mardi 29 novembre 2011

Exultant de joie.. Jésus dit: Père, Luc 10, 21

J'étais étudiante, responsable d'amphi au centre Richelieu. Toutes les semaines nous avions un texte d'évangile à "méditer". Il n'y avait aucune consignes de lecture pour prier ces textes, je veux dire qu'il n'y avait aucune "technique" particulière pour prier ces mots, simplement prendre du temps pour les laisser vivre.

Ce texte de Luc a été pour moi une des choses les plus importantes qu'il m'a été donné de recevoir.

J'ai à ma manière "exulté" moi aussi parce que ce jour là, j'ai pu comme Jésus entendre ce mot de Père. Bien sûr j'avais lu et relu le texte, mais tout d"un coup il a pris sens pour moi avec ce simple mot. Je suis restée comme aimantée par ce mot. Il résumait tout le texte que nous avions à méditer. Et ce pouvoir des mots sur moi, il est toujours aussi fort aujourd'hui. l'Esprit Saint devait à l'oeuvre, mais je ne le savais pas. Il a soufflé ce jour là et il m'a donné une immense joie.

D'un coup je  suis passée à une relation qui était très christocentrique (quand on découvre la personne de Jésus à 10 ans, il devient une sorte de grand frère, de super copain et même si les choses évoluent un peu avec les années ce coté de familairité demeure) à quelque chose de radicalement différent. D'une certaine manière le Fils s'effaçait pour faire place au Père et cela était pour moi une révélation. Il m'avait révélé quelque chose du mystère trinitaire.

Puis les années ont passé... J'ai certainement évolué (où la vie m'a fait changer et un jour je me suis rendue compte que ce mot de Père je ne pouvais plus le prononcer car il était comme englué dans des rituels qui eux mêmes me paralysaient. Je pense que je me suis laissée comme piégée par  une représentation de Dieu qui était Dieu dévorant (il est terrible de tomber dans les mains du Dieu vivant est-il écrit dans l'épitre aux hébreux). De ce Dieu là je ne voulais pas et je l'ai laissé choir.  Dans cet espèce de combat entre moi et Lui, je me suis choisie moi et j'ai vécu sans Dieu pendant des années. Je sais que cela paraît gonflé de dire les choses ainsi,mais je n'ai pas "besoin " de Dieu pour vivre, j'ai le "désir" de Lui ce qui pour moi est autre chose.

Appeler Dieu par ce nom de Père n'est toujours pas simple pour moi. Qui n'a pas eu des problèmes avec son propre père, qui n'a pas pas projeté de son père sur Dieu ou de Dieu sur son père?

Quand j'ai repris une pratique, j'ai écrit un petit texte: "pour ceux qui ne peuvent dire Père à Dieu"http://www.portstnicolas.org/Quand-il-est-impossible-de-dire.html.

Encore aujourd'hui quand je dois au cours d'une célébration dire cette prière, bien souvent je laisse les autre dire la première phrase et j'ajoute "aujourd'hui" aux différentes demandes. Peut être parce que au fond de moi, je ne suis pas sûre de ce que je serais demain et si demain je pourrais donner ce nom là à Dieu.

Mais ce cadeau que j'ai reçu autrefois a été une source de joie pendant des années . Aujourd'hui il y a d'autres cadeaux, d'autres signes: la phrase du cantique de Judith qui dit en parlant de Dieu:  "son nom est le Seigneur"Ju 16, 2, remplace pour moi très bien Luc 10, 21....

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