dimanche 27 janvier 2019

SEMAINE DU 21 AU 27 JANVIER: ÉVANGILES.


LUNDI 21 JANVIER. Mc 2, 18-22. Le jeûne non respecté

Tout d'abord une réflexion sur le texte de la messe d'hier: les noces de Cana.

L'évangile de Jean est différent des synoptiques, mais j'ai toujours pensé qu'il reprenait à sa manière les autres évangiles. Les tentations qui suivent le baptême sont absentes chez Jean, qui se centre directement sur l'appel des disciples. Cela dit la première tentation touche à la nourriture: changer les pierres en pain. Changer l'eau en vin est finalement du même ordre. La réponse de Jésus au tentateur est "il est écrit l'homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu". Or on peut penser que la tentation pour Jésus est bien de faire ce miracle pour que tout le monde voit en lui le messie, surtout qu'il est bien le messie qui a été annoncé par Jean. Dire non à sa mère, qui demande quelque chose, c'est justement mettre de la distance, mettre de l'écart, ne pas foncer tête baissée dans l'action. Et cet écart lui permet de comprendre que le geste qu'il va faire, va justement faire comprendre que la parole de Dieu est en action, et que Lui, il est cette parole (le logos) qui agit la parole. Et quand il y aura le miracle des pains, il prendra aussi la distance: "sachant qu'ils voulaient le faire roi, il se retira dans la montagne et il était seul."
 Réaliser ce désir de "petite table couvre toi", désir d'être comblé, d'avoir à manger, fait de celui qui réalise cela une sorte de magicien que l'on veut pouvoir contrôler, dominer, posséder, or cela c'est impossible. Et faire cela, c'est aussi prendre un sacré risque. 

Voilà, donc pour l'évangile proposé hier, je reviens au texte proposé aujourd'hui.

Je viens de lire quelque chose qui me plait bien sur le jeûne: "Nous constatons que les juifs, au-delà du jeûne prescrit par Dieu le Jour de l'Expiation (cf. Lev 16,29-34), observaient plusieurs autres jeûnes, autant publics que privés, qui étaient expression de deuil, de pénitence, de purification, de préparation pour une fête ou une mission, de pétition de grâce à Dieu, etc. 
Les juifs pieux appréciaient le jeûne comme un acte propre de la vertu de la religion, plaisant à Dieu: celui qui jeûne se dirige à Dieu dans une attitude d'humilité, lui demande pardon en se privant de ces choses qui, le satisfaisant, l'auraient éloignées de Lui". 


18 En ce temps-là, comme les disciples de Jean le Baptiste et les pharisiens jeûnaient, on vint demander à Jésus : « Pourquoi, alors que les disciples de Jean et les disciples des Pharisiens jeûnent, tes disciples ne jeûnent-ils pas? » 
19 Jésus leur dit : « Les invités de la noce pourraient-ils jeûner pendant que l’Époux est avec eux? Tant qu’ils ont l’Époux avec eux, ils ne peuvent pas jeûner. 
20 Mais des jours viendront où l’Époux leur sera enlevé; alors, ce jour-là, ils jeûneront. 

Une première question sur la différence. Pourquoi tes disciples ne font pas comme tout le monde, pourquoi est-ce que tu ne leur demandes pas de se priver de nourriture pour prier davantage? Si on jeûne pour que le messie arrive, pour que Dieu visite son peuple, effectivement, ce n'est pas la peine; et Jésus se dit bien être l'Epoux, présent pour le moment qui un jour sera enlevé. Et jeûner alors, sera peut-être un moyen à la fois pour le rendre présent (l'absence qui révèle l'autre) et aussi une prière, une intercession pour qu'Il revienne.

21 Personne ne raccommode un vieux vêtement avec une pièce d’étoffe neuve; autrement le morceau neuf ajouté tire sur le vieux tissu et la déchirure s’agrandit. 
22 Ou encore, personne ne met du vin nouveau dans de vieilles outres; car alors, le vin fera éclater les outres, et l’on perd à la fois le vin et les outres. À vin nouveau, outres neuves. »

Puis Jésus révèle quelque chose de lui; il est le nouveau, la nouveauté, et pour cela il faut des outres neuves et des vêtements neufs. Ce qui est intéressant, c'est la notion de destruction.. On ne fait pas du neuf avec du vieux. Si l'église pouvait s'en souvenir un peu plus…


MARDI 22 JANVIER. Mc 2, 23-28. Les épis arrachés le jour du Sabbat

23 Un jour de sabbat, Jésus marchait à travers les champs de blé; et ses disciples, chemin faisant, se mirent à arracher des épis.
24 Les pharisiens lui disaient : « Regarde ce qu’ils font le jour du sabbat ! Cela n’est pas permis. »

 Là, les pharisiens s'adressent directement à Jésus; j'ai vraiment l'impression qu'ils sont là à surveiller, à épier, à critiquer, et aussi à être peut-être déçus par cet homme qui est peut-être quand même l'Oint. J'ai l'impression qu'ils ne comprennent pas, qu'ils voudraient bien mais qu'ils sont bloqués par leur savoir, par ce qu'il faut faire ou pas, et aussi par l'idée que tout dans la Loi est pareil. Arracher des épis ce n'est pas dans le Pentateuque, mais c'est du rajouté par la suite. Mais cela est devenu aussi important. Le geste, le petit geste qui devient plus fort que ce qui est demandé. Car oui, le sabbat, se reposer c'est dans la Genèse, c'est dans l'Exode. Et peut-être que Jésus est en marche pour se rendre justement dans une synagogue, pour enseigner et peut-être guérir, mais cela n'est pas dit. Différence aussi entre ce qui n'est pas permis et ce qui est défendu. 

25 Et Jésus leur dit : « N’avez-vous jamais lu ce que fit David, lorsqu’il fut dans le besoin et qu’il eut faim, lui-même et ceux qui l’accompagnaient?
26 Au temps du grand prêtre Abiatar, il entra dans la maison de Dieu et mangea les pains de l’offrande que nul n’a le droit de manger, sinon les prêtres, et il en donna aussi à ceux qui l’accompagnaient. »

Là, c'est Jésus qui montre que la Torah, il la connaît bien, et que lui aussi peut s'en servir pour trouver ce qui est permis ou défendu. Les pains étaient pour Dieu, mais si l'homme est sur le point de mourir de faim, alors il peut se servir. Le problème c'est que, du moins dans le livre de Samuel tel que cela nous est transmis, ce n'est pas tout à fait comme cela que ça se passe et que David prend les pains pour lui, ainsi que l'épée du philistin Goliath, car il est en fuite devant Saül, qui veut sa peau. Mais il y a un proverbe qui dit: nécessité fait loi et on a l'impression que c'est cela que Jésus veut faire comprendre. Ne pas devenir esclave des mots. Et les interdictions ne sont pas forcément des interdits, n'ont pas la même force. Les interdictions sont nécessaires chez les enfants, pour les protéger, mais petit à petit, elles diminuent. Les interdits, eux, demeurent.

27 Il leur disait encore : « Le sabbat a été fait pour l’homme, et non pas l’homme pour le sabbat.
28 Voilà pourquoi le Fils de l’homme est maîtremême du sabbat. »

Il s'adresse toujours aux pharisiens. Le sabbat est donné comme une loi, pour cesser de s'agiter, pour prendre du temps, pour changer de rythme; pour se tourner vers la source. C'est presque comme un cadeau du Dieu pour l'humain: lui permettre de vivre une journée par semaine autrement. Mais la dernière phrase a dû faire hurler, parce que Jésus, qui s'est montré maître des esprits mauvais, maitre de la fièvre et de la lèpre, se proclame équivalent de Dieu, lui qui est le fils de l'homme. C'est un peu comme s'il disait, arrêtez de me chercher des poux dans la tête, et regardez et reconnaissez que je suis celui qui vient, mais aussi celui qui est, comme le Père est celui qui est; les signes précédents devant permettre de comprendre ce qui se joue là. 

Fin du chapitre 2



MERCREDI 23 JANVIER. Mc 3, 1-6. L'homme à la main desséchée

C'est un texte que j'aime beaucoup, surtout à cause de la phrase: "Jésus promenant sur eux un regard navré de colère" (j'utilise une ancienne traduction qui doit venir de la B.J.). J'imagine l'homme qui est là, avec sa pauvre main dont il a sûrement honte, en plein milieu, regardé par tous. Et le cercle des autres, de ces pharisiens qui dans l'évangile de Marc semblent être omniprésents et pister Jésus. Je me suis même demandé si les réflexions qu'ils se font, les disciples ne se les font pas eux aussi de temps en temps. Car eux aussi savent que, le jour du Sabbat, on n'est pas censé faire certains gestes: ne leur a-t-on pas reproché de froisser des épis de blé; alors ils doivent se demander comment ça va se terminer cette histoire. 

Le terme d'autrefois - main desséchée (que pour ma part, ayant travaillé avec des personnes avec des mains recroquevillées sur elles-mêmes, des mains "pourrites", je sais ce que c'est), me renvoie aussi à ce figuier qui est desséché, parce qu'il n'a pas donné les fruits attendus quand Jésus en avait besoin. Le figuier desséché, meurt, la sève ne circule plus. Et chez cet homme, peut-être victime d'une malédiction (mais qu'a-t-il fait?) ça ne circule plus. Jésus va redonner le mouvement, la vie, la circulation. La main sera à nouveau irriguée. 

Dans cette tension, il y a le regard de Jésus, regard attristé devant ce refus, et en même temps, mais est-ce bien cela de la colère, cette colère divine? Je ne sais pas trop. J'y vois plus de la peine, de la souffrance, de la tristesse que de la colère, car la colère est destructrice. Ou alors Jésus voudrait que l'endurcissement disparaisse et c'est contre cela que se lève la colère, l'endurcissement qui détourne du Père. Bref, c'est un texte que j'aime, d'autant qu'ayant à un moment donné, cherché de quelles couleurs pouvaient être les yeux de Jésus, j'en étais arrivé au gris, un gris profond, vivant, aimant. Et quand je me représente la scène, c'est ce regard que je vois, ce regard qui va de l'homme aux hommes, et qui revient vers l'homme.

En ce temps-là, Jésus entra de nouveau dans la synagogue; il y avait là un homme dont la main était atrophiée. 
On observait Jésus pour voir s’il le guérirait le jour du sabbat. C’était afin de pouvoir l’accuser

 Jésus accomplit ce qui est demandé, il va dans la synagogue. Est ce que l'homme malade est venu spontanément comme tous les samedis, ou est ce qu'il s'agit d'un piège, d'un montage? Dans ce cas la petite phrase "c'était afin de pouvoir l'accuser" se comprend mieux.

Il dit à l’homme qui avait la main atrophiée : « Lève-toi, viens au milieu. »

 Lève-toi.. viens. Une main atrophiée, ça ne se voit pas tellement; souvent elle se cache dans une manche. Mais Jésus la voit et n'écoute que son cœur; mais il demande un geste qui est déjà un geste de résurrection: lève-toi.

 Et, s’adressant aux autres: « Est-il permis, le jour du sabbat, de faire le bien ou de faire le mal? de sauver une vie ou de tuer? » Mais eux se taisaient. 

 Arrive la question. Question qui n'a pas de réponse, et qui est une grande question: est-il permis le jour du sabbat, donc pas n'importe quel jour, de faire le bien (guérir, bénir,) ou le mal (condamner, mais aussi laisser l'autre dans sa maladie). Et comme il n'y a pas de réponse dans la Torah, ils se taisent, ils ne discutent pas, ils restent avec sûrement une phrase qui interdit de faire, mais dans la Genèse: il s'agit ce jour là de se reposer pour participer au repos de Dieu qui a vu que sa création était bonne. Et peut-être que si on peut la faire encore meilleure cette création, pourquoi pas? 

Alors, promenant sur eux un regard de colère, navré de l’endurcissement de leurs cœurs, il dit à l’homme : « Étends la main. » Il l’étendit, et sa main redevint normale. 

 Ce qui est intéressant, c'est que Jésus ne touche pas. Par contre il demande quand même un acte de foi à l'homme qui étend sa main (et à mon avis, il découvre qu'il peut le faire alors qu'avant c'était impossible) et il étend une main qui est redevenue normale, et ça a dû être une joie immense pour lui, même si on n'en parle pas.

Une fois sortis, les pharisiens se réunirent en conseil avec les partisans d’Hérode contre Jésus, pour voir comment le faire périr.

On imagine que les lectures et les prières ont eu lieu, que les pharisiens ont bouilli durant tout ce temps, et qu'ils ont mijoté quelque chose: s'unir aux hérodiens qui ont un certain pouvoir et sûrement une petite armée, donc avec des sbires, pour tendre un piège à Jésus et le faire périr. Le faire périr, parce que quoi finalement? Il met en cause leur manière d'être, il les bouscule; et ils ne le veulent pas. Ils savent ce qui est bien et mal, ils connaissent la Loi par cœur, mais est ce qu'ils l'aiment cette Loi, ou est-ce qu'elle leur fait peur? 


JEUDI 24 JANVIER: Mc 3, 7-12

En ce temps-là, Jésus se retira avec ses disciples près de la mer, et une grande multitude de gens, venus de la Galilée, le suivirent. 
De Judée, de Jérusalem, d’Idumée, de Transjordanie, et de la région de Tyr et de Sidon vinrent aussi à lui une multitude de gens qui avaient entendu parler de ce qu’il faisait. 

Si on ne dit pas "en ce temps là", mais si on prend dans la suite, je peux penser que Jésus qui se sait et se sent menacé part ailleurs; et du coup l'idée de "se retirer", comme on se retire de la circulation quand on veut se faire oublier, prend son sens. Seulement sa notoriété est déjà telle que non seulement il y a des gens de Galilée qui viennent, mais aussi des personnes venant de Judée et de Jérusalem, et des étrangers. Donc ça fait du monde.

9 Il dit à ses disciples de tenir une barque à sa disposition pour que la foule ne l’écrase pas
10 Car il avait fait beaucoup de guérisons, si bien que tous ceux qui souffraient de quelque mal se précipitaient sur lui pour le toucher

 Je trouve cette remarque étonnante. On dirait presque que les gens se jettent sur Jésus, et que celui ci a peur d'être étouffé, cogné et qu'il lui faut une solution de repli. Fatigue? Et du coup il y a une barque qui devrait lui permettre de s'éloigner. 

11 Et lorsque les esprits impurs le voyaient, ils se jetaient à ses pieds et criaient : « Toi, tu es le Fils de Dieu ! » 
12 Mais il leur défendait vivement de le faire connaître.

Je comprends mal ce qui se passe. Pourquoi les esprits impurs, véhiculés par un être humain, viennent-ils? Ou alors c'est une manière de parler des malades, comme s'il y avait deux sortes de malades, ceux qui souffrent d'un mal (voir le verset précédent), et ceux là - ce qui renvoie plus au "spirituel". Alors, peut-être que ces personnes qui souffrent dans leur spirituel (angoisses, peurs, dépression, tristesse) viennent, et en elles il y a une délivrance. C'est peut-être parce qu'il s'agit d'un autre ordre, spirituel, que la reconnaissance de la divinité se fait, mais ce n'est pas le moment; je ne sais pas. Peut-être que cela introduit les accusations qui vont suivre, à savoir qu'il soit lui-même possédé par un esprit impur.


VENDREDI 25 JANVIER. CONVERSION DE ST PAUL. Mc 16, 15-18

15 En ce temps-là, Jésus ressuscité se manifesta aux onze Apôtres et leur dit : « Allez dans le monde entierProclamez l’Évangile à toute la création»

Cela peut s'appeler un envoi en mission. Proclamer à toute la création reste étonnant, parce que ça dépasse très largement l'humain. Mais c'est peut-être pour renvoyer à l'universel. 

16 Celui qui croira et sera baptisé sera sauvé; celui qui refusera de croire sera condamné

 Je trouve quand même cela très violent. Il est bien sûr question de liberté, mais pas que. Est ce que cela renvoie au choix de Lucifer (même si c'est plus ou moins apocryphe)? Est ce que l'humain a toutes les capacités pour croire? Je crois, moi, à la compassion de Jésus pour nous, et j'espère des jugements moins tranchés; mais peut-être que j'aurai des surprises. Je sais que le choix reste en principe toujours possible, et là il est question de salut. On peut le refuser. C'est lier foi et salut, et c'est bien ce que fera Paul.

17 Voici les signes qui accompagneront ceux qui deviendront croyants: en mon nom, ils expulseront les démons; ils parleront en langues nouvelles
18 ils prendront des serpents dans leurs mains et, s’ils boivent un poison mortel, il ne leur fera pas de mal; ils imposeront les mains aux malades, et les malades s’en trouveront bien. »

 On a dont des signes:
-expulser les démons (la première chose que Jésus a faite, et qui renvoie au combat contre le Malin, le mal, le soupçon, la duperie, la convoitise). 
-Parler en langues nouvelles: ça Paul en parle aussi; il y a ceux qui parlent ainsi et ceux qui traduisent (épitre aux Corinthiens).
-Prendre des serpents qui ne feront aucun mal, ça c'est Paul dans les Actes.
-Boire un poison mortel.. Être plus fort que Socrate, donc avoir une sagesse différente? 
-Imposer les mains aux malades: ça, cela reprend le ministère de Pierre dans les Actes, le ministère de Paul toujours dans les Actes, l'épitre de Jacques, et la mission des apôtres dans les évangiles. 


SAMEDI 26 JANVIER. Lc 10, 1-9  Evangile spécifique pour Timothée et Tite . Envoi en mission.

C'est un texte qui était lu pour nous, les étudiants engagés du Centre Richelieu, chaque année en octobre, au moment de la rentrée universitaire. Je pense que j'écoutais ce texte sans trop y attacher d'importance; en tous les cas il ne me posait pas de problème. Peut-être que faire des annonces dans les amphis, c'était un peu annoncer la parole au milieu des loups, mais cela ne m'inquiétait pas. Peut-être que nous n'étions pas assez nombreux, mais nous avions, je pense, une foi à déplacer les montagnes, et on était sûrs que quelque chose pouvait se passer, quel que soit le nombre. Pour le reste, je ne me sentais pas trop concernée, sauf qu'il fallait prier et prier encore. Et il y avait les grandes actions; la montée à Montmartre, les journées d'entraide, le pèlerinage de Chartres, et ce qui se passait en interne et qui nous façonnait. Donc finalement un texte que je relis aujourd'hui différemment, mais qui a été un texte "fondateur" pour moi car, oui, je voulais l'annoncer, Lui. 

En ce temps-là, parmi les disciples, le Seigneur en désigna encore soixante-douze, et il les envoya deux par deuxen avant de lui, en toute ville et localité où lui-même allait se rendre

Il y a les 72 (nombre des nations), il y a le "deux par deux", il y a en "avant de lui", et les localités, ce qui peut montrer que Jésus ne fait pas les choses au hasard. Il sait où il veut aller; et les disciples, que font-ils? Est ce qu'ils annoncent l'arrivée d'un guérisseur, d'un prophète? Je ne sais pas trop. Est-ce qu'ils témoignent de leur rencontre avec Lui? Je ne sais pas non plus ce que Jésus leur demande de faire et d'être. Missionnaire, qu'est ce que cela voulait dire? 

Il leur dit : « La moisson est abondante, mais les ouvriers sont peu nombreux. Priez donc le maître de la moisson d’envoyer des ouvriers pour sa moisson. 

Manifestement il y a une demande (et cela reste vrai aujourd'hui), mais d'après Jésus, la demande est trop importante et on ne peut pas y répondre. Donc si on se sent seul face à la demande, prier et prier en encore. Donc les missionnaires débordés doivent prier.

Allez! Voici que je vous envoie comme des agneaux au milieu des loups

Le "allez", c'est vraiment l'envoi. Allez y, partez, ne regardez pas en arrière, foncez, c'est votre boulot. Et quelque chose qui glace quand même un peu: vous risquez de vous faire blesser ou dévorer. Il y a un risque de se faire avoir par ceux avec lesquels on discute. C'est bien ce qu'on voit avec Etienne et les hommes qui le lapident. Et cela renvoie peut-être à la dernière béatitude: persécutions. Donc Jésus n'est pas très gai, sûrement réaliste et peut-être qu'il va y avoir de la perte chez ces envoyés (c'est bien ce qui s'est passé avec Judas).

Ne portez ni bourse, ni sac, ni sandales, et ne saluez personne en chemin. 

Que de négatifs.. S'appuyer sur Dieu seul, enfin je suppose que c'est cela.

Mais dans toute maison où vous entrerez, dites d’abord : ‘Paix à cette maison.’ 
S’il y a là un ami de la paix, votre paix ira reposer sur lui; sinon, elle reviendra sur vous. 
Restez dans cette maison, mangeant et buvant ce que l’on vous sert; car l’ouvrier mérite son salaire. Ne passez pas de maison en maison
Dans toute ville où vous entrerez et où vous serez accueillis, mangez ce qui vous est présenté

Le missionnaire peut paraître les mains vides, il peut paraître un peu mendiant, mais il peut donner la Paix, et rendre Dieu présent dans cette maison. J'ai toujours eu du mal avec cette représentation de la paix comme un oiseau: elle cherche un perchoir, si elle le trouve, elle s'installe et elle diffuse finalement dans toute la maison (maison au sens large, donc toutes les personnes qui sont là), si elle n'en trouve pas, elle revient sur l'épaule du missionnaire qui du coup repart et cherche un autre lieu. 
Importance de la simplicité et de l'accueil. Une fois un lieu trouvé, ne pas aller voir s'il n'y a pas mieux ailleurs. 

Guérissez les malades qui s’y trouvent et dites-leur : “Le règne de Dieu s’est approché de vous.” »

 Là il me semble qu'on dépasse la maison, il s'agit de la ville. Il s'agit par le bien de faire comprendre que Dieu s'approche et que en Jésus, quelque chose change. 


DIMANCHE 27 JANVIER Lc 1,1-4 et 4,14-21

On doit pouvoir dire que le temps ordinaire commence vraiment. Donc évangile de Luc, avec le début, et on saute tout ce qui a été pris durant le temps de Noël (au sens large). Les tentations devant être prises pendant le carême, on saute donc à l'épisode dans la synagogue de Nazareth, et dans la séquence ci-dessous, tout se passe bien, alors qu'ensuite cela se termine par la tentative de tuer Jésus, qui passe son chemin au milieu d'eux...

Beaucoup ont entrepris de composer un récit des événements qui se sont accomplis parmi nous,
d’après ce que nous ont transmis ceux qui, dès le commencement, furent témoins oculaires et serviteurs de la Parole

Il y a donc eu "beaucoup" qui ont composé, ce qui est différent de "raconter oralement". Et la source étant ceux qui ont été les témoins oculaires: ils ont vu et ils sont devenus serviteurs de la parole.

C’est pourquoi j’ai décidé, moi aussi, après avoir recueilli avec précision des informations concernant tout ce qui s’est passé depuis le début, d’écrire pour toi, excellent Théophile, un exposé suivi, 
afin que tu te rendes bien compte de la solidité des enseignements que tu as entendus

Là, Luc ne fait aucune référence à l'Esprit Saint, mais simplement à son désir de montrer à ce Théophile (ami de Dieu) que ce qui lui a été transmis, ce n'est pas du pipeau, mais que ce Jésus est bien celui qui était annoncé par les prophètes et qu'en Lui les temps sont accomplis et la tendresse de Dieu est manifestée.

14 Lorsque Jésus, dans la puissance de l’Esprit, revint en Galilée, sa renommée se répandit dans toute la région. 
15 Il enseignait dans les synagogues, et tout le monde faisait son éloge

Là, j'ai l'impression de lire une sorte de texte "convenu": quand on parle d'un homme illustre, c'est comme cela que l'on parle de lui. Il est question de renommée, il est question d'éloge. Noter que là, Luc ne parle que d'enseignement, pas de miracles.

16 Il vint à Nazareth, où il avait été élevé. Selon son habitude, il entra dans la synagogue le jour du sabbat, et il se leva pour faire la lecture
17 On lui remit le livre du prophète Isaïe. Il ouvrit le livre et trouva le passage où il est écrit

Là, on visualise bien la scène. Il est chez lui, ou il revient chez lui. Il entre comme tout le monde dans la synagogue, et comme il est un peu l'invité, c'est à lui que revient l'honneur de lire le texte des prophètes et de le commenter.

18 ‘L'esprit du Seigneur est sur moi parce que le Seigneur m’a consacré par l’onction. Il m’a envoyé porter la Bonne Nouvelle aux pauvres, annoncer aux captifs leur libération, et aux aveugles qu’ils retrouveront la vue, remettre en liberté les opprimés, 
19 annoncer une année favorable accordée par le Seigneur.’ 

On a donc la phrase du prophète Isaïe, qui parle de lui, en tant que prophète. Il transmet un certain nombre de choses qui vont vers la délivrance, mais il ne dit pas qu'il le fera. C'est une annonce; or Jésus lui, va réaliser ces paroles (suite de l'évangile) et c'est aussi ce qui le différencie du rôle du prophète.

En même temps, il s'agit d'un texte du troisième Isaïe, qui promet que les exilés rentreront chez eux, qu'un retournement se fera. Mais s'agit-il de la fin des temps où d'un futur plus proche? Ce qui est certain c'est qu'il s'agit aussi d'une nouvelle alliance; que Dieu va restaurer son peuple, et que le Seigneur fera germer la justice et la louange devant toutes les nations. Pour un peuple qui est opprimé, c'est un programme d'espérance. Et cette espérance, est ce que Jésus va la réaliser? 


20 Jésus referma le livre, le rendit au servant et s’assit. Tous, dans la synagogue, avaient les yeux fixés sur lui. 
21 Alors il se mit à leur dire : « Aujourd’hui s’accomplit ce passage de l’Écriture que vous venez d’entendre. »

Est ce que la coutume voulait qu'on ne lise qu'un verset (enfin je dis un verset, mais ce n'était sûrement pas présenté comme cela, dans les rouleaux). Jésus lit un verset, et les juifs qui sont là ont les yeux fixés et attendent son commentaire. Les yeux fixés, cela me fait penser à "ils étaient suspendus à ses lèvres" quand, à la fin de sa vie, Jésus est dans le Temple et que les prêtres veulent le mettre à mort mais que le peuple, lui, est suspendu à ses lèvres. 

Comment les auditeurs réagissent-ils à une pareille affirmation? Ce "aujourd'hui" renvoie à d'autres aujourd'hui.. (Ps 94, aujourd'hui ne fermez pas votre cœur). Ce qui est certain c'est que la suite du texte si toutefois les deux morceaux sont cohérents entre eux, montre que cet aujourd'hui n'a pas été entendu. 


Jésus raconte…

Quand je suis allé trouver Jean sur les bords du Jourdain pour recevoir son baptême, je n'avais pas à changer de vie, je n'avais pas à renoncer au Mal, mais je devais vivre un événement qui allait comme concrétiser ce que je ressentais depuis de longs mois. Et quand je me suis plongé dans les eaux vives et frémissantes du Jourdain, je suis resté longtemps plongé dans l'eau, jusqu'à en perdre le souffle, jusqu'à descendre au plus profond de moi, dans les ténèbres, comme si malgré tout quelque chose devait disparaître. Et quand je suis sorti de l'eau, quelque chose s'était déchiré en moi, quelque chose parlait en moi, quelque chose me disait que j'étais celui qui allait faire comprendre que le Très Haut, qui était mon Père, qui me considérait comme son Fils, était un Dieu qui aimait les hommes, qu'il leur voulait du Bien, du Bon; et que par moi il allait leur montrer un chemin de vie. 

Je sais que cela, Jean l'a vu, car il m'a dit avoir vu une colombe descendre du ciel et demeurer au dessus de moi, et qu'il a entendu la même voix que celle que j'avais entendue et qui disait qu'en moi, Dieu avait mis tout son amour. Je crois que d'autres ont aussi entendu comme une sorte de bourrasque, mais ils n'ont pas compris les paroles. 
Tout de suite après, je suis parti dans le désert, pour comprendre, pour me préparer. Durant ce temps, j'ai dû me positionner, car malgré tout, en moi, ce n'était pas simple, et il y a eu un combat. Car oui, j'ai eu faim, j'ai eu soif, et il y avait en moi la tentation de dire aux pierres de se transformer en pain; mais en même temps, je savais que cela eut été prendre la force qui était là en moi, cette force de l'Esprit de mon Père, pour moi; et que ce n'était pas cela mon appel. J'ai eu aussi l'envie de sauter dans le vide, pour voir si je pouvais être plus puissant que cette force qui nous fait tomber, pour savoir si j'étais un peu comme un ange, mais cette idée est partie aussi vite qu'elle était venue. Il y a eu aussi la tentation d'imaginer que ce pouvoir pouvait faire de moi le Messie que le peuple attendait, le libérateur du joug des Romains; mais ce que mon Père attend de moi, c'est que je libère les hommes, tous les hommes, de l'esclavage du mal, de la convoitise, de l'adultère…

Une fois ces pensées parties, ces renoncements accomplis, je suis allé, un peu comme Jean l'avait fait, mais autrement, annoncer que le royaume de Dieu était là. Et j'ai parlé un peu partout, de la Judée à la Galilée. Et aujourd'hui, me voilà à Nazareth, chez moi, dans cette ville qui m'a vu grandir, où j'ai appris mon métier de charpentier, où j'ai appris à lire la Torah et à en faire mes délices. 

Alors, après avoir lu les psaumes, on m'a présenté le rouleau du prophète Isaïe, pour choisir une phrase et la commenter. Et j'ai choisi cette phrase qui dit que l'Esprit du Seigneur est sur moi, qu'il m'a consacré par l'onction (même si je ne suis pas David et que je n'ai pas été consacré par une huile versée sur ma tête), et que j'annonce la délivrance pour les malheureux. Car oui, désormais les aveuglés par leur péché ouvriront les yeux, ceux qui sont captifs du mal verront leurs liens tomber, ceux qui se sentent emprisonnés dans le malheur découvriront la joie d'être sauvés. Tout cela, parce que c'est la volonté de mon Père, je vais le réaliser pour eux.

Mais le comprendront-ils? Comprendront-ils cet "aujourd'hui" qui est là pour eux? 

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