jeudi 29 mai 2014

"Se méfier des phrases toutes faites"....

Un certain nombre d'entre vous savent je j'ai été opérée au mois de Mars et que l'intervention n'a pas donné du tout les fruits attendus et que j'ai dû être réopérée.

Physiquement et psychologiquement ces mois ont été très éprouvants.

La psychologue que je suis est capable de faire un diagnostic et je peux affirmer que je suis dépressive (pas la dépression grave, mais dépression quand même) ce qui montre que cet échec outre la fatigue a touché quelque chose au niveau de mon image, au niveau de mon existence, ou comme on disait, au niveau de mon narcissisme.

Actuellement, même si ce coup ci, tout se passe "normalement" je suis en miette. C'est certainement important que je vive cela, parce que de tout on apprend quelque chose mais être en miette c'est faire l'expérience d'une certaine impotence. Je pense que Papa Freud, parlerait même de la pulsion de mort qui va vers la séparation et les miettes c'est bien ces petits morceaux qui partent dans tous les sens et quand il s'agit d'un vase en miette, on ne peut plus le recoller.

Je sais que beaucoup de personnes ont prié pour moi, je les en remercie. Je pense que cela a permis entre autre que la relation avec le chirurgien se passe bien, sans colère ni récriminations de ma part, et que je supporte cette reprise qui a quand même été assez rude. Je pense aussi que cela m'ouvre les yeux sur ce besoin que j'ai de contrôler, de prévoir, de maîtriser dans la mesure du possible.  Là je suis "le cas": la prothèse qu'il a fallu changer. J'aurais bien voulu ne pas être un cas.

Quand on navigue dans le milieu chrétien, il y a des personnes bien intentionnées qui se sentent mandatées pour vous sortir des phrases qui sont pour elles importantes, mais qui peuvent faire plus de mal que de bien. Une de ces personnes, que par ailleurs j'admire beaucoup pour sa foi m'a dit que je ne devais pas oublier que Dieu ne faisait pas vivre des choses que je ne pouvais pas supporter. Je pense que cela renvoie à la phrase de Rm 8: nous savons d'ailleurs que tout concourt au bien de ceux qui aiment Dieu, de ceux qui sont appelés selon son dessin".

J'ai toujours considéré que ce que je vivais était une épreuve et qu'un jour elle prendrait son sens. Je ne la considère absolument pas comme un combat spirituel, comme si ce vécu aurait pour but de me faire douter de la présence et/ou de l'existence de l'Esprit Saint. Mais cette phrase elle m'a énervée, Bien sûr qu'elle partait d'un bon sentiment, mais elle était aussi un peu comme un ordre et ça, désolée, mais je ne supporte pas. Après tout si j'ai envie moi de râler, et alors.. Ce que je vis n'est drôle ni pour moi ni pour celui qui partage ma vie, jour après jour. Cela ne m'empêche pas d'aimer, de demander que l'Esprit Saint me remplisse chaque jour un peu plus.

Je sais que je prie autrement pour le moment, et alors.. La prière du coeur me sert parfois de tremplin pour trouver le sommeil et il y a une si belle phrase sur mon coeur qui prie quand mon corps sommeille. Quand je suis prise par le rythme de cette phrase, (que je change un peu car je demande non pas que le Seigneur prenne pitié de moi, mais qu'Il me donne son Esprit Saint), alors tout moi peut se laisser aller, lâcher prise et si le sommeil vient, ma foi tant mieux.

Mais cette phrase prononcée de manière autoritaire, m'a montré qu'il faut vraiment faire très attention aux phrases sorties de leur contexte que l'on peut dire à des personnes qui sont dans la souffrance; Que telle ou telle phrase ait eu un impact important sur soi, c'est certain, mais cela ne veut pas dire qu'on puisse la généraliser.

Si quelqu'un me dit  que Dieu m'aime, je le sais et cela n'apporte rien de plus. Que quelqu'un me dise que je suis précieuse aux yeux de Dieu je veux bien, mais je ne suis pas précieuse à mes propres yeux, alors ça m'énerve. Je dois dire que le jour où j'ai retrouvé dans l'Apocalypse la phrase" j'essuierai toutes larmes de leurs yeux" j'ai été consolée, même si j'ai continué à pleurer. Alors faire attention à ce que l'on dit, faire attention au ton que l'on emploie, ne pas se projeter comme disent les psychologues.

Ce que je veux dire, c'est que lorsqu'on utilise une phrase de l'écriture pour l'asséner à quelqu'un il faut vraiment penser à ce que l'on fait, à ce que l'on dit, et se dire que cette phrase ne va pas forcément faire du bien. Arriver à se distancer de l'autre. Il m'arrive parfois en écrivant à des amies qui ne peuvent pas croire en un Dieu qui les a confrontées au mal d'écrire des phrases qui viennent de l'écriture, des phrases qui viennent toutes seules, seulement curieusement je le mets en Je... C'est moi qui leur dit qu'elles ont du prix à mes yeux (et c'est vrai). Si je leur dit qu'elles ont du prix pour Dieu, elles vont me rire ai nez (enfin peut être pas, mais ça n'aura aucun sens).Quand je parle de Paix, c'est la Paix que je désire pour elle, que je demande à Dieu pour elle, mais l'important c'est que moi je puisse être un instrument de Paix pour ces personnes qui par ailleurs sont des amies.

Alors j'en reviens aux miettes... Oui je me sens en miettes, seulement les miettes c'est parfois plus digeste qu'un gros morceau bien compact. Et cela permet de toucher peut être plus de petits poissons.

Jette ton pain sur l'eau, à la longue il te reviendra Quohelet 11... Alors peut être faut il arrêter de porter de l'eau pour s'émietter. Mais ça c'est l'Esprit qui sait ce qui est bon et ce qui concourt au bien, même si moi je me contente de vivre cela un jour après l'autre.

1 commentaire:

AlainX a dit…

Tu passes pas un épisode dépressif. Oui, sans doute. je suis tenté de dire "normal !" l'épreuve est lourde. difficile d'imaginer qu'on la traverse le sourire aux lèvres et la rose entre les dents ! Plus difficile sans doute d'accepter cette traversée qui forcément te fait passer d'un "avant" à un "après"… lequel après aura sa fécondité nouvelle.
Juste te dire que je te comprends, comme peut comprendre un peu celui qui a du traverser aussi des épreuves où on ne se marra pas à gorge déployée.

Quant à cette parole d'un "Dieu qui ne ferait pas vivre des choses qu'on ne pourrait pas supporter" …. je me demande de quelle foi vit cette personne….. pour proférer de telles inepties… Comme si Dieu prenait son plaisir pervers à nous envoyer des épreuves (jusqu'aux plus horribles - et je pense ici aux personnes torturées par la Gestapo, puisqu'on est en plein anniversaire de cette période…), histoire de voir si "ça marche sa création" et si l'homme peut supporter le pire du pire…. Comme on fait pour les bagnoles avant de les homologuer … les crach-tests ! Dieu s'amuse à vérifier la résistance du matériau humain qu'il a créé !!
Pouah ! Je vomis un tel Dieu !

D'ne manière générale les petits humains que nous sommes se doivent, s'ils ont compris un peu qui est Dieu, qu'il convient de se taire et ne pas "le faire parler" à tout propos ! Le pire étant les charismatiques avec leurs : - "Dieu m'a dit de te dire….".
Quant à ceux qui sortent des phrases bibliques comme s'il s'agissait d'un boite à trouvailles de bonnes phrases, et de pochettes surprises, c'est qu'ils n'ont pas compris grand chose aux Écritures…
Alor, normal que ça t'énerve… Et à mon avis ça doit énerver Dieu ! Je lui poserai la question à l'occasion !

Et pour finir : j'aime bien ta métaphore des miettes…..

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Complément sans objet direct : J'avais laissé des commentaires sur des billets précédents. Les as-tu vus ? Tu ne les a pas publiés….. Et leur contenu de méritait pas la censure !!! :-)
Sans doute étais-tu bien occupée par ta santé….
Je te souhaite de meilleurs jours.