samedi 19 août 2023

SEMAINE DU 13 AU 19 AOÛT. ÉVANGILES

 

 

DIMANCHE 13 AOÛT. Mt 14, 22-33 reprise tempête apaisée.

 

https://giboulee.blogspot.com/2018/08/la-nuit-le-vent-mt-14-24-36.html

 

22 Aussitôt après avoir nourri la foule dans le désert, Jésus obligea les disciples à monter dans la barque et à le précéder sur l’autre rive, pendant qu’il renverrait les foules. 

23 Quand il les eut renvoyées, il gravit la montagne, à l’écart, pour prier. Le soir venu, il était là, seul. 

 

Je comprends mal le texte proposé par la première lecture, 1R 19. Bien sûr Elie gravit la montagne… Il doit aussi rencontrer son Dieu, Dieu de violence et découvrir que c'est dans la douceur de la brise que son Dieu se révèle et parle, mais entre Jésus et Elie, il y a de telles différences.  Serait ce le fait qu'il sorte de sa grotte et que Pierre sorte de sa pbarque? Merci François.

 

Quand Jésus prie, est-il seul? Mon Père et moi, nous sommes Un. Unité réalisée ou Unité à venir?  

 

24 La barque était déjà à une bonne distance de la terre, elle était battue par les vagues, car le vent était contraire. 

 

On est dans une autre perspective que chez Marc. On a l'impression que c'est une bonne tempête mais somme toute une tempête ordinaire, pas cette tempête qui veut les bloquer, les empêcher d'accoster; Ou alors, il y aurait la perversité des forces du mal: puisque l'Autre n'est pas là, profitons en pour noyer toute sa petite troupe. Comme cela, il ne pourra plus rien faire, et il cessera de nous contrarier. Mais …

 

25 Vers la fin de la nuit, Jésus vint vers eux en marchant sur la mer. 

26 En le voyant marcher sur la mer, les disciples furent bouleversés. Ils dirent : « C’est un fantôme. » Pris de peur, ils se mirent à crier.

27 Mais aussitôt Jésus leur parla : « Confiance ! c’est moi ; n’ayez plus peur ! » 

 

Si c'est comme le dit Jn , c'est la pleine lune. Mais si les nuages sont là, elle disparait, et peut-être que la lumière sur les vagues, une lumière blafarde, est en elle-même inquiétante et Jésus, drapé dans cette lumière, peut faire très peur. Parce que si ces hommes se mettent à crier, alors qu'ils sont quand même habitués à pêcher de nuit, c'est que c'est très inquiétant.

 

Ce que j'aime, c'est que Jésus, parle et que sa parole qui doit être forte, puisque le vent souffle, est une parole qui rassure. Mais il faudrait savoir si le "confiance" est correct. En fait ça veut dire quoi? Le n'ayez pas peur parle plus.  C'est aussi n'ayez plus peur. Confiance ou courage, ce n'est pas tout à fait pareil. 

 

Qu'est ce qu'il veut leur dire? Je suis là, je vais agir, ayez confiance? Ou c'est bien moi, n'en doutez pas, je viens. 

 

28 Pierre prit alors la parole : « Seigneur, si c’est bien toi, ordonne-moi de venir vers toi sur les eaux. » 

Au moins s'il prend la parole, c'est qu'il ne crie plus. Il y a déjà un effet de la parole de Jésus,  sa parole leur rend la leur. 

La réaction de Pierre, pourrait faire penser qu'il a besoin d'une preuve et qu'il n'est pas complétement rassuré; il veut sa preuve. Cet homme dont il ne sait pas si c'est un fantôme (qui peut l'entraîner au fond de la mer) ou son Seigneur, doit lui prouver qu'il est tout puissant. 

Le "ordonne moi" est étrange; Pierre a besoin de cet ordre précis, pour se mettre en route. 

 

29 Jésus lui dit : « Viens ! » Pierre descendit de la barque et marcha sur les eaux pour aller vers Jésus. 

 

Il quitte la relative sécurité de la barque, mais le vent continue à souffler. Il va vers Jésus, et là il marche. Mais quand on y pense, c'est fou.. 

 

30 Mais, voyant la force du vent, il eut peur et, comme il commençait à enfoncer, il cria : « Seigneur, sauve-moi ! » 

31 Aussitôt, Jésus étendit la main, le saisit et lui dit : « Homme de peu de foi, pourquoi as-tu douté ? » 

 

Pierre a peur, il ne regarde plus Jésus, il regarde le monde hostile, et c'est là que ça bascule. Et tenir son regard sur Jésus, ce n'est pas si simple. Sauf que ce qui est affirmé ici, c'est même si ma foi défaille, même si je me perds, si je crie, alors lui, il entend, et il tend la main.

 

32 Et quand ils furent montés dans la barque, le vent tomba. 

 

Les autres, qu'ont-ils pensé? Car pour eux, le vent souffle, et ne s'apaise que lorsque Jésus et le gros poisson qu'il a péché, sont dans la barque. 

 

33 Alors ceux qui étaient dans la barque se prosternèrent devant lui, et ils lui dirent : « Vraiment, tu es le Fils de Dieu ! »

 

Et c'est peut-être là, le parallèle avec la première lecture; Mais Elie met son voile sur son visage. 13 Aussitôt qu’il l’entendit, Élie se couvrit le visage avec son manteau, il sortit et se tint à l’entrée de la caverne. Alors il entendit une voix qui disait : « Que fais-tu là, Élie ? »

 

 

LUNDI 14 AOÛT. MT 17, 22-27. 

 

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22 En ce temps-là, comme Jésus et les disciples étaient réunis en Galilée, il leur dit : « Le Fils de l’homme va être livré aux mains des hommes ; 

23 ils le tueront et, le troisième jour, il ressuscitera. » Et ils furent profondément attristés.

 

Mais là, personne ne réagit, Pierre ne dit plus rien. Mais entre-temps, il y a eu la transfiguration. De fait on arrive doucement à la fin de la Galilée. Au chapitre 1ç, Jésus commence à aller vers la Judée et vers Jérusalem. 

 

24 Comme ils arrivaient à Capharnaüm, ceux qui perçoivent la redevance des deux drachmes pour le Temple vinrent trouver Pierre et lui dirent : « Votre maître paye bien les deux drachmes, n’est-ce pas ? » 

25 Il répondit : « Oui. »

 

On a l'impression qu'ils n'ont que ça à faire; pister les gens pour réclamer des sous. Ce qui est peut-être étonnant c'est la réponse de Pierre, qui parle peut-être un peu vite. Maintenant qui doit payer cette taxe? 

 

25 Quand Pierre entra dans la maison, Jésus prit la parole le premier : « Simon, quel est ton avis ? Les rois de la terre, de qui perçoivent-ils les taxes ou l’impôt ? De leurs fils, ou des autres personnes ? » 

26 Pierre lui répondit : « Des autres. » Et Jésus reprit : « Donc, les fils sont libres. 

 

Tel qu'on lit le texte, Pierre n'a pas le temps de parler de cet impôt qui leur tombe dessus. C'est jésus qui veut le faire réfléchir. Tu m'as vu dans ma Gloire. Si les rois de la terre perçoivent des taxes de ceux qui ne sont pas leurs fils, puisque là, il s'agit de la maison du Très Haut, donc du Père, comme Jésus est le fils, il ne devrait pas payer de taxes, mais qui reconnaît que Jésus est le Fils. 

 

27 Mais, pour ne pas scandaliser les gens, va donc jusqu’à la mer, jette l’hameçon, et saisis le premier poisson qui mordra ; ouvre-lui la bouche, et tu y trouveras une pièce de quatre drachmes. Prends-la, tu la donneras pour moi et pour toi. »

 

Je pense aussi que le temps n'est pas venu, et qu'il s'agit d'éviter une polémique avec ces hommes qui viennent peut-être de Jérusalem et qui pistent Jésus. Et Pierre a droit à son miracle à lui, rien que pour lui. Et cela met Pierre au même niveau que Jésus et cela montre bien son autorité. 

 

 

MARDI 15: ASSOMPTION. Lc 1,39-45 

 

Quand je lis ces versets, je ne peux m'empêcher à chaque fois (temps de l'avent, visitation en général en mai etc) de penser à ce moment béni, à ces moments bénis où j'ai senti mes enfants prendre vie en moi. C'est quelque chose d'infiniment ténu, qui surprend, qui est très doux, et qui dit d'un coup: je suis vivant, je suis en toi, j'existe, je grandis, je me développe et c'est en toi que cela se passe. Tu as donné la vie, tu m'as donné la vie.  Et comme je j'ai déjà écrit, je pense qu'Elisabeth avec ce silence qui entoure sa grossesse, si elle peut enfin parler d'une voix forte, c'est qu'elle vient enfin de ressentir par ce tressaillement la vie qui est en elle, et en laquelle elle croyait sans croire. Pour Marie, il semble que ce soit un peu tôt, mais sait-on jamais. Et ces tressaillements là, ce sont les plus beaux cadeaux qui noux sont donnés qui m'ont été donnés. La visitation c'est la vie, la vie donnée, la vie reçue, par le oui total de cette toute jeune fille, qui n'hésite pas à s'embarquer dans une aventure dont elle ne sait rien et qui bouleverse le plan d'une vie tranquille, normale.

 

39 En ces jours-là, Marie se mit en route et se rendit avec empressement vers la région montagneuse, dans une ville de Judée. 

40 Elle entra dans la maison de Zacharie et salua Élisabeth.

 41 Or, quand Élisabeth entendit la salutation de Marie, l’enfant tressaillit en elle. Alors, Élisabeth fut remplie d’Esprit Saint, 

42 et s’écria d’une voix forte : « Tu es bénie entre toutes les femmes, et le fruit de tes entrailles est béni. 

43 D’où m’est-il donné que la mère de mon Seigneur vienne jusqu’à moi ? 

44 Car, lorsque tes paroles de salutation sont parvenues à mes oreilles, l’enfant a tressailli d’allégresse en moi. 

45 Heureuse celle qui a cru à l’accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur. » 

 

46Marie dit alors : « Mon âme exalte le Seigneur, 

47 exulte mon esprit en Dieu, mon Sauveur ! 

48 Il s’est penché sur son humble servante ; désormais tous les âges me diront bienheureuse. 

49 Le Puissant fit pour moi des merveilles ; Saint est son nom ! 

50 Sa miséricorde s’étend d’âge en âge sur ceux qui le craignent. 

51 Déployant la force de son bras, il disperse les superbes. 

52 Il renverse les puissants de leurs trônes, il élève les humbles. 

53 Il comble de biens les affamés, renvoie les riches les mains vides. 

54 Il relève Israël son serviteur, il se souvient de son amour,

55 de la promesse faite à nos pères, en faveur d’Abraham et sa descendance à jamais. » 

 

56 Marie resta avec Élisabeth environ trois mois, puis elle s’en retourna chez elle

 

 

MERCREDI 16 AOÛT.MT 18, 15-20

 

15 En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Si ton frère a commis un péché contre toi, va lui faire des reproches seul à seul. S’il t’écoute, tu as gagné ton frère.

 

C'est individuel. Péché contre toi, (mais ça, c'est quoi?), il faut dans un premier temps lui faire des reproches, ce qui veut déjà dire que l'autre sait qu'il a fait quelque chose qui peut porter préjudice, qui n'est pas conforme à ce qu'on attend dans la vie en communauté. Car quel est le sens de frère ici. Et le premier truc, ce n'est pas pourquoi, mais des reproches, encore que pourquoi est un reproche. Cela peut être du style: tu es méchant, tu n'aurais pas dû, regarde ce que j'endure. Cela devrait faire réfléchir et permettre à l'autre de reconnaître sa faute. 

 

Et au fond de moi, je me dis que rares (du moins chez les adultes) sont ceux qui acceptent cela. Mais c'est un frère dans la communauté. Alors on peut espérer. 

 

 

 

16 S’il ne t’écoute pas, prends en plus avec toi une ou deux personnes afin que toute l’affaire soit réglée sur la parole de deux ou trois témoins. 

17 S’il refuse de les écouter, dis-le à l’assemblée de l’Église ; s’il refuse encore d’écouter l’Église, considère-le comme un païen et un publicain. 

 

On peut penser que c'est le cas le plus fréquent, mais qu'en est-il de la miséricorde? On passe dans le juridique, avec deux cas. 

Porter l'affaire devant deux ou trois, permettre de s'expliquer, pour que ce soit réglé. Mais si ça ne marche pas, porter devant l'assemblée, (est ce que, assemblée et église ce n'est pas un pléonasme? ). Et si refus, on met l'autre dehors, ou on lui fait porter un statut de pécheur. 

Si on fait comme les pharisiens, on ne le fréquente plus.

 

Mais, cela peut être vrai pour ces deux là, mais est ce que cela veut dire que cela concerne tous les membres de la communauté? Il s'agit d'un truc privé,donc normalement c'est seulement le binôme et la communauté peut avoir un rôle et surtout de ne pas rejeter. Car la communauté c'est le visage du Christ, la présence du Christ manifestée au monde.

 

18 Amen, je vous le dis : tout ce que vous aurez lié sur la terre sera lié dans le ciel, et tout ce que vous aurez délié sur la terre sera délié dans le ciel.

 

Là, se serait le pouvoir que Jésus donne à ceux qui vont le remplacer, mais cela nécessite quand même le discernement et le don de l'esprit. Cela va au-delà de la terre, l'acte posé par l'église est reconnu par les instances du ciel. 

 

19 Et pareillement, amen, je vous le dis, si deux d’entre vous sur la terre se mettent d’accord pour demander quoi que ce soit, ils l’obtiendront de mon Père qui est aux cieux. 

20 En effet, quand deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis là, au milieu d’eux. »

 

Où est la logique ici? Sauf que cela dit, que dans tous les actes de ceux qui vont vivre après la mort et la résurrection, Jésus est présent et agissant.Est ce que cela parle de la puissance de l'intercession, pour que la réconciliation puisse de faire et qu'elle soit demandée par ceux qui ne sont pas directement concernés? 

 

 

 

 Mt 18, 21-33 19, 1 Le serviteur qui refuse de remettre la dette. Départ de la Galilée. 

 

https://giboulee.blogspot.com/search?q=Matthieu+18%2C+21-31

Il y a un autre texte.. 

 

21 En ce temps-là, Pierre s’approcha de Jésus pour lui demander : « Seigneur, lorsque mon frère commettra des fautes contre moi, combien de fois dois-je lui pardonner ? Jusqu’à sept fois ? » 

22 Jésus lui répondit : « Je ne te dis pas jusqu’à sept fois, mais jusqu’à soixante-dix fois sept fois. 

 

Manifestement, Pierre, se sent mis en question par ce que Jésus vient de dire. Faut il pardonner indéfiniment? 7 fois, ça serait pas si mal. 

 

23 Ainsi, le royaume des Cieux est comparable à un roi qui voulut régler ses comptes avec ses serviteurs. 

24 Il commençait, quand on lui amena quelqu’un qui lui devait dix mille talents (c’est-à-dire soixante millions de pièces d’argent).

 25Comme cet homme n’avait pas de quoi rembourser, le maître ordonna de le vendre, avec sa femme, ses enfants et tous ses biens, en remboursement de sa dette. 

26Alors, tombant à ses pieds, le serviteur demeurait prosterné et disait : “Prends patience envers moi, et je te rembourserai tout.”

 27Saisi de compassion, le maître de ce serviteur le laissa partir et lui remit sa dette. 

28Mais, en sortant, ce serviteur trouva un de ses compagnons qui lui devait cent pièces d’argent. Il se jeta sur lui pour l’étrangler, en disant : “Rembourse ta dette !” 

 

29 Alors, tombant à ses pieds, son compagnon le suppliait : “Prends patience envers moi, et je te rembourserai.” 

30 Mais l’autre refusa et le fit jeter en prison jusqu’à ce qu’il ait remboursé ce qu’il devait. 

31 Ses compagnons, voyant cela, furent profondément attristés et allèrent raconter à leur maître tout ce qui s’était passé

.32Alors celui-ci le fit appeler et lui dit : “Serviteur mauvais ! je t’avais remis toute cette dette parce que tu m’avais supplié. 

33 Ne devais-tu pas, à ton tour, avoir pitié de ton compagnon, comme moi-même j’avais eu pitié de toi ?”

34 Dans sa colère, son maître le livra aux bourreaux jusqu’à ce qu’il eût remboursé tout ce qu’il devait. 

35 C’est ainsi que mon Père du ciel vous traitera, si chacun de vous ne pardonne pas à son frère du fond du cœur. » 

 

1Lorsque Jésus eut terminé ce discours, il s’éloigna de la Galilée et se rendit dans le territoire de la Judée, au-delà du Jourdain..

 

Texte de 2020 

 

Mt 18, 21-35. Le débiteur impitoyable.2020

C'était l'évangile proposé hier, mardi de la troisième semaine du temps de Carême. C'est un texte avec lequel j'ai du mal. Il a fallu presque deux jours pour que ce texte, d'un coup, prenne une autre dimension, que je sorte de ce que j'avais pu lire, pour comprendre que la "logique de Dieu" n'a rien à voir avec la logique des hommes, et qu'il se joue de nos petits calculs bien mesquins; parce que sa logique à lui, c'est celle du cœur (finale de ce texte: pardonner du fond de votre cœur). 

 

J'ai lu beaucoup de commentaires sur ce texte, sur le fait que le serviteur impitoyable a oublié que derrière le don (la remise de la dette), il y a le donateur. 

 

Il y a les commentaires qui font des parallèles avec la prière du Notre Père: "Remets-nous nos dettes, comme nous remettons leurs dettes à nos débiteurs" et "Car si vous ne pardonnez pas aux hommes, votre Père non plus ne pardonnera pas vos fautes". Mais pour pardonner, nous avons normalement quand nous étions enfants, été pardonnés par nos propres parents, et c'est cette expérience-là, qui permet la bienveillance envers les autres. On passe quand même ici du juridique (qui a des règles précises dans le Lévitique) à quelque chose de différent, la notion de faute.

 

Ce texte se trouve dans le chapitre 18 de Matthieu, qui est consacré au "vivre ensemble", donc aux règles qui doivent avoir cours dans la jeune communauté des disciples de Jésus. Se pose à partir du verset 15 la question du péché commis par un frère contre un frère, et du rôle de la communauté qui peut exclure; et ensuite celle du pardon, ce qui paraît assez logique. 

 

Analyse du texte: travail sur les versets.

 

C'est une analyse où je souligne certains mots qui me paraissent importants, et où je me laisse aller, au fil de la plume, à commenter, à laisser venir assez librement ce que cela me dit.

 

21 En ce temps-là, Pierre s’approcha de Jésus pour lui demander: «Seigneur, lorsque mon frère commettra des fautes contre moi, combien de fois dois-je lui pardonner ? Jusqu’à sept fois?»

22 Jésus lui répondit: «Je ne te dis pas jusqu’à sept fois, mais jusqu’à soixante-dix fois sept fois.»

 

Bien sûr, il faut faire un parallèle avec le livre de la Genèse (Gn 4,24): "Caïn sera vengé sept fois et Lamek soixante-dix -sept fois". Mais Jésus remplace vengeance par pardon, et c'est encore plus...

 

Pauvre Pierre, qui devait trouver que pardonner sept fois, c'était déjà beaucoup. Et ce que Jésus répond, c'est quasiment impossible; ce qui laisse penser qu'on est dans un autre registre. Et puis, le juste pèche sept fois par jour. Mais faute et péché, est-ce la même chose? Je ne le pense pas.

 

Il est question ici du nombre de fautes: pas du temps, ou de la durée. Je veux dire que si quelqu'un commet envers moi sept fautes dans la même journée, ce n'est pas la même chose que si c'est en une semaine ou en un mois. La faute (mais il faudrait savoir si le mot grec est différent du mot employé pour parler du péché), c'est souvent quelque chose que l'autre ne fait pas exprès, mais qui peut tout à fait insupporter, voire même faire exploser. Faut-il se laisser faire, faut-il répondre systématiquement oui à l'autre, si - conscient de sa faute - il demande pardon? 

 

La réponse de Jésus est sans équivoque: toujours pardonner. Et soixante-dix fois sept fois, c'est de la démesure. Et je crois que c'est bien là que se trouve la pointe de la parabole: ne pas rester dans le "compter", parce qu'avec Dieu, ça ne fonctionne pas comme ça.

 

 

23 Ainsi, le royaume des Cieux est comparable à un roi qui voulut régler ses comptes avec ses serviteurs.

24 Il commençait, quand on lui amena quelqu’un qui lui devait dix mille talents (c’est-à-dire soixante millions de pièces d’argent).

25 Comme cet homme n’avait pas de quoi rembourser, le maître ordonna de le vendre, avec sa femme, ses enfants et tous ses biens, en remboursement de sa dette.

26 Alors, tombant à ses pieds, le serviteur demeurait prosterné et disait : “Prends patience envers moi, et je te rembourserai tout.”

27 Saisi de compassion, le maître de ce serviteur le laissa partir et lui remit sa dette.

 

Ce qui est étonnant, c'est qu'on est dans une scène presque banale d'un roi (d'un maître, d'un gros propriétaire) qui veut régler ses comptes, à un moment donné; s'agit-il de quelque chose qui peut évoquer la fin des temps? 

 

Avant même qu'il ne commence à "rendre justice", on lui amène un homme qui très certainement voulait prendre la fuite. Et là, ce sont les autres, les frères si on peut dire, qui ne le laissent pas faire. Il faut dire que cet homme-là, clairement, doit beaucoup plus que les autres. De qui est-il le prototype? Peut-être justement de nos dettes envers Dieu, dont nous ne nous rendons pas compte, mais que les autres comptabilisent ... 

 

La suite on la connaît: il y a la demande, la promesse; et la compassion finalement très étonnante du maître de ce serviteur. On n'est plus dans le registre du maître implacable face à son serviteur; c'est autre chose qui se passe. Il y a de la pitié, il y a de l'amour. 

 

Et là normalement le serviteur devrait être éperdu de reconnaissance et se précipiter chez lui, par raconter à sa femme, la bonté de leur maître. Et "le remettre sa dette" va s'opposer au "rembourse ta dette" du verset suivant. 

 

28 Mais, en sortant, ce serviteur trouva un de ses compagnons qui lui devait cent pièces d’argent. Il se jeta sur lui pour l’étrangler, en disant : “Rembourse ta dette !”

29 Alors, tombant à ses pieds, son compagnon le suppliait: “Prends patience envers moi, et je te rembourserai.

30 Mais l’autre refusa et le fit jeter en prison jusqu’à ce qu’il ait remboursé ce qu’il devait.

31 Ses compagnons, voyant cela, furent profondément attristés et allèrent raconter à leur maître tout ce qui s’était passé.

 

C'est donc la même scène, mais cette fois c'est le premier qui a la place du maître, et qui n'agit pas du tout comme ce dernier. C'est aussi parfaitement symétrique par rapport à la première scène. Mais, Il y a eu en plus un acte très violent, presque un désir de meurtre (l'étrangler). Cela peut jouer dans la phrase "serviteur mauvais" qui sera employée par la suite. Et "serviteur mauvais", cela renvoie aussi à la parabole des talents, où le serviteur n'a pas compris qui était ce maître qui lui confiait cette somme. 

 

32 Alors celui-ci le fit appeler et lui dit : “Serviteur mauvais ! je t’avais remis toute cette dette parce que tu m’avais supplié.

33 Ne devais-tu pas, à ton tour, avoir pitié de ton compagnon, comme moi-même j’avais eu pitié de toi ?”

34 Dans sa colère, son maître le livra aux bourreaux jusqu’à ce qu’il eût remboursé tout ce qu’il devait.

 

35 C’est ainsi que mon Père du ciel vous traitera, si chacun de vous ne pardonne pas à son frère du fond du cœur. »

 

 La "sentence" qui termine cette histoire, c'est voici ce qui vous arrivera si vous ne pardonnez pas à votre frère, du fond du cœur. Et là, c'est autre chose que pardonner du bout des lèvres. Cela montre aussi que quand Dieu pardonne, il pardonne du fond du cœur. Et de cela, Pierre fera l'expérience, bien plus tard, après la résurrection en Jn 21,15-17.

 

 La pointe de la parabole: sortir de la logique du nombre.

 

La pointe de cette histoire pour moi, c'est de ne pas s'empêtrer dans du juridique, dans de l'obsessionnel, parce qu'avec Dieu ce n'est comme cela que ça se passe. Passer de 7 fois à 70 fois 7 fois, c'est complètement fou...

 

Remettre une dette qu'on ne peut pas se représenter (comme la dette de la France en ce moment), c'est complètement fou. Cela brise toutes les références.

 

Dieu n'a pas besoin de compter. Ce qui compte pour lui, c'est justement de ne pas entrer dans une relation de compte, mais d'amour. 

 

Si ce n'est pas possible à un moment donné, parce que l'homme n'est pas prêt à ce fonctionnement-là, alors oui, le juridique pourra reprendre le dessus, mais c'est bien dommage et ce n'est pas la démarche désirée par Dieu, même si une justice doit être rendue.

 

Si Jésus parle du cœur, pardonner de tout son cœur, c'est que si on pardonne avec son cœur, on ne compte plus. On sort de la logique du donnant-donnant, de la rétribution, pour entrer dans la logique de l'amour qui sera la logique de Jésus: logique de la Croix.. 

 

Ce que je veux dire, c'est que quand Pierre pose la question du pardon en termes juridiques, Jésus, par la démesure, fait sauter cette conception étriquée. Et il enfonce le clou en montrant que Dieu (le roi, le maître) ne rentre pas dans cette manière de fonctionner. Peu importe la somme, il ne se place pas dans le juridique, mais s'il fait grâce, s'il a pitié, c'est que cela change d'ordre. 

 

J'ai envie de dire que cela se passe dans l'affectif, et que ce qui est demandé aux disciples, c'est de sortir d'une logique de rétribution pour entrer dans une logique de l'amour. C'est ce que le serviteur mauvais, au cœur fermé, n'a pas été capable de comprendre.

 

On peut noter que les mots rembourser, dettes, sont omniprésents, ce qui renvoie presque à du juridique, comme dans le passage précédent (Mt 18, 15-18) qui est centré sur le péché. 

J'ai lu récemment que ce qui explique l'impossible reconnaissance, c'est que ce serviteur s'est mis dans la tête qu'il devait rembourser (ce qui explique son comportement inadmissible, avec son compagnon, alors que la dette lui a été remise. C'est comme s'il n'avait pas pu croire que c'était possible. Il a entendu délai, il n'a pas entendu que la dette était apurée). 

 

Je vais dans un premier temps laisser ce débiteur qui ne se laisse pas fléchir raconter ce qui s'est passé, puis j'analyserai le texte à ma manière.

 

L'homme raconte

 

Il paraît que le maître est revenu d'une longue absence et qu'il va voir avec chacun d'entre nous ce que nous lui devons. L'ennui, c'est que moi, ça fait des années et des années que j'emprunte, parce que je suis un joueur et que je perds et je perds; et je gagne et je reperds. Peut-être qu'il n'aurait pas dû me laisser emprunter autant. Alors je vais essayer de m'enfuir, parce que c'est sûr que je vais être vendu moi et ma famille, je vais perdre les quelques biens que ma femme a réussi à garder, et ce sera pour toute notre vie. C'est de sa faute à lui, d'abord, il n'aurait pas dû me laisser m'endetter à ce point-là. 

 

Seulement je n'ai pas pu prendre la fuite, parce que les autres employés, à qui je dois aussi des sous, même si certains m'en doivent, m'ont rattrapé. Ils m'ont conduit manu militari devant lui. Et Là j'ai peur, très peur. 

 

Il ne me reste qu'une chose à faire: jouer le tout pour le tout, lui demander de prendre patience, prendre un air contrit, me jeter à ses pieds. C'est ce que j'ai fait, et curieusement ça a marché. Il est étonnant ce maître, et maintenant je ne suis pas en prison; ma dette est remise, et je peux reprendre ma vie. Que ma femme va être contente!

 

En sortant, j'étais sur un petit nuage! Mais j'ai croisé un de mes amis qui me doit de l'argent. Ce n'est pas énorme à côté de ce que moi je devais, mais je n'ai aucune ressource. Alors mon sang n'a fait qu'un tour, je lui ai sauté à la gorge en lui demandant de me rembourser sur le champ. Il m'a supplié d'être patient, mais j'ai trop besoin de cet argent alors je l'ai fait mettre en prison, lui et sa famille. Quelques jours ont passé, et je coulais des jours assez heureux; seulement j'avais oublié que dans une ville, finalement tout se sait. Les autres ont su ce que j'avais fait et ils m'ont dénoncé au maître. Celui-ci m'a convoqué, et là, je savais que ça sentait mauvais pour moi. Je ne sais pas pourquoi je me suis conduit ainsi, mais quand la colère me prend, rien ne m'arrête. Et après tout, cet argent il me le devait. 

 

Le maître lui, était très en colère, je n'ai rien pu dire. Il criait en me disant que lui avait eu pitié de moi et moi j'aurais dû faire pareil. Et il m'a livré à la justice et me voilà mis en esclavage moi, ma femme et mes enfants pour un nombre d'années que je ne peux même pas calculer. Pourtant ma dette, il me l'avait bien remise, pourquoi ai-je été aussi stupide? 

 

Raconté comme cela, c'est l'histoire d'un type mauvais, qui ne pense qu'à lui, qui ne sait pas ouvrir les yeux, qui ne se rend pas compte de la chance qu'il a d'avoir quelqu'un qui lui remet sa dette - pourtant énorme, et qui au final est obligé de subir sa peine. 

 

 

Un compagnon de ce serviteur raconte. 

 

Il y a quelques jours, l'intendant du domaine est venu nous prévenir que le maître était revenu de son grand voyage et qu'il allait nous demander des comptes. De mon côté je n'ai rien à me reprocher, mais je n'aime pas, mais pas du tout. Nous étions les uns derrière les autres, à attendre et nous avons vu que l'intendant conduisait Onésime. Onésime, c'est un joueur, et il a des dettes faramineuses. Il est bien évident que jamais il ne pourra rembourser quoique ce soit. 

 

Et on sait tous, ce que cela veut dire: prison a vie pour lui et toute sa famille. Mais lui, il s'est jeté aux pieds de notre maître, il lui a juré qu'il rembourserait tout. Et là, le maître lui a dit que sa dette était annulée. Vous vous rendez compte, lui qui devait une fortune, il ne devait plus rien, il était libéré, sa famille avait échappé à l'emprisonnement. Et il est rentré chez lui. 

 

Cela aurait pu en rester là, mais quelques jours plus tard, nous avons su qu'il, avait fait mettre en prison un de nos amis qui lui devait cent pièces d'argent alors que lui, il en devait dix mille talents.  Vous vous rendez compte, il l'a fait jeter en prison lui et toute sa famille alors qu'il était en liberté. 

 

Alors, nous avons trouvé cela tellement injuste, malhonnête, méchant, qui nous sommes allés voir l'intendant qui a prévenu le maître. Et il s'est retrouve en prison, lui et toute sa famille. Et cela ce n'est que justice. Le maître a fait sortir l'autre de prison. Et cela nous a rendu heureux. 

 

Quand on a fait l'expérience de la compassion, n'est-il pas normal d'en faire autant? 

 

 

 

VENDREDI 18 AOÛT . Mt 19, 3-12

 

Intéressant le commentaire de N.Fabre, s'interroger sur la dureté de son cœur, et finalement trouver des causes faciles et égoïstes de ruptures d'alliance.

 

 

 

 3En ce temps-là, des pharisiens s’approchèrent de Jésus pour le mettre à l’épreuve ; ils lui demandèrent : « Est-il permis à un homme de renvoyer sa femme pour n’importe quel motif ? »

 Il répondit : « N’avez-vous pas lu ceci ? Dès le commencement, le Créateur les fit homme et femme, 

 

Normalement Jésus est sur la route de Jérusalem, il n'est plus en Galilée, mais en Judée et il (nous) allons avoir droit au défilé des questions. Comment mettre ce rabbi en difficulté, et donc le disqualifier. Alors là, c'est la question du divorce. Prescrit ou permis par Moïse. Qui évoque aussi la relation en le Seigneur et son peuple, Dieu qui répudie ou fait tout comme et qui revient chercher dès que sa promise se retourne vers lui. Et il y le rappel du commencement, avec la direction de l'unité en découverte ou en devenir. Différence et pourtant.

 

et dit : ‘À cause de cela, l’homme quittera son père et sa mère, il s’attachera à sa femme, et tous deux deviendront une seule chair.’ 

Ainsi, ils ne sont plus deux, mais une seule chair. Donc, ce que Dieu a uni, que l’homme ne le sépare pas ! »

 

Le projet de Dieu, ce n'est pas à vous de vous y opposer.

 

 Les pharisiens lui répliquent : « Pourquoi donc Moïse a-t-il prescrit la remise d’un acte de divorce avant la répudiation ? »

 

Là, on pourrait presque penser à des saducéens qui ne connaissent que le Pentateuque. Si Moïse a permis, qui es-tu toi pour remettre cela en cause, en doute. Mais on peut penser que le ton monte su côté des pharisiens.

 

 Jésus leur répond : « C’est en raison de la dureté de votre cœur que Moïse vous a permis de renvoyer vos femmes. Mais au commencement, il n’en était pas ainsi. 

Or je vous le dis : si quelqu’un renvoie sa femme – sauf en cas d’union illégitime – et qu’il en épouse une autre, il est adultère. »

 

10 Ses disciples lui disent : « Si telle est la situation de l’homme par rapport à sa femme, mieux vaut ne pas se marier. »

 

Spontanéité des disciples. Mais quand on y pense c'est énorme. Si on ne peut pas renvoyer sa femme, alors ça ne vaut pas la peine de se marier. On se marie et d'une certaine manière, on a toujours une menace envers sa femme. Quel pouvoir les hommes se donnent? 

 

 11 Il leur répondit : « Tous ne comprennent pas cette parole, mais seulement ceux à qui cela est donné.

 

Quelle parole? Homme et femme il les créa? 

 

12 Il y a des gens qui ne se marient pas car, de naissance, ils en sont incapables ;

 il y en a qui ne peuvent pas se marier car ils ont été mutilés par les hommes ; 

il y en a qui ont choisi de ne pas se marier à cause du royaume des Cieux. Celui qui peut comprendre, qu’il comprenne ! »

 

Peut-être qu'il y a une critique de la part des pharisiens: tout juif doit se marier et faire des enfants, et toi, tu as fait un autre choix. Pourquoi? LA DIFFÉRENCE QUI POSE QUESTION 

 

 

SAMEDI 19 AOUT. Mt 19, 13-15

 

Première lecture: exit Josué. Sait-on où est sa tombe, celle de Josué? 

 

13 Ensuite, on présenta des enfants à Jésus pour qu’il leur impose les mains en priant. Mais les disciples les écartèrent vivement. 

 

Intéressant la réaction des disciples. Je pense qu'on peut s'y reconnaître. Et ce n'est peut-être simplement pour -foutez la paix à Jésus, mais plus pour on ne vous connait pas, les gosses ils font chier, barrez vous. Du coup pour les enfants, conduits pas les parents ou par un adulte, quel beau souvenir de la rencontre.

 

14 Jésus leur dit : « Laissez les enfants, ne les empêchez pas de venir à moi, car le royaume des Cieux est à ceux qui leur ressemblent. » 

 

Avec un peu de chance, le commentaire portera là-dessus.. 

 

15 Il leur imposa les mains, puis il partit de là. 


Exit Jésus et direction Jérusalem. 

 

 

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