lundi 19 décembre 2011

Pleurer sur un autre que soi...


Lc 19,41 "Quand il approcha de la ville et qu'il l'aperçut, il pleura sur elle"


J'ai reçu un message d'une amie me demandant d'envoyer des pensées positives et aimantes sur notre planète le 17 décembre; plusieurs fois ce jour là, j'y ai pensé et me suis comme vue tenant un globe terrestre dans les mains et soufflant sur lui pour lui donner une enveloppe d'amour. Je dois dire que je pensais aussi à mes petits enfants et à mon désir de leur laisser une planète en pas trop mauvais état. Tout en visualisant ce globe dans son enveloppe de "bonnes pensée" je ne pouvais m'empêcher de pleurer sur ma planète bleue, ma planète qui certes a son propre mode de vie, mais que le notre perturbe certainement.

Quand il y a un tremblement de terre, j'ai souvent l'idée que la terre se secoue parce qu'il y a trop de monde qui s'agrippe à elle, et qu'elle s'en débarrasse à sa manière, un peu comme un animal qui se secouerait pour chasser quelque chose qui le gêne.  Alors cette terre qui est mienne, peut être faut il pleurer sur elle, car nous la conduisons à une certaine destruction. Quand on regarde sur un globe les iles de l'Indonésie, j'y vois toujours un ou des dragons.. Et les dragons ça n'aime pas trop les humains...

Or pleurer "sur" un autre que soi n'est pas si évident. Bien sûr si lors d'un enterrement on a la larme à l'oeil (ce qui est souvent mon cas), on pleure certes pour celui ou ceux qui devront continuer à vivre sans celui ou celle qui est parti, on peut pleurer sur celui qui est parti surtout s'il a beaucoup souffert (la mort d'un enfant en particulier, parce que vu à notre aulne il n'a pas eu son compte de vie) et on peut pleurer sur soi, parce que la mort nous concerne tous et que ce qui se célèbre là renvoie à ma finitude.

Dans l'évangile de Luc, il est étonnant que ce soit le jour de ce qu'on appelle l'entrée triomphale à Jérusalem que Jésus a les larmes qui lui montent aux yeux. Il ne pleure pas sur lui et pourtant il sait ce qui l'attend. Il pleure sur Jérusalem parce qu'elle n'a pas entendu le message, parce que d'une certaine manière elle va vers sa perte, vers sa ruine (que ce soit une ruine spirituelle ou la ruine liée à la guerre). Il s'émeut pour elle, il souffre pour elle, ce qui veut dire que cette ville, il l'aime. Pleurer sur un autre que soi, c'est dire: je vois dans quel état tu es, je tiens à toi, je suis malheureux pour toi et ce qu'autant plus que je ne peux rien faire de plus, mais je t'aime telle que tu es.

Il m'est arrivé plus d'une fois d'avoir les larmes aux yeux en écoutant certains patients, mais cette sensibilité qui est la mienne, et que parfois je ne peux analyser ni contrôler, elle me renvoie souvent à ma propre impuissance. Je ne peux rien faire, sauf être un peu là à un moment donné. Peut être que je pleure un peu sur moi à défaut de pleurer sur eux, même si ma compassion est réelle.

On parle souvent d'un Bouddha de compassion. Moi je me plais à imaginer que aujourd'hui encore Dieu puisse quand il regarde notre terre pleurer sur elle. Pleurer non pas à cause de notre péché qui devrait le faire souffrir (ce que je ne crois pas si Dieu es Dieu), mais pleurer parce qu'Il aime ceux qui sont là et qu'Il se désole de voir que la convoitise reste trop souvent le maître mot et que comme le disait Saint François, l'Amour n'est pas aimé.


"ne me retiens pas" Jn 20, 17

Cette phrase que Jésus dit à Marie de Magdala a été très très commentée. Je me demande si Jésus ne signifie pas simplement qu'Il n'a pas la "bonne place" dans le coeur et dans le vie de cette femme.

Et je me demande si ce qu'on appelle "perdre la foi" n'est pas le moment où l'on se rend compte qu'on avait mis dans sa vie Jésus (Dieu) à une mauvaise place, un peu comme un bouche trou parce qu'on est en manque de quelque chose.

Et à partir de ce moment là, ce qu'il nous est demandé, même si ça doit prendre beaucoup de temps, parce que cela fait tomber beaucoup d'illusions, c'est (si possible avec l'aide de l'Esprit Saint) de Le laisser Lui nous dire, là où Il veut être en nous et par nous.

mercredi 14 décembre 2011

Un culte, des messes de semaine...

Je sais que ça ne sert à rien de faire des comparaison, mais entre un culte (c'est le premier auquel je participe) et une messe de semaine dans une église parisienne (bien remplie je dois le dire) je choisis le culte sans hésitations.

Bien sûr, tous les cultes des églises réformées n'ont surement cette qualité, mais ce que j'ai ressenti c'est une sorte d'ancrage dans le réel, loin de ce souci de pureté, d'évanescence de l'église catholique. Le pain c'est du vrai pain, le vin c'est du vrai vin rouge qui tache. Et puis commencer par un vrai temps de louange avant de parler du péché, je dois dire que cela me va. Et là encore c'était vraiment une réflexion sur ce qui nous empêche par exemple d'être des pauvres,  de ne pas être des assoiffés etc.

La messe d'hier, c'est le genre d'office qui me donne envie de partir en me disant que non ce n'est pas possible. Bien sûr il faut des gestes, mais encore faut il que ces gestes soient remplis, habités. Je crois que c'est cela ce que j'ai ressenti c'est la non habitation.

Il y a fort longtemps, mais je crois que cela a contribué à mon éloignement de l'église, nous avions passé nos vacances (comme d'habitude) à Seignosse le Penon. Il y avait une équipe de prêtres venant de la faculté de Bordeaux et donc travaillant avec des étudiants qui animaient la station. Les célébrations étaient belles, vivantes et même aller à la messe en semaine était un plaisir. En retrouvant la messe dominicale chez nous, j'ai eu l'impression de participer à une messe d'enterrement et du coup j'ai commencé à m'en détacher.

Nous avons bien de la chance d'avoir la communauté du chemin neuf à portée de main et donc d'avoir des célébrations où la Vie de manifeste (du moins très souvent). je suis admiratives pour toutes ces personnes qui participent à ces tristes célébrations. C'est peut être (sauf que je supporte mal la manière dont les gens se précipitent pour aller communier, comme s'il risquait de ne pas en avoir pour tout le monde) la foi des personnes qui étaient là qui m'a remuée.

mardi 6 décembre 2011

Le Pardon, comme un exercice

Dans un livre que j'ai lu récemment, "la cabane", on explique que pardonner c'est cesser de couloir sauter à la gorge de l'autre pour l'étrangler (cela c'est une image qui me parle), puis à un autre moment il est demandé à celui qui est la victime de dire à l'auteur du mal: "je te pardonne" de le dire et de le redire.

Sur un forum chrétien(évangélique) j'avais posté un billet sur le procès du frère Pierre Etienne* et j'avais reçu une réponse lapidaire d'une des administratrices du forum, à la limite de la correction. Inutile de dire que cela a provoqué chez moi une colère intense: si elle avait été en face de moi, toute handicapée qu'elle soit, elle aurait pris ma main dans la figure **. Je me suis raisonnée, j'ai pensé qu'il pouvait être important de vivre ce que je ressentais comme une humiliation en me disant que c'est une bonne chose et que je pouvais dire merci. Ce n'était pas le merci de la louange (merci Seigneur, parce que tu sais ce qui est bon pour moi) c'était merci de me faire un tout petit vivre ce que Toi, Tu as vécu (en fait je pensais à l'épisode du procès Jn18 quand Jésus reçoit une gifle), mais bon, ça grognait quand même pas mal en moi.

Cela de fait me taraudait encore et encore. Alors avant de m'endormir j'ai essayé de dire, de redire, de re re dire: "je te pardonne X". Puis mon naturel a repris le dessus et comme Jonas avec son ricin, je trouvais que j'avais bien raison d'être en colère, même si compte tenu de la manière dont cette personne écrit sur le forum, je pouvais me dire que son agressivité est peut être "maladive" du style stress post traumatique, ce qui pouvait me permettre de changer mon regard et d'avoir (un peu) de compassion. Mais une disqualification c'est toujours difficile à vivre et à accepter: cela ramène toujours à des blessures et ça fait mal.

Mais même si j'ai encore dit "je te pardonne" (et je trouve que cette phrase est importante, car quand je dis "je" je m'engage moi, ce n'est pas un pardon remis à Dieu, c'est le mien, même s'il m'arrache la bouche), je me suis endormie en pestant contre cette manière d'agir.

Le lendemain une amie qui est sur le même forum, m'écrit et me signale que le titre du billet a été changé. Du coup je vais voir et je constate à ma grande joie qu'une autre administratrice a changé effectivement le titre en tenant compte de ma suggestion.

Je crois que cela se passe de tout commentaire. Simplement maintenant je peux dire dans mon coeur à cette personne, non pas "je te pardonne" mais "je t'ai pardonné", ce qui est encore autre chose.

Alors peut être que cet exercice, car c'en est un, est un exercice nécessaire et qu'il est très positif. En tous les cas outre la joie d'avoir été reconnue par une autre, il y a surtout le plaisir de ne plus me sentir bouffée par cette colère. Je reconnais aussi qu'il s'agit d'une toute petite chose. encore aujourd'hui quand on lit la phrase sur "la charité qui pardonne tout, excuse tout", au fond de moi je me demande si elle peut pardonner l'inceste et tout ce qui tue l'être humain en le réduisant à l'état d'objet. Mais là c'était quelque chose comme une offense ordinaire.

* Le procès de cet homme, qui était dans la communauté des béatitudes pour attouchements sur mineurs vient de se terminer par une condamnation à 5 ans de réclusion.

** Dans ce genre de situation, je ne réponds jamais pas écrit le jour même, je me laisse toujours du temps. Ceci explique que je n'ai pas répondu sur le forum, ni par mp.

dimanche 4 décembre 2011

"Désert"

désert de Juda. 
On nous dit aujourd'hui que Jean le Précurseur (Mc 1-18) ne s'est pas installé dans une ville, mais dans le désert. Le désert dans le 1° testament c'est souvent là où Dieu se révèle. S'Il choisit ces lieux arides, ces lieux sans végétation, ces lieux où la vie est difficile n'est ce pas pour nous faire comprendre que nos déserts à nous, ces lieux où il  ne pousse rien, ce sont peut être aussi des lieux qu'Il aime et dans lesquels Il peut se manifester.

Et puis peut être ce qui caractérise aussi le désert c'est qu'il peut receler un puits caché, et pour moi ce puits est présence de l'Esprit Saint qui peut faire tout reverdir.

Alors ne ne soyons pas coupables d'avoir encore en nous des lieux où ça ne pousse pas, des lieux arides, parce que c'est peut être là que Dieu va nius rejoindre et qu'Il fera jaillir l'eau du rocher.

Hier des membres des fraternités de Charles de Foucault nous ont expliqué que le choix de vie dans le désert n'a pas été motivé par le "lieu" désert avec sa beauté, mais parce que c'est en ce lieu qui résidaient les pauvres, les exclus. Et cette approche me paraît très importante.

mercredi 30 novembre 2011

"S'écouter, écouter son corps";


Ce billet a été écrit dimanche 27 novembre, 1° dimanche de l'Avent. 

Je pense que comme beaucoup d'enfants de ma génération (celle de la 2° guerre mondiale)  j'ai été élevé dans "marcher sur la douleur" être plus fort qu'elle. Cette manière de fonctionner, du moins tant que c'est possible donne de grandes satisfactions (narcissiquement parlant).A cela s'ajoutait le fait que étant une fille, donc par définition une pleureuse,ne pas pleurer quand par exemple j'avais le genou en sang, était très satisfaisant: d'une certaine manière j'avais ma récompense.

Ceci pour dire, que se plaindre n'était pas bien vu et que la douleur il faut la mater, être plus fort qu'elle.

Hier, j'ai eu envie de travailler dans le jardin, ce travail ingrat qui consiste à ramasser les feuilles mortes, qui envahissent la pelouse qui a été refaite, donc faire cela pour éviter que cela ne pourrisse. Et puis s'il y a des feuilles qui sont belles, celles là ne le sont pas, alors c'est un peu comme donner un coup de propre et j'aime bien cela. Bien sûr j'aurais pu attendre un grand coup de vent pour que cela parte sous les haies, mais à l'expérience, ce n'est pas un bon plan. Alors j'ai ramassé, je me suis gorgée de l'odeur de l'humus (ça j'aime), mais le sac à déchet étant de plus en plus lourd, je me suis fait mal "aux reins" en le soulevant et en le ramenant sur la terrasse.

J'ai avalé un anti inflammatoire en me disant que cela allait durer le temps d'une nuit, mais que nenni, ce matin le mal est toujours présent. C'est une douleur qui me fait penser à une phrase que l'on va lire aujourd'hui dans la première lecture Is 63:  "Ah si tu déchirais les cieux, si tu descendais".

Ce que je ressens dans mon corps c'est bien cette sensation de déchirement, de quelque chose qui évoque le travail de l'enfantement (accoucher par les reins dit on parfois).

Alors ce truc là, que peut il bien me dire, mis à part le fait que je vieillis et qu'il y a des trucs que mon corps n'aime pas plus et qu'il proteste. Peut être que quelque chose doit naître. Après tout c'est le temps de l'avent, le temps de ce qui doit advenir, naître.

Comme me l'a déjà suggéré le frère Benoît, je me suis écoutée... Je ne suis pas allée à la messe pour rester sans bouger, sans faire d'efforts, sans risquer de faire de mauvais mouvements. Cela en soi est important, car il y a des restes de l'adolescence: ne pas manquer la messe du dimanche, surtout peut être quand on rentre dans la préparation d'un temps plus spécifique.  C'est sortir du "s'écouter c'est défendu, c'est mal".

Et puis j'ai repensé à une séance non pas de shiatsu mais de "cristal" au cours de laquelle la thérapeute m'a fait répété les phrases suivantes: "j'ai le droit d'être heureuse", puis "j'ai le droit d'être malheureuse". Je dois dire que cela m'a interpellée car jamais je n'ai osé dire les choses comme cela: avoir le droit. Je ne pense pas avoir reçu ce droit... Et là, je peux me dire que ce mal de reins ne touche pas à ce droit: je peux avoir mal, le dire aux autres et continuer à être heureuse. Je peux me dire que ne pas aller à la rencontre du dimanche, certes c'est dommage, mais cela m'a permis de regarder la messe à la télé et surtout un reportage sur Jean XXIII qui est et qui restera "mon" pape.

Alors ce n'est pas "à quelque chose malheur est bon", non c'est autre chose qui peut naître de cette expérience de ce jour. Quelle que soit ce que me réserve la vie, j'ai le droit peut être pas de me sentir bien si la douleur est là, mais sans que cela n'entame pas mon droit à être heureuse (ce qui est différent pour moi du bonheur). On a tellement voulu faire de ce qui fait mal, soit une punition, soit une rédemption...  Lytta basset dit quelque part, "est mal ce qui fait mal". Oui j'ai mal, et l'important est peut être de faire ce qu'il faut pour que cela diminue.

Accepter cela c'est je crois aller vers une certaine unification de soi. Et je pense que cette unification, c'est peut être cela qui rend heureux.

mardi 29 novembre 2011

Exultant de joie.. Jésus dit: Père, Luc 10, 21

J'étais étudiante, responsable d'amphi au centre Richelieu. Toutes les semaines nous avions un texte d'évangile à "méditer". Il n'y avait aucune consignes de lecture pour prier ces textes, je veux dire qu'il n'y avait aucune "technique" particulière pour prier ces mots, simplement prendre du temps pour les laisser vivre.

Ce texte de Luc a été pour moi une des choses les plus importantes qu'il m'a été donné de recevoir.

J'ai à ma manière "exulté" moi aussi parce que ce jour là, j'ai pu comme Jésus entendre ce mot de Père. Bien sûr j'avais lu et relu le texte, mais tout d"un coup il a pris sens pour moi avec ce simple mot. Je suis restée comme aimantée par ce mot. Il résumait tout le texte que nous avions à méditer. Et ce pouvoir des mots sur moi, il est toujours aussi fort aujourd'hui. l'Esprit Saint devait à l'oeuvre, mais je ne le savais pas. Il a soufflé ce jour là et il m'a donné une immense joie.

D'un coup je  suis passée à une relation qui était très christocentrique (quand on découvre la personne de Jésus à 10 ans, il devient une sorte de grand frère, de super copain et même si les choses évoluent un peu avec les années ce coté de familairité demeure) à quelque chose de radicalement différent. D'une certaine manière le Fils s'effaçait pour faire place au Père et cela était pour moi une révélation. Il m'avait révélé quelque chose du mystère trinitaire.

Puis les années ont passé... J'ai certainement évolué (où la vie m'a fait changer et un jour je me suis rendue compte que ce mot de Père je ne pouvais plus le prononcer car il était comme englué dans des rituels qui eux mêmes me paralysaient. Je pense que je me suis laissée comme piégée par  une représentation de Dieu qui était Dieu dévorant (il est terrible de tomber dans les mains du Dieu vivant est-il écrit dans l'épitre aux hébreux). De ce Dieu là je ne voulais pas et je l'ai laissé choir.  Dans cet espèce de combat entre moi et Lui, je me suis choisie moi et j'ai vécu sans Dieu pendant des années. Je sais que cela paraît gonflé de dire les choses ainsi,mais je n'ai pas "besoin " de Dieu pour vivre, j'ai le "désir" de Lui ce qui pour moi est autre chose.

Appeler Dieu par ce nom de Père n'est toujours pas simple pour moi. Qui n'a pas eu des problèmes avec son propre père, qui n'a pas pas projeté de son père sur Dieu ou de Dieu sur son père?

Quand j'ai repris une pratique, j'ai écrit un petit texte: "pour ceux qui ne peuvent dire Père à Dieu"http://www.portstnicolas.org/Quand-il-est-impossible-de-dire.html.

Encore aujourd'hui quand je dois au cours d'une célébration dire cette prière, bien souvent je laisse les autre dire la première phrase et j'ajoute "aujourd'hui" aux différentes demandes. Peut être parce que au fond de moi, je ne suis pas sûre de ce que je serais demain et si demain je pourrais donner ce nom là à Dieu.

Mais ce cadeau que j'ai reçu autrefois a été une source de joie pendant des années . Aujourd'hui il y a d'autres cadeaux, d'autres signes: la phrase du cantique de Judith qui dit en parlant de Dieu:  "son nom est le Seigneur"Ju 16, 2, remplace pour moi très bien Luc 10, 21....

dimanche 20 novembre 2011

"Couler"

Quand on se noie on dit qu'on coule, qu'on tombe dans un milieu qui ne permet pas de respirer et donc on perd le souffle et on meurt.

On dit aussi que l'on se coule dans le désir de l'autre quand on a envie de lui ressembler ou d'être aimé par lui. Pour ce faire, pour devenir "un peu" comme l'autre, on essaye de se nourrir de tout ce qui peut sortir de lui, de ses paroles, des ses gestes, de ses regards.

Quand Jésus dit: celui qui mange ma chair et boit mon sang, demeure en moi et moi en lui Jn 6, 56 peut être peut-on entendre ceci : celui qui se nourrit de ce que je suis et qui bois ce qui sort de moi, celui là devient moi.

Or que sort il de Jésus, il sort d'une part le sang (qui s'il n'est pas versé dans quelque chose s'écoule et s'en va, car comme tout liquide il a besoin d'un receptacle) et d'autre part le souffle (répandu sur la croix et lors des apparitions d'après l'évangéliste Jean).

Ce matin je disais en transformant la prière du coeur: "fais couler en moi ton Esprit Saint". L'image qui est alors venue (à partir du mot couler, car c'est souvent ainsi que je fonctionne, ou que ça fonctionne) a été celle du sculpteur qui fait couler le bronze dans un moule.

Alors que bien souvent quand je demande que L'esprit Saint vienne, c'est l'image de l'eau qui coule sur mon corps, mais même si cela symbolise l'eau qui purifie, cela est extérieur de moi, même si je peux m'en envelopper. Là j'ai compris qu'Il coulait aussi à l'intérieur de moi, qu'Il pouvait remplir tous les vides qui sont en moi, sans pour autant les boucher et que finalement mon corps est une sorte de moule qui est appelé comme tout moule à disparaître pour que la "forme" soit visible. Il n'en demeure pas moins qu'il y a dans cette optique un travail, permanent de création en moi et que cela c'est aussi mon désir.

Quand Paul écrit: "vous êtes le temple de l'esprit saint", c'est peut être cela qu'il veut dire(1Cor 6,16) c'est à dire que l'Esprit Saint qui est en vous crée un temple c'est à dire un lieu de résidence pour Dieu. mais jusque là je ne m'étais jamais posé de question sur la forme du contenant (argile dira le même Paul ailleurs 2Cor4,7) mais peut être que le moulage soit correct il faut que le moule soit bien travaillé lui aussi.

Chez Marie, ce coulage (le très haut te prendra sous son ombre) a pris une forme particulière: celle du fils; chez moi, je ne sais quelle forme sortira.
Cela c'est le travail du sculpteur. Le tout c'est juste de demander que "ça coule" pour créer de la vie. Que la forme m'échappe,puisque ce n'est pas moi qui la crée, c'est certainement une très bonne chose, car là je suis obligée de laisser faire, de me laisser faire.

Alors sentir en soi ce flux et en même temps cet arrêt du temps est une grâce qui permet juste de dire merci et de louer.


mercredi 16 novembre 2011

Parler à Dieu ou parler Dieu

Hier soir, lors d'une réunion un jeune homme s'adressait à Dieu en disant quelque chose comme "Dieu je te bénis parce que tu es là, que tu fais plein de belles choses" mais dans sa manière de parler, Dieu était comme un "prénom" ou un nom de famille, un peu comme s'il disait:Salut X (Dieu en l'occurrence).

Je trouve cela superbe pour lui, qu'il puisse être "cul et chemise" avec le Tout Puissant, avec celui dont on ne peut prononcer le nom, avec celui qui est le Tout Autre, mais moi je ne peux pas, cela m'est impossible. Ce serait comme si j'enfermerai D ieu dans une enveloppe, dans un corps, comme si je pouvais lui taper sur l'épaule en lui disant" heureuse de te rencontrer" et cela je ne le peux pas.

Je me disais que indépendamment du nom Seigneur que je mets un peu à toutes les sauces, parce que c'est comme cela que je Lui parlais autrefois, peut être que c'est Présence ou Absence qui seraient des noms pour LUi Lui étant celui que l'on appelle la première personne de la Trinité, après tout à tout Seigneur tout honneur.

Présence/présent parce que oui, par moment Il est là, Il c'est peut être ce qu'on appelle le Dieu "trois". Il est là, Il se manifeste par ces signes qui sont parfois ténus, minuscules, surtout personnels, mais oui Il est là. Pour moi, il suffit parfois alors que je fais quelque chose de ralentir un tout petit peu le rythme pour que en moi quelque chose de passe, que j'ai conscience de ce lieu en moi où il accepte de demeurer.

Absence/Absent c'est quand le ressenti n'est pas là, mais quand il reste comme le dit quelque part Maître Eckhart: "Comme lorsqu'une pomme a été posée et que demeure un goût".

Jésus, Lui je l'ai appelé par son nom, parce que c'est ou du moins c'était facile. Aujourd'hui, cela l'est moins. J'aime bien Joshua mais il me semble que là aussi  celui à qui je m'adresse ce n'est pas l'homme Jésus mais le ressuscité et là encore il y a de la distance. Alors oui le terme Seigneur (ou des fois patron) ce n'est pas si mal.

Quant à l'Esprit Saint qui est peut être mon grand "Présent" d'aujourd'hui, Lui je l'appelle, Lui je lui demande de m'ouvrir, d'ouvrir mon coeur, d'éveiller tous mes sens, pour qu'il "m'accorde" à mon présent.

Je me rends compte en terminant ce billet que les noms que j'aime utiliser sont:  Adonaï, Joshua, Ruah.. mais que ces mots ne recouvrent pas grand chose.


dimanche 13 novembre 2011

S'approprier une parole...

Fra angelico: Annonciation

J'utilise tous les matins le site: http://www.prier.be/ et quand on clique sur l'icône de droite, il s'affiche une "parole", un "petit pain" pour la route.

Ce matin ce fut: réjouis toi comblée de grâce, le Seigneur est avec toi.

Ma première réaction a été de penser à Marie, puisque c'est à elle que ces paroles sont adressées et d'avoir envie de passer à autre chose. Puis aussitôt je me suis dit: mais c'est à moi aujourd'hui que cela m'est dit. Et je me suis réjouie de ce qui m'est donné, car j'ai beaucoup de chance et de savoir que le Seigneur est avec moi... Et cette phrase est devenue source de joie pour moi aujourd'hui.

Etonnant non de s'approprier une parole dite à quelqu'un d'autre.

Automne



L'automne, c'est la saison des feuilles qui tombent et j'ai entendu qu'il ne faut pas les laisser sur les pelouses, alors je les ramasse en pestant un peu, parce que un saule ça a des masses de feuilles et des petites. Pour le liquidembar et ses grandes feuilles rouges, c'est plus facile..

Devant la pièce où je travaille, il y a un petit lilas qui d'un coup a commencé à perdre ses feuilles, mais surtout elles sont passées du vert au jaune et du jaune au brun (comme si elles étaient brûlées) et à ce moment là elles tombent et donc j'ai pensé à les ramasser.

Et là une surprise: en regardant les rameaux porteurs de ces feuilles qui ne demandent qu'à tomber, j'ai vu des bourgeons en devenir. comme si les feuilles ne tombaient que lorsque la relève était prête.

Et je me suis extasiée: petite joie de ce matin d'automne. Peut-être que vieillir c'est aussi laisser tomber ce qui a vécu parce que du neuf est déjà en devenir.

mardi 1 novembre 2011

Etre saint.

C'est la "Tous saints" aujourd'hui. Pas trop écouté l'homélie du frère Hughes. Je me disais que être saint, c'est juste laisser entrer Dieu dans son coeur et le laisser agir (ou mener la barque).

La conception de Etty Hillesum: prendre soin de Dieu qui est en moi, me plaît assez. Parce que prendre soin c'est le take care anglais, c'est aussi bien prendre dans les bras que nourrir et que parler. C'est aussi le voir dans les autres, mais aussi dans le monde.

Une autre image; celle de la petite braise qui est le divin en nous. Et le souffle de l'esprit qui permet que cela grandisse et qui se révèle ainsi le visage de Dieu en Jésus. Etre saint, c'est juste prendre conscience de la petite braise et de laisser souffler.

samedi 29 octobre 2011

A comme Accorder


Je me suis entendue dire ce matin en priant: Père de Jésus, accorde moi ton Esprit Saint, et ce verbe accorder qui bien sûr signifie donne  je l'ai entendu comme accorder une guitare, accorder de cordes.

Et dire à Dieu, accordes moi comme une guitare, redonne à chaque corde leur son, pour que la musique qui sorte de moi, puisse te chanter sans trop de fausses notes, voilà qui a réjouit mon coeur.

J'aime quand un mot se charge de signification.

D'ailleurs dans l'évangile de Matthieu il y avait une traduction qui disait que Marie avait été accordée à Joseph et ce mot accordée, a toujours "chanté" pour moi, comme le mot "épouse" car épouser une forme c'est faire en quelque sorte un avec.

vendredi 21 octobre 2011

"Une voiture rouge".



Comment une voiture rouge m'a un peu aidée à comprendre le "Salut" et peut être la notion de "rachat"


Je n'aime pas trop le mot "salut" et j'aime bien remplacer être sauvé par être vivant, puisque si je suis sauvée de quelque chose d'une certaine manière je reste en vie et la vie est un bien précieux.

Mais reste la question du prix à payer pour que moi je sois sauvée. J'ai beaucoup de mal à accepter la notion de réconciliation, à savoir l'idée d'un dieu tellement en colère contre l'humanité qu'il veut la détruire et éventuellement ne plus rien à voir avec elle et donc peut être donner à certains (les justes à la possibilité d'une vie après la mort, mais pas aux autres. Pour éviter cette catastrophe, et surtout pour montrer que cette représentation de dieu n'est peut être pas la plus adéquate, quelqu'un un jour du temps, a payé de  sa vie le mal commis par l'humanité. Je nomme ici Jésus qui révèle l'amour.

Ce matin il m'est revenu un souvenir d'enfance qui me permet peut être de comprendre un tout petit peu ce qu'il en est du salut et du rachat.

Quand j'étais petite (5 ans) j'ai passé une semaine en internat en
Angleterre. Moi petite française j'étais un peu perdue ne comprenant pas la langue. Il y avait des garçons et des filles du même âge que moi et donc des jouets pour les deux sexes.Je me souviens avoir été fascinée par une superbe voiture rouge mais ne pas avoir osé y toucher puisque c'était pour les garçons. Je ne sais par quel mystère, mais je me vois me lever en pleine nuit, aller dans la salle des jouets et prendre cette superbe voiture. Et là catastrophe, elle me reste dans les mains, je veux dire que le bas de la voiture qui devait tenir par des languettes de métal se détache et que moi je suis dans tous mes états: la voiture est cassée. C'est un peu la panique, surtout que je ne comprends pas. j'essaye de la réparer, c'est à dire de reposer les deux parties l'une sur l'autre et je retourne dans mon lit. Le lendemain, la responsable demande qui a cassé la voiture. Je suis incapable de répondre, mais un petit garçon qui a une réputation de tout casser est alors tenu pour responsable et c'est lui qui est puni à ma place.

En repensant à cela, je me disais que c'est peut être une manière de comprendre le salut et le rachat. Dans cette histoire, j'ai commis un geste que je n'aurais pas dû faire (me lever pour jouer toute seule, convoitise si on peut dire). L'objet est cassé, mais je ne peux accepter la conséquence de ceci), à savoir une quelconque punition. Le petit garçon qui est puni à ma place,me sauve de la punition puisqu'il endosse la faute (voiture abîmée) à ma place. D'une certaine manière je lui suis reconnaissante de n'avoir rien dit. Personne ne savait que c'était moi (du moins je l'ai toujours supposé), or souvent les fautes que nous commettons personne ne les voit, n'empêche qu'il y a des conséquences et que ces conséquences dans notre monde (je ne dis pas que c'est pareil dans tous les mondes existants) on doit les payer.

Ce petit garçon inconnu, je ne sais pourquoi il a accepté la sanction sans mot dire (peut être avait il contribué justement au fait que la voiture me soit restée entre les mains en deux parties), mais il m'a sauvé d'une punition et peut être aussi de la perte de la bonne relation que j'avais (moi petite fille qui vivait quand même un abandon)avec l'animatrice.

Alors le salut ce pourrait être un peu cela. Quelqu'un qui accepte d'endosser une faute que j'ai commise et qui entraine pour moi une punition, et d'être puni à ma place. Je ne pense pas que le petit garçon ait fait cela par amour pour moi, alors que l'acte posé par Jésus est un acte fait par amour: "qu'ils vivent en moi et qu'ils aient en moi la vie", mais peut être que l'histoire de la voiture rouge cassée peut permettre de comprendre un tout petit peu ce qu'il en est du salut et de la phrase "c'était nos fautes qu'il portait".

mercredi 19 octobre 2011

Peut-on s'abandonner quand on a été abandonné?

Un billet du mois dernier...  Incomplet, la suite un jour ou l'autre en fonction des événements.

Hier, pendant une séance de shiatsu, j'ai pu ressentir en moi un abandon total de mon corps, en particulier de ma tête dans les mains de la thérapeute. Ceci avait été précédé de deux moments l'un où je me suis en quelque sorte centrée sur la musique avec le désir d'écouter vraiment, d'entendre toutes les notes, tous les instruments pour me laisser "prendre" par ces sonorités et un autre  moment où je suis comme envahie par le plaisir de laisser l'air ambiant entrer en moi, ce qui me permet de ressentir la fraîcheur de l'air mais aussi ce subtil qui est en lui. Je pense que ces deux temps ont permis cette expérience d'abandon qui me renvoie à ce que je vis parfois dans l'eau quand je fais la planche là où il y a assez de profondeur et où je me laisse complètement porter par la mer (sans jeu de mot).

Mais pour pouvoir s'abandonner ainsi, abandonner tout contrôle il est indispensable de faire confiance à l'autre (ici la thérapeute qui je le sais veut du bon et du bien pour moi) mais aussi de savoir que si quoique ce se soit se passe, il y a en moi la possibilité de bouger, ce qui veut dire faire aussi confiance à mon propre corps. Si je peux me laisser aller dans l'eau c'est que je nage suffisamment bien pour pouvoir réagir si jamais une vague malencontreuse venait me chatouiller les naseaux..

L'image traditionnelle de la confiance est celle du bébé qui vient de prendre son content de nourriture, qui a même peiné pour cela et qui se laisse totalement aller dans les bras de sa mère, certain qu'il est qu'elle ne va pas le laisser tomber. Cette représentation là elle est belle, mais quand on a vécu (ce que tout individu vit à son corps défendant) des abandons s'abandonner devient très difficile. Il faut comme je viens de le dire d'une part faire confiance à l'autre, mais aussi se faire confiance à soi.

Pour s'abandonner il faut peut être que les peurs liées aux abandons soient parties, or elles font partie de notre mémoire. S'abandonner c'est ne plus bouger, c'est être volontairement paralysé (volontairement). Or la paralysie, la dépendance est bien quelque chose qui nous fait peur. Etre abandonné quand on ne peut pas faire ce qu'il faut pour se "sauver"(ce qui est souvent le cas de l'enfance) renvoie à la mort.

Peut-être que dans les synoptiques si une des premières guérisons rapportées est celle du paralytique c'est que quelque soit l'origine de la paralysie (physique ou psychique car d'une certaine manière le péché quand il entre en nous nous aveugle, nous fait perdre l'acuité de nos sens et nous paralyse comme une toile d'araignée) perdre son autonomie est quelque chose de terrorisant.


Cette paralysie, toutes les personnes qui ont vécu des abus sexuels dans leur enfance, ou même des viols à un moment de leur vie, la connaissent. C'est l'impossibilité de crier, de hurler, d'appeler au secours, c'est l'impossibilité de bouger, c'est la perte totale de la maîtrise, c'est être livré au bon (ou mauvais) plaisir de l'autre.



Je pense que sur la croix, Jésus a fait cette expérience de ne rien pouvoir faire. Je pense parfois à ce que doit être que de ne pas pouvoir bouger lorsqu'une ou des mouches viennent sur vous... Et si Jésus dans les différents psaumes a choisi le psaume 21, c'est peut être parce que vivre cet abandon, cette solitude mais aussi cette paralysie a dû être pour lui comme pour nous une source de terreur intense. On a beau dire que certes ce psaume se termine par de la confiance (je chanterai ton nom dans la grande assemblée) l'expérience de l'abandon fait peut-être de Jésus un frère (en humanité comme on le dit si souvent), une victime et aussi un créateur, qui comme je l'ai lu récemment "l'abandon d'une représentation d'un dieu qui abandonne (le dieu vengeur et colérique ).






Critique

Je viens de lire (ou de parcourir) deux livres d'Anne Merlo qui est une communautaire des "Béatitudes". J'en ressors avec un profond sentiment de malaise, même si je peux admirer beaucoup de ses attitudes, mais mon malaise est là.

De manière trop schématique, il me semble que dans le premier livre (tu n'auras plus à craindre le malheur)le message serait: de par la vie que tu as menée et subie, tu n'as pas su (ou pu) faire confiance à Dieu qui lui était pourtant toujours là avec toi. Le jour où tu comprendras cela, alors tu te rendras compte combien tu as été injuste envers Dieu et tu devras lui demander pardon et lui dans sa miséricorde te prendra dans ses bras.

Et bien moi ça ne me va pas, parce que ça rajoute encore une couche à la culpabilité. Que la perception de la présence de Dieu ou de l'Esprit dans ma vie change mon regard (et c'est ce que je demande chaque jour) oui, mais que cela me mette une faute de plus sur les épaules non. Il y a une phrase dans un psaume que j'aime beaucoup:"j'ai déchargé le couffin qui pesait sur tes épaules" Ps 81,6 et pour moi la découverte d'un Dieu qui m'aime, c'est cela.



Quant à l'autre livre, qui est quand même une charge très virulente contre le lien relationnel entre une femme et son enfant, le titre même me pose question: "Maman  lâche moi! car je vais  vers le père", car tel qu'il est écrit il veut dire que la relation à la mère est toujours un obstacle à la relation à Dieu. Or la deuxième partie du titre, c'est quand même ce que Jésus dit à Marie-Madeleine, quand elle le reconnaît: "ne me retiens pas parce que je ne suis pas encore allé vers le Père"et il me semble que ce que Jésus dit là (nous dit là) c'est: "je ne suis pas ta chose, même si tu m'aimes. J'ai une autre vie à vivre maintenant que je suis dans mon corps de ressuscité, certes je t'aime, mais je vais vers un ailleurs". Et il donne une mission à Marie Madeleine, "va dire à mes frères" mais il ne la culpabilise pas parce que dans sa joie de le voir vivant elle a voulu le "tenir".

Bref, je ne trouve pas dans ces deux livres quelque chose de libérateur. Mais je pense que le décès d'un fils (et là de deux) est quelque chose qui influence toute la vie.

Peut être que ce livre est utile pour mettre des mots sur un  lien (surtout avec le premier enfant d'une famille) qui est souvent fusionnel ou narcissique, mais là encore, libérer sans culpabiliser me semble l'important et c'est ce que fait Jésus quand il guérit.

dimanche 16 octobre 2011

Appel... d'air



Le frère Benoît en commentant la première lecture (Is 42, 1° chant du serviteur)disait que Cyrus était une sorte de messie, et qu'il ouvrait les portes à deux battants pour que le peuple puisse sortir.

Ensuite, je ne sais pour quelle raison, il a parlé d'appel et pour moi j'ai entendu appel d'air. Quand une porte s'ouvre, cela peut créer un appel d'air et dans le courant ainsi crée, on peut être emporté.

Et je me disais que notre appel c'est cela. Jésus ouvre les portes, l'Esprit Saint s'engouffre, c'est cela l'appel d'air et notre appel à nous c'est de nous laisser emporter même si ça fait peur, même si c'est l'inconnu, même si ça balaye les certitudes.


jeudi 13 octobre 2011

"La fin et les moyens"

Je renvoie au billet http://giboulee.blogspot.com/2011/10/la-fin-et-les-moyens.html

Ce qui m'apparaît clairement aujourd'hui, après une rencontre avec Frère Benoît, c'est que notre vie c'est comme le vignoble. Elle nous est donnée pour que nous en fassions quelque chose dans la mesure de notre possible, mais elle n'est pas à nous, elle n'est pas notre chose, elle ne nous appartient pas.

Alors quand on dit que l'on donne sa vie à Dieu c'est simplement se rapeller que cette vie, elle n'est pas à nous,mais à lui, que nous n'en sommes pas propriétaires et que du coup il a son mot à dire, à  en dire. Nous ne sommes (je ne suis) que gérant.

mercredi 12 octobre 2011

"Petite colère".



Je dis petite colère, mais avant-hier j'ai passé une partie de la journée en rogne. Impression peut être de ne pas exister assez dans ce que je fais (et qui n'est pas que pour moi). bref, de la colère. Impression de passer la journée à m'occuper du jardin, de la maison, de la cuisine, bref grrrrr. Comme si c'était normal que je me coltine tout ça.

Pour moi, aujourd'hui, pas question de ne dire: la colère ce n'est pas bien tu l'enlèves de ta tête. Si colère il y a, c'est qu'il s'est passé quelque chose, que le quelque chose m'a fait ou me fait mal, donc pas question de faire comme si ça n'existait pas.

Donc je me suis couchée avec ma colère et je l'ai retrouvée au matin. Simplement dans le temps que je me suis donnée avant de me lever vraiment, j'ai ouvert mes sens: j'ai écouté le chant des oiseaux, les bruits de la maison, les bruits de la rue, de la vie. J'ai senti l'air qui entrait en moi, je l'ai humé si l'on peut dire. Et je me suis sentie remplie par autre chose.

J'ai alors demandé d'être envahi par cette onde (liquide) d'apaisement et que cette eau dilue petit à petit la colère qui était en moi et qu'elle l'entraîne par un petit trou en dehors de moi. Le fait de diluer la colère ne veut pas dire qu'elle n'existe plus, mais petit à petit elle perd de sa violence, elle s'évacue parce que le trou est fait pour ça et moi je me remplis (ou me laisse remplir) d'autre chose.

Cela me permet à la fois de reconnaître la colère, de ne pas l'évacuer d'un coup de baguette magique, de lui laisser sa place parce qu'il y a une souffrance donc de m'entendre dans ma souffrance, mais petit à petit de ne pas la laisser tout envahir, mais se diluer dans cette présence de la vie qui est en moi, qui palpite, qui me fait exister autrement mieux que la colère.

J'aime cette image du petit trou par lequel petit à petit la colère mélangée à autre chose, s'évacue en douceur. Peut être un peu comme une écluse qui se lève et qui permet à l'eau de couler au lieu de stagner et de devenir vivante: eaux mortes, eaux vives.



mardi 11 octobre 2011

Un texte


C'était le texte proposé hier pour l'office des lectures. Je ne comprends pas tout, mais j'aime bien. 
J'aime la phrase (en gras): nous demandons que l'amour nous soit accordé par la venue de l'Esprit Saint. 
TRAITÉ DE SAINT FULGENCE DE RUSPE CONTRE FABIEN
« Faites cela en mémoire de moi ».

Lorsque l'on offre des sacrifices, on accomplit l'ordre que notre Seigneur nous a donné, selon ce que dit Saint Paul : Le Seigneur Jésus, la nuit même où il fut livré, prit du pain, puis, ayant rendit grâce, il le rompit et dit : « Ceci est mon corps, donné pour vous. Faites cela en mémoire de moi. » Après le repas, il fit de même avec la coupe, en disant : Cette coupe est la nouvelle Alliance établie par mon sang. Chaque fois que vous en boirez, faites cela en mémoire de moi. » Ainsi donc, chaque fois que vous mangez ce pain et vous buvez à cette coupe, vous annoncez la mort du Seigneur, jusqu'à ce qu'il vienne. 

Ce sacrifice est donc offert pour que la mort du Seigneur soit annoncée, et pour que l'on fasse mémoire de lui, qui a donné sa vie pour nous. Lui-même l'a dit : Il n' y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis. 
Puisque le Christ est mort pour nous par amour, lorsque nous faisons mémoire de sa mort au moment du sacrifice, nous demandons que l'amour nous soit accordé par la venue du Saint-Esprit ; nous prions humblement qu'en vertu de cet amour, par lequel le Christ a voulu mourir pour nous, nous aussi, en recevant la grâce du Saint-Esprit, nous puissions considérer le monde comme crucifié pour nous, et être nous-mêmes crucifiés pour le monde. Nous imitons la mort du Seigneur : De même que le Christ est mort au péché une fois pour toutes ; et lui qui est vivant, c'est pour Dieu qu'il est vivant, de même nous aussi, devons mener une vie nouvelle. Ayant reçu le don de l'amour, mourons au péché et vivons pour Dieu. 
L'amour de Dieu a été répandu dans nos cœurs par l'Esprit Saint qui nous a été donné. Car justement, la participation au corps et au sang du Seigneur, lorsque nous mangeons son pain et buvons à sa coupe, c'est cela qui nous invite à mourir au monde en ayant notre vie cachée avec le Christ en Dieu, et à crucifier notre chair avec ses passions et ses convoitises. 

C'est ainsi que tous les fidèles qui aiment Dieu et le prochain, même s'ils ne boivent pas à la coupe de la passion corporelle, boivent cependant à la coupe de l'amour du Seigneur. Une fois enivrés par elle, ils doivent faire mourir en eux ce qui appartient encore à la terre ; ceux qui ont revêtu Jésus Christ, qu'ils ne s'abandonnent pas aux désirs de la chair, qu'ils ne regardent pas ce qui se voit, mais ce qui ne se voit pas. 

C'est ainsi que l'on boit à la coupe du Seigneur lorsque l'on observe la sainte charité ; sans elle on pourrait se faire brûler vif, sans que cela serve à rien. Le don de la charité nous apporte ceci : que nous soyons réellement ce que, dans le sacrifice, nous célébrons sacramentellement.


Les phrases suivantes, "le monde crucifié pour nous", j'ai du mal à la faire mienne car il y a de si belles choses dans notre monde, quand on prend le temps de faire silence en soi, de regarder, d'écouter, de respirer, de sentir, bref de se servir de nos sens et la suite"nous crucifié pour le monde" je ne suis pas capable de la comprendre. Esprit Saint au travail s'il Te plaît. 
Quant à "boire la coupe de l'amour du Seigneur et se laisser enivrer par elle" j'aime bien aussi.  



dimanche 9 octobre 2011

Compassion



Même si je ne ressens pas au sens de "sentir", il y a au plus intime de moi une espèce de masse vivante, "coeur de chair" qui est la respiration du Seigneur en moi.

J'ai eu l'image d'une fleur de laurier rose (mais c'était une fleur blanche) et il me semblait que le pédoncule de cette fleur que j'imagine très long trempait dans cette eau qui est en moi. Quand j'inspirais elle se gorgeait de cette douceur, de cette énergie et quand j'expirais, certes elle se refermait un peu sur elle mais surtout elle envoyait un souffle sur les personnes que j'aime et qui souffrent dans leur corps et dans leur coeur.

C'est la représentation de la compassion. Je ne peux pas souffrir avec la personne, mais je peux lui donner le meilleur de ce qui m'habite. Je pense d'ailleurs que c'est ce qui se passe quand mes mains sont en contact avec le corps des personnes qui me font assez confiance pour accepter que je les touche et que ce qui m'a été donné vienne en elles.

vendredi 7 octobre 2011

Etait ce un rêve?

Quand j'ai su que ma belle fille devait subir un traitement lourd pour son cancer du sein, j'ai commencé à réfléchir au futur et je me suis dit que ce cancer là pouvait un jour devenir mortel. J'ai alors pensé à ma petite fille et je me disais que j'aimerai faire n'importe quoi pour lui épargner cela.

En d'autres termes, j'ai pensé que si je le pouvais j'aimerai donner ma vie pour que F. vive, pour que ma petite fille ne vive pas cette horreur. Je sais que c'est voir les choses en noir,  qu'il est plus que possible que le traitement éradique la maladie et que ma crainte soit vaine, mais le désir était en moi.

De toutes les manières, il n'est pas possible de donner sa vie pour qui que ce soit. Certains saints l'ont fait, mais dans la vie de tous les jours, cela reste du désir, du rêve. La magie n'existe pas et la mort est là.

Mais, j'ai demandé à Celui qui a donné sa vie, de faire ce qu'il fallait pour que la vie soit conservée pour F. même si la mienne devait s'achever maintenant. Là aussi, je sais que c'est fou mais peu importe.

D'une certaine manière pour peut être la première fois, je pouvais donner ma vie pour qu'elle serve à quelqu'un d'autre. D'accord ma vie elle a eu son temps donc en soi ce n'est pas si grave. Mais quand au cours de certaines messes de retraite aux quelles j'assiste, j'entend des personnes qui s'offrent, qui se donnent, moi je suis perplexe. Je ne me sens pas capable de faire cela. Pour moi c'est un jour après l'autre, chaque jour étant différent. Que je dise ou demande d'être ouverte à la présence de l'Esprit  Saint en moi, oui, mais un jour après l'autre. Peut être parce que je ne suis pas sure du lendemain.

J'ai assisté une années à un baptême dans l'Esprit à la fin d'une retraite des 30 jours. Il a bien été demandé à la personne qui faisait cette démarche de s'offrir complètement, de ne pas garder de domaines réservés. Cela m'a rendue perplexe, même si moi cette fois là j'ai reçu une phrase... Bref c'est une démarche que je ne comprends pas. Ou alors c'est prends ma vie pour que ma vie serve comme la tienne à être utiles à d'autres. Cela je pense pouvoir le dire, mais le faire ou le laisser faire.. Pas évident.

N'empêche qu'il y a eu ce désir là.

Un ou deux jours après, au petit matin j'ai fait un rêve. J'étais dans un petit groupe de prière que je ne connaissais pas. Il y avait deux ou trois personnes seulement. Elles me demandaient si je voulais être bénie par elles. J'ai répondu par l'affirmative, elles ont posé leurs mains sur moi et là il s'est passé quelque chose que les mots ont du mal à décrire.

Une paix intense, m'a envahie, mais c'était tellement puissant que d'une certaine manière il y avait mon corps qui ressentait cette paix et moi qui n'était plus dans mon corps, qui regardait, qui comprenait ce qui se passait mais qui était dehors. Puis tout s'est remis ensemble car je me suis réveillée, avec cette sensation de plénitude que je n'avais ressenti aussi intensément.

C'est un peu comme si ce que j'avais demandé avait été entendu et accepté. Peut être que moi qui ai toujours dit que j'étais incapable de "me donner", quelque chose avait changé. D'accord je peux (sous réserves) donner ma vie pour quelqu'un que j'aime, alors peut être que j'arriverai à me donner, peut être simplement à me laisser envahir (et aussi dépouiller) dans ce chemin qui est le mien., mais je ne décide rien.

J'en ai parlé aujourd'hui à une amie qui me dit avoir ressenti une sensation de plénitude totale après avoir demandé le baptême dans l'Esprit. Pour elle c'est une effusion de l'Esprit. Alors peut être que c'est ce qui s'est passé cette nuit là. En d'autres termes,je me suis donnée et j'ai reçu en plénitude, mais quelle plénitude, tellement intense qu'une partie de moi est partie dans un ailleurs qui pourrait s'appeler ciel.

Que ceci soit arrivé pendant la nuit me permet aussi de comprendre pourquoi Dieu parle souvent par visions. Cette torpeur permet de vivre des choses qu'il ne serait pas possible d'accepter dans l'éveil.

Je ne peux que m'émerveiller de cette sollicitude dont je suis l'objet.


mercredi 5 octobre 2011

Louange suite

Je pense avoir compris ce qui ne va pas pour moi dans ce groupe qui est je ne dois pas l'oublier un groupe charismatique, mais surtout un groupe où la plus part d'entre eux ont fait un chemin identique qui les a menés au don de l'Esprit (que ce soit effusion, baptême).

La louange c'est se détourner de soi à un moment donné pour se tourner vers Dieu, dire merci et aussi s'extasier (que tes oeuvres sont belles, que tes oeuvres sont grandes). Dans un groupe ceux qui "animent" doivent permettre aux autres de se décentrer ainsi d'eux mêmes, sans pour autant oublier les difficultés, les souffrances, les deuils etc. Louer ne veut pas dire se désolidariser.

Ce que je ressens dans ce groupe, c'est que la louange a un but (pas dit) elle une sorte d'exercice pour fabriquer du groupe. Elle est là pour que le groupe de personnes de la communauté ou de la communion se sentent exister, constatent que l'Esprit Saint continue à se manifester parmi elles (exercice des charisme) et c'est cette fonction de la louange qui ne me va pas.

Il s'agit de faire de la louange, de fabriquer de la louange et non pas de louer pour que Dieu à un moment donné soit vu dans sa splendeur. Louer Dieu c'est pouvoir plus facilement parce qu'on est ensemble le contempler en laissant tomber ce qui nous inquiète, ce qui nous fait peur, ce qui obscurcit notre regard.

Je ne dis pas que cela n'existe pas dans ce groupe, puisque tous les mots toutes les phrases dites vont dans ce sens, mais si je ne m'y sens pas, c'est que la louange unit le groupe d'une manière souterraine, et de ce fait elle ne déborde pas sur le monde.

Groupe de prière/ louange

Deux soirées à Tigery et vraiment je ne m'y retrouve pas. J'ai l'impression de m'agiter (ou de me laisser agiter par un rythme qui n'est pas le mien). Les seuls chants où je suis bien ce sont ceux à l'Esprit Saint et le chant en langue, parce que maintenant il sort tout seul, ce qui était loin d'être la cas avant la dernière fête de Pentecôte.

Curieusement ce n'est que ce matin, et même tard dans la matinée que je me suis retrouvée paisible. J'étais dans la cuisine et j'avais des pommes de terre à peler et là, j'ai comme ralenti le geste, pris le temps de faire sans hâte, lentement avec plaisir. Pas faire parce qu'il faut que ce soit fait, mais faire pour être dans le geste, pour être dans le moment, pour être dans la douceur. J'ai eu beaucoup de mal ce matin avec la Prière du Coeur (heureusement que je sais que ça pulse tout seul), mais comme s'il me fallait évacuer quelque chose de pas bon.

J'ai toujours cette impression d'artificiel, de il faut... Et cela ça ne me va pas. Et puis c'est trop centré sur soi. Si à la messe (pas toujours mais souvent) je ressens le corps, là pas. Il y a des gens qui chantent, qui font des gestes (mais je n'ai pas assez de place pour faire de beaux gestes et je n'aime pas trop en faire), mais ça ne fait pas corps, ce n'est soudé, uni, unifié. Enfin cela c'est mon ressenti.

Je continue à croire que la louange elle n'est pas faite pour rester dans les murs d'une église ou d'un lieu. Elle doit s'élancer, elle doit casser les murs, et elle doit s'unir à toutes les autres louanges qui ont lieu au même moment.





Je retourne encore la semaine prochaine et après qui vivra verra (ou à mon avis ne verra pas).

Mais quelle choix d'avoir enfin le chant en langues. C'est comme d'avoir juste à ouvrir le robinet pour que ça sorte; autrefois c'était simplement une sorte de vocalise (et encore parce que je devais la chercher, elle n'était pas spontanée), après il y avait la phrase Talitha Koum que je pouvais parfois chantonner en m'appuyant sur l'harmonie de chant des autres et maintenant il y a le mien propre, qui peut jaillir. Et là, parce que je ne maîtrise rien, parce que je ne cherche pas à faire du sens, parce que je lâche toute critique, alors il y a de la paix et de la joie.

mardi 4 octobre 2011

"Pronoms"

De la division intérieure à l'unification.

"Qu'ils soient un comme nous sommes Un, toi en moi et moi en toi."

"Il m'arrive bien souvent quand je me parle (que ce soit dans la tête ou haute voix) de me tutoyer comme si j'étais à l'extérieur de moi. Par exemple quand je suis sur mes skis je m'entends me dire: "tu tournes là" puis un fois le virage effectué, maintenant tu tournes là  Quand je m'en rends compte en général je me fais un câlin verbal (je t'aime bien toi mais là c'est moi qui fais tel ou tel acte)  et je remplace le tu par je et cela me permet de me sentir exister plus pleinement.

Il y a un autre "tu" que j'aime moins, c'est celui qui a tendance à me dire que je suis nulle parce que je n'ai pas bien conduit en voiture ou que j'ai oublié quelque chose ou encore que je n'ai pas réussi quelque chose. Ce "tu" là, qui pour moi est un vestige du surmoi parental et donc la présence de ma mère en moi, je ne l'aime pas, mais il y a des années que j'ai compris que ne pas réussir quelque chose ne faisait pas de moi quelqu'un de nul dans sa totalité. Ce tu il renvoie à la faute, à la culpabilité et je ne l'aime pas trop, même si j'ai appris à faire avec.

Mais il y a un autre "tu" plus externe si je peux dire. Celui là, il se manifeste quand je me demande ce que je dois faire (ou dire) par exemple pour une personne que je rencontre et que je sens en besoin de relation. Je me questionne alors: qu'est ce que je dois faire? Là il est évident que je demande à l'Esprit Saint de m'aider et que parfois la réponse est "tu fais ou tu ne fais pas..." Là c'est toujours la question est ce moi qui réponds ou Celui auquel je m'adresse. Généralement si je tiens compte de la manière dont se déroulent les choses par la suite, je peux dire que ce Tu est bien externe, que je ne l'ai pas inventé, que je ne me suis pas dédoublée et qu'il permet justement de me sentir Je.

C'est finalement ce Tu qui vient de l'extérieur, pas d'une identification parentale qui me permet de devenir un peu plus moi (pas moi  je) mais moi en tant que sujet en relation.

Mais il y a encore un autre pronom qui se manifeste, certes beaucoup moins aujourd'hui que du temps de mon adolescence, c'est le "elle". Quand ce pronom s'impose dans ma tête c'est que je dois faire quelque chose que je considère comme pas évident et que je dois donner une bonne image de moi, montrer que j'ai du savoir faire, du savoir vivre, bref d'une certaine manière faire honneur à mon éducation. Ce pronom de fait je ne l'aime pas, parce qu'il est dans une sorte d'illusion et qu'il est très éloigné de ce que je suis, comme si je voulais masquer mes déficiences derrière ce elle.

Finalement ce "elle" bien plus que le "tu" me revoie à une sorte de clivage entre moi et un être qui de fait n'existe pas. Cet être là, il devrait être parfait, il aurait dû (autrefois) sauver le monde.. Il aurait dû aussi tenir tête aux autres (ce que je ne savais pas faire), bref il aurait dû faire de moi une perfection. Il renvoie à une sorte de rêve, une sorte d'illusion. Et si ce qui se passe dans la réalité montre qu'il y a échec, non réussite, alors alors la dépression peut ne pas être loin. Il y a de la colère contre soi et ce n'est pas bon. Ce n'est pas de l'humilité, c'est de la grogne contre le monde entier..

Ce "elle" est peut être beaucoup plus nocif que ce "tu" intérieur que nous utilisons si facilement. Peut être qu'il peut pousser à faire de mieux, à se dépasser, mais à courir après l'utopie on peut se détruire.

La question est alors, comment unifier cela pour que le Je qui finalement englobe ce tu et ce elle ne soit pas tiraillé, morcelé?

La réponse est certainement de continuer à les accepter, mais à les regarder comme devant petit à petit perdre de l'importance, perdre de la tyrannie pour arriver à ce que tout fonctionne ensemble sans tiraillements. l'humour est alors très utile.

Quand Jésus parle dans le discours après la Cène de l'unification qu'il désire pour ses disciples, je crois effectivement que c'est le plus beau cadeau qu'il pouvait faire à l'humanité.

"Faire..."

Evangile d'hier: le bon samaritain. Le prêtre insiste sur le mot "faire", que dois je faire? Va et fais de même. Le faire va pour moi avec le "il faut" et je ne l'aime pas trop.

Ce qui a été énoncé ici, c'est qu'il se s'agit pas du faire pour faire, mais de faire parce que quelqu'un a fait déjà pour nous. Si je peux toucher et apaiser certaines personnes, c'est parce que moi j'ai ressenti cela et que je peux alors le transmettre.

lundi 3 octobre 2011

Cocon

lundi 3 septembre.

Quand je rentre dans la prière du coeur, au bout d'un certain temps, et heureusement pas toujours, il y a des sensations qui viennent.

Ce que j'écrivais hier, cette certitude d'avoir en soi un coeur qui bat, un coeur de chair, il est évident que si maintenant je le sais parce que je l'ai expérimenté, vécu, je ne le ressens plus et je ne cherche pas à retrouver cela. C'est au dedans et c'est comme cela.

Ce matin, ce qui est venu c'est la sensation d'être dans une sorte de cocon, quelque chose qui enveloppe, qui permet de descendre au fond de quelque chose, d'un environnement et qui rassure. Mais ce cocon ne coupe pas du monde, je veux dire que s'il devait simplement me mettre à l'abri (ce que je fais parfois dans la visualisation) il n'irait pas, il ne serait pas bon, il serait même très égoïste.

Dans la visualisation, il m'est arrivé de descendre sous la surface de la mer, car à partir d'une certaine distance, on est sous l'agitation des vagues, sous la tempête et on peut reprendre souffle.

Le cocon dans la prière, c'est peut être cela, un lieu où reprendre souffle, mais peut être qu'il y a autour de soi plein d'autres personnes qui vivent cela et du coup cela fait un corps. Et c'est cette notion de corps qui est nécessaire pour ne pas sombrer dans quelque chose qui serait chercher pour se mettre à l'abri.

dimanche 2 octobre 2011

Intime

Pourquoi un nouveau blog? Pourquoi ce titre?

L' obsidienne dorée ou oeil céleste a un peu la couleur de mes yeux.
C'est une pierre qui me ressemble.


Je suis quelqu'un d'assez secret, on pourrait presque dire un "taiseux". Or même si mon blog principal permet certainement de cerner un peu qui je suis, comment je pense, comment j'évolue avec le temps et les événements, ma vie spirituelle est du domaine très privé et j'ai du mal à me dévoiler, à parler de ce que la relation à l'Esprit Saint modifie en moi. Il y a des expériences qui existent, mais dont il est difficile de parler et pourtant peut être que d'autres que moi les vivent, même s'ils ne le diraient pas avec ces mots qui sont miens.

Etre porteuse d'eau pour moi c'est transmettre, alors ce blog de l'intime est aussi transmission.

Le journal de ma vie avec un petit nodule cancéreux a je l'espère permis à certains des lecteurs d'apprendre des choses sur cette maladie, sur son traitement (vu au travers de mes lunettes) et aussi des moyens que j'ai utilisé pour lui donner un sens ou un semblant de sens.

Ce blog veut aller un peu dans cette continuité. Même si d'une certaine manière je suis unique, le chemin que je suis ne l'est peut être pas et aujourd'hui j'aimerai en parler, même si cela n'est pas si facile car de son dedans, de son coeur c'est se mettre à nu, se livrer.

Il s'agit là d'un témoignage de ce qu'un chrétien tout à fait basique, tout à fait normal peut vivre.

Pourquoi un ruisseau murmure t il?




En 2001, peu après l'ordination de mon fils aîné, j'ai participé un peu sur un coup de tête à un stage de prière du coeur au Prieuré d'Etiolles avec Benoît Billot.

Benoît Billot, j'avais fait avec lui une rencontre peu banale. Le vendredi saint de cette année là, je suis venue passer un petit bout de temps à l'heure de midi au prieuré. C'est un reste des pèlerinages de Pâques avec le Centre Richelieu: rester avec Lui pendant ce temps où il est en train de passer.

Cette année là, je n'allais pas bien. la vie à deux était difficile. J'arrive donc au prieuré. A l'entrée de la chapelle il y a un oranger du Mexique, un grand arbuste.


Un homme avec une casquette était en train de le tailler. Pour moi cet homme était un jardinier. Je passe devant lui, et il me dit: Madame est ce que cela vous ferait plaisir d'avoir quelques branches? Cet homme c'était Benoît que j'ai alors reconnu, mais pour moi il a été ce jour là "le jardinier de Marie Madeleine " le matin de la résurrection. Ce don a été très important pour moi. Voilà pour parler un peu du lien qui existe entre moi et frère Benoît, même si lui l'a oublié et ne sait pas à quel point ce signe a été important et nécessaire pour moi.

Pour en revenir (désolée pour l'esprit d'escalier, mais réexplorer le passé n'est jamais facile), lors de ce stage de prière du coeur, il y a eu une "manducation de la parole". Cela consistait à dire tout haut la phrase de la prière du coeur: Seigneur Jésus Christ, Fils de Dieu, aie pitié de moi pécheur. j'ai vécu une expérience que je n'ai jamais remis en doute (d'ailleurs c'est peut être une de mes caractéristiques, ce que je vis, ce que je reçois je l'accepte et je ne me pose pas ou peu de questions parce que cela produit en moi du changement). j'ai ressenti une très forte chaleur, une douce chaleur dans le ventre et en même temps j'ai été prise de sanglots. A la fois je tremblais et à la fois j'étais dans la chaleur. Immédiatement pour moi cela a été une expérience de présence de l'Esprit Saint en moi. Cette chaleur a perduré toute la nuit et le lendemain, Benoît a parlé lui d'Energie divine, mais pour moi c'était la même chose.

Puis juste après une question: pourquoi un ruisseau "ça murmure"? Un ruisseau ce n'est jamais muet, cela bruite. Bien sûr il y a des explications, mais ce chant je l'aime et peut être que au fond de moi il y avait ce désir d'être un ruisseau murmurant, d'être comme le dit Tagore "un roseau que Tu puisses remplir de Ta musique".

Hier, c'est à dire presque 10 ans après je pense avoir vécu une expérience qui répond à cette question (comme quoi il ne faut jamais désespérer d'avoir une réponse). Je priais dans mon lit avec la prière du coeur. Quand je pratique cette forme de prière (en principe tous les matins), il y a souvent des pensées qui viennent et ces pensées quand elles concernent des personnes que j'accompagne, ou des réflexions sur l'écriture, je les laisse venir.

Je me souviens avoir pensé à la question de se sentir exister, ce qui est fondamental pour pouvoir dire Je. Et à un moment j'ai eu la sensation que au fond de moi, il y avait comme une sorte de masse (comme la mer quand elle devient profonde) qui bruitait en permanence et qui priait, qui disait les mots de la prière ou d'autres, mais qui d'une certaine manière "murmurait" en permanence, quoique je je fasse. Je ne peux pas dire que je suis devenue un moulin de prières, mais il y a en moi désormais quelque chose qui peut prier, qui peut être en permanence.

Cette sensation est une sensation de plénitude, de paix et de joie. C'est en moi, cela me constitue, cela existe et cela palpite comme un coeur ou comme un ruisseau qui murmure.

C'est peut être cela une des raisons de l'existence de l'homme:devenir un ruisseau qui chante en qui chante quelque chose de Dieu.