samedi 3 avril 2021

SEMAINE DU 28 MARS AU 3 AVRIL. EVANGILES

C'est la semaine sainte. Alors, compte tenu de la richesse des offices, pas de commentaires sur le vendredi saint et le samedi.

J'ai regretté qu"il n'y ait pas les lectures, mais seulement la Passion. Par contre nous avons pu recevoir le "corps brisé" et cela ce fut un baume. 


 

DIMANCHE 28 MARS.

 

RAPPEL DE L'ENTRÉE DE JÉSUS DANS JÉRUSALEM: « Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur ! » (Mc 11, 1-10)
Dans la Bible, le roi David, fait entrer l'arche de l'alliance à Jérusalem, et c'est tout un cortège qui offre des sacrifices, qui chante et qui danse (y compris le roi David), mais l'arche va demeurer sous la tente de la rencontre, jusqu'à ce que Salomon ait fait construire le premier Temple. Et là c'est une énorme cérémonie, avec plein de sacrifices. Dieu, sous forme de la nuée, prend possession du Temple. Au moment de l'exil , le prophète Ézéchiel, voit la Gloire de Dieu quitter le Temple. 
Aujourd'hui, avec la fêtes des Rameaux, c'est d'une certaine manière Jésus qui prend possession de la ville qui est la sienne. Mais lui, il entre, monté sur cet ânon, dont il avait besoin, et qui d'après les écritures, fait de lui le Roi, simplement fêté par des hommes et des femmes qui sont là, et qui en mettant leurs manteaux sur le sol, et en ajoutant des branchages lui font une sorte de voie royale.
 Il est acclamé comme celui qui répond à une demande de secours (Hossana: au secours sauve moi). Il est celui qui vient nom de Seigneur, il est le Messie attendu. Mais son entrée dans le Temple, n'a rien de triomphal, il se contente de regarder, puis repart vers Béthanie. 
La lecture de l'évangile de Marc, rappelle combien ce moment de gloire est éphémère et que ce que cherche Jésus, le Roi de nos vies, ce n'est pas sa Gloire, mais celle de son Père. 
Que cette fête des Rameaux, que nous pouvons célébrer cette année, nous permette d'entrer dans la semaine sainte, en reconnaissant toujours plus, avec le Centurion qui verra la mort de Jésus, que oui, cet homme est le Fils de Dieu.
                  
Bethphagé: maison des figues mal mures/ Bethanie maison de chant, maison d'affliction, maison de la grâce du Seigneur.
 

Lorsqu’ils approchent de Jérusalem, vers Bethphagé et Béthanie, près du mont des Oliviers, Jésus envoie deux de ses disciples et leur dit :« Allez au village qui est en face de vous. Dès que vous y entrerez, vous trouverez un petit âne attaché, sur lequel personne ne s’est encore assis. Détachez-le et amenez-le. Si l’on vous dit : ‘Que faites-vous là ?’, répondez : ‘Le Seigneur en a besoin, mais il vous le renverra aussitôt.’ »Ils partirent, trouvèrent un petit âne attaché près d’une porte, dehors, dans la rue, et ils le détachèrent. Des gens qui se trouvaient là leur demandaient : « Qu’avez-vous à détacher cet ânon ? »  Ils répondirent ce que Jésus leur avait dit, et on les laissa faire. Ils amenèrent le petit âne à Jésus, le couvrirent de leurs manteaux, et Jésus s’assit dessus.

Ça c'est l'histoire de du petit âne. On pourrait croire que les disciples volent l'ânon, mais il y a comme une phrase magique" "le Seigneur en a besoin" qui ouvre les portes. Et c'est magnifique. Je me disais que de nos jours, Jésus aurait fait prendre soit une voiture, soit une moto. Un moto ce serait mieux.. Mais cela reste pour moi, une scène très belle. Ce petit ânon, qui vient peut-être d'être acheté, qui est dehors ,attaché et qui participe à quelque chose qu'il ne peut pas comprendre: un poids sur lui, du bruit, un chemin et ensuite le retour à la maison. Mais il fait ce qu'il devait faire. Peut-être qu'il appartenait à des gens qui avaient entendu parler de Jésus, peut-être pas. Ce qui est aussi étonnant, c'est qu'il est "tout neuf", il n'a jamais servi. Son premier travail sera de porter un homme, peut-être un peu lourd pour lui, mais il le fait vaillamment.

Alors, beaucoup de gens étendirent leurs manteaux sur le chemin, d’autres, des feuillages coupés dans les champs.

 Ceux qui marchaient devant et ceux qui suivaient criaient : « Hosanna ! Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur ! Béni soit le Règne qui vient, celui de David, notre père. Hosanna au plus haut des cieux ! »

Hosanna: Hoshiya na. "Au secours sauve moi". Ps 118, 25. Le cri de détresse est suivi par un cri d'espoir: béni soit celui qui vient au nom de l'éternel. De sauve s'il te plait, on est passé à " le salut, le salut est arrivé." Le sens serait: hourra pour le salut, il vient, il est là, salut, salut. C'est une acclamation chantée lors de la fête de Pâques et de la fête des Tentes.

Et c'est de fait la descente et la remontée vers le Temple (enfin je suppose). Il y a un chemin qui se dessine, il est jonché de branchages et des manteaux, il fait comme une allée royale. Je ne sais pas, si les gens agitent les branches, mais "ils crient", ils ne chantent pas. Ils disent qui est celui qui est là, Celui là, vient au nom du Seigneur, il vient pour mettre en place un règne autre que celui des romains, il vient rétablir le règne de David, le père du peuple, le roi de Jérusalem. Crier, ce n'est pas chanter; c'est lancer aussi un appel vers le Ciel. 

La suite du texte, dit que Jésus entre dans le Temple, qu'il parcourt du regard toutes choses, et comme c'est le soir, il va à Béthanie avec les douze. Le lendemain c'est la malédiction du figuier, puis l'expulsion des vendeurs dans le temple, et la décision des grands-prêtres et des scribes qui cherchent comment le faire périr.

 

LUNDI 29 MARS. Jn 12, 1-11

Lundi Saint/ Isaïe 42, 1-7, Ps 26, 1-3. 13-14. Jn 12, 1-11

"Des pauvres vous en aurez toujours avec vous, mais moi, vous ne m'aurez pas toujours". 

L'évangile de ce jour, rapporte le repas offert à Jésus dans la maison de Lazare. Si Marthe est une fois de plus aux fourneaux, Marie a répandu sur les pieds de Jésus, un parfum précieux, ce qui lui est reproché dans cet évangile par Juda, mais par tous les disciples dans les synoptiques Que ce geste soit un geste qui anticipe les rites mortuaires, Jésus l'affirme, mais il montre aussi que Jésus, reçoit une onction comme le Serviteur de la première lecture. 

N'est-il pas celui qui  ne criera pas, qui ne haussera pas le ton, mais surtout qui ne brisera pas le roseau courbé et qui n'éteindra pas la mèche qui fume encore. Jésus ne juge pas, il ne condamne pas, il aime. Et ce parfum répandu, c'est aussi une réponse à l'amour dont Marie de Béthanie a été remplie. 

Que nous puissions aujourd'hui, par ces petits gestes tout simples, transmettre ou recevoir un peu plus cet amour qui nous est donné. Comme le dit le psaume:" j'en suis sûr, je verrai la bonté du Seigneur sur la terre des vivants".

                   

Bon lundi saint. Pour ceux que cela intéresse, office des laudes à 8h (mais replay possible) https://www.youtube.com/watch?v=iYQj5GWVTg8et office des vêpres à 19h https://www.youtube.com/watch?v=BVlpEkqQaak  Communauté du Chemin Neuf. 

 

1Six jours avant la Pâque, Jésus vint à Béthanie où habitait Lazare, qu’il avait réveillé d’entre les morts.

 2On donna un repas en l’honneur de Jésus. Marthe faisait le service, Lazare était parmi les convives avec Jésus. 

Or, Marie avait pris une livre d’un parfum très pur et de très grande valeur ; elle versa le parfum sur les pieds de Jésus, qu’elle essuya avec ses cheveux ; la maison fut remplie de l’odeur du parfum. 

 

J'ai une question, si c'est 6 jours avant la Pâques, alors il me semble que c'est le début des pains azymes. Alors quel est le type de repas que l'on peut faire? Mais c'est ce jour là, que Jésus choisi pour aller à Béthanie. Il paraît normal qu'on lui offre un repas en son honneur. Et là, on a Marthe qui fait le service (comme chez Luc), Lazare qui est installé et ne fait rien, il reste passif, ce qui est un peu étonnant, et Marie. Et là, elle n'est plus assise aux pieds de Jésus pour l'écouter, mais elle agit. On peut penser qu'elle savait ce qu'elle ferait quand Jésus reviendrait, elle attendait ce retour. Et elle passe à l'acte, ce parfum qu'elle avait peut-être reçu, ou qu'elle avait elle-même acheté, elle le répand sur ses pieds (hier c'était sur la tête, le lieu de l'onction des prêtres). Elle essuie avec ses cheveux, et elle devient elle aussi toute imprégnée de la même odeur que Jésus. Ils sont dans le même nuage de parfum, ainsi que la maison. 

 

Il y a quelque chose de magnifique, parce que cela évoque un peu la nuée qui envahit la Tente ou le Temple et qui recouvre et enveloppe tout. On est sous le même voile. On est ensemble, tous, sauf Judas.

 

Judas Iscariote, l’un de ses disciples, celui qui allait le livrer, dit alors : 

« Pourquoi n’a-t-on pas vendu ce parfum pour trois cents pièces d’argent, que l’on aurait données à des pauvres ? » 

Il parla ainsi, non par souci des pauvres, mais parce que c’était un voleur : comme il tenait la bourse commune, il prenait ce que l’on y mettait. 

 

Là, Jean ne peut s'empêcher de traiter Judas de voleur, mais dans les synoptiques, tous les disciples, disent que c'est de l'argent jeté par les fenêtres et qu'ils ont des propos acerbes envers Marie. 

 

Jésus lui dit : « Laisse-la observer cet usage en vue du jour de mon ensevelissement !

 Des pauvres, vous en aurez toujours avec vous, mais moi, vous ne m’aurez pas toujours. » 

 

et Jésus, on pourrait dire gentiment, lui répond et doublement. Elle a anticipé mon ensevelissement, (et Judas veut que Jésus meure), donc il lui dit que oui, il va mourir, et il confirme cela: vous ne m'aurez pas toujours avec vous; je vais partir.

 

Or, une grande foule de Juifs apprit que Jésus était là, et ils arrivèrent, non seulement à cause de Jésus, mais aussi pour voir ce Lazare qu’il avait réveillé d’entre les morts. 

10 Les grands prêtres décidèrent alors de tuer aussi Lazare, 

11 parce que beaucoup de Juifs, à cause de lui, s’en allaient, et croyaient en Jésus.

 

La grande foule, cela fait un peu penser aux juifs qui dans le passé (enfin assez proche) étaient venus consoler Marie et Marthe. Et qui étaient déjà allé rapporter la résurrection aux prêtres. Là, il fallait tuer Jésus, maintenant, il faut aussi tuer Lazare, comme pour éliminer la preuve vivante de la puissance de cet homme. Mais il y a derrière cette jalousie, la peur de perdre des disciples ou du moins des gens qui donnent la dime et participent aux frais du temple.

 

L'évangile propose le repas chez Lazare. Si on relit la fin du chapitre 11, on  sait qu'après  le réveil de Lazare, les prêtres décident de tuer Jésus, et que celui-ci part se mettre à l'abri, avec ses disciples dans la région proche du désert, dans la ville d' Ephraim. Comme la fête de la Pâque approche, on commence à se demander dans Jérusalem si Jésus va venir ou non, puisque sa tête est mise à prix. Six jours avant la Pâque, Jésus quitte donc sa ville refuge et va à Béthanie, où il sait qu'il est en sécurité chez son ami Lazare.  On peut comprendre que ce dernier, fasse un repas en l'honneur de Jésus, mais l'hospitalité étant reine, il semble évident que d'autres personnes vont venir partager ce repas. 

Ce récit est un peu différent de celui qui nous avons entendu hier. Pour Marc, le repas se passe certes à Béthanie, mais dans la maison de Simon le lépreux (dont il a été question dans l'évangile de Matthieu) et la femme qui verse le parfum, sur la tête et non sur les pieds, n'a pas de nom. Ce sont des participants et non Judas, qui parlent de gaspillage.

Mais ce qui se passe ce jour là, est une scène qui ne peut que nous toucher et c'est Marie de Béthanie qui la raconte. 

Mais, je vois beaucoup mieux la scène dans la maison du Marthe et Marie que dans celle d'un notable quelconque..


Marie de Béthanie raconte.


Mon frère était malade, nous avions appelé Jésus, mais il n'était venu. Enfin il est venu, mais c'était trop tard. Mais ce jour là, Il a a fait sortir mon frère de son tombeau, il l'a réveillé, et cela faisait pourtant quatre jours qu'il était mort. 

Puis il est parti, avec ses disciples, parce qu'il savait que les prêtres voulaient le mettre à mort. Il a disparu. 

Mais moi, je l'attends, je sais qu'il va revenir. Je sais comment je vais le remercier. Je répandrai sur lui non pas une eau pure pour le purifier, parce qu'il n'a pas à être purifié, lui qui est la pureté même, mais un parfum, comme on en répandait sur la tête d'Aaron, mais moi, je le répandrai sur ses pieds, sur ses pieds qui ont foulé cette terre qu'ii aime tant, sur ces pieds qui un jour quitteront cette terre, pour aller vers son Père. 

Et le jour où nous commençons à célébrer la fête des pains sans levain, sans levain, il est venu, avec ses disciples, et en particulier Jean, ce petit jeune si beau, que j'aime bien. Bien sûr Marthe a voulu faire les choses en grands, car nous n'avions pas pu vraiment le remercier. Et comme d'habitude elle s'est affairée, enfin elle en a fait voir de toutes les couleurs aux servantes.. Lazare lui, il n'est pas encore vraiment remis, il restait à côté de Jésus. Et le repas a commencé et c'est là qu'au fond de moi, j'ai su que le moment était venu de répandre ce parfum sur ses pieds. 

Dès que j'ai cassé le col du flacon qui était rempli de parfum, l'odeur a commencé à se répandre et tous les convives ont arrêté de manger. Ils me regardaient, ils se regardaient. Jésus souriait. Je suis allée vers lui, et j'ai versé le parfum sur ses pieds, il avait l'air tellement heureux, mais curieusement il y avait aussi de la tristesse dans son regard. A quoi pensait-il?

Et j'ai dénoué mes cheveux, et j'ai essuyé ses pieds, ses beaux pieds. Un peu pour lui donner de la tendresse, comme une mère essuie les pieds de son tout petit. Alors mes cheveux sont devenus odorants, et lui et moi, nous avions la même odeur, lui, moi et même les convives. Nous étions comme enveloppés par un cocon de senteurs. J'aurais voulu que le temps s'arrête. C'était comme si dans toute la pièce, il y avait une voute d'odeur, une voute de douceur, une voute sous laquelle nous étions comme des frères. 

Mais Judas, et celui-là il me fait peur, il a pris la parole, en disant que j'aurais dû lui donner le parfum, qu'il l'aurait vendu et qu'on aurait pu faire du bien aux pauvres. Mais moi, ce n'était pas ce que je voulais. Je ne voulais rien avoir à faire avec lui. 

Heureusement Jésus a pris ma défense, mais avec douceur. Il a dit que des pauvres il y en aurait toujours, mais que lui, il ne serait pas toujours là, et mon cœur a frissonné, et il a dit que ce que j'avais fait, c'était de faire pour lui, ce que l'on fait pour les morts. Et là, mon cœur a encore plus frissonné, mais je sais bien au fond de moi que ses jours sont comptés, et il l'a dit à ses proches. 

Le repas s'est terminé, ceux qui étaient venus de Jérusalem un peu en curieux, sont repartis et je suis sure qu'ils sont allés faire leur rapport aux grands prêtres. Moi je sais que mon Seigneur je vais le perdre et que je ne m'en remettrai jamais. J'ai peur, et pourtant il a tellement l'air de savoir ce qu'il fait, et d'être dans une paix complète. 

J'ai hâte que cette Pâques soit finie, car j'ai peur pour lui, peur pour nous, peur de le perdre. Certes il a parlé de résurrection à ma sœur, mais est-ce que son Père le ressuscitera comme lui-même le dit? Et puis il a dit qu'il devait souffrir et cela j'aimerai tant l'empêcher; mais que sa volonté se fasse. 

 

MARDI 30 MARS. Jn 13, 21- 33 36-38

Is 49, 1-6, ps 71, 1-6, 15-17 Jn 13,21-33.36-38

La première lecture est le deuxième chant du serviteur, celui qui annoncera le salut aux îles lointaines, aux peuples éloignés, celui en qui Dieu manifestera sa splendeur et qui sera la lumière des nations. 

Le Psaume lui, est une demande, le psalmiste demande au Seigneur d'être son refuge, d'être son rocher, Dieu est son espérance. Sa bouche envers et contre tout annonce les merveilles, il est celui qui magnifie.

"il fut bouleversé en son esprit, et il rendit ce témoignage, amen amen, l'un de vous me livrera".

L'évangile d'aujourd'hui, suit le lavement des pieds, et le discours de Jésus qui accompagne ce geste. On est donc dans le cours du repas. Et c'est là, alors que normalement tout devrait être dans l'amitié que Jésus est bouleversé. Quelque chose vient faire rupture. 

L'évangéliste, a déjà utilisé ce terme, "bouleversé", quand Jésus (chapitre 12), demande à son père de le sauver de la mort qui l'attend. 

Cette fois, c'est certainement la tristesse de savoir que l'un de ceux qu'il a choisi va le livrer (on peut noter que Jésus ne dit jamais "trahir"), mais aussi l'imminence de ce qui va arriver. 

On peut admirer la délicatesse avec laquelle Jésus s'adresse à Judas: il lui donne une bouchée, qui un signe d'amitié, puis, il lui demande "d'agir vite" ce qui montre aussi à quel point Jésus reste maître des événements. 

Mais Jésus peut aussi être bouleversé par la "fanfaronnade de Pierre", qui est pourtant sincère (comme nous le sommes nous aussi), mais qui connaîtra la peur. 

Nous avons l'habitude de demander de l'aide au Seigneur quand ça ne va pas, quand les événements nous bouleversent. Peut-être pouvons nous aujourd'hui, nous tourner vers celui qui va donner sa vie en toute connaissance de cause, et rester avec lui qui est bouleversé.

 

21 En ce temps-là, au cours du repas que Jésus prenait avec ses disciples, il fut bouleversé en son esprit, et il rendit ce témoignage : « Amen, amen, je vous le dis : l’un de vous me livrera. »

 22 Les disciples se regardaient les uns les autres avec embarras, ne sachant pas de qui Jésus parlait.

 

Il y a deux faits; D'un côté Jésus qui est troublé, et ça doit se voir? Peut-être un tremblement, peut-être des larmes retenues, et une annonce qui jette un froid. Et de l'autre et c'est curieux, d'autant qu'on a la même chose dans les synoptiques ce questionnement interne, un peu comme si Jésus avait demandé (ce qu'il n'a pas dit ou fait), c'est lequel d'entre vous qui va me livrer. Mais Jésus le sait. C'est quand même une scène plus que curieuse. Qui va me vendre? 

 

23 Il y avait à table, appuyé contre Jésus, l’un de ses disciples, celui que Jésus aimait. 

24 Simon-Pierre lui fait signe de demander à Jésus de qui il veut parler. 

25 Le disciple se penche donc sur la poitrine de Jésus et lui dit : « Seigneur, qui est-ce ? » 

26 Jésus lui répond : « C’est celui à qui je donnerai la bouchée que je vais tremper dans le plat. » Il trempe la bouchée, et la donne à Judas, fils de Simon l’Iscariote.

 

En principe, cela se fait presque à voix basse. Mais il est possible aussi que ce morceau de repas, soit comme quelque chose qui est un signe pour Judas. Il la donne, mais est-ce que Judas la porte à la bouche?  

 

27 Et, quand Judas eut pris la bouchée, Satan entra en lui. Jésus lui dit alors : « Ce que tu fais, fais-le vite. » 

28 Mais aucun des convives ne comprit pourquoi il lui avait dit cela. 

29 Comme Judas tenait la bourse commune, certains pensèrent que Jésus voulait lui dire d’acheter ce qu’il fallait pour la fête, ou de donner quelque chose aux pauvres. 

30 Judas prit donc la bouchée, et sortit aussitôt. Or il faisait nuit. 

 

Je me demande ce que veut dire cette sorte d'encadrement. Il prend la bouchée, mais ne la porte pas dans la bouche. Il y a quelque chose qui se passe et satan (la tentation qui prend corps) entre en lui. Puis Jésus qui le pousse à sortir, et l'incompréhension. Si Jésus l'avait retenu, que se serait il passé? Peut-être qu'un autre aurait livré, mais pas un des douze, et pour que l'écriture s'accomplisse, il fallait que ce soit "le confident, l'ami avec qui il partageait son repas).  Que représente cette bouchée. C'est presque comme s'il obeissait à Jésus, mais ça donne le change pour les autres; qui ne savent pas.

 

31 Quand il fut sorti, Jésus déclara : « Maintenant le Fils de l’homme est glorifié, et Dieu est glorifié en lui. 

32 Si Dieu est glorifié en lui, Dieu aussi le glorifiera ; et il le glorifiera bientôt. 

 

Une autre manière de le dire: tout est accompli. Et tout va se faire bientôt.

 

33 Petits enfants, c’est pour peu de temps encore que je suis avec vous. Vous me chercherez, et, comme je l’ai dit aux Juifs : “Là où je vais, vous ne pouvez pas aller”, je vous le dis maintenant à vous aussi. » 

 

Il manque là, les versets les plus importants: aimez vous comme je vous a aimé… aimez vous les uns les autres.

 

36 Simon-Pierre lui dit : « Seigneur, où vas-tu ? » Jésus lui répondit : « Là où je vais, tu ne peux pas me suivre maintenant ; tu me suivras plus tard. » 

 

Cela anticipe ce qui se passera au bord du lac. Mais sur le coup, qu'est ce que Pierre a pu comprendre?

 

37 Pierre lui dit : « Seigneur, pourquoi ne puis-je pas te suivre à présent ? Je donnerai ma vie pour toi ! » 

38Jésus réplique : « Tu donneras ta vie pour moi ? Amen, amen, je te le dis : le coq ne chantera pas avant que tu m’aies renié trois fois. »

 

Si pour Judas, Jésus a dit livré et non trahi, pour Simon Pierre, c'est bien renié..


MERCREDI 31 MARS.  Isaie 50, 4-9, Psaume 69, 8-10. 21-22.31.33-34 Mt 26, 14-25

"l'un de vous me livrera"."

La première lecture et le psaume, annoncent la passion et l'accomplissement des écritures. "je n'ai pas caché ma face devant les outrages et les crachats, j'ai présenté mon dos à ceux qui me frappait", à mon pain ils ont mêlé du poison, quand j'avais soif ils m'ont donné d vinaigre. Mais le disciple, celui qui chaque matin est éveillé par le Seigneur son Dieu, soutient celui qui est épuisé, verset que fait écho à ce que dit Jésus venez à moi, vous tous qui peinez sous le fardeau et je vous soulagerai. 

L'évangile de ce jour, qui fait comme un doublet de l'évangile de Jean, entendu hier, rapporte ce dernier repas, au cours du quel sera institué l'eucharistie, et ce dialogue entre Jésus et ses disciples, "l'un de vous me livrera". Il semble bien que Jésus sait que Judas a pris contact avec les prêtres, et qu'il sera "vendu" pour la somme réclamée au propriétaire d'un animal qui a encorné un esclave et l'a tué. Ex 21,32. Mais la phrase de Jésus "l'un de vous me livrer" provoque quand même quelque chose de bizarre. Pourquoi, les disciples demandent à Jésus qui ce sera. C'est quand même très étonnant. 

Que Jésus utilise ensuite une phrase tirée d'un psaume pour parler de celui qui le trahira, n'est pas une vraie réponse, car au cours de ce type de repas, on peut bien imaginer que se servir en même temps que le Maître, arrive. 

Mais, à quel jeu joue Judas qui lui, sait très bien que les pièces d'argent sont dans sa ceinture? Lui, il a bien entendu "malheureux celui par qui le Fils de l'homme est livré". Et peut-être que cette phrase qui n'est pas critique, mais remplie de compassion, pourra faire son chemin. 

Mais ce qui frappe le plus c'est la tristesse. Si ce repas est un repas pascal, c'est un repas où l'onc célèbre la sortie d'Egypte, le passage de l'esclavage à la liberté. Or là, ce qui est annoncé, c'est un passage, mais un passage par la mort, mort qui sera libération, mais mort.

Et même si les disciples ne livrent pas Jésus, ils prendront tous la fuite. Et il s'agit d'un abandon, et  là, nous pouvons peut-être nous sentir concernés.

 Qu'en cette veille de début du Triduum Pascal, l'Esprit Saint nous donne la force de ne pas abandonner, de veiller et de prier avec le Fils de l'homme, celui qui est le disciple et le serviteur par excellence.

14 En ce temps-là, l’un des Douze, nommé Judas Iscariote, se rendit chez les grands prêtres 

15 et leur dit : « Que voulez-vous me donner, si je vous le livre ? » Ils lui remirent trente pièces d’argent. 

16 Et depuis, Judas cherchait une occasion favorable pour le livrer. 

 

On a quitté le chapitre 25, avec les paraboles: les vierges, les talents et le jugement. Et là, c'est le commencement de la fin. Ce qui est certain c'est que Judas, est un déçu. Lui ce n'est pas dans le futur, mais dans le présent, alors peut-être qu'il a dans l'idée de devenir chef à la place du chef, mais il connaît les lieux où Jésus va, quand il est à Jérusalem, et donc il sait qu'il peut le livrer. Maintenant, peut-être qu'il n'est pas au  courant des projets des prêtres, même si Jésus a quand même annoncé sa passion par trois fois. Mais il n'y a pas pire sourd que celui qui ne veut pas entendre.

 

17 Le premier jour de la fête des pains sans levain, les disciples s’approchèrent et dirent à Jésus : « Où veux-tu que nous te fassions les préparatifs pour manger la Pâque ? » 

18 Il leur dit : « Allez à la ville, chez un tel, et dites-lui : “Le Maître te fait dire : Mon temps est proche ; c’est chez toi que je veux célébrer la Pâque avec mes disciples.” »

19 Les disciples firent ce que Jésus leur avait prescrit et ils préparèrent la Pâque. 

 

Là, il s'agit bien de préparer la Pâque, ce qui n'était pas le cas hier, puisque Judas devait sortit pour acheter ce qu'il fallait pour le repas pascal. 

 

20 Le soir venu, Jésus se trouvait à table avec les Douze. 

21 Pendant le repas, il déclara : « Amen, je vous le dis : l’un de vous va me livrer. » 

 

22 Profondément attristés, ils se mirent à lui demander, chacun son tour : « Serait-ce moi, Seigneur ? » 

23 Prenant la parole, il dit : « Celui qui s’est servi au plat en même temps que moi, celui-là va me livrer. 

 

On ne peut pas dire que ça commence bien. Est ce vraiment le repas pascal ou le repas des azymes? Mais c'est tellement bizarre cette question? Comme si Jésus allait révéler quelque chose du futur. Comme s'il allait faire le prophète. Ils savent qu'ils ne l'ont pas livré, mais ils pensent peut-être à un futur? Je ne sais pas, mais cela m'a toujours étonnée. La phrase de Jésus, qui renvoie à un psaume, n'est pas une vraie réponse, mais elle ménage Judas; .

 

24 Le Fils de l’homme s’en va, comme il est écrit à son sujet ; mais malheureux celui par qui le Fils de l’homme est livré ! Il vaudrait mieux pour lui qu’il ne soit pas né, cet homme-là ! » 

25 Judas, celui qui le livrait, prit la parole : « Rabbi, serait-ce moi ? » Jésus lui répond : « C’est toi-même qui l’as dit ! »

 

Est ce que cela a été dit haut et fort, on ne sait pas, mais j'imagine que Judas est sorti et que les paroles sur le pain et le vin, n'ont pas été dites en sa présence.

 

JEUDI SAINT. Jn 13, 1-15

"je connais mes brebis et mes brebis me connaissent… Je donne ma vie pour mes brebis" Jn 10.

 

Les textes proposés aujourd'hui nous les connaissons bien. Le premier, c'est dans le livre de l'exode (Ex 12). Un agneau immolé et dont le sang sera répandu sur le linteau de la porte, permettre la vie sauve aux premiers nés d'Israël et surtout son départ d'Egypte. C'est l'agneau de la libération. Le second texte, (1 Cor 11) c'est le repas du Seigneur, tel qu'il est pratiqué dans les premières communautés et de nos jours: Ceci est mon corps qui est pour vous… Cette coupe est la nouvelle alliance en mon sang…. Chaque fois que vous mangez ce pain et que vous buvez cette coupe, vous annoncez la mort du Seigneur jusqu'à ce qu'il vienne". Quant à l'évangile c'est celui du lavement des pieds (Jn 13, 1-15) que nous connaissons presque par cœur avec la réaction de Pierre, qui dans un premier temps refuse que son Seigneur fasse un tel geste pour lui, puis qui demande à être lavé en entier, et surtout avec la finale: c'est un exemple que je vous ai donné, pour que vous fassiez vous aussi, comme j'ai fait pour vous. Se mettre au pied de l'autre, s'occuper de son corps, de son confort, dans une attitude de douceur, et aussi d'humilité, car il faut reconnaître que se courber, se mettre au niveau du sol, ce n'est pas si facile.

Que le Seigneur, le berger qui donne sa vie pour ses brebis, et dont la voix est reconnues par ses brebis, nous aide aujourd'hui, à entrer pleinement dans ce mystère du don et que nous puissions l'accompagner dans ce moment où "il dépose sa vie pour la reprendre".

Un regard croisé sur le lavement des pieds: https://giboulee.blogspot.com/2020/02/jesus-se-leve-de-table-depose-son.html

Bon jeudi saint à tous.


Avant la fête de la Pâque, sachant que l’heure était venue pour lui de passer de ce monde à son Père, Jésus, ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, les aima jusqu’au bout. 

Au cours du repas, alors que le diable a déjà mis dans le cœur de Judas, fils de Simon l’Iscariote, l’intention de le livrer, 


Le rédacteur de cet évangile, ne lui fait vraiment pas de cadeaux à Judas. Mais on peut penser à une tentation, à un désir de prendre la place (parce qu'il me semble que dans un groupe, c'est souvent pour cela que l'on s'arrange pour dénoncer le chef), une tentation forte, mais pas encore passée à l'acte. Une sorte de pensé obsédante.

 

Jésus, sachant que le Père a tout remis entre ses mains, qu’il est sorti de Dieu et qu’il s’en va vers Dieu, 

se lève de table, dépose son vêtement, et prend un linge qu’il se noue à la ceinture ; 

puis il verse de l’eau dans un bassin. Alors il se mit à laver les pieds des disciples et à les essuyer avec le linge qu’il avait à la ceinture. 


J'aime ces verbes: il est sorti de Dieu, il s'en va vers Dieu, il se lève, il dépose son vêtement, il prend un linge, il le noue , il verse de l'eau , il se met à laver les pieds, il les essuie, 9 verbes... en 3 versets. 

 

Il arrive donc à Simon-Pierre, qui lui dit : « C’est toi, Seigneur, qui me laves les pieds ? » 

Jésus lui répondit : « Ce que je veux faire, tu ne le sais pas maintenant ; plus tard tu comprendras. » 

Pierre lui dit : « Tu ne me laveras pas les pieds ; non, jamais ! » Jésus lui répondit : « Si je ne te lave pas, tu n’auras pas de part avec moi. » 

Simon-Pierre lui dit : « Alors, Seigneur, pas seulement les pieds, mais aussi les mains et la tête ! » 

10 Jésus lui dit : « Quand on vient de prendre un bain, on n’a pas besoin de se laver, sinon les pieds : on est pur tout entier. Vous-mêmes, vous êtes purs, mais non pas tous. » 

11 Il savait bien qui allait le livrer ; et c’est pourquoi il disait : « Vous n’êtes pas tous purs. »


 là, c'est ce dialogue. La réaction de Pierre, qui a confessé que Jésus est le fils du Dieu vivant, on peut la comprendre. Et cette réponse: tu ne le sais pas maintenant, mais tu comprendras. Peut-être que par anticipation c'est (même si cela sera repris dans Jn 21), la rémission de la faute liée au reniement. Les pieds sales, tu vas les avoir, et tu ne seras pas capable de le laver tout seul, mais moi, par ce que je fais aujourd'hui, je te rends ta pureté, ton unité.  

 

12 Quand il leur eut lavé les pieds, il reprit son vêtement, se remit à table et leur dit : « Comprenez-vous ce que je viens de faire pour vous ? 

13 Vous m’appelez “Maître” et “Seigneur”, et vous avez raison, car vraiment je le suis. 

14 Si donc moi, le Seigneur et le Maître, je vous ai lavé les pieds, vous aussi, vous devez vous laver les pieds les uns aux autres. 

15 C’est un exemple que je vous ai donné afin que vous fassiez, vous aussi, comme j’ai fait pour vous. »


Je me rends compte que le mot exemple est important, car c'est la porte ouverte à la créativité.

 

VENDREDI SAINT. 4° Chant Du Serviteur, Ps 31 (en tes mains.. sois fort et prends courage) Hé 4, 14-16  5, 7-9 Passion selon Jn, 18 et 19.

Comme je l'ai dit, pas de commentaires, juste les intentions telles qu'elles n'ont pas été dites dans notre paroisse. 

La grande intercession de ce vendredi saint

Quasiment la même que l'an passé, marginalement révisée.

Prions pour l’unique Eglise du Christ, déchirée par les divisions.
Que le témoignage unanime de l’évangile soit plus important que les querelles de chapelles. Que la vérité de l’évangile sache se dire de façon polyphonique.
Seigneur, donne aux chrétiens des diverses confessions d’être les prophètes d’une humanité réconciliable et réconciliée. Par ton Fils, Jésus, le Christ, notre Seigneur.

Prions pour l’Eglise catholique.
La libre expression, responsable, de tous, oblige à repenser les ministères et le magistère, la place de chacun, homme et femme. C’est un enjeu pour la réception de l’évangile aujourd’hui. Personne ne peut confisquer la vérité par le pouvoir.
Seigneur, que tous les évêques avec le Pape engagent nos communautés sur le chemin de la coresponsabilité ministres-laïcs, hommes et femmes.
Que tous, nous consentions à nous faire serviteurs de nos frères. Par ton Fils, Jésus, le Christ, notre Seigneur.

Prions pour les chrétiens persécutés, particulièrement ces dernières semaines au Liberia, et toutes les victimes des injustices dans le monde.
Seigneur, donne au monde ta paix. Que tous ceux qui meurent ou donnent leur vie à cause de ton nom soient associés à la passion et à la résurrection de ton Fils, innocent persécuté, témoin fidèle de ton infinie bonté. Par ce Fils, Jésus, le Christ, notre Seigneur.

Prions pour les enfants et les femmes abusés sexuellement, des hommes aussi.
Blessés dans leur capacité à aimer et faire confiance, qu’ils trouvent des frères et des sœurs pour les conduire sur un chemin où l’amour et l’amitié ne sont pas mensonge. Prions aussi pour les auteurs d’infraction à caractère sexuel, prêtres et religieux notamment. Prions pour l’Eglise qui a donné en ces affaires un contre-témoignage digne de Judas.
Seigneur, toi qui es amour, donne à ceux qui ont été abimés ou détruits par la violence des autres de pouvoir se reconstruire. Que ton Fils veuille bien laver les pieds si sales de tous ceux qui ont tu ces crimes. Lui, Jésus, le Christ notre Seigneur.

Prions pour ceux qui seront baptisés et confirmés en ces fêtes de Pâques. Prions pour tous ceux qui sont éloignés des sacrements et de la compagnie des leurs par le confinement.
Seigneur, que nous puisions aux sources du salut célébré à Pâques l'eau vive de ta vie. Par ton Fils, Jésus, le Christ, notre Seigneur.

Prions pour les Juifs, nos frères aînés dans la foi. Ils sont encore haïs d’être ton peuple.
Prions pour les Musulmans stigmatisés à cause de l’intégrisme et du terrorisme.
Prions pour les hommes et les femmes qui prient en te donnant un autre nom que celui que Jésus nous a confié.
Toi, le seul Saint, nous te demandons que le peuple de la première alliance refuse toute injustice politique, cherche la paix, ne s’enferme pas dans une logique victimaire, ne traite pas les Palestiniens par le mépris et la violence, et demeure témoin de ta bénédiction pour tous les peuples.
Que ceux qui se soumettent à toi, l’unique et le miséricordieux, s’engagent pour la paix dans le monde d’aujourd’hui, pluraliste, critique, laïc.
Que tous aillent jusqu’au bout de leur foi et de leur conviction pour construire la paix. Qu’ils soient respectés et accueillis par tous, dans le dépassement des réflexes identitaires et sécuritaires. Par ton Fils, Jésus, le Christ, notre Seigneur.

Prions pour tant d’hommes et de femmes qui ne veulent pas entendre parler de Dieu, qui refusent toute mention chrétienne ou religieuse dans la société. Que la haine de l’Eglise soit pour l’Eglise un appel à la conversion.
Que les disciples entendent la vérité de ceux qui ne croient pas en toi. Ils obligent à la lucidité, la conversion et la fidélité.
Seigneur, ouvre le cœur de chacun au respect de l’autre et de ses convictions pour vivre en paix dans la pluralité des opinions. Eclaire l’esprit de tous pour que la laïcité permette de vivre en paix et ne soit pas le porte-drapeau de l’exclusion. Par ton Fils, Jésus, le Christ, notre Seigneur.

Prions pour ceux qui gouvernent et qui doivent prendre des décisions inédites et difficiles.
Qu’ils se mettent au service de leurs concitoyens, se détournent de l’enrichissement personnel et des honneurs. Que nous autres citoyens, prenions soin de la démocratie comme d’un bien précieux pour la liberté, l’égalité et la fraternité.
Seigneur, nous te prions pour que les discours d’exclusion se taisent ; pour que le respect de la personne humaine soit promu, pour que le partage ne soit pas un vain mot, pour que nous ayons le souci de vivre ensemble dans un monde globalisé et des sociétés toujours plus diversifiées. Par ton Fils, Jésus, le Christ, notre Seigneur.

Prions pour les réfugiés, les déplacés, les immigrés.
L’Europe qui défend les droits de l’homme, signataire de la convention de Genève de 1951 sur le statut des réfugiés, ne respecte pas sa signature et se barricade derrière des barbelés ; la crise sanitaire n’a fait qu’aggraver leur situation.
Seigneur, nous te prions pour ceux que nous refusons d’accueillir dussent-ils en mourir. Nous te prions pour nous qui refusons de nous sentir responsables de nos frères. Viens au secours de ceux qui souffrent. Par ton Fils, Jésus, le Christ, notre Seigneur.

Prions pour tous ceux qui sont éprouvés par l’épidémie de coronavirus, pour les malades, les familles endeuillées, les personnes qui meurent des mesures sanitaires.
Dieu éternel et tout-puissant, force de ceux qui espèrent en toi, regarde avec compassion ceux qui se trouvent, en ces jours, dans le désarroi. Par ton Fils, Jésus, le Christ, notre Seigneur.


    SAMEDI SAINT. JOUR DU SILENCE. 

HOMÉLIE ANCIENNE POUR LE GRAND ET SAINT SAMEDI

« Éveille-toi, ô toi qui dors »

Que se passe-t-il ? Aujourd'hui, grand silence sur la terre ; grand silence et ensuite solitude parce que le Roi sommeille. La terre a tremblé et elle s'est apaisée, parce que Dieu s'est endormi dans la chair et il a éveillé ceux qui dorment depuis les origines. Dieu est mort dans la chair et le séjour des morts s'est mis à trembler. ~

C'est le premier homme qu'il va chercher, comme la brebis perdue. Il veut aussi visiter ceux qui demeurent dans les ténèbres et dans l'ombre de la mort. Oui. c'est vers Adam captif, en même temps que vers Ève, captive elle aussi, que Dieu se dirige, et son Fils avec lui, pour les délivrer de leurs douleurs. ~

Le Seigneur s'est avancé vers eux, muni de la croix, l'arme de sa victoire. Lorsqu'il le vit, Adam, le premier homme, se frappant la poitrine dans sa stupeur, s'écria vers tous les autres : « Mon Seigneur avec nous tous ! » Et le Christ répondit à Adam: « Et avec ton esprit ». Il le prend par la main et le relève en disant : Éveille-toi, ô toi qui dors, relève-toi d'entre les morts, et le Christ t'illuminera.

« C'est moi ton Dieu, qui, pour toi, suis devenu ton fils ; c'est moi qui, pour toi et pour tes descendants, te parle maintenant et qui, par ma puissance, ordonne à ceux qui sont dans les chaînes : Sortez. À ceux qui sont dans les ténèbres : Soyez illuminés. À ceux qui sont endormis : Relevez-vous.

« Je te l'ordonne : Éveille-toi, ô toi qui dors, je ne t'ai pas créé pour que tu demeures captif du séjour des morts. Relève-toi d'entre les morts : moi, je suis la vie des morts. Lève-toi, œuvre de mes mains ; lève-toi, mon semblable qui as été créé à mon image. Éveille-toi, sortons d'ici. Car tu es en moi, et moi en toi, nous sommes une seule personne indivisible.

« C'est pour toi que moi, ton Dieu, je suis devenu ton fils ; c'est pour toi que moi, le Maître, j'ai pris ta forme d'esclave ; c'est pour toi que moi, qui domine les cieux, je suis venu sur la terre et au-dessous de la terre ; c'est pour toi, l'homme, que je suis devenu comme un homme abandonné, libre entre les morts ; c'est pour toi, qui es sorti du jardin, que j'ai été livré aux Juifs dans un jardin et que j'ai été crucifié dans un jardin.

« Vois les crachats sur mon visage ; c'est pour toi que je les ai subis afin de te ramener à ton premier souffle de vie. Vois les soufflets sur mes joues : je les ai subis pour rétablir ta forme défigurée afin de la restaurer à mon image.

« Vois la flagellation sur mon dos, que j'ai subie pour éloigner le fardeau de tes péchés qui pesait sur ton dos. Vois mes mains solidement clouées au bois, à cause de toi qui as péché en tendant la main vers le bois. ~

« Je me suis endormi sur la croix, et la lance a pénétré dans mon côté, à cause de toi qui t'es endormi dans le paradis et, de ton côté, tu as donné naissance à Ève. Mon côté a guéri la douleur de ton côté ; mon sommeil va te tirer du sommeil des enfers. Ma lance a arrêté la lance qui se tournait vers toi.

« Lève-toi, partons d'ici. L'ennemi t'a fait sortir de la terre du paradis ; moi je ne t'installerai plus dans le paradis, mais sur un trône céleste. Je t'ai écarté de l'arbre symbolique de la vie ; mais voici que moi, qui suis la vie, je ne fais qu'un avec toi. J'ai posté les chérubins pour qu'ils te gardent comme un serviteur ; je fais maintenant que les chérubins t'adorent comme un Dieu. ~

« Le trône des chérubins est préparé, les porteurs sont alertés, le lit nuptial est dressé, les aliments sont apprêtés, les tentes et les demeures éternelles le sont aussi. Les trésors du bonheur sont ouverts et le royaume des cieux est prêt de toute éternité. »


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