lundi 9 septembre 2019

SEMAINE DU 2 AU 8 SEPTEMBRE: ÉVANGILES.


LUNDI 2 SEPTEMBRE: Luc 4, 16-30

On commence la lecture continue de l'évangile de Luc, au début du chapitre 4, on a la tentation et le début du ministère en Galilée, et tout le monde disait du bien de lui. Sauf que ça, ça ne va continuer… Et là, on démarre à Nazareth. 

16 En ce temps-là, Jésus vint à Nazareth, où il avait été élevé. Selon son habitude, il entra dans la synagogue le jour du sabbat, et il se leva pour faire la lecture. 
17 On lui remit le livre du prophète Isaïe. Il ouvrit le livre et trouva le passage où il est écrit : 
18 ‘L’Esprit du Seigneur est sur moi parce que le Seigneur m’a consacré par l’onction. Il m’a envoyé porter la Bonne Nouvelle aux pauvres, annoncer aux captifs leur libération, et aux aveugles qu’ils retrouveront la vue, remettre en liberté les opprimés, 19 annoncer une année favorable accordée par le Seigneur.’ 
20 Jésus referma le livre, le rendit au servant et s’assit. Tous, dans la synagogue, avaient les yeux fixés sur lui. 

Belle entrée en matière. Dans l'évangile de Luc, c'est en quelque sorte le prologue. Mais dans les autres, Jésus a déjà une histoire, il a déjà fait pas mal de choses. Là c'est l'ouverture, ouverture qui se fait avec le choix du livre d'Isaïe, et la présence de l'Esprit Saint qui est l'onction portée par Jésus. Comment Jésus commente-t-il ces versets, qui appartiennent pour la meilleure référence à Isaïe 61,1, donc au troisième Isaïe? Celui annoncé, (et cela évoque le cantique de Zacharie) est là, en chair et en os devant eux.. Comment vont-ils l'accepter?

21 Alors il se mit à leur dire : « Aujourd’hui s’accomplit ce passage de l’Écriture que vous venez d’entendre. » 
22 Tous lui rendaient témoignage et s’étonnaient des paroles de grâce qui sortaient de sa bouche. Ils se disaient : « N’est-ce pas là le fils de Joseph ? » 

Apparemment tout se passe bien, mais il y la petite voix insidieuse: on le connaît celui-là, qu''est ce qu'il nous chante. C'est  du grand n'importe quoi. 

23 Mais il leur dit : « Sûrement vous allez me citer le dicton : “Médecin, guéris-toi toi-même”, et me dire : “Nous avons appris tout ce qui s’est passé à Capharnaüm ; fais donc de même ici dans ton lieu d’origine !” » 
24 Puis il ajouta : « Amen, je vous le dis : aucun prophète ne trouve un accueil favorable dans son pays. 

Et là, Jésus part sur autre chose.. Il enseigne, il ne fait pas de miracles, comme si Nazareth était moins bien que Capharnaüm. Et il enfonce le clou. Mais les gens sont-ils déçus ou sont-ils dans le doute? Je pense les deux. 

25 En vérité, je vous le dis : Au temps du prophète Élie, lorsque pendant trois ans et demi le ciel retint la pluie, et qu’une grande famine se produisit sur toute la terre, il y avait beaucoup de veuves en Israël ; 
26 pourtant Élie ne fut envoyé vers aucune d’entre elles, mais bien dans la ville de Sarepta, au pays de Sidon, chez une veuve étrangère. 

Bon, là, il ne fait pas dans la dentelle, il se compare à Elie…

27 Au temps du prophète Élisée, il y avait beaucoup de lépreux en Israël ; et aucun d’eux n’a été purifié, mais bien Naaman le Syrien. » 

Et ça continue avec Elisée.

Il se dit donc envoyé aux nations dans ce passage là. Pour les prophètes, ils ont obéi à la parole de Dieu. Elie a du partir à Serepta,  et Elisée a décidé de lui-même de guérir Naaman le Syrien, ce qui montre aussi que la miséricorde de Dieu s'étend à tous, elle n'est pas la propriété d'Israël. Est-ce cela qu'il dit à ses concitoyens? On ne met pas la main sur moi, je suis libre et j'obéis à mon père, parce que j'ai reçu l'onction de l'Esprit et que je lui suis consacré. 

28 À ces mots, dans la synagogue, tous devinrent furieux. 
29 Ils se levèrent, poussèrent Jésus hors de la ville, et le menèrent jusqu’à un escarpement de la colline où leur ville est construite, pour le précipiter en bas. 
30 Mais lui, passant au milieu d’eux, allait son chemin.

Violence des mots, violence des gestes. 


MARDI 3 SEPTEMBRE: Lc 4, 31-37

31 En ce temps-là, Jésus descendit à Capharnaüm, ville de Galilée, et il y enseignait, le jour du sabbat. 
32 On était frappé par son enseignement car sa parole était pleine d’autorité. 

Peut-être que le commentaire: parole pleine d'autorité est là pour indiquer ce qui va se passer, non seulement au niveau du savoir, mais sur les puissances mauvaises. 

33 Or, il y avait dans la synagogue un homme possédé par l’esprit d’un démon impur, qui se mit à crier d’une voix forte : 
34 « Ah ! que nous veux-tu, Jésus de Nazareth ? Es-tu venu pour nous perdre ? Je sais qui tu es : tu es le Saint de Dieu. » 

Pour moi, la question "es-tu vous nous perdre", ne concerne pas l'être humain, comme cela est dit par les prédicateurs que je peux lire, mais bien ces esprits du mal, qui sont légion, et oui, j'espère bien que Jésus est venu pour les perdre ces entités mauvaises. 

35 Jésus le menaça : « Silence ! Sors de cet homme. » Alors le démon projeta l’homme en plein milieu et sortit de lui sans lui faire aucun mal.

SI Jésus lui dit "silence", c'est que peut-être ce démon veut engager une discussion avec Jésus, et là Lui il nous dit que dans ces cas là, il ne le faut pas, même à coup de versets (comme cela s'était passé dans les tentations), mais il faut l'expulser. Quant à la phrase, le démon projeta l'homme en plein milieu (plein milieu de la synagogue),  et sortit sans lui faire de mal, elle continue de me laisser pour le moins dubitative. Peut-être que cela veut dire que l'homme s'est relevé sans blessures. 

36 Tous furent saisis d’effroi et ils se disaient entre eux : « Quelle est cette parole ? Il commande avec autorité et puissance aux esprits impurs, et ils sortent ! » 
37 Et la réputation de Jésus se propageait dans toute la région.

Et là, on a un Jésus qui fait presque peur et une interrogation: non pas qui est cet homme, mais quelle est cette parole, parole efficace, comme celle du très haut.


MERCREDI 4 SEPTEMBRE: Lc 4, 38-44


38 En ce temps-là, Jésus quitta la synagogue et entra dans la maison de Simon. Or, la belle-mère de Simon était oppressée par une forte fièvre, et on demanda à Jésus de faire quelque chose pour elle. 
39 Il se pencha sur elle, menaça la fièvre, et la fièvre la quitta. À l’instant même, la femme se leva et elle les servait. 

En fait, on a deux "miracles" le jour du sabbat, mais ce n'est pas noté à ce moment là. Luc se penche sur l'autorité de Jésus: il dit au démon impur de se taire et de sortir, il menace la fièvre et la fièvre s'en va (comme si cette fièvre était due à un démon mauvais).. Se lever, résurrection, servir, comme Jésus. Mais pourquoi Luc insiste t il la dessus. 

40 Au coucher du soleil, tous ceux qui avaient des malades atteints de diverses infirmités les lui amenèrent. Et Jésus, imposant les mains à chacun d’eux, les guérissait.
 41 Et même des démons sortaient de beaucoup d’entre eux en criant : « C’est toi le Fils de Dieu ! » Mais Jésus les menaçait et leur interdisait de parler, parce qu’ils savaient, eux, que le Christ, c’était lui. 

Là, le sabbat est fini, et on peut aller se faire guérir (nombre de pas à faire, porter quelqu'un) sans contrevenir à la Loi. Jésus ne fait pas du collectif.. Il impose les mains à chacun et les guérit. Il y a les malades et les possédés. Jésus semble ne pas vouloir que son nom soit révélé. Il y a le silence imposé à ces esprits. Trop tôt? Le faire roi trop tôt, faire échouer sa mission qui est le salut.. ça doit être ça. Mais comment ces démons se manifestaient-ils et comment savait-on que quelqu'un était possédé par un esprit impur?

42 Quand il fit jour, Jésus sortit et s’en alla dans un endroit désert. Les foules le cherchaient ; elles arrivèrent jusqu’à lui, et elles le retenaient pour l’empêcher de les quitter. 
43 Mais il leur dit : « Aux autres villes aussi, il faut que j’annonce la Bonne Nouvelle du règne de Dieu, car c’est pour cela que j’ai été envoyé. » 
44 Et il proclamait l’Évangile dans les synagogues du pays des Juifs.
Il a guéri et délivré une partie de la nuit, et le jour arrive et il s'en va. On ne met pas la min sur lui. Et pourtant avoir un guérisseur avec ça, c'est bien pratique, et comme à Nazareth on ne veut pas de lui, Capharnaüm a bien envie de se le garder. Mais Lui, pas d'accord, il doit annoncer la bonne nouvelle (évangile), car c'est sa mission. Et il devient prêcheur itinérant.


JEUDI 5 SEPTEMBRE: Lc 5, 1-11

En ce temps-là, la foule se pressait autour de Jésus pour écouter la parole de Dieu, tandis qu’il se tenait au bord du lac de Génésareth.  
Il vit deux barques qui se trouvaient au bord du lac ; les pêcheurs en étaient descendus et lavaient leurs filets.
Jésus monta dans une des barques qui appartenait à Simon, et lui demanda de s’écarter un peu du rivage. Puis il s’assit et, de la barque, il enseignait les foules.

Décor planté. Et là on retrouve Simon sur qui va se planter le projecteur. Donc temps un: Jésus est revenu à Capharnaüm, si on en croit le texte d'hier où il dit qu'il enseigne dans leurs synagogues. Là il choisit d'enseigner en plein air, la foule sur la terre, lui dans une barque sur la mer. 

Quand il eut fini de parler, il dit à Simon : « Avance au large, et jetez vos filets pour la pêche. »
 Simon lui répondit : « Maître, nous avons peiné toute la nuit sans rien prendre ; mais, sur ta parole, je vais jeter les filets. »
 Et l’ayant fait, ils capturèrent une telle quantité de poissons que leurs filets allaient se déchirer.
 Ils firent signe à leurs compagnons de l’autre barque de venir les aider. Ceux-ci vinrent, et ils remplirent les deux barques, à tel point qu’elles enfonçaient.

Est ce qu'on peut prendre ça pour un remerciement? Tu m'as prêté ta barque et ton temps, et moi je te remercie en te donnant ce salaire étonnant, un trop plein de poisson? Mais pour que cela se réalise, il faut que Simon fasse confiance, et fasse même un acte un peu fou. Pêcher en plein jour, devant tout le monde. Accepter le regard de l'autre, des autres. Et il le fait, peut-être aussi parce qu'il sait que Jésus, est capable de beaucoup, mais il ne sait pas ce que ça lui réserve, sauf qu'il faudra à nouveau remonter les filets qui risquent d'être vide, et de les laver et de les plier. Donc refaire le travail précédent. 

Sauf que les filets reviennent plein de poissons, tellement plein qu'il faut l'aide d'une autre barque.

À cette vue, Simon-Pierre tomba aux genoux de Jésus, en disant : « Éloigne-toi de moi, Seigneur, car je suis un homme pécheur. » 
En effet, un grand effroi l’avait saisi, lui et tous ceux qui étaient avec lui, devant la quantité de poissons qu’ils avaient pêchés ;  
10 et de même Jacques et Jean, fils de Zébédée, les associés de Simon. Jésus dit à Simon : « Sois sans crainte, désormais ce sont des hommes que tu prendras.» 

Et là curieusement le changement de nom, comme si un baptême s'était fait..Il devient Simon Pierre dans l'écrit. Il est pris par cet effroi que l'on a déjà noté depuis que Jésus chasse des démons et les fait taire. Effroi devant cet homme qu'il peut croire connaître et qui commande aux éléments. Effroi qui lui fait voir dans cet instant Jésus comme le tout-Autre. Et il vit ce que vécu autrefois le prophète Esaïe, quand il voit Dieu dans son temple. Sa petitesse, sa lourdeur, son manque de foi, bref ce qu'on peut appeler son péché. Il a peur, peur d'être comme foudroyé comme ces démons qui sortent des gens. 

Qui est cet homme qui est le maître des éléments, qui ordonne aux poissons de se laisser prendre en plein jour? Qui est-il? 

Et c'est le dialogue, qui commence avec une de ces phrases clés: ne crains pas.. et la promesse:  non tu ne vas pas mourir, je ferai de toi un pêcheur d'hommes, phrase que Simon n'a certainement pas comprise. Sortir des hommes de ce milieu considéré comme leur des forces du mal pour les plonger dans un milieu où ils trouveront la vie.

11 Alors ils ramenèrent les barques au rivage et, laissant tout, ils le suivirent.

Après cette expérience fondamentale pour eux, ils ne retournent plus dans leur maison, ils ne laissent plus Jésus aller ailleurs seul, non ils le suivent. Et pour Jésus, c'est une bonne pêche. 

Je crois profondément que pour suivre Jésus, il est indispensable de faire une expérience qui nous déplace complètement de ce que nous connaissons, de nos certitudes. Et c'est là que la relation nouvelle avec lui se joue. Nous sommes des hommes et il faut que cela passe par notre corps, notre âme (connaissances) et notre esprit (rencontre autre). 

Il était venu chez moi, il avait guéri ma belle-mère et la manière dont il l'avait fait, m'avait estomaqué et pourtant j'en ai vu des choses dans ma vie. Il faut dire que déjà c'était un jour de Sabbat, et normalement il n'aurait pas dû faire ça. Mais il s'est penché vers elle, elle qui avait du mal à respirer, et il a menacé la fièvre comme si c'était un mauvais esprit de sortir d'elle, et elle a été guérie; elle s'est levée et elle s'est mise à préparer la maison pour le repas du sabbat. Il faut dire que depuis que moi j'ai parlé de ce Jésus, elle, tremble. Elle a peur que je le suive, elle a peur que je laisse tout en plan et elle se fait du mauvais sang et ça la travaille. Alors peut-être que c'est de cet esprit d'inquiétude, ce mauvais esprit que Jésus l'a libérée. Puis il avait guéri des malades, chassé des esprits mauvais une partie de la nuit et disparu au petit matin. Et il avait déclaré qu'il n'allait pas rester chez nous, qu'il devait apporter la Parole partout. Nous, on aurait bien voulu le garder pour nous, un guérisseur pareil. Mais non, il est parti. 

Et puis ce matin, il était là sur le bord du lac. Il nous a vu, nous rangions les filets. Je dis nous, parce qu'il y avait avec moi André et nos amis, les fils de Zebédée et ça avait été une nuit pourrie. Pas un seul poisson ou des si petits qu'on avait du les remettre dans le lac. Il m'a demandé de le prendre dans sa barque, et de là il s'est mis à enseigner. Je pense que ça devait le changer de parler en plein-air comme ça, avec le petit vent du lac, avec la foule sur le rivage. 

Il a parlé un bon bout de temps, moi j'écoutais, mais mas trop finalement. Il s'est alors tourné vers moi et m'a dit de jeter les filets. Je l'ai regardé comme s'il était fou. On ne pêche pas en plein jour, qu'est ce qu'ils allaient penser de moi les autres sur le bord. Et puis je me suis souvenu qu'il avait été plus fort que la fièvre de ma belle-mère, et qu'il avait chassé des démons en quantité. Alors je l'ai fait, j'ai jeté les filets après avoir comme il me l'avait ordonné été en eau profonde; mais on est vite en eau profonde sur ce lac. 

Et là, les filets se sont remplis, remplis remplis, comme s'il ordonnait aux poissons de venir de faire prendre. Et j'ai ressenti la peur de ma vie. Qui était-il celui là, que je croyais connaître parce qu'il avait logé chez moi? J'ai compris ce que le prophète Esaïe avait pu ressentir quand il s'était retrouvé à la cour du Très-Haut. Je me suis senti minable, je me suis senti sale, je me suis senti tout petit, je me suis senti comme écrasé par mon passé, par mes doutes, par mon péché. Et j'ai eu peur, très peur de lui. Qui était-il? 

Il m'a regardé, et m'a dit de ne pas avoir peur. Et sa voix m'a rassuré, son regard m'a rassuré. Il m'a dit qu'il ferait de moi un pécheur d'hommes. Je ne sais pas trop ce que ça veut dire, mais ce qui est sur, c'est que moi il m'a bien ferré, il m'a bien pêché et que pour lui, j'irai au bout du monde. J'avais surement besoin de ce miracle pour que ma transformation se fasse, et ça il le savait, et il a pris son temps finalement. C'est aujourd'hui que moi et les trois autres, nous pouvons le suivre. Peut-être que nous deviendrons des pêcheurs d'hommes, mais lui aujourd'hui, il nous a sorti de notre lac, il nous a sorti de notre vie, il a fait de nous des hommes nouveaux, il nous a donné vie. Et je crois qu'être pêcheur d'homme, c'est cela, donner la vie.

Transformé en blog…

C'est le texte proposé par la liturgie aujourd'hui, un texte bien bien connu, celui de la pêche miraculeuse de Pierre - qui dans cet évangile se nomme encore Simon. Je me suis dit qu'on (enfin les commentateurs) allait nous bassiner avec le "va en eau profonde", qu'on doit pouvoir rapprocher des "périphéries" de notre pape François; et à chaque fois je me dis que dans ce lac là, l'eau profonde est, de fait, bien proche de la rive. Mais bon c'est une belle phrase, qu'on peut rapprocher de ce que le Seigneur dit à Abram: "Va...". Je me suis dit aussi que Jésus est très fort pour pêcher des hommes, que ce soit sur la terre (début de l'évangile de Jean, où il en pêche aussi 4, mais pas les mêmes) et donc sur la mer. Ce qui m'est apparu aussi, c'est le changement qui se fait dans Simon; et c'est peut-être pour cela que Luc, au verset 8, n'écrit plus "Simon", mais "Simon-Pierre", comme si ce qui s'est passé là était un changement profond pour celui qui sera un jour le roc.

Je reprends donc le texte à ma manière, c'est-à-dire en commentant verset par verset, ou par groupe de versets; puis je laisse parler Pierre, même s'il se répète un peu par rapport aux textes que j'ai déjà publiés...



En ce temps-là, la foule se pressait autour de Jésus pour écouter la parole de Dieu, tandis qu’il se tenait au bord du lac de Génésareth.  
Il vit deux barques qui se trouvaient au bord du lac ; les pêcheurs en étaient descendus et lavaient leurs filets.
Jésus monta dans une des barques, qui appartenait à Simon, et lui demanda de s’écarter un peu du rivage. Puis il s’assit et, de la barque, il enseignait les foules.

Décor planté. Et on retrouve Simon, sur qui va se centrer le projecteur. Donc "temps un": Jésus est revenu à Capharnaüm, si on croit le texte d'hier, où il est dit "qu'il enseigne dans leurs synagogues". Là il choisit d'enseigner en plein air: la foule sur la terre, lui dans une barque sur la mer. 

Quand il eut fini de parler, il dit à Simon : « Avance au large, et jetez vos filets pour la pêche. »
Simon lui répondit : « Maître, nous avons peiné toute la nuit sans rien prendre ; mais, sur ta parole, je vais jeter les filets. »
Et l’ayant fait, ils capturèrent une telle quantité de poissons que leurs filets allaient se déchirer.
Ils firent signe à leurs compagnons de l’autre barque de venir les aider. Ceux-ci vinrent, et ils remplirent les deux barques, à tel point qu’elles enfonçaient.

Est ce qu'on peut prendre ça pour un remerciement? Tu m'as prêté ta barque et ton temps, et moi je te remercie en te donnant ce salaire étonnant, un trop-plein de poissons? Mais pour que cela se réalise, il faut que Simon fasse confiance, et fasse même un acte un peu fou. Pêcher en plein jour, devant tout le monde. Accepter le regard de l'autre, des autres. Et il le fait peut-être aussi parce qu'il sait que Jésus est capable de beaucoup; mais il ne sait pas ce que ça lui réserve, sauf qu'il faudra à nouveau remonter les filets qui risquent d'être vides, de les laver et de les plier. Donc refaire le travail précédent. 

Sauf que les filets reviennent plein de poissons, tellement pleins qu'il faut l'aide d'une autre barque.

À cette vue, Simon-Pierre tomba aux genoux de Jésus, en disant : « Éloigne-toi de moi, Seigneur, car je suis un homme pécheur. » 
En effet, un grand effroi l’avait saisi, lui et tous ceux qui étaient avec lui, devant la quantité de poissons qu’ils avaient pêché;  
10 et de même Jacques et Jean, fils de Zébédée, les associés de Simon. Jésus dit à Simon : « Sois sans crainte, désormais ce sont des hommes que tu prendras.» 

Et là, curieusement, changement du nom, comme si un baptême s'était fait.. Il devient Simon Pierre dans le texte. Et il est pris par cet effroi que l'on a déjà noté quand Jésus chasse des démons et les fait taire. Effroi devant cet homme, qu'il pouvait croire connaître, et qui commande aux éléments. Effroi qui lui fait voir dans cet instant Jésus comme le Tout-Autre. Et il vit ce que vécut autrefois le prophète Esaïe en voyant Dieu, dans son temple. Il ressent sa petitesse, sa lourdeur, son manque de foi, bref ce qu'on peut appeler son péché. Il a peur, peur d'être comme foudroyé; comme ces démons qui étaient sortis des gens. Est-ce le baptême pour Simon, fils de Jonas, qui devient Pierre? 

Qui est cet homme qui est le maître des éléments, et qui ordonne aux poissons de se laisser prendre en plein jour? Qui est-il? 

Et c'est alors le dialogue, qui commence avec une de ces phrases clés: "Ne crains pas." Et la promesse: "Non tu ne vas pas mourir, je ferai de toi un pêcheur d'hommes" - phrase que Simon n'a certainement pas comprise. Tu feras sortir des hommes de ce milieu considéré comme le leur par les forces du mal, pour les plonger dans un milieu où ils trouveront la vie.

11 Alors ils ramenèrent les barques au rivage et, laissant tout, ils le suivirent.

Après cette expérience fondamentale pour eux, ils ne retournent plus dans leur maison, ils ne laissent plus Jésus aller ailleurs seul, non, ils le suivent. Et pour Jésus, c'est une bonne pêche. 

Je crois profondément que pour suivre Jésus, il est indispensable de faire une expérience qui nous déplace complètement de ce que nous connaissons, de nos certitudes. Et c'est là que la relation nouvelle avec lui se joue. Nous sommes des hommes, et il faut que cela passe par notre corps, notre âme (connaissance) et notre esprit (rencontre autre). 

Simon-Pierre raconte:

Il était venu chez moi, il avait guéri ma belle-mère; et la manière dont il l'avait fait m'avait estomaqué - et pourtant j'en ai vu des choses dans ma vie. Il faut dire que déjà c'était un jour de Sabbat, et normalement il n'aurait pas dû faire ça. Mais il s'est penché vers elle, elle qui avait du mal à respirer, et il a menacé la fièvre comme si c'était un mauvais esprit, lui a ordonné de sortir d'elle, et elle a été guérie; elle s'est levée et elle s'est mise à préparer la maison pour le repas du sabbat. Il faut dire que depuis que moi j'ai parlé de ce Jésus, elle tremble. Elle a peur que je le suive, elle a peur que je laisse tout en plan; et elle se fait du mauvais sang et ça la travaille. Alors peut-être que c'est de cet esprit d'inquiétude, ce mauvais esprit, que Jésus l'a libérée. Ensuite il avait guéri des malades, chassé des esprits mauvais une partie de la nuit, et disparu au petit matin. Et il avait déclaré qu'il n'allait pas rester chez nous: qu'il devait apporter la Parole partout. Nous, on aurait bien voulu le garder pour nous, un guérisseur pareil. Mais non, il est parti. 

Et puis ce matin il était là, sur le bord du lac. Il nous a vus, nous rangions les filets. Je dis nous parce qu'il y avait avec moi André et nos amis, les fils de Zébédée; et ça avait été une nuit pourrie: pas un seul poisson, ou des si petits qu'on avait dû les remettre dans le lac. Il m'a demandé de le prendre dans sa barque; et de là il s'est mis à enseigner. Je pense que ça devait le changer de parler en plein-air comme ça, avec le petit vent du lac, avec le soleil, et avec la foule sur le rivage. 

Il a parlé un bon bout de temps; moi j'écoutais, mais pas trop finalement. Il s'est alors tourné vers moi et m'a dit de jeter les filets. Je l'ai regardé comme s'il était fou. On ne pêche pas en plein jour, qu'est ce qu'ils allaient penser de moi les autres sur le bord? Et puis je me suis souvenu qu'il avait été plus fort que la fièvre de ma belle-mère, et qu'il avait chassé des démons en quantité. Alors je l'ai fait, j'ai jeté les filets, après avoir été, comme il me l'avait ordonné, en eau profonde; mais on est vite en eau profonde sur ce lac. 

Et là, les filets se sont remplis, remplis remplis, comme s'il ordonnait aux poissons de venir se faire prendre. Et j'ai ressenti la peur de ma vie. Qui était-il celui là, que je croyais connaître parce qu'il avait logé chez moi? J'ai compris ce que le prophète Esaïe avait pu ressentir quand il s'était retrouvé à la cour du Très-Haut. Je me suis senti minable, je me suis senti sale, je me suis senti tout petit, je me suis senti comme écrasé par mon passé, par mes doutes, par mon péché. Et j'ai eu peur, très peur de lui. Qui était-il? 

Il m'a regardé, et m'a dit de ne pas avoir peur. Et sa voix m'a rassuré, son regard m'a rassuré. Il m'a dit qu'il ferait de moi un pêcheur d'hommes. Je ne sais pas trop ce que ça veut dire, mais ce qui est sûr, c'est que moi il m'a bien ferré, il m'a bien pêché; et pour lui, j'irai au bout du monde. J'avais sûrement besoin de ce miracle pour que ma transformation se fasse, et ça il le savait, et il a pris son temps finalement. C'est aujourd'hui que moi et les trois autres, nous pouvons le suivre. Peut-être que nous deviendrons des pêcheurs d'hommes, mais lui, aujourd'hui, il nous a sortis de notre lac, il nous a sortis de notre vie, il a fait de nous des hommes nouveaux, il nous a donné vie. Et je crois qu'être pêcheur d'homme, c'est cela: donner la vie.






VENDREDI 6 SEPTEMBRE: Lc 5, 33-39

Ce qui précède c'est l'appel de Matthieu et le repas chez lui, avec les publicains et les pécheurs. Avec déjà un reproche des pharisiens: manger avec les pécheurs. Et une réponse de Jésus, ce ne sont pas les bien-portants qui ont besoin de médecins, mais les malades. Et eux reviennent à la charge, sur le "manger". On a l'impression que Jésus passerait sont temps à être invité à droite et à gauche et à manger avec n'importe qui. Manger…

33 En ce temps-là, les pharisiens et les scribes dirent à Jésus : « Les disciples de Jean le Baptiste jeûnent souvent et font des prières ; de même ceux des pharisiens. Au contraire, les tiens mangent et boivent ! » 

 En d'autres termes, tu es qui toi, d'où tu sors toi, pour ne pas suivre les bonnes règles, les règles établies depuis toujours. Et tu ne fais pas advenir le règne de Dieu en faisant ainsi. Tu prends du bon temps, enfin tes disciples prennent du bon temps, et ils ne le devraient pas. 

34 Jésus leur dit : « Pouvez-vous faire jeûner les invités de la noce, pendant que l’Époux est avec eux ? 
35 Mais des jours viendront où l’Époux leur sera enlevé ; alors, en ces jours-là, ils jeûneront. » 

Là, Jésus essaye de leur faire comprendre qu'il l'époux, cad présence de Dieu, et c'est plus que le Messie, qui est humain, non c'est au-delà. Mais il me semble que même si les disciples ont pleuré lors de la mort de Jésus, est ce que par la suite, quand Jésus est enlevé il y a tristesse? Peut-être que ce que Luc veut dire, c'est qu'aujourd'hui,  maintenant que Jésus est quand même enlevé, alors nous avons à prier pour son retour ou pour son autre avènement. 

36 Il leur dit aussi en parabole : « Personne ne déchire un morceau à un vêtement neuf pour le coudre sur un vieux vêtement. Autrement, on aura déchiré le neuf, et le morceau qui vient du neuf ne s’accordera pas avec le vieux. 
37 Et personne ne met du vin nouveau dans de vieilles outres ; autrement, le vin nouveau fera éclater les outres, il se répandra et les outres seront perdues. 
38 Mais on doit mettre le vin nouveau dans des outres neuves.

Là, j'aime bien la manière de parler de Jésus, il essaye de les faire aller plus loin avec "une parabole". Il annonce une nouveauté. La nouveauté c'est lui. Il ne s'accorde à rien. S'il est le vêtement neuf, il ne peut pas servir à rapiécer le vêtement ancien. Alors que faire, à une époque où ça ne devait pas être facile de remplacer les vêtements? On le prend en entier, on ne le prend pas par petits morceaux. Il vient donner la vie neuve. 

Pour l'outre, le vin c'est l'image de la joie, l'image de la vie. Mais le vin nouveau, pétillant, plein d'air, pas assagi il risque de faire exploser l'outre qui a déjà servi. Les pharisiens sont les outres pleines du savoir ancien. Une outre, pas une belle image. Comment devenir apte à contenir le vin nouveau de l'alliance nouvelle? La réponse est bien celle de la mort. Il faut, mais je ne sais pas l'exprimer, que l'Esprit Saint fasse son œuvre, qu'il dérigidifie les fibres des outres, ou qu'il en crée de neuves. 

C'est ce que dit Jésus au final, pas de mélange possible. Ou vous vous renouvellez et vous accueillez le vin de ma parole, ou vous restez tels que vous êtes, en disant que votre vin est le bon vin. Et vous passez à côté de quelque chose. 

 39 Jamais celui qui a bu du vin vieux ne désire du nouveau. Car il dit : “C’est le vieux qui est bon.” »

Comment sortir des sentences toutes faites, des idées peut-être vraies, mais qui vous privent de l'exploration et du changement.


SAMEDI 7 SEPTEMBRE: Lc 6, 1-5

Un jour de sabbat, Jésus traversait des champs ; ses disciples arrachaient des épis et les mangeaient, après les avoir froissés dans leurs mains. 
Quelques pharisiens dirent alors : « Pourquoi faites-vous ce qui n’est pas permis le jour du sabbat ? » 

Pénible cette espèce de regard surmoïque permanent? Et d'où vient le besoin de chercher ce qui ne va pas. Cela fait deux fois que la critique touche les disciples. Ce qui est reproché à Jésus c'est de ne pas avoir réagi, de les avoir laissé faire. Il eut mieux valu qu'ils crèvent de faim plutôt que de "transgresser" un des interdits du sabbat, faire la moisson. Et c'est bien sur la faim que Jésus réagi. En bon maître, il veille à ce que ses disciples n'aient pas faim. 

Jésus leur répondit : « N’avez-vous pas lu ce que fit David un jour qu’il eut faim, lui-même et ceux qui l’accompagnaient ?
 Il entra dans la maison de Dieu, prit les pains de l’offrande, en mangea et en donna à ceux qui l’accompagnaient, alors que les prêtres seulement ont le droit d’en manger. » 

C'est l'épisode du prêtre de Nob. Dans la bible hébraïque, David est seul, il n'a pas encore sa petite armée de mécontents, il est en fuite, il a besoin de pain et de l'épée de Goliath. Alors il est un peu menteur sur les bords, mais il a de quoi combler sa faim. Mais ce jour là, David a d'abord assuré sa survie, qui était plus importante que le respect de la nourriture consacrée. 1 Sam 21, 1-10. A noter que Saul passe au fil de l'épée la ville de Nob (qui n'est pas loin de Bethleem), ce qui peut indiquer qu'Hérode ne fait que suivre une tradition. Quand quelqu'un porte assistance à celui qui peut prendre votre couronne, on le tue sans autre forme de procès.

Il leur disait encore : « Le Fils de l’homme est maître du sabbat. »

Et comme souvent, cela se conclue par un maxime neuve, qui ne peut que faire grincer des dents. Dire qu'il est la maître du sabbat, c'est dire qu'il est l'égal du très haut.


DIMANCHE 8 SEPTEMBRE: Lc 14, 25-33

Juste avant on a la parabole des invités à la noce, qui sont remplacés par des va nus pieds, et on n'a pas la robe blanche comme dans Matthieu, donc tout le monde..  Là, tel que c'est raconté on a presque l'impression que Jésus n'est pas content. La posture; il se retourna.. Texte quand même très difficile, y compris les deux petites paraboles, mais est ce que ce sont des paraboles? On a donc un discours qui dit: pas facile d'être mon disciple, marcher derrière n'est pas suffisant. Réfléchissez. Et pour moi, cela parait tellement impossible sans l'aide de l'Esprit Saint, que ça donne envie de baisser les bras. Et là dessus, on aura au chapitre 15, les  paraboles sur la miséricorde, qui montrent un dieu l'oeuvre, un dieu rempli d'amour qui supporte tout ou presque. Quel changement. 

25 En ce temps-là, de grandes foules faisaient route avec Jésus ; il se retourna et leur dit : 

En relisant cette phrase, j'ai vraiment cette impression que Jésus qui va quand même vers Jérusalem en a peut-être assez de ces quémandeurs de miracles, de sentences. Combien d'entre eux seront ou sont des disciples. Et là, il donne sa règle; le mettre lui au centre de sa vie, exactement comme Dieu, dans le Deutéronome. 

26« Si quelqu’un vient à moi sans me préférer à son père, sa mère, sa femme, ses enfants, ses frères et sœurs, et même à sa propre vie, il ne peut pas être mon disciple. 
27 Celui qui ne porte pas sa croix pour marcher à ma suite ne peut pas être mon disciple. 

Il y a le mettre lui au centre et le porter sa croix, qui n'est pas supporter, ou être écrasé. A cette époque qu'est ce que cela voulait dire? Ce qu'il dit, c'est qu'il faut porter sa croix pour marcher à sa suite, et être alors son disciple. Peut-être que c'est ouvrir son regard aux autres, regarder la misère et commencer aussi à agir. Et si Jésus parlait de lui: il a tout quitté pour faire la volonté du Père, il porte son regard sur un monde en desespérance,et cela c'est une croix.

28 Quel est celui d’entre vous qui, voulant bâtir une tour, ne commence par s’asseoir pour calculer la dépense et voir s’il a de quoi aller jusqu’au bout ? 
29 Car, si jamais il pose les fondations et n’est pas capable d’achever, tous ceux qui le verront vont se moquer de lui 
30 “Voilà un homme qui a commencé à bâtir et n’a pas été capable d’achever !” 

et là, je pense qu'il veut faire réfléchir la foule. Me suivre c'est bien, mais pourquoi? Que voulez vous bâtir avec moi? Réfléchissez avant de vous lancer.. Si le Seigneur ne bâtit la maison, en vain...  Psaume 121. Mais c'est une tour, une tour, ça sert à protéger.
Donc vous voulez trouver comment vous protéger? Est ce moi qui sera votre tour? Et à quel prix.

31 Et quel est le roi qui, partant en guerre contre un autre roi, ne commence par s’asseoir pour voir s’il peut, avec dix mille hommes, affronter l’autre qui marche contre lui avec vingt mille ?
32 S’il ne le peut pas, il envoie, pendant que l’autre est encore loin, une délégation pour demander les conditions de paix. 

La c'est la question du combat. Comment peut-être battre le mal, sauf qu'avec le mal, on ne fait pas alliance, alors c'est autre chose. Combattre avec lui, contre le mal dehors et dedans.
Il y a un autre psaume qui dit que ce n'est pas la force des chevaux qui donne la victoire, mais le Seigneur. Alors s'appuyer sur lui.

33 Ainsi donc, celui d’entre vous qui ne renonce pas à tout ce qui lui appartient ne peut pas être mon disciple. »

Et reprise du début: renoncer à tout ce qui nous appartient. Ne pas s'attacher, sauf à lui. 

Mais, cette péricope ne s'arrête pas là; c'est une bonne chose que le sel, mais.. S'il s'affadit on le jette. Et je pense que ça s'adresse à tous ceux qui se lancent comme ça à sa suite, et qui vont le lâcher.. 

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