dimanche 20 novembre 2011

"Couler"

Quand on se noie on dit qu'on coule, qu'on tombe dans un milieu qui ne permet pas de respirer et donc on perd le souffle et on meurt.

On dit aussi que l'on se coule dans le désir de l'autre quand on a envie de lui ressembler ou d'être aimé par lui. Pour ce faire, pour devenir "un peu" comme l'autre, on essaye de se nourrir de tout ce qui peut sortir de lui, de ses paroles, des ses gestes, de ses regards.

Quand Jésus dit: celui qui mange ma chair et boit mon sang, demeure en moi et moi en lui Jn 6, 56 peut être peut-on entendre ceci : celui qui se nourrit de ce que je suis et qui bois ce qui sort de moi, celui là devient moi.

Or que sort il de Jésus, il sort d'une part le sang (qui s'il n'est pas versé dans quelque chose s'écoule et s'en va, car comme tout liquide il a besoin d'un receptacle) et d'autre part le souffle (répandu sur la croix et lors des apparitions d'après l'évangéliste Jean).

Ce matin je disais en transformant la prière du coeur: "fais couler en moi ton Esprit Saint". L'image qui est alors venue (à partir du mot couler, car c'est souvent ainsi que je fonctionne, ou que ça fonctionne) a été celle du sculpteur qui fait couler le bronze dans un moule.

Alors que bien souvent quand je demande que L'esprit Saint vienne, c'est l'image de l'eau qui coule sur mon corps, mais même si cela symbolise l'eau qui purifie, cela est extérieur de moi, même si je peux m'en envelopper. Là j'ai compris qu'Il coulait aussi à l'intérieur de moi, qu'Il pouvait remplir tous les vides qui sont en moi, sans pour autant les boucher et que finalement mon corps est une sorte de moule qui est appelé comme tout moule à disparaître pour que la "forme" soit visible. Il n'en demeure pas moins qu'il y a dans cette optique un travail, permanent de création en moi et que cela c'est aussi mon désir.

Quand Paul écrit: "vous êtes le temple de l'esprit saint", c'est peut être cela qu'il veut dire(1Cor 6,16) c'est à dire que l'Esprit Saint qui est en vous crée un temple c'est à dire un lieu de résidence pour Dieu. mais jusque là je ne m'étais jamais posé de question sur la forme du contenant (argile dira le même Paul ailleurs 2Cor4,7) mais peut être que le moulage soit correct il faut que le moule soit bien travaillé lui aussi.

Chez Marie, ce coulage (le très haut te prendra sous son ombre) a pris une forme particulière: celle du fils; chez moi, je ne sais quelle forme sortira.
Cela c'est le travail du sculpteur. Le tout c'est juste de demander que "ça coule" pour créer de la vie. Que la forme m'échappe,puisque ce n'est pas moi qui la crée, c'est certainement une très bonne chose, car là je suis obligée de laisser faire, de me laisser faire.

Alors sentir en soi ce flux et en même temps cet arrêt du temps est une grâce qui permet juste de dire merci et de louer.


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