérir quelque chose, mais d'être.

J'ai envie de dire que l'énergie divine, c'est le pouvoir que Dieu possède, de nous permettre d'aimer comme Lui a aimé, c'est à dire de nous dépasser totalement alors que nous sommes si limités, et d'accepter d'être petit à petit transformés.

Mais l'Amour on ne peut pas le mettre en équation, j'espère que personne ne connaîtra jamais sa fréquence, et qu'il demeurera même quand cette terre aura disparu. Et c'est peut être cela l'éternité.


mercredi 17 octobre 2012

"Pécheur... fourmi"

Ce qui entre autre ressort de la la religion (je ne dis pas la foi) catholique, c'est que par définition l'homme n'étant pas capable de faire que du bon il est pécheur: on trouve déjà cela dans un psaume Psaume 50-51: " dès le sein de ma mère,je suis pécheur"

 Donc dire ou reconnaître qu'on est pécheur n'apporte rien, c'est un fait. Dans la liturgie on nous bassine quand même avec ce mot là. Hier le chant du Kyrie était:  "prends pitié de tout homme pécheur" (à moins que ce ne soit: "prends pitié de nous hommes pécheurs" car je n'ai jamais été capable de comprendre ce qu'il fallait chanter) m'a un peu exaspérée.

Oui nous sommes pécheurs, et alors.  Ce serait plus simple de dire, prends pitié de tous les hommes.. Et même pourquoi ce terme de "pitié". Si cela pouvait simplement vouloir dire: "regarde nous avec amour, parce que la vie n'est pas facile", cela me plairait bien plus.

Si comme le disait un de mes amis, ce mot "pécheur" sert juste à nous rappeler que nous venons de l'humus et que nous n'avons pas à oublier que l'humanisation est loin d'être facile et évidente et que pour y arriver nous avons besoin d'aide, alors oui, mais est cela qui est derrière ce mot?

 Que cela serve théoriquement à nous montrer la bonté d'un dieu qui ne détruit pas pas, mais qui va jusqu'à donner sa vie pour nous, d'accord. Que cela serve à montrer la distance entre l'humain et Dieu encore d'accord, mais l'homme est quand même "sauvé" (n'est ce pas le centre de la foi) et je me dis que ce serait bien parfois de rentrer dans le registre du vivant, du debout, du guéri sans toujours se centrer sur le moche.

Autrefois il ne fallait pas dire à un enfant qu'il était beau (et ou intelligent) parce que cela pouvait le rendre orgueilleux (je pense au plus profond de moi que c'est surtout pour ne pas attirer sur lui le "mauvais oeil") alors peut être que l'église fait pareil. Au lieu de dire à l'homme qu'elle se réjouit qu'il soit pécheur pardonné, donc déjà dans la vie éternelle,  non elle l'enfonce dans son péché et bien souvent dans la culpabilité.

suie
Ceci dit, il ne faut pas oublier que même si on ne fait pas de "gros" péchés, on est solidaire qu'on le veuille ou non de ce qui se passe, de ce qui se vit dans le monde et de ce côté là, c'est quand même très noir, très plein de suie (j'aime l'image de la suie pour le péché ou pour le mal) car elle obstrue tout et ne permet pas à la peau de respirer, elle étouffe insidieusement et personne n'en est à l'abri et souvent on ne s'en rend pas compte. Quand on vit dans la pollution, on ne se rend pas compte que c'est pollué. Il faut aller ailleurs pour voir que ciel a une autre couleur, que l'air a un autre goût.
Et là, oui je crois profondément que l'aide de l'Esprit Saint est indispensable et nécessaire pour nous purifier, nous laver et nous permettre de voir sans nous aveugler. C'est si facile de ne pas voir.


Curieusement, plus le temps passe et plus je me sens (représente) comme toute petite devant Dieu. Un tout petit bout, une toute petite chose. Peut être est ce lié à la vieillesse, car il me semble que je me tasse et que comme je fais moins de choses, je deviens "petite". D'ailleurs quand je pense à mes parents, je dis toujours "ma petite maman ou mon petit papa" comme si avec la mort, ils avaient rétréci. Il faut dire que quand ma grand mère paternelle est morte, j'ai rêvé d'elle comme si elle était une petite fille dans une sorte de berceau. Ma "petite Babou".

Alors un matin, pendant le temps de prière du coeur, j'ai eu envie de remplacer"aies pitié de moi pécheur" par "aies pitié de moi fourmi". Une fourmi c'est à la fois de l'individuel, mais c'est aussi du collectif.

Chaque fourmi a sa fonction, il y a les ouvrières avec des tâches diversifiées, les guerrières, la reine etc. Chacune fait ce qu'elle a faire, ce pourquoi elle est programmée. Se pose t elle des questions sur si elle fait bien ce qu'elle a faire ou si elle le fait mal?

 Je n'en sais rien. Simplement, elle est une fourmi et elle fait ce qu'elle a faire.. Peut être qu'une fourmi parfois ne fait pas bien ce qu'elle doit faire.. Que lui arrive t il? Je n'en sais rien.

Et puis les fourmis elles explorent. Bien entendu je déteste quand elles arrivent dans ma cuisine pour voir si elles peuvent trouver quelque chose, mais elles cherchent.

Alors j'essaye de faire ce pourquoi je suis faite, même si je ne le sais pas toujours très bien. Mais j'essaye de le faire bien et si je me plante, et bien c'est comme ça. Je ne m'en veux pas trop, je suis une petite fourmi.

Une fourmi c'est tout petit, mais si on l'agresse ou si elle croit être agressée, elle attaque. C'est automatique. Elle est comme ça.  Elle a ses réactions de fourmi parce qu'elle est une fourmi. Moi aussi je pense avoir des réactions presque automatiques..Donc pas toujours bonnes.

D'accord je ne sais pas si les fourmis ont un cerveau avec une intelligence qui leur permet de savoir qu'elles ne sont pas toute puissantes, invincibles, crées, moi par contre je le sais, mais qui suis-je devant Dieu?

Je connais mes limites, mes faiblesses, et c'est comme ça.

Savent elles qu'il y a un Dieu? Ont elles des mots à elles? Je n'en sais rien. Je sais que nos mots à nous sont bien faibles. Par exemple on parle beaucoup de l'énergie divine, mais plus ça va et plus je sais que Dieu ne peut être réduit à l'énergie que nous pouvons parfois percevoir. Il est bien au de-la de ça.

Moi, je me sens comme une toute petite fourmi devant Dieu. je ne sais pas toujours ce qui est bien, ce qui est mal, parce que je suis une petite fourmi. Et j'espère que cette petite fourmi Dieu la regardera pour ce qu'elle est, une toute petite chose et qu'il ne l'écrasera pas... Une fourmi qui est sur un brin d'herbe qui ne se courbe pas sous son poids, c'est beau.

Et puis même s'il l'écrase peu importe, cela permettra de voir enfin ce qu'il y a de l'autre côté. Et puis savoir qu'on peut être une fourmi aimée, ma foi cela change bien des choses et c'est peut être cela qui manque dans nos liturgies, chanter la joie d'être aimé pour ce que nous sommes (que ce soit ou non en devenir).

J'aurai pu choisir une coccinelle, mais fourmi et pécheur c'est le même nombre de syllabes et je ne connais rien sur les moeurs "sociales" des coccinelles.

Je sais que ce billet part un peu dans tous les sens, mais maintenant qu'il est écrit, il est écrit.

mardi 9 octobre 2012

Une drôle d'idée.

Depuis hier j'ai une drôle d'idée en tête: on nous a toujours dit que le péché est conséquence de la désobéissance et surtout que la mort est la conséquence du péché (par le faute d'un homme la mort est entrée dans le monde). C'est une belle phrase, mais de quel monde nous parle t on?

Car depuis hier, je me demande si le péché n'est pas la conséquence de la mort (la mort étant vécue comme la fin de soi, comme la perte de tout, comme l'impossibilité à posséder, à avoir). L'être humain qui a en lui beaucoup d'animal veut se survivre ou posséder à n'importe quel prix, sans se rendre compte que cela le déshumanise.

Si on regarde l'histoire de la terre (pas celle racontée dans la Bible, encore que l'on y trouve une notion de chaos préexistant à la création proprement dite) on voit bien que ce que l'on nomme les ères géologiques sont des ères de grand chambardement, avec beaucoup de mort, de destructions, de reconstructions et cela à l'infini.

un plissement alpin n'a pas pu se faire dans la douceur

 Que la vie ait pu apparaître, c'est peut être cela le miracle, (action de la lumière sur la soupe primitive), car là il y a quelque chose qui au travers des millénaires va perdurer, se modifier (à quel prix parfois), et conduire au vivant.

Quand Paul écrit dans la première épitre aux corinthiens (1 cor 15, 24) que le dernier ennemi vaincu sera la mort, finalement je le crois volontiers car la mort est bien là depuis toujours.

Ce que Jésus montre c'est bien comment sortir de cette mort qui voudrait nous posséder en nous faisant miroiter l'avoir et que de ce fait nous fait passer à côté de l'être. Et" être" c'est aimer comme Lui a aimé.

lundi 1 octobre 2012

"Images".

Les charismatiques que je connais, donnent souvent au cours de certaines assemblées  (groupes de prière, messes) des images qu'ils ont "reçues". Cela fait partie de charismes qu'ils ont reçu (ou pas) lors de leur baptême dans l'Esprit.

Souvent je me demande si ces images sont reçues dans le ici et maintenant, ou si elles ont été reçues à un moment donné et sont répercutées pour ce groupe là. Parfois, comme certaines phrases elles me paraissent un peu tendancieuses: faire comprendre quelque chose aux personnes qui sont réunies par exemple pour une retraite ou une session. De plus qu'on le veuille ou non, quand des personnes sont réunies ensemble, il y a des phénomènes de groupe qui se mettent en place et aussi des communications d'inconscient à inconscient.

Je veux dire qu'il est très possible que certaines images soit une mise en mot de ce que le groupe en tant qu'entité groupale (voir les travaux anciens maintenant de Didier Anzieu et collaborateurs) vit à ce moment là.

J'ai aussi l'impression que certaines personnes reçoivent un certain type d'images. A un moment il y avait dans le groupe quelqu'un qui avait souvent des images de fleurs, des images gaies que pour ma part j'aimais bien et qui d'une certaine manière allait bien avec cette personne.

Ceci dit, il m'est arrivé (rarement) dans les groupes de prières d'avoir des  images (mais en fait j'ai d'abord un mot qui arrive et qui se transforme en image)  qui allaient dans le même sens que des images données ou qui les complétaient.

Professionnellement, je fonctionne beaucoup par images. La visualisation m'a beaucoup aidée pendant mon cancer, mais là c'est une autre histoire.

Quand j'écoute quelqu'un, les images viennent seules. Par exemple quand quelqu'un me parlait de son impression que tout un aspect de son travail allait être mis en pièce, j'ai eu l'image de corbeaux qui s'abattaient sur une partie d'elle et qui arrachaient des morceaux. Cette image me montrait à quel point la souffrance était considérable, mais aussi me poussait à élaborer avec elle quelque chose qui ressemble à un filet pour se protéger, (tu m'as délivré de la main de l'oiseleur) ou une sorte de bouclier (peu importe) pour à la fois se protéger des attaques, mais surtout pour protéger la partie saine. parler des cette partie qu'il fallait aussi protéger a été je crois quelque chose de positif pour la personne que je recevais. Il ne s'agit pas de proposer moi des moyens de protection mais de dire que la personne a le droit de se protéger et que c'est à elle de trouver les moyens de le faire.

Quand je touche le corps une personne, il arrive aussi qu'une image me soit comme donnée et cette image qui me permet de dire ce que je ressens, ce que je perçois, elle est pour moi une aide donnée par l'Esprit Saint, parce que je me considère juste comme un canal. Je sais que je peux donner parfois un peu de paix, mais cette paix, elle n'est pas mienne. Il s'agit juste de la transmettre et quand une image vient, la mise en mot permet de sortir de subjectif, car il est important que cette image prenne sens ou fasse sens pour l'autre.

Pendant tout un temps, je demandais des images pendant que je priais ou essayais de prier. Et puis récemment, je me suis dit que ces images qui sont en fait des charismes, n'ont de sens que si elles sont données non pas pour le plaisir de la personne (moi Dieu, je t'aime bien alors je te donne des images pour que tu te sentes aimée) mais pour le groupe qui est là, pour que le groupe soit "édifié" aux deux sens du terme: qu'il se bâtisse  comme un groupe animé par l'Esprit Saint (Si le Seigneur ne bâtit la maison, les bâtisseurs travaillent en vain)  et que éventuellement la parole fasse sens (qu'elle soit édifiante) pour certaines personnes ou pour une personne, qu'elle lui permette de changer, de progresser.

Il y a quand même une image dont j'ai envie de parler. Je suis sur un chemin de montagne qui est barré par une pierre très haute. Pour l'escalader il y a une échelle de corde. Bon, je n'aime pas du tout. Je regarde s'il n'y a pas moyen de faire autre chose, et je commence à monter deux ou trois échelons. Puis la peur me prend, et je veux redescendre. Et là je me rends compte alors que d'une certaine manière l'échelle s'est déplacée, que le premier échelon est bien au dessus du sol  et comme (cela c'est la réalité, mes muscles sont  loin d'être puissants) si je redescends, je ne pourrais plus mettre les pieds sur les échelons. Et là je comprends alors que certes moi je monte les échelons mais que quelqu'un tire l'échelle vers le haut pour que je puisse arriver au somment de cette espèce de pierre qui barre la route. Et là, je dois dire que je me rends compte que je ne suis pas seule, que quelqu'un travaille avec moi et je ressens une gratitude importante. Je me dis que cette image là, elle peut apporter quelque chose à une communauté ou à d'autres personnes: quand on commence à gravir des marches et cela peut être difficile, essayer de ne pas oublier que quelqu'un est là et tire l'échelle.

Peu de temps après m'être dit que les images je ne voulais pas courir après, un matin, (je pratique la prière du coeur)  je me vois au bord d'un grand lac, c'est la nuit. Je sais que ce lac c'est celui de Tibériade et j'entends comme une voix qui me dit: "je te guéris de la blessure du lac".

La blessure du lac, elle a eu lieu il y a presque 50 ans pendant un pèlerinage avec le Centre Richelieu. J'étais chef d'un groupe de filles, nous campions sur les bords du lac. Je m'y étais baignée et avait failli me fait cogner par une barque de pêcheurs. Ce bain avait été un plaisir. Et puis pendant la nuit, réveil en sursaut: une des filles de mon groupe avait été mordue par un serpent. Panique, faire prévenir Jean Marie Lustiger, s'occuper de la fille  qui se "vide" lui faire avaler du café, la faire évacuer. En fait tout cela reste assez confus, mais elle est dirigée sur un hôpital et heureusement ce n'est pas un samedi.

Le lendemain, je m'active pour ne pas penser trop. Je relis le discours sur le pain de vie (ne sommes nous pas près de l'endroit où Jésus aurait dit ces mots)? Et je fais une impasse totale sur ma colère, sur ma peur, sur tout ce que je ressens et en particulier sur ce que je vis comme quelque chose de totalement injuste: pourquoi mon groupe,  pourquoi est ce  tombé sur elle et pas sur moi, (je sais c'est stupide, mais c'est comme ça) et je crois qu'une fissure se fait... Comment croire en un Dieu qui laisse faire cela... Il y a quelque chose d'insidieux qui se sape au niveau de la confiance.

Ce que je veux dire c'est que parfois la perte de la foi c'est quelque chose de très progressif. Il y a des événements qui font que  que l'on se pose des questions, mais que cela semble en rester là. On  a l'impression que c'est du passé, que c'est cicatrisé, mais c'est juste un vernis qui est posé sur la fissure. Et quand il y a beaucoup d'atteintes, ça finit pas craquer.

Oui, il y a eu pour moi une blessure ce soir là, une blessure qui pour être réparée avait besoin même 50 ans après d'entendre de la.   cela me permet de regarder cet évènement autrement, d'autant que la jeune fille dont je n'ai jamais eu de nouvelles, car elle n'habitait pas en France, mais un pays limitrophe francophone) s'en est sortie (mais je ne sais pas avec quelles séquelles).

Cette image que je n'ai pas cherché (parce que je ne demande plus ce signe) est comme un cadeau.

Ce qui est étonnant c'est que je travaille (si on peut employer ce mot) avec une jeune femme qui porte le même prénom que cette jeune fille qui a failli mourir et qui habite le même pays qu'elle  (pas la France) et qui comme elle a été mordue par une sorte de vipère blanche dès sa petite enfance (je parle de manière symbolique) et qui lutte pour se sortir du poison inoculée par ceux qui avaient charge d'elle.

Alors peut être que à mon insu, m'occuper de cette personne est une sorte de réparation  de cet accident dont de fait je n'étais pas responsable. Je sais fort bien que souvent en permettant à l'autre de se réparer, (je n'ose pas dire en le réparant, parce que cela n'est pas possible)  on répare aussi une partie de soi, qu'elle soit ou non une partie infantile.

Si la blessure est guérie, alors cela peut signifier une sortie de la "réparation" qui d'un point de vue psychanalytique est  toujours lié à la culpabilité et la possibilité de trouver un autre type d'accompagnement (j'allais dire de compagnonnage) avec cette personne.