dimanche 19 février 2012

"Voici l'agneau de dieu qui enlève le péché du monde: Jn

C'est une des phrases prononcée à chaque messe, juste avant la communion.  "voici l'agneau de dieu qui enlève le péché du monde". Or il y a quelques semaines en entendant cette phrase et en pensant à ce qui se passe en Syrie dans la ville de Homs, je me disais que non, le péché du monde est toujours là, que le mal est omni présent et que des innocents sont tués parce qu'une ville un jour a essayé de dire haut et fort que cela suffisait, qu'il fallait que quelque chose change, que quelqu'un parte.


Et pour une raison que j'ignore, peut être parce que je suis allée autrefois en Syrie et que j'ai aimé la mosquée que Damas, ce qui se passe là bas crée en moi une souffrance, cela me fait mal, presque physiquement. Cette dévastation systématique m'atteint, sans que je puisse dire pourquoi, car ce qui se passe ailleurs dans le monde n'est pas mieux.

Alors comment peut-on dire que le péché a été enlevé?

Le problème (si j'ose dire) c'est que le salut est lié à la rémission des péchés. Or le salut, peut il se réduire à cela? Oui si l'on fait de Dieu un dieu qui se retient (et on le comprend) de ne pas réduire en cendres une humanité aussi horrible, (mais en fait nous n'avons pas besoin de Lui pour y arriver et même très bien), alors que le Salut c'est la possibilité de vivre dès aujourd'hui autrement, c'est que quitter la ou les paralysies qui sont les nôtres pour être des vivants, pour être en lien avec Dieu  ou du moins pour certains avec la partie divine qui est en nous et en dehors de nous. La force de l'Amour qu'on le veuille ou non est une force réelle et elle est en tout homme. 

Alors deux choses me sont venues. La première c'est que oui le mal est toujours là, le combat n'est pas terminé loin de là, mais Jésus parce qu'il est vainqueur de la mort, parce qu'il est le Vivant ouvre la porte qui unit la terre et le ciel (j'emploie ces mots parce que c'est plus simple) et que vivre comme Lui le demande permet de le reconnaître comme l'agneau vainqueur et de vaincre '(un tout petit peu) le mal. je crois avoir enfin compris (ou entendu) la phrase où Il se dit être "la porte des brebis". Pour aller là où Il est, il faut bien suivre un chemin passer une porte (et peut être s'agit il aussi de la porte de cet Eden où l'homme communiquait librement avec Dieu et qui a été fermée et condamnée dans le mythe de la création- pour retrouver le vie (l'arbre de vie).   

La deuxième est une réflexion encore plus récente. Je me disais que ce mal qui ronge notre planète c'est une sorte de lèpre. Et je pensais que lorsque Jésus touche un lépreux, c'est le Pur qui détruit l'Impur, que l'impureté ne se communique pas. Là on peut dire que le Pur est vainqueur. alors peut être que le Sang versé sur la croix, qui est un sang pur, peut purifier le sang qui se répand chaque jour sur notre terre. J'ai été chimiste autrefois, et j'ai eu l'image de ces réactifs que l'on verse dans un liquide, et il suffit d'une goutte pour que tout change de couleur. Et je me disais que le sang des hommes coule tout le temps sur notre terre, que notre terre en est imbibée, imprégnée, qu'elle en est malade. Et j'avais comme l'impression que le sang versé sur une croix un jour du temps, permet encore aujourd'hui que de l'impur devienne du pur, mais que pour autant la lutte contre le mal est toujours aussi intense.

Moi qui jusqu'à aujourd'hui n'ai jamais tellement attendu le retour de Jésus, j'ai envie qu'il y ait un Stop de cette violence, de ce gâchis, de cette avidité destructrice, et en moi ça crie: Maranatha, viens Seigneur... 

Je ne me reconnais pas....

Peut être est il nécessaire de les hommes d'aujourd'hui crient Maranatha
 Mais au fond de moi, le cri de l'apocalypse: "Maranatha" se fait insistant.

mardi 14 février 2012

Pécheur..

Phrase d'introduction à la célébration de ce jour: "reconnaissons nous pécheurs avant d'entrer dans cette eucharistie".

Comme pour moi eucharistie cela veut dire action de grâces, je ne vois pas pourquoi il faut se reconnaître pécheur. j'insiste sur le "il faut". Il est tellement évident que tirés de l'animal nous ne pouvons être autre chose que pécheur.

Puis une idée (certainement iconoclaste) m'est venue... Si je ne me reconnais pas pécheur c'est comme si je disais que Jésus est venu pour rien  (le salut dans une certaine conception, n'est il pas de nous libérer du péché), que je n'ai pas besoin de Lui, (alors qu'Il a dit qu'Il était venu non pour les bien portants mais pour les malades, les pécheurs). Que comme Isaïe je me ressente comme du charbon face à ce que je peux imaginer de Dieu, c'est évident. Qu'il y ait en moi le désir d'être une pierre pure et non pas du charbon c'est évident, mais pour transformer le charbon en diamant il faut une sacrée pression et cela je dirait que c'est le travail de l'Esprit Saint, parce que je crois au fond de moi que certes Jésus est venu pour guérir,peut être pour réconcilier l'humain avec  son Père, mais je crois surtout qu'Il est venu pour nous donner l'Esprit et pour que nous l'ayons en abondance.

Or me reconnaître pécheur en soi ne me pose pas de problèmes, ce qui me pose question c'est cet espèce de préalable à toute célébration eucharistique: faut il comme chez les alcooliques anonymes se déclarer pécheur avant de commencer la réunion? N'est ce pas la même chose que de dire: je suis un être humain et je suis incapable par les propres forces d'arriver à la lumière? La lumière m'est donnée, alors oui je rends grâce.



Et puis j'ai eu une image, celle d'une grotte avec une ouverture étroite et haute; quand le soleil arrive, il révèle la grotte parce qu'il fait comme un trait lumineux sur l'ouverture mais aussi il pénètre à l'intérieur et ce qui était dans l'obscurité devient visible et peut aussi prendre vie. Et pour moi c'est un peu une possible représentation du Salut. Mais il faut tenir compte des deux côtés, le dehors (le soleil qui illumine et qui révèle l'ouverture) et le dedans qui se réjouit du jour qui lui est donné.


lundi 13 février 2012

limites d'une certaine visualisation.




J'ai toujours eu une certaine capacité à mettre en images un certain nombre de phrases. par exemple quand on demande à Dieu de nous faire revenir à Lui, j'ai toujours vue une immense poêle a frire dans la quelle nous étions nous petits hommes et que Dieu faisait revenir soigneusement avec des petits oignons..  Des images comme cela j'en ai certainement un carton plein.


il est certain que la visualisation a du bon, mais comme je suis en train de m'en rendre compte en travaillant le livre de l'Apocalypse, c'est une arme à double tranchant car dans certains cas l'image visualisée doit être entendue comme symbolisant quelque chose.


Ceci me parait évident lors de la description de celui qui s'adresse aux différentes églises (Ap1). Il faut dire que la description est quand même très différente de celle du livre de Daniel (Dn 7,13) où il s'agit d'une ébauche et qu'elle est terrifiante. Si l'auteur du livre tombe sur le sol comme mort, c'est qu'il y a de quoi.


Je reproduis la description (TOB):


13et, au milieu des chandeliers,
quelqu'un qui semblait un fils d'homme.
Il était vêtu d'une longue robe,
une ceinture d'or lui serrait la poitrine ;
14sa tête et ses chevaux étaient blancs comme laine blanche, comme neige,
et ses yeux étaient comme une flamme ardente ;

15ses pieds semblaient d'un bronze précieux, purifié au creuset,
et sa voix était comme la voix des océans ;

16dans sa main droite, il tenait sept étoiles,
et de sa bouche sortait un glaive acéré, à deux tranchants.

Son visage resplendissait, tel le soleil dans tout son éclat.

17A sa vue, je tombai comme mort à ses pieds,


Si ce personnage possède des attributs de prêtre (longue robe) de roi (ceinture d'or) , s'il est le symbole de la pureté (tête et cheveux blancs comme neige) là où cela se gâte c'est quand on arrive aux yeux (dans les anciennes traduction on parlait d'escarboucle qui est une pierre rouge comme le rubis) et remplacer cela par "une  comme flamme ardente" renvoie plus au feu et à la colère qu'à un regard brûlant d'amour. 


Et puis pardonnez moi, mais si on revient à la couleur rouge donnée autrefois, un Dieu avec des yeux de lapin russe, pas terrible...  


Difficile de regarder cet être dans les yeux. Ce n'est plus le Jésus qui regarde le jeune homme riche et qui l'aime...


Les pieds (qui ne sont pas comme ceux de la statue décrite dans le livre de Daniel) sont en airain (symbole de force et de puissance), quant à la voix, elle est loin d'être celle d'une brise légère. On l'imagine d'avantage comme une force qui dévaste comme une tempête. 


Mais là où j'ai eu le plus de mal c'est avec l'image de la bouche d'où sort un glaive (épée) à deux tranchants. Si nous sommes relativement habitués à voir un homme avec un couteau ou un glaive entre les dents, voir un glaive qui sort de la bouche est radicalement différent. Du coup on a une représentation d'une sorte de langue acérée qui sort et qui peut transpercer. Je dois dire que c'est une image assez terrifiante. 


Et c'est là où je rencontre la limite de la visualisation trop littérale du texte (ce qui est à la fois ma force et ma faiblesse, le double tranchant si j'ose dire). Car si on trouve dans l'épitre de Jacques une description de la langue comme d'un organe capable du pire, il faut je pense revenir au symbole et ne pas oublier que la justice est représentée tenant une balance et une épée. 




La représentation qui est donnée là est celle du jugement: la parole qui va sortir de Jésus élevé dans la Gloire du Père et qui va être adressée aux églises est une parole qui juge, qui est comme le glaive des prêtres du l'ancienne alliance et qui est décrite par l'auteur de l'épitre aux hébreux hé 4,12 "Vivante, en effet, est la parole de Dieu, énergique et plus tranchante qu'aucun glaive à double tranchant. Elle pénètre jusqu'à diviser âme et esprit, articulations et moelles. Elle passe au crible les mouvements et les pensées du cœur". 


En d'autre terme il va me falloir abandonner la représentation visuelle (l'épée qui sort de la bouche comme une sorte de langue de vipère et qui sera peut être à comparer avec ce qui sort de la gueule du dragon) pour passer à quelque chose de plus symbolique le jugement qui a été remis au fils:Jn 5,22"car le Père ne juge personne,il a remis au Fils le jugement tout entier".


Conclusion, il va falloir que je mette de l'eau dans mon vin et que je me lance un peu plus dans le symbole et le symbolique. Heureusement que le livre de J-Y Leloup pourra m'y aider. 

--


mercredi 8 février 2012

Phrases lues ou entendues.

- Jésus ne se pose pas la question de savoir s'il fait ce qui est bien , il se pose juste la question de faire la volonté de son Père.

- Une lettre d'Origène qui me pose question: (lecture du 06/02 sur le site du cef). il s'agit d'une comparaison entre la ligature d'Isaac et la mort de Jésus. le texte est en soi très intéressant. Mais voici ce qui me pose question:


Le Christ est le Verbe de Dieu. Mais le Verbe s'est fait chair. Donc le Christ souffre, mais c'est dans sa chair ; il subit la mort, mais c'est sa chair qui la subit, sa chair dont le bélier est ici la figure. Comme le disait Jean Baptiste : Voici l'Agneau de Dieu, voici celui qui enlève les péchés du monde

Le Verbe, au contraire, c'est-à-dire le Christ selon l'Esprit, dont Isaac est l'image, est demeuré dans l'incorruptibilité. C'est pourquoi il est à la fois victime et grand prêtre. 

Car, selon l'esprit, il offre la victime à son Père, et, selon la chair, lui-même est offert sur l'autel de la croix. 

Je comprends la dissociation, mais elle me dérange sans pouvoir trop expliquer. 

"Petites phrases"

Célébration eucharistique: que ce pain et ce vin deviennent "pour nous"...

Ce "pour nous" me semble très important. Il est évident que dans le nous, outre l'eventuel  pluriel de majesté du célébrant et de son ou de ses acolytes, il y a le nous des personnes rassemblées là, le nous des "frères et des soeurs", le nous des "fils et filles".

En d'autre terme je dirais que les phrases de la consécration ne sont pas magiques, elles ne font advenir la présence que pour ceux qui croient que cela est possible parce que les paroles prononcées un jour du temps par Jésus, sont des paroles agissantes (des paroles actes) et que ce qu'il dit, il le fait.

Ce sont des paroles qui créent du lien, qui créent du sens qui créent de la présence, mais pas de manière magique.

"Une petite erreur"

Dans le billet sur les petites phrases entendues, je mentionnais "se recevoir". Or contrairement à ce que je pensais et disais, le verbe ne revoie pas à une forme passive, mais à une forme pronominale, qui finalement est active. Il y avait bien la petite phrase qui me trottait en tête: j'ai perdu l'équilibre, mais je "me suis bien reçue (sous entendu je me suis quand même bien réceptionnée)et je ne me suis rien cassé.

Du coup dire que je me reçois de Dieu, peut vouloir dire autre chose que ce que j'avais imaginé. Ce que je recois c'est "je" donc du sujet. Simplement accepter cela, c'est aussi accepter le facteur temps, car le sujet en tant que tel se façonne dans le temps et la durée. A dire vrai, je peux presque dire que je me désire sujet, parce que le sujet est justement désirant, mais quel sujet suis-je, je ne le sais pas vraiment puisqu'on est (au moins) deux sans cette création; ) savoir moi et celui qui pour moi a une existence et un désir pour moi.

Quand j'en suis arrivée là de ce raisonnement, j'ai eu l'image d'un amaryllis. C'est une fleur qui lorsqu'on l'achète se présente sous la forme d'un oignon avec une tige qui émerge. Mais combien de temps faudra t il pour que la fleur éclose, quelle sera sa couleur, quelle sera la hauteur de la tige, personne ne le sait.

Il faut juste lui trouver une place, lui donner un peu d'eau et attendre.



Alors ce jour là, il m'a semblé que "se recevoir" c'était accepter de pousser de changer, de grandir en acceptant que quelqu'un y soit pour quelque chose et que d'une certaine manière je pourrais être surprise du résultat. Il y a en moi ce qu'il faut, mais il faut un petit plus pour que cela vienne a maturité et ce petit plus, je ne le maitrise pas et c'est peut être cela l'important; c'est accepter l'irruption du non prévu, l'irruption de l'autre, je dirait du "tout Autre".

à l'arrivée
J'ai acheté un amaryllis je lui au donné de l'eau et à ma grande surprise il s'est mis à pousser pousser. jamais je n'aurais pu imaginer qu'il grandirait ainsi. La fleur n'est pas encore ouverte. Je publierai ce billet quand elle sera sortie.
au bout d'une semaine
La fleur commence à sortir, mais on dirait qu'il y a plusieurs.
la fleur se devine

la voilà





et voilà le final, même si les fleurs ne sont pas encore épanouies.
N'est pas étonnant?
Moi qui m'attendait à une fleur rouge et qui aurait une tige relativement courte, j'ai été surprise. Et si "se recevoir" c'est se découvrir très différent de ce que l'on pensait, je pense alors que ce "ne pas savoir"(qui revient aussi à faire confiance ) de se découvrir différent des images plaquées sur soi, est une très bonne chose.