samedi 30 novembre 2013

Prier pour moi c'est...

Prier :
« Que je fasse de ma vie quelque chose de simple et beau que tu puisses remplir de ta musique ».Cette phrase je la connais depuis des années et elle m’a toujours accompagnée, et elle est pour moi prière ou représentation de la prière.

Pour jouer soi même de la flute, il faut apprendre, il faut faire des exercices. Il y a des spiritualités qui en parlent beaucoup des exercices, je ne m’y reconnais pas, parce que le joueur de flute ce n’est pas moi, c’est le Seigneur (ou son souffle) et moi, j’ai juste à le laisser faire.

Que cela nécessite du temps, que cela nécessite non pas de faire des gros efforts mais de se donner des moyens, oui, mais l’artisan c’est Dieu. Et peu à peu lui qui pour moi est la source et le sourcier se laisse découvrir et me transforme.

Pour moi, prier, c’est être cette flute dans laquelle le souffle de Dieu peut passer. Cela veut dire ce que cela ne se fait jamais d’un coup, qu’il me faut du temps. Il me faut du temps pour que je sois là présente, pour que j’entende ce murmure qui est en moi au plus profond de moi, qui chante comme l’eau d’un ruisseau ou d’une source. Utiliser ma respiration, sentir l’air qui arrive en moi, qui me dit à sa manière la présence de l’Esprit.

Parfois (souvent) surtout au début de ce temps que j’ai la chance de pouvoir me donner, de pouvoir prendre, mon oreille n’entend rien. Mais c’est peut être parce qu’il faut le temps de nettoyer le tuyau pour le désencombrer, pour qu’il se laisse frotter dans son intérieur.  C’est parfois ce temps où les souvenirs (surtout ceux du passé, de l’enfance) sont là et où il faut les lâcher, les laisser partir, s’envoler comme s’ils ne vous appartenaient plus. C’est aussi le temps où l’Ecriture s’éclaire, où une compréhension  jaillit et procure de la joie à l’état pur.

Prier pour moi, c’est souvent penser mais en me laissant agir(mouvoir et émouvoir) par ce souffle qui vient d’ailleurs.

Prier, c’est laisser passer l’air en soi, faire de la place, faire du vide qui n’est pas du vide. 

Parfois il faut peut être que de nouveau trous (dans cette flute) se créent pour que de nouveaux sons puissent sortir : un autre regard, une autre écoute, une autre inventivité, mais pas la mienne, même si elle s’appuie souvent sur ce que je sais. Ce ne sont pas mes trous, mes notes, peu importe, ce qui compte c’est que ça sonne le plus juste possible. De toutes les manières moi je suis juste l’instrument. Parfois ce sera un mot qui s’imprime, juste un et il devient prière. Je veux dire que dans ce temps qui est le mien, à un moment donné, les choses se ralentissent, le tambour bat lentement, profondément et  tout se met à l’unisson .

Parfois c’est juste être là avec cette certitude que ce temps que je passe à prier, cela crée du Seigneur et cela crée du moi, parce que l’important c’est le temps donné. Prier c’est être avec, que je le sente ou ne le sente pas.
  
Prier c’est me décentrer, c’est essayer de ne pas être envahie par ce qui est trop présent, mais c’est aussi chercher parfois des solutions, pour que ce que je pourrais dire et faire dans la journée qui vient ne masque pas la Présence de celui qui est là en moi.

Prier c’est laisser faire en moi…



vendredi 1 novembre 2013

La croix comme un autel: Juges 6, 20-22

La croix comme un autel.

Je n’aime pas les images de victime, de sacrifice, d’autel, ni la formule « le sang de la croix », j’ai beaucoup de mal avec l’épître aux Hébreux, Jésus à la fois prêtre et victime , mais dans le livre des juges il y a un épisode que j’aime beaucoup et qui se passe avec Gédéon.

Gédéon vient de comprendre que celui qui s’adresse à lui en lui disant « salut à toi vaillant guerrier » alors qu’il est en train d’essayer de « planquer » le grain qui devrait revenir à l’occupant, n’est autre que l’Ange du Seigneur  c’est à dire que le Tout Puissant se montre à lui sous cette forme là. Gédéon demande un signe pour être bien sûr qu’il n’a pas la berlue. Ce ne sera que le premier de nombreux signes que Gédéon demandera et je trouve cela très rassurant : ne pas avoir peur de discuter le bout de gras avec le Seigneur, demander qu’il se manifeste de manière à ce que nous puissions être surs de bien comprendre ce qu’il veut Lui.

Et Gédéon prépare un sacrifice pour cet « Ange » qui attend bien patiemment que tout soit près : il s’agit quand même de tuer et préparer un chevreau et des pains sans levain en grande quantité : 30 kilos de farine, ce qui n’est pas rien. J’en arrive au passage qui est pour moi très important :Ju 6,20-22. : L’ange lui di : va poser la viande et les pains sur ce rocher et verse le jus par dessus. Gédéon obéit. Alors l’ange du Seigneur étendit la main et avec l’extrémité du bâton qu’il tenait il toucha la viande et les pains. Le feu jaillit du rocher et brûla la viande et les pains ».

Ce qui m’interpelle dans ce passage c’est le feu ne sort pas du bâton tenu par l’ange, ce n’est pas la foudre qui tomberait du ciel et qui viendrait consumer les offrandes, non c’est le rocher qui devient autel et qui devient source de feu et qui consumme entièrement l’offrande qui est holocauste, puisque tout est brûlé. Ce n'est pas le feu de Dieu ce n'est pas le Dieu courroucé  qui vient prendre la vie de l'homme qui est pendu là. Non c'est une espèce d'alchimie qui se fait, un contact en Dieu et son Fils, un regard peut-être mais ce n'est pas Dieu qui tue. 


 L’Ange disparaît, Gédéon comprend alors que l’homme qu’il a vu est bien le Seigneur, il a du coup la peur de sa vie et curieusement le Seigneur parle et rassure.

Je me dis que sur la croix, il y a l’homme Jésus, qui comme les offrandes de Gédéon est comme recouvert du jus (le sang). Mais ce n’est pas dieu qui le foudroie comme un dieu vengeur et destructeur, non c’est la croix qui devient comme un autel sur lequel la vie est donnée. Quand Jésus dit »tout est consommé » peut être peut-on entendre « tout est consumé ». 

De l’homme qui a aimé les siens jusqu’au bout et qui a donné sa vie pour que aucun ne soit perdu, de l’homme qui s’est fait obéissant, il ne va rien rester et la nature divine va pouvoir se révéler dans sa gloire.

Alors oui, il est possible de voir la croix comme un autel sur lequel comme le dit l’épître aux hébreux le sacrifice parfait a été réalisé, sacrifice qui fait de nous du sacré.

mardi 15 octobre 2013

"Je te bénis père d'avoir caché cela aux sages et aux savants" Luc 10, 21

Petites réflexions...

Je voudrais revenir sur ce texte qui pour moi a été comme on dit un texte fondateur.

J'étais responsable d'amphi (chimie) au Centre Richelieu et chaque équipe se réunissait toutes les semaines pour prier autour d'un texte d'évangile. Il y avait l'aumônier et nous. On disait juste ce que à quoi ce texte nous avait penser, il n'y avait pas de méthode. C'était un échange qui permettait aussi à l'équipe de prendre corps.

Or durant la semaine qui précédait, ce texte s'était si je peux dire mis à chanter pour moi. Le mot "Père" avait fait accroche, uniquement ce mot là et Dieu était devenu pour moi non pas "mon" père, parce que j'en avais un et pas mal de comptes à régler avec lui, mais réellement le Père de Jésus et entre Jésus et moi c'était quand même une longue histoire d'amour. Cela avait une véritable de Joie.

C'est plus ou moins à partir de ce moment là que j'ai commencé à laisser faire les mots en moi, à comprendre que certains pouvaient m'entraîner très loin, me mettre réellement en présence du Divin. Du moins c'est comme cela que je l'exprimerai aujourd'hui. Un mot qui s'incarne, parfois des images, parfois l'intellect qui s'en mêle mais qui permet de faire des ponts, des liens et la Paix. Et cela prend sens.

Cette découverte du Dieu "Père" de Jésus, mais aussi "Père de nous" a été motrice pendant des années. Et puis je me suis rendue compte que je butais sur ce mot, que je ne pouvais plus l'employer (et à cette époque je faisais du catéchisme, donc cela me mettait dans une position difficile), qu'il m'avait conduit à quelque chose de mort, de ritualisé dont je ne voulais plus. Il faut dire aussi que les célébrations liturgiques me sortaient pas les trous des yeux, que c'était d'un ennui énorme...

Alors, j'ai choisi de quitter une image d'un Dieu qui était devenu mortifère, je dirai même que sous cette représentation il y avait le Dieu ogre dont parle Marie Balmary.

Il y a eu une longue zone sans rien, du moins sans pratique, mais une zone d'étude (on ne fait des études de psychologie pour rien), jusqu'à ce que petit à petit, dans mon travail se fasse la découverte qu'il y a en l'humain quelque chose de plus, quelque chose qui était une force, quelque chose qui était l'Amour.

Après il y a eu la lente, très lente redécouverte d'un christianisme qui parfois me donnait envie de hurler.. Mais si l'Esprit était là, comme je l'ai dit ailleurs, j'étais incapable de retrouver la relation pourtant si intime que j'avais pu avoir avec Jésus, quant au Dieu Père, n'en parlons pas.

Puis Jésus est redevenu si je puis dire tridimensionnel (il faut dire que ces hosties qui vous collent dans la bouche, qui ont un gout de médicament, nous vous permettent pas de gouter quoique ce soit), mais Dieu, Père, ouille.

Récemment un texte (parce que j'ai toujours fonctionné avec les écrits) a permis le déclic et avoir un Père qui est Dieu et qu'il est possible d'appeler "papa", c'est un cadeau, mais à utiliser avec modération.

Et là ce texte a été donné par la liturgie. Il m'a procuré de la Joie, car il me renvoyait à mon histoire. Aujourd'hui le mot qui fait corps pour moi est "il exulta" et ce texte devient pour moi un texte trinitaire, avec ce mouvement d'exultation où tout l'être est pris et conduit par le divin pour parler finalement  à un Dieu qui n'est plus un Dieu qui juge, qui détruit, mais un Dieu Père. Cette exultation il m'arrive de la vivre, alors elle est parlante. Elle permet de sortir de soi de se décentrer, de s'ouvrir, de laisser faire aussi.

Ce Dieu là, parce qu'on sait au plus profond de soi qu'il aime, alors on peut demander pardon si on se rend compte à quel point l'aveuglement peut parfois faire obstacle.  Mais ce dont je suis sure c'est que ce n'est pas la miséricorde qui permet de faire l'expérience de Dieu quand on ne le connait pas, mais l'expérience de l'Amour. ensuite tout devient possible.

dimanche 8 septembre 2013

travail sur la parabole des vierges prévoyantes et des insensées.

j'ai publié un billet sur ce sujet dans le blog principal, mais d'une certaine manière il résume et ne montre pas le travail qui s'est élaboré.

Alors là, il y a beaucoup de répétitions, mais je n'ai pas envie que ce texte passe aux oubliettes.

Alors si vous avez le courage de rentrer dans un discours un peu méandreux, bonne lecture et merci de votre indulgence.


Matthieu 25.
Parabole de jeunes filles qui attendent la venue de l’Epoux et s’endorment.


Comme le disait la personne qui commentait cette parabole, bien souvent les paraboles sont irritantes. Peut être les connaissons nous trop, peut être ne correspondent elles pas à notre manière de penser. Pourquoi les prévoyantes ne donnent elles pas de leur huile à leurs compagnes ? Pourquoi une lampe n’est elle pas suffisante pour deux ? Où trouver de l’huile en pleine nuit ? Quelle idée de trouver un magasin ouvert en pleine nuit… Et puis, la conclusion de l’histoire « veillez car on ne connaît ni le jour ni l’heure », semble ne rien avoir à voir avec l’histoire puisque les demoiselles étaient endormies quand retentit la voix qui donne à la fois une information : il est là et un ordre mettez vous en route..
J’ai essayé de reprendre cette histoire à ma manière.

Alors d’un côté il y a ces jeunes filles, d’un autre il y a un époux qui somme toute est bien mystérieux parce que à la fois on ne sait pas très bien où il est, ni à quelle heure il va arriver et enfin il y a veilleur.: la voix qui crie dans la nuit.

            Prenons les jeunes filles.
Que savons nous ? Elles attendent l’époux, ce qui en soit est étonnant, car normalement elles devraient faire partie de la suite de l’épouse Ps 45 :

14La princesse, resplendissante, fait son entrée
dans sa robe brodée d'or.
15Vêtue de broderies aux mille couleurs,
elle est conduite auprès du roi.
A sa suite, des jeunes filles, ses compagnes,
sont introduites pour toi.
16On les conduit parmi les cris de joie,
elles entrent au palais du roi.

Ces jeunes filles là ont dû vivre auprès de celui qui leur cœur aime dirait le cantique des cantique, mais l’aimé n’est pas là.. Elles ont entendu quelque chose, elles se sont mises en route. Elles  savent toutes que le chemin sera long, qu’il y aura de la nuit et qu’il faudra de la lumière. On a l’impression qu’elles ne savent pas très bien où est le prince, mais qu’elles sont en route. Et puis sur la route elles s’arrêtent et attendent de nouvelles informations. 

Maintenant la différence c’est celle de la provision d’huile. Je me suis demandée si finalement cette provision n’est pas comme ce vêtement blanc d’une autre parabole. Car l’huile qui fait onction est comme un vêtement. Alors certaines en plus de leur lampe ont quelque chose de plus dans leur sacoche, elles ont prévu que pour entrer il faudra plus que la tenue de route. Si cette hypothèse est correcte, alors là on comprend qu’elles ne puissent pas prêter cette robe de fête, car chaque robe est unique. Alors attendre oui, mais ce quelque chose de plus, cette huile, cette robe, comment l’avoir. Peut être qu’il s’agit de réaliser une phrase des psaume : « je dors mais mon cœur veille » Certes toutes dorment, mais peut être que « le cœur de certaines veillent, leur lampe de fait reste allumée. (Là encore c’est une hypothèse). Alors pour entrer dans le royaume, pour être avec l’Epoux, il faut quelque chose de plus que juste avoir entendu un appel.

Quant à l’Epoux, personne ne sait où il est. Les jeunes filles savent qu’il doit arriver quelque part, mais on ne sait pas quand. Normalement si le lieu est connu, elles devraient aller devant le palais et attendre que l’Epoux soit arrivé. Or là, elles partent vers le lieu, ne l’atteignent pas, et font une pause. Un peu comme si elles attendaient des informations. Elles sont arrivées à un certain point, elles n’ont plus d’indications, elles attendent calmement. Est ce que cela décrit le cours de la vie ou le cours de la vie spirituelle ? Est ce que cette nuit est quelque chose de normal ?

Et il y a le cri du veilleur qui met tout le monde en route. Pour  ma part c’est ce à quoi j’ai été le plus sensible lors de la proclamation de cet évangile. C’est le cri qui jaillit dans la nuit, ce cri qui est comme le cri d’un bébé qui vient de naître, ce cri qui met en marche, qui met en route. Ce cri est un peu comme un souffle, il sort de la torpeur. Il donne une information :  « Voici l’époux « et un ordre : «  sortez à sa rencontre ». Je me suis demandée qui était le veilleur qui lui n’était pas endormi et qui lançait son appel à qui veut l’entendre ? Il y a un veilleur quelque part, « qui lui ne dort ni ne sommeille » (psaume 121, 4) et l’important est de savoir que dans la nuit il y a quelqu’un qui veille, quelqu’un qui est peut être l’époux.
Ce cri met tout le monde debout, une partie est prête à entrer, l’autre pas

Cette parabole ouvre le chapitre 25 de l’évangile de Matthieu. C’est d’une certaine manière un chapitre qui clôt la vie publique, puisque la passion est rapportée au chapitre 26. Ses différents avec les scribes et les pharisiens sont de plus en plus nombreux et de plus en plus violents. Or les pharisiens du moins un certain nombre n’ont pas reçu le baptême de Jean (ce que Jésus leur a reproché), mais sont sur d’être sauvés, alors est ce que cette parabole s’adresse à eux ? Le savoir, la connaissance (la lampe) c’est bien, mais si la lampe (la connaissance) n’est pas nourrie par l’amour, elle ne sert à rien.
   
Autrefois, cette parabole portait le nom de la parabole des vierges folles et des vierges sages, maintenant elle est devenue la parabole des avisées et des insensées (ce qui est quand même bien fort pour un oubli tout relatif), il y a eu aussi le terme de « sottes » opposé à « intelligentes », bref une opposition entre ces 10 jeunes filles, mais qu’est ce Jésus veut faire passer comme message ?

Autrefois il y avait une chanson : la terre nourrit tout, la terre nourrit, les sages, les sages, la terre nourrit tout, les sages, les fous. Alors pourquoi le ciel lui n’accepterait il pas tout le monde ? Cela ne paraît pas très juste car les sages comme  les autres se sont mises en route, ont quitté leurs habitudes, pour conquérir un plus grand bien. Pourquoi l’élection des unes et la mise à l’écart des autres ? Si Paul oppose la sagesse du monde et la folie de la croix, c’est peut être que les vierges sages sont un peu folles…

Si le royaume est comme 10 jeunes filles  et si la conclusion est veillez car vous ne savez ni le jour ni l’heure, est ce que le message se joue sur « ce que vous avez vécu pendant votre vie, vous ne pourrez pas le changer (il y a beaucoup d’appelés et peu d’élus), ou « ne vous imaginez pas qu’avoir une lampe sera suffisant, non il faut plus que cela ? » Autrement dit, « ne pensez pas que ce soit facile d’entrer facilement dans le Lieu ou l’Epoux réside. Il ne suffit pas de faire de bonnes choses, il ne suffit pas d’entendre la voix qui se fera entendre et d’aller toquer à la porte. Non il faut quelque chose de plus ». Faire partie de la troupe n’est pas suffisant.

Il ne suffit pas d’être invité pour entrer là où réside l’Epoux, là où demeure Dieu. Et pourtant depuis la début de sa prédication Jésus à la suite de Jean Baptiste disait que le royaume de dieu était tout proche (géographiquement et temporellement) semble ouvrir la porte, mais il est aussi question de voie étroite, de croix à porter.

L’invitation est faite à tout le monde, ce qui renvoie à la parabole d’ l’homme qui invite à un superbe festin ses amis qui eux se défilent, ce qui permet d’ouvrir la salle à tout le monde), mais il y a quelque chose de plus qui est nécessaire pour entrer au moment où la porte sera ouverte. Dans la parabole que je viens de citer, il était question de la robe blanche (Mt ,22 , 1), là il est question d’une provision d’huile. Si on fait un parallèle entre les deux, et si l’huile est présentée comme une onction, elle aussi comme un vêtement qui est signe de la royauté et qui permet d’entrer dans la salle du roi.

Bref si c’est la pointe cette parabole matthéenne n’est pas très agréable. Peut être que la parabole des talents va finalement dans le même sens : avoir c’est bien, mais si on ne fait pas fructifier alors on perd tout (on ne peut entrer dans le royaume). A la limite heureusement que dans le même chapitre (le chapitre 25) on trouve « tout ce que vous avez fait au plus petit d’entre les miens c’est à moi que vous l’avez fait » qui permet au moins d’imaginer que la porte ne sera pas fermée pour nous, si nous essayons humblement d’ouvrir notre regard (la lampe de ton cœur dit jésus) sur nos frères.

Alors moi aujourd’hui, qu’est ce que je fais avec cette histoire. D’accord j’entends que entrer dans le royaume n’est pas facile. Mais l’huile, d’où vient elle ? J’ai lu il y a quelques jours que l’huile dont il est question est l’huile d’allégresse qui représente l’Esprit Saint. Alors oui cette huile là, je la désire, mais la désirer est elle suffisante pour entrer dans le royaume ? 

mardi 11 juin 2013

Impuissance

Il m'arrive professionnellement parlant d'être confronté à l'impuissance: je ne peux rien faire pour la personne qui me parle, elle est hermétique, enfermée dans son histoire, dans ses répétitions et dans la mort.

Je peux me dire que cette impuissance, elle me la fait vivre ce qui lui permet peut être de s'en débarrasser un peu, de la projeter en moi si on peut dire, de manière à ce que par la suite moi je fasse quelque chose de ce vécu, que je n'en meurs pas et que je puisse le restituer sous une forme de vie et non de mort. Mais ce que je ressens aussi c'est une sorte de paralysie, qui est celle que son vécu de personne ayant subi l'inceste lui a fait vivre et qui d'une certaine manière l'a façonnée ainsi.

Alors j'ai pensé à Jésus sur sa croix, car là il est totalement impuissant. Et je pensais qu'il aurait pu se sauver, car quand les prêtres disent: qu'il se sauve lui-même, qu'il descende de sa croix et alors nous croyons en lui, il aurait pu le faire, mais il a choisi de ne pas le faire.

Il aurait pu se sauver, mais s'il avait fait cela il n'aurait pas sauvé la multitude et il était venu pour ça.

Alors peut être que pour moi, accepter cette impuissance, c'est ne pas me donner un certain pouvoir (ce serait tellement bien si je pouvais faire), mais accepter d'attendre patiemment le temps qu'il faudra pour que en passant par une certaine mort de ce que je suis, une vie puisse renaître en cette personne, mais cela c'est un sacré acte de foi.

dimanche 9 juin 2013

Représentations/images

Pas faciles les représentations de l'Esprit Saint.

Les chants  qui célèbrent l'Esprit Saint en parlent comme de l'eau, comme du vent, comme du feu, comme de la chaleur, comme de la fraîcheur... Quelle image privilégier?

L'image de l'Esprit Saint, comme de l'eau qui coule, qui purifie, qui féconde parce qu'elle permet la croissance et s'oppose à la sécheresse, c'est une représentation relativement facile. Maintenant si on passe à la notion de torrent qui peut tout arracher sur son passage c'est déjà un peu plus compliqué. Il est donc à la fois celui qui purifie et celui qui donne la vie (Eau du baptême). En fait ce que j'aime c'est l'image d'une source qui est déjà en moi mais qui sous l'action d'une sorte de pluie bienfaisante se met à couler plus librement pour devenir quelque part fontaine. Mais peut être que les représentations qui évoquent l'eau qui emporte tout sur son passage est un moyen de ne pas oublier que si l'Esprit Saint est donné, c'est bien pour que se joue en nous quelque chose de la mort et de la réesurrection de la vie et de la mort, bref de la croix.


L'image du vent, du souffle, elle aussi elle est agréable car tant qu'il n'est pas tempête, le vent fait chanter les feuilles des arbres, fait onduler les épis de blé, permet même la dispersion des graines. Domestiqué si l'on peut dire, il permet aux bateaux d'avancer, il gonfle la voile. Il est donc le guide.(murmure à écouter, direction à suivre, discernement).






L'image du feu est toute autre. Car le feu, même domestiqué comme dans la flamme du gaz, brûle. Il est dangereux, il peut détruire. Quand je chante"brule en moi, brule en moi" j'ai l'impression de jouer avec le feu. Car le feu, détruit. En même temps il purifie et il détruit les scories qui sont en moi, mais cela ne se fait pas comme cela. Bien sur un feu c'est beau, qui n'est pas resté en admiration devant des braises ou devant un feu qui flambe haut et clair dans la nuit. Mais qui dit feu, dit quand même danger.




Mais peut être que derrière cette image il y a autre chose, c'est de l'énergie. C'est la force du feu qui transforme l'eau en vapeur qui permettait aux trains de rouler autrefois. Alors peut être faut il voir le feu juste comme une étincelle qui vient réveiller ce qui dormait en soi, comme image de l'énergie  créatrice qui est en Dieu et qui met en mouvement.





On parle aussi de "être dans le feu de l'action" c'est à dire d'agir sans se poser de questions et le faire et l'être deviennent une seule entité. Alors le feu, oui à condition d'y adjoindre l'énergie, la force (c'est ce que dit Jésus quand il parle du Paraclet).

Je me disais que nous avons en nous un certain potentiel interne dont nous ne nous servons pas ou peu, alors que beaucoup de techniques inspirées des valeurs orientales le font, et libèrent en nous une certaine énergie, qui nous permet en étant mieux avec nous même d'être mieux avec les autres. Mais il me semble que cette énergie que l'on peut donc retrouver et qui existe en chacun doit être fécondée par l'Esprit Saint pour ne pas devenir une fin en soi, ce qui me semble souvent le risque de toutes ces thérapies corporelles.

Lors de la pentecôte, il y a un bruit comme celui du vent et des langues de feu...Ces langues de feu permettent aux apôtres de parler en d'autres langues, comme si quelque chose s'était ouvert en eux.

Mais au delà de l'image du feu qui consume et qui détruit (ce qui n'est pas le cas du buisson ardent qui brûle sans se consumer et qui renvoie pour moi à une représentation du Tout Autre) le feu c'est aussi ce qui éclaire, c'est la lumière. Et là la représentation est toute autre.

La langue de feu, c'est entrer dans la lumière.

C'est ouvrir les yeux à d'autres réalités, c'est regarder comme Dieu regarde (je sais personne ne sait comment il regarde, mais du regard de Jésus nous avons beaucoup de descriptions).

La lumière est pour nous chaleur (la lumière su soleil nous réchauffe).

Elle permet de connaître la direction à prendre.

Elle est énergie, alors finalement ce sera aujourd'hui la représentation que je garderai de l'Esprit Saint, pas le feu qui brûle, pas le vent qui détruit, pas l'eau qui emporte, non la lumière qui permet de chasser les ombres tout en les voyant, de distinguer les chemins, de discerner et surtout d'être comme recouvert d'un manteau de lumière, être dans la vie éternelle aujourd'hui.

samedi 1 juin 2013

Pensées fugaces

j'ai souvent plein de pensées pendant la messe et aussi pendant le temps que je me donne pour être en Présence.

Une des personnes avec laquelle je suis très proche, quand elle se sent abandonnée a un symptôme très violent au niveau de son coeur (je pense que c'est un spasme qui n'en finit pas) mais que  je suis incapable de décrire sauf que je sais par elle que c'est tellement violent comme douleur que cela lui donne  l'envie de se suicider pour échapper à cela.

En pensant à Jésus, je lui disais, toi ça tu ne connais pas. Et moi qu'est ce que je fais avec ça pour mon amie?

Et puis j'ai pensé à Getsémani et là je me suis dit que pour avoir eu cette sueur de sang, son coeur a lui avait bien dû subir ce brisement, car le mal dont souffre mon amie, est le syndrome du coeur brisé (se trouve chez des personnes qui viennent de perdre un être cher), donc j'ai compris que dans un délai très court, Il avait pu vivre dans son corps ce que bien des personnes vivent de par la maladie, par l'angoisse, par l'abandon et qu'il pouvait compatir.

Donc j'ai pensé à l'homme Jésus avec un corps qui si on en croit le linceul de Turin devait être un beau corps. Je me suis demandé à qui il ressemblait? Surement à Marie quand même...

Quand nous pensons à lui, c'est souvent soit  le corps après le résurrection (avec ou sans les signes de la passion), le corps glorieux qui échappe aux règles terrestres, soit le corps sur la croix, mais entre les deux il y a bien eu un homme avec un corps, une stature, un regard (et Dieu sait que j'aimerai connaître la couleur de ses yeux) et de ce corps là, on en parle peu, sauf quand on lit les évangiles en continu.

Et je me disais qu'il pouvait être rudement fier de son corps qui l'a si bien servi pendant 3 ans. Avec ce corps là, il a écouté, il a parlé, il a regardé, il a guéri, il a prié... Il en a fait des choses avec ce corps.

Il y a ce corps de la nuit du jeudi saint, ce corps en deux morceaux si on peut dire. Le corps "agneau pascal".

La chair qui permet de faire corps tous ensemble et le sang qui comme le sang de l'agneau de l'exode délivre du mal, de la mort. Mais ce soir là, Jésus a dit des mots qui ont donné du sens au pain et au vin, c'est un corps "symbolique" qui renvoie quand même à un "beau corps".

Ce matin j'entendais un commentaire sur un match: "l'absence de supporter nous a manqué, car ils n'ont pas pu communier avec nous". Communier, c'est à dire participer avec nous, être avec nous pour nous soutenir, nous encourager,bref, faire corps eux avec nous et nous avec eux. On oublie peut être cela nous qui "communions" au corps et au sang. Nous faisons corps avec lui, et ce soir là c'était un beau corps qu'il nous a donné... et qui nous permet de faire corps avec nos frères, tandis que Lui fait corps avec nous.

Il y a le corps qui perd son sang à Getsémanie, il y a le corps qui meurt sur la croix.

Il y a le corps de la résurrection, corps qui si Jésus est le premier d'une multitude de frères sera aussi le notre un jour.

j'aime bien toutes ces images du corps de Jésus.