vendredi 12 février 2021

SEMAINE DU 7 AU 13 FÉVRIER. ÉVANGILES

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DIMANCHE 7 FÉVRIER. Mc 1, 29-39

 

"Tu sauras que je suis le Seigneur, ceux qui espèrent en moi ne seront pas déçus". Isaie 49

On peut dire que dans cet épisode, ceux qui ont vu Jésus, n'ont pas été déçus.  Est ce que cela leur a ouvert les yeux sur "qui est cet homme"?

 

29 En ce temps-là, aussitôt sortis de la synagogue de Capharnaüm, Jésus et ses disciples allèrent, avec Jacques et Jean, dans la maison de Simon et d’André. 

30 Or, la belle-mère de Simon était au lit, elle avait de la fièvre. Aussitôt, on parla à Jésus de la malade. 

31 Jésus s’approcha, la saisit par la main et la fit lever. La fièvre la quitta, et elle les servait. 

 

Là, c'est encore le jour du Shabbat, donc ça se passe dedans, dans l'intime. Il y a deux aussitôt. Je suppose que pour une femme, une maîtresse de maison, être alitée ce jour là, ne doit pas être facile.. Alors Jésus la saisit par la main, comme pour la sortir de ce cauchemar, de ce lieu où elle est mal, et ce toucher qui est plus que cela, qui est un geste, qui lui dit de ne pas s'enfoncer dans la mort, la remet debout, car la fièvre la quitte. On dit que les figures féminines représentent Israël. Donc l'allégorie serait que Israël guéri par Jésus de ses démons, se mette à servir le Très Haut..  On a déjà là le symbolisme de mort et résurrection. Mais il y a aussi déjà pour les disciples, l'expérience de la perte. Jésus on ne le met pas en cage.

 

32 Le soir venu, après le coucher du soleil, on lui amenait tous ceux qui étaient atteints d’un mal ou possédés par des démons.

33 La ville entière se pressait à la porte. 

34 Il guérit beaucoup de gens atteints de toutes sortes de maladies, et il expulsa beaucoup de démons ; il empêchait les démons de parler, parce qu’ils savaient, eux, qui il était. 

 

Là, on est dans l'action, presque dans le dehors, car cela fait un défilé qui vient du dehors, pour entrer. La ville entière se pressait à la porte; et là, ce n'est pas "il les guérit tous", mais il en guérit beaucoup, et il expulse beaucoup de démons qu'il rend muets.

 

35 Le lendemain, Jésus se leva, bien avant l’aube. Il sortit et se rendit dans un endroit désert, et là il priait. 

 

Besoin d'aller ailleurs, de quitter ce lieu où il est un peu comme englué. Se lever, respirer, peut-être se laver aussi et marcher, trouver un endroit désert (c'est la première fois que cela est mentionné, trouver un endroit désert, il y en aura d'autres…). 

 

36 Simon et ceux qui étaient avec lui partirent à sa recherche. 

37 Ils le trouvent et lui disent : « Tout le monde te cherche. » 

 

Ils ne posent pas de question directe, même si elle est contenue dans l'affirmation: pourquoi as-tu disparu, pas drôle de te chercher partout, pourquoi tu n'as rien dit.. Tout le monde te cherche. Et ça, ce ne sera pas non plus la dernière fois. 

 

38 Jésus leur dit : « Allons ailleurs, dans les villages voisins, afin que là aussi je proclame l’Évangile ; car c’est pour cela que je suis sorti. » 

39 Et il parcourut toute la Galilée, proclamant  l’Évangile dans leurs synagogues, et expulsant les démons.

 

Jésus là, prend l'initiative. Aller ailleurs, (je suis un Dieu qui chemine), proclamer la bonne nouvelle, car c'est cela ce que son père lui demande à ce moment là. C'est la mission de Jésus avec une sorte de feuille de route; proclamer, expulser. 

 

Evangile avec ses trois séquences. La fièvre quitte la belle-mère, comme Jésus quitte la maison et quitte la ville..

 

 

LUNDI 8 FÉVRIER. Mc 6, 53-56

 

Il y a eu l'envoi en mission, le retour, la multiplication des pains, et les disciples seuls sur le lac et ça se termine par: 


51 Il monta ensuite avec eux dans la barque et le vent tomba ; et en eux-mêmes ils étaient au comble de la stupeur,

52 car ils n’avaient rien compris au sujet des pains : leur cœur était endurci.

 

 

53 En ce temps-là, après la traversée, abordant à Génésareth, ils accostèrent. 

54 Ils sortirent de la barque, et aussitôt les gens reconnurent Jésus : 

 

Si le bouche à oreille fonctionne, il est certain que Jésus ne peut plus passer inaperçu. Il y a le "aussitôt", qui montre que quelque chose se met en place immédiatement. On a même l'impression que dans cette région où Jésus n'est pas encore venu, il y a des gens qui vont en prévenir d'autres: venez, le guérisseur est là.  Et du coup c'est la demande. 

 

55 ils parcoururent toute la région, et se mirent à apporter les malades sur des brancards là où l’on apprenait que Jésus se trouvait. 

 

A la fois Jésus se déplace, mais les gens se déplacent aussi pour être guéris. 

 

56 Et dans tous les endroits où il se rendait, dans les villages, les villes ou les campagnes, on déposait les infirmes sur les places. Ils le suppliaient de leur laisser toucher ne serait-ce que la frange de son manteau. Et tous ceux qui la touchèrent étaient sauvés.

 

Là, les apôtres n'ont rien à faire. La scène: il arrive quelque part. Jésus n'est pas dans la synagogue. Il doit être là où les infirmes, sont déposés; ceux qui ne peuvent pas se déplacer seuls. Les accompagnants ou les infirmes eux-mêmes, supplient. Toucher la frange du manteau comme la femme qui perdait du sang, comme plus tard, avec Paul et avec Pierre (l'ombre). Et là est-il question de guérison ou de quelque chose de plus. A la femme qui touche et qui sent qu'elle est guérie, Jésus dit, ma fille, ta foi t'a sauvée.

 

Est ce que cela ne s'oppose pas aux disciples, qui ont le cœur endurci, qui n'ont pas compris le miracle des pains et ces infirmes, ces pauvres qui eux ont foi en Jésus et qui comprennent qu'il suffit que leur pauvre corps soit en contact avec un bout minuscule de manteau de Jésus, pour être guéris. 


 

MARDI 9 FÉVRIER. Mc 7, 1-13

 

On doit rentrer maintenant dans la ou les multiples polémiques. Est ce que le temps des miracles est terminé? Non il va y avoir la syro-phénicienne et le sourd muet (sauf que celui là représente aussi les païens) . C'est aussi le salut qui se donne au dehors. 

 

Je me dis aussi, que là, il y a cette question des mains impures. Il ne s'agit pas de mains sales, mais de mains qui ont été dans un espace profane, et qui au moment du repas, entre dans un autre espace et qui signifient la rupture par le lavage. C'est ce que fait le prêtre dans la liturgie de la messe, à la fin de l'offertoire. Il reconnaît qu'il passe dans un autre espace, que Christ va être présent et qu'il a besoin de recevoir cette purification en reconnaissant qu'il est indigne en fait parce que pécheur comme tout humain. Mais est ce que la présence de Jésus avec des disciples n'est pas suffisante pour qu'ils soient purs? Un jour il dira, vous êtes purs, mais pas tous.. Ce sera le soir de ce repas qui précède les grands discours et l'arrestation. 

 

En ce temps-là, les pharisiens et quelques scribes, venus de Jérusalem, se réunissent auprès de Jésus, 

et voient quelques-uns de ses disciples prendre leur repas avec des mains impures, c’est-à-dire non lavées. 

 

On peut penser que la présence de Jésus commence à inquiéter sérieusement. Qui est-il ce rabbi qui fait autant de miracles et autant d'enseignements? Le prendre en défaut, le disqualifier (d'autant que les pharisiens de Galilée ont déjà décidé de sa mort). Là, ils sautent sue l'occasion: mains non lavées, pourquoi Jésus je fait-il rien? 

 

– Les pharisiens en effet, comme tous les Juifs, se lavent toujours soigneusement les mains avant de manger, par attachement à la tradition des anciens ; 

et au retour du marché, ils ne mangent pas avant de s’être aspergés d’eau, et ils sont attachés encore par tradition à beaucoup d’autres pratiques : lavage de coupes, de carafes et de plats. 

 

Alors les pharisiens et les scribes demandèrent à Jésus : « Pourquoi tes disciples ne suivent-ils pas la tradition des anciens ? Ils prennent leurs repas avec des mains impures. » 

 

Mais là, ils font une faute de tactique. Ils parlent de la tradition des anciens qui est différente de la tradition de l'écriture, et ils donnent des verges pour se faire battre et Jésus ne s'en prive pas.

 

Jésus leur répondit : « Isaïe a bien prophétisé à votre sujet, hypocrites, ainsi qu’il est écrit : ‘Ce peuple m’honore des lèvres, mais son cœur est loin de moi. 

C’est en vain qu’ils me rendent un culte ; les doctrines qu’ils enseignent ne sont que des préceptes humains.’ 

Vous aussi, vous laissez de côté le commandement de Dieu, pour vous attacher à la tradition des hommes. » 

 

Comme toujours il s'appuie sur l'écriture, ce qui est un bon moyen de ne pas être critiqué. Et il attaque. C'est en s'appuyant sur Isaïe, qu'il peut les traiter d'hypocrites. Et c'est Isaïe qui a écrit cela.. S'appuyer sur l'humain et non sur le divin.

 

Il leur disait encore : « Vous rejetez bel et bien le commandement de Dieu pour établir votre tradition. 

10 En effet, Moïse a dit : ‘Honore ton père et ta mère.’ Et encore : ‘Celui qui maudit son père ou sa mère sera mis à mort.’

 11 Mais vous, vous dites : Supposons qu’un homme déclare à son père ou à sa mère : “Les ressources qui m’auraient permis de t’aider sont ‘korbane’, c’est-à-dire don réservé à Dieu”, 

12 alors vous ne l’autorisez plus à faire quoi que ce soit pour son père ou sa mère ; 

 

Ici, on a l'impression que la tradition a pris une allure très perverse. Ne pas aider son père ou sa mère, parce que l'argent est consacré au temple.. Poussez les gens à faire cela, ce n'est pas bien. 

 

13 Ouvous annulez ainsi la parole de Dieu par la tradition que vous transmettez. Et vous faites beaucoup de choses du même genre. »

 

Annuler la parole de Dieu, par la parole. Parfois je me demande si certains des commandements de l'église (mais les enseigne t on encore); vont dans le même sens. Comme disait le Père Cocagnac: mais le vendredi je pense, tu te farcis un homard…

 

 

MERCREDI 10 FÉVRIER. Mc 7, 14-23

 

14 En ce temps-là, appelant de nouveau la foule, Jésus lui disait : « Écoutez-moi tous, et comprenez bien. 

15 Rien de ce qui est extérieur à l’homme et qui entre en lui ne peut le rendre impur. Mais ce qui sort de l’homme, voilà ce qui rend l’homme impur. » 

 

Donc d'abord les savants, puis la foule, mais c'est un peu énigmatique, comme souvent, et les disciples (qui peuvent nous représenter), restent sue leur faim.

 

16[…] 

17 Quand il eut quitté la foule pour rentrer à la maison, ses disciples l’interrogeaient sur cette parabole. 

18 Alors il leur dit : « Êtes-vous donc sans intelligence, vous aussi ? Ne comprenez-vous pas que tout ce qui entre dans l’homme, en venant du dehors, ne peut pas le rendre impur, 

19 parce que cela n’entre pas dans son cœur, mais dans son ventre, pour être éliminé ? » C’est ainsi que Jésus déclarait purs tous les aliments

 

Il est possible que le "il déclarait pur tous les aliments" soit un ajout, nécessaire au moment de la rédaction de l'évangile, surtout si on fait des références avec la première épitre aux corinthiens. 

Ce qui est amusant (pour moi) c'est le " êtes vous sans intelligence" qui fait écho avec l'épitre aux galates (qui est la lecture proposée par l'office des heures).

 

20 Il leur dit encore : « Ce qui sort de l’homme, c’est cela qui le rend impur. 

21 Car c’est du dedans, du cœur de l’homme, que sortent les pensées perverses : inconduites, vols, meurtres, 

22 adultères, cupidités, méchancetés, fraude, débauche, envie, diffamation, orgueil et démesure. 

23 Tout ce mal vient du dedans, et rend l’homme impur. »

 

On retrouve vraiment du St Paul, avec les listes de péchés. Il y a 12 mauvaises choses, ce qui ne doit pas être le fruit de n'importe quoi..

 

Petite synthèse de ces versets: Jésus raconte.

 

Quand je les ai vu arriver, avec leur air coincé (pardon pour ce jugement), je savais bien qu'ils allaient me chercher des noises. Je sais bien que les pharisiens qui vivent en Galilée, ont peur de ce que je raconte, peur de mes miracles, de mes guérisons. Ils disent même que c'est avec l'aide du prince de démons que je guéris, rends la vie. Ils veulent ma peu, et ils l'auront un jour.. Mais aujourd'hui, comme mes disciples ne s'étaient pas lavés les mains avant de prendre le repas bien mérité, car souvent il y a tellement de personnes qui vont et viennent pour se faire guérir que c'est impossible de prendre le temps de se restaurer, ils sont venus, avec leur bec enfariné me demander pourquoi mes disciples ne respectaient pas la tradition des anciens. Alors là, mon sang n'a fait qu'un tour. Comment opposer la tradition des anciens à la Loi donnée par Moïse. 

 

Je sais bien que se laver les mains, au moment du repas, c'est signifier qu'on entre dans une autre dimension, celle du partage, de l'hospitalité et que mon Père est présent, mais tant que moi, je suis avec mes disciples, ils sont purifiés, sauf que cela, jamais, eux les pharisiens, qui me prennent pour un allié du mauvais, ne le reconnaîtront. Quand je suis avec eux, leur cœur n'est plus partagé, ils font corps avec moi, ils font corps ensemble, ils ne sont pas dans la division mais dans la pureté..

 

Alors je me suis servi des paroles du prophète Isaïe pour qu'ils comprennent , parce que si je m'appuie sur la Parole, ils ne pourront rien faire contre moi, pour leur faire comprendre qu'ils servaient mon père non avec leur cœur, mais du bout des lèvres. Puis je leur ai montré combien cette tradition pouvait être perverse. Mon Père, par Moïse, leur a dit qu'ils devaient honorer leur père et leur mère, et eux, ils poussent leurs disciples à donner leur argent pour le Temple et ainsi à laisser leurs parents dans le besoin. Et ils n'honorent plus leur père et leur mère quand ils les poussent à mendier. 

 

Alors, ils sont partis, mais ils étaient très en colère. En fait moi aussi je l'étais. Je me suis alors adressé à ceux qui étaient là, qui avaient assisté à cette petite scène. Je voulais leur faire comprendre que le pur et c'est autre chose. Un jour mon pauvre Pierre aura une vision où il verra sur une grande nappe des animaux de toute sorte, des purs et des impurs (Moïse a développé tout cela ) et on lui dira d'immoler et de manger; et il se récriera en disant qu'il n'a jamais mangé d'animaux impurs. Et la vision lui fera comprendre qu'il n'a pas a appeler impur ce que mon Père appelle pur, et il ira vers ceux qui sont appelés les païens. Mais moi aujourd'hui, je voulais qu'ils comprennent que ce qui rend impur, séparé de mon Père, ce n'est pas ce qui pénètre par la bouche, parce que cela ne demeure pas en l'homme, mais tout ce qui sort du cœur, ces paroles d'envie, de haine, d'orgueil, Qu'ils comprennent que dans le cœur de l'homme, il y a ce mauvais, cette présence du mal, que se débarrasser de cela, c'est autrement plus difficile que de s'abstenir de manger ou de ne pas manger certaines choses, de se laver ou de ne pas se laver les mains et qu'ils comprennent que moi je suis venu pour qu'ils deviennent purs à l'intérieur d'eux-mêmes, que je puis leur donner cela. De même que les lépreux qui me touchent sont purifiés, sans que pour autant je sois contaminé, de même s'ils se laissent toucher par moi, si le cœur de pierre se laisse toucher, alors leur cœur deviendra un cœur de chair, un cœur purifié et rempli de mon amour. Mais la route est encore longue avant que même mes disciples le comprennent.

 

 

JEUDI 11 FÉVRIER. Mc7, 24-20.

 

Jésus vient de parler du pur et de l'impur et voilà qu'il se rend sans un territoire païen.

 

24 En ce temps-là,  Jésus partit et se rendit dans le territoire de Tyr. Il était entré dans une maison, et il ne voulait pas qu’on le sache, mais il ne put rester inaperçu : 

 

Il ne put rester inaperçu.. Est-ce sa renommée, est-ce parce qu'il y a du monde avec lui? Manifestement il a trouvé l'hospitalité dans une maison. Et il doit y avoir "du bouche à oreilles", si on en croit le "aussitôt" qui suit.

 

25 une femme entendit aussitôt parler de lui ; elle avait une petite fille possédée par un esprit impur ; elle vint se jeter à ses pieds. 

26 Cette femme était païenne, syro-phénicienne de naissance, et elle lui demandait d’expulser le démon hors de sa fille. 

 

Intéressant de noter qu'elle est syro-phénicienne de naissance. Elle est donc païenne depuis toujours. Elle adore d'autres Dieux (enfin en principe), mais pour des juifs, on peut penser qu'elle est vraiment "caca". Et c'est cette femme là, qui se jette à ses pieds (pas prosterner), qui demande d'expulser le démon hors de sa fille. 

 

27 Il lui disait : « Laisse d’abord les enfants se rassasier, car il n’est pas bien de prendre le pain des enfants et de le jeter aux petits chiens. » . 


28 Mais elle lui répliqua : « Seigneur, les petits chiens, sous la table, mangent bien les miettes des petits enfants ! »

 

Manifestement, ça démarre par un reproche. Ce que je fais pour les fils et filles d'Israël, les enfants de mon Père que tu ne reconnais pas, ce n'est pas pour toi, et tu es comme une voleuse. Laisser se rassasier (ils mangèrent et furent rassasiés), et là, ça ne veut pas dire que les païens ne recevront pas le pain, mais que ce n'est pas le moment. Il en l'envoie pas vraiment bouler, c'est un peu, chaque chose en son temps. Le temps pour vous n'est pas encore venu.. Et tu ne dois pas prendre quelque chose qui ne t'es pas encore destiné. 

Et là, au lieu de se scandaliser par la formule, aux petits chiens et de s'en aller elle fait quelque chose d'extraordinaire, elle change la signification. Elle se reconnaît petit chien, mais elle sait que les miettes qui tombent sont pour elle. Elle aurait pu partir, elle aurait pu claquer la porte, non, l'amour de sa fille qui est en elle, la pousse à dire quelque chose qui va toucher le cœur de Jésus et le faire changer. Mais il lui demande un acte de foi encore plus grand: le croire alors qu'il n'a prononcé aucun exorcisme, aucune parole.

 

 Alors il lui dit : 29 « À cause de cette parole, va : le démon est sorti de ta fille. » 

30 Elle rentra à la maison, et elle trouva l’enfant étendue sur le lit : le démon était sorti d’elle.

 

On peut se demander comment s'est passé pour elle le chemin du retour. Peut-être due des parents sont venus à sa rencontre. Mais on peut penser que sa petite fille était agitée, incontrôlable et là, elle est étendue sur le lit, calme. Le démon est sorti. Le calme après la tempête. Mais là, quelle foi. 

 

On peut peut-être faire ici un parallèle avec la foi de Marie, qui même si elle a reçu un signe, la grossesse d'Elisabeth est partie en le croyant.

 

 

VENDREDI 12 FEVRIER. Mc 7, 31-37

 

31 En ce temps-là, Jésus quitta le territoire de Tyr ; passant par Sidon, il prit la direction de la mer de Galilée et alla en plein territoire de la Décapole. 

 

Donc à nouveau en territoire païen, mais c'est là aussi où on a entendu parler de lui (les porcs tombés dans la mer). 

 

32 Des gens lui amènent un sourd qui avait aussi de la difficulté à parler et supplient Jésus de poser la main sur lui. 

 

Cela fait beaucoup penser au paralytique de Capharnaüm. Un sourd est dans sa bulle, il ne sait pas ce qui se passe. Ne pas se servir de sa langue, c'est que ma langue d'attache à mon palais si je t'oublie Jérusalem, alors qu'a t il fait pour qu'il soit ainsi puni? Quand on vous coupe la langue on ne peut plus parler. D'où le fait que la mutité est liée à la langue et non à la perte de l'audition.

Si celui-là  parle c 'est étonnant. Mais parle t il ou s'agit il de sons? En même temps il y a les idoles qui ont des oreilles et n'entendent pas, des bouches et ne parlent pas? Est ce que cet homme est un peu le prototype des idoles (et en cela est ce qu'il n'est pas un peu nous qui fermons nos bouches et nos oreilles? ), que Jésus doit guérir, mais cela va au-dela de la pathologie physique, c'est le spirituel qui est en cause. Si je me prends pour un dieu mes oreilles et ma bouche sont liées par cet autre..  Et il s'agit alors d'une délivrance, même si je parle et même si mes oreilles entendent. 

 

33 Jésus l’emmena à l’écart, loin de la foule, lui mit les doigts dans les oreilles, et, avec sa salive, lui toucha la langue.  

Un peu de mal à me représenter la scène, enfin je suppose qu'elle est en deux temps. Il remet la vibration dans les oreilles, pour que le son se transmette, il touche la langue, mais pas directement, il y a un fluide entre son doigt et la langue.. Il fera un peu pareil pour l'aveugle-né. Peut-être que la salive permet le décollement de cette langue qui ne bouge plus, qui ne fonctionne plus, puisque quand la langue est coupée on ne peut plus parler. Là, c'est comme si la langue avait été coupée, elle ne fonctionne plus, il faut redonner la fluidité du langage. Une langue, ça coule. Et là l'eau que Jésus donne, ça permet cette fluidité. 

 

34 Puis, les yeux levés au ciel, il soupira et lui dit : « Effata ! », c’est-à-dire : « Ouvre-toi ! » 

35 Ses oreilles s’ouvrirent ; sa langue se délia, et il parlait correctement.

 

Les yeux levés au ciel.. Il me semble que c'est une attitude de se tourner vers son Père, et de demander quelque chose. Comme si, s'il y a de fait une sorte de possession chez cet homme, il a besoin de la force d'en haut pour chasser cetla. Soupirer, parce que si cet homme est comme figure de tous ces païens qui sont en décapole, c'est un, mais il y a un tel travail à faire. Mais soupirer, c'est aussi le souffle de Jésus qui sort de lui, qui va envahir cet homme. Et le mot que j'aime: effata. Qui est un mot qui sonne pour moi (avec sa sonorité) l'ouverture. Et il (lhomme), a des oreilles qui s'ouvrent, une langue qui se délie et comme l'homme de Gerasa, il y a le correctement. Il parle selon les règles, il est comme réintégré dans la société. On peut le comprendre, il peut avoir les mêmes mots. 

 

Là, si Jésus se tourne vers son père, et s'il soupire, il y a donc du souffle qui est donné, peut-être que cela va au-delà de la guérison somatique. Un sourd ne peut pas parler correctement, surtout si le son n'est jamais advenu en lui. Donc c'est autre chose, qui fait un peu penser à Zacharie (pas dans l'évangile de Marc).

 

36 Alors Jésus leur ordonna de n’en rien dire à personne ; mais plus il leur donnait cet ordre, plus ceux-ci le proclamaient. 

 

C'est curieux, parce que finalement Jésus leur demande d'être muets sur cet événement, comme si son temps n'était pas venu, comme s'il avait autre chose à faire d'abord. Mais une fois de plus ça ne marche pas;

 

37 Extrêmement frappés, ils disaient : « Il a bien fait toutes choses : il fait entendre les sourds et parler les muets. »

 

 

 

Ebauche, mais ébauche seulement, parce qu'un sourd muet de naissance, n'a pas les mots et n'a pas les capacités intellectuelles pour s'exprimer. Ou alors, il n'est pas sourd de naissance, mais quelque chose est advenu et l'a privé de ces capacités. Les oreilles ne vibrent plus, les cordes vocales non plus, et Jésus va remettre de la vie. A ce moment là, on peut penser à un autre type de possession. Donc outre la guérison, Jésus va enlever le faux dieu qui est en cet homme, qui  a pris possession de lui et qui fait qu'il n'entend plus (ou seulement ce qui est en lui) et qu'il n'émet plus de sons. Il est tellement pris qu'il ne peut plus communiquer. On peut devenir sourd aux autres, et ne plus communiquer par la parole. Le délier qui concerne la langue, renvoie peut-être à la rupture du lien avec le faux-dieu.

 

L'homme de la décapole raconte.

 

il y a quelque temps, un homme venu d'une autre ville de ma région, la décapole nous a raconté comme un homme, Jésus de Nazareth l'avait délivré de démons qui le poussaient à vivre dans les tombeaux, à se faire du mal, et à crier jour et nuit. Enfin il a raconté cela à ma famille, parce que moi, je suis sourd depuis beaucoup d'années. Et même si je peux lire un peu sur les lèvres, je ne peux plus communiquer; je suis enfermé dans le silence, je suis seul avec moi-même et ma souffrance est grande. Moi je ne crois pas dans le Dieu d'Israël, mais je crois dans d'autres Dieux. Et peut-être que cette infirmité est une punition, parce que parfois je suis violent envers les juifs.. Je ne sais pas. Des fois, je me dis qu'il y a un combat entre le dieu d'Israël et les dieux qui sont adorés un peu partout sur cette terre de Canaan.

 

Et voilà que ce Jésus, il est là, dans mon village. Alors ma famille m'a conduit vers lui. Il y avait du monde qui se pressait autour de lui. En même temps, comme on nous avait raconté qu'il avait laissé de précipiter un troupeau de 2000 porcs dans le lac, il faisait un peu peur. Il m'a regardé et m'a fait signe de le suivre. Il m'a emmené un peu à l'écart. Et là, il a mis ses doigts dans mes oreilles, mais il ne s'est rien passé. Puis il a pris un peu de sa salive et l'a posée sur ma langue. Et là il ne s'est rien passé. 

 

Puis, il a levé les yeux vers le ciel, comme s'il s'adressait à quelqu'un, il a soupiré, et ce soupir a crée quelque chose en moi, comme si son souffle entrait en moi et débloquait quelque chose et il a dit "effata". C'est un mot de sa langue à lui, qui signifie ouvre toi. Et je me suis ouvert. Je ne sais pas si c'est un démon qui était en moi et qui m'empêchait d'entendre et de parler ou si c'était mon âge, mais là, j'ai entendu un oiseau chanter.. Le mot, je ne l'avais pas entendu, les autres me l'ont raconté après, mais ma langue s'est déliée.. Et je suis redevenu "normal". 

 

Et cet homme là, je veux qu'il soit connu, même si lui ne le veut pas. Il a été le vainqueur de cette force qui me bouchait les oreilles, qui m'empêchait d'entendre les autres, qui me centrait sur moi, il a été vainqueur de mon incapacité à communiquer. J'avais perdu les mots, il m'a donné la parole et je suis vivant. 

 

 

SAMEDI 13 FÉVRIER.  Mc 8, 1-10 deuxième multiplication des pains.

 

En ces jours-là, comme il y avait de nouveau une grande foule, et que les gens n’avaient rien à manger, Jésus appelle à lui ses disciples et leur dit : 

« J’ai de la compassion pour cette foule, car depuis trois jours déjà ils restent auprès de moi, et n’ont rien à manger

 

Je suis toujours étonnée, ou même sidérée par l'importance de tout ce qui se passe autour du manger. Dans la Genèse, il s'agit bien de manger, mais il y a une différence entre manger pour combler une faim normale, (le manger de tous les fruits des arbres du jardin) et le manger qui vient pour combler un désir. Dans la genèse, le serpent fait naître un désir, qui devient convoitise, parce que l'interdit ne fonctionne pas. Et ce n'est plus la faim biologique qu'il s'agit de combler, mais une autre faim, dont la femme ne connaissait pas l'existence. 

 

Mais là, il y a une foule de non-juifs, et juifs ou non-juifs, l'attitude de Jésus est la même: il est pris de compassion, parce qu'ils n'ont plus rien à manger (on peut penser qu'au bout de 3 jours, tout a été consommé). 3 jours, comme dans le ventre du poisson de Jonas, 3 jours  comme.. Les disciples aussi, seront affamés par la perte. Et ils seront à nouveau nourris.

 

Si je les renvoie chez eux à jeun, ils vont défaillir en chemin, et certains d’entre eux sont venus de loin. » 

Ses disciples lui répondirent : « Où donc pourra-t-on trouver du pain pour les rassasier ici, dans le désert ? »

 Il leur demanda : « Combien de pains avez-vous ? » Ils lui dirent : « Sept. » 

 

Marc, montre la manière dont Jésus voit les choses. Il ne peut pas les renvoyer ainsi, car certains pourraient défaillir. Et il n'y aura pas d'ange pour les réconforter.  Ce qui est intéressant, c'est que les disciples se gardent bien de dire qu'ils ont des réserves..  ils ont 7 pains, avec peut-être un symbolisme pour le 7. Quelque chose de parfait, mais aussi la création (cf commentaire du Père Quesnel sur RCF). 

 

Alors il ordonna à la foule de s’asseoir par terre. Puis, prenant les sept pains et rendant grâce, il les rompit, et il les donnait à ses disciples pour que ceux-ci les distribuent ; et ils les distribuèrent à la foule. 

Ils avaient aussi quelques petits poissons, que Jésus bénit et fit aussi distribuer. 

 

Là, ils ne se mettent pas en carrés de 50 ou 100, ils se mettent comme ils peuvent. Et comme dans les autres (synoptiques) multiplications, ce sont les disciples qui distribuent, le pain et le poisson. On peut toujours supposer qu'il y a une source d'eau quelque part.

 

Les gens mangèrent et furent rassasiés. On ramassa les morceaux qui restaient : cela faisait sept corbeilles. 

Or, ils étaient environ quatre mille. Puis Jésus les renvoya. 

 

Là, Ils ont quelque chose dans le ventre. Jésus, on ne sait pas s'il a mangé, mais lui, il a cette nourriture dont parle l'évangile de Jean: ma nourriture est de faire la volonté de mon père. Et là, il y a la parole qui se donne maintenant aux nations. Et la notion de plénitude: 7 corbeilles. 

 

10 Aussitôt, montant dans la barque avec ses disciples, il alla dans la région de Dalmanoutha.

 

Et c'est la fin de ce chapitre 7, où Jésus se révèle aux non-juifs. 

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