samedi 12 janvier 2019

ÉVANGILES: SEMAINE DU 7 AU 13 JANVIER.

SEMAINE DU 7 AU 13 JANVIER: TEMPS APRÈS L'EPIPHANIE. JÉSUS LUMIÈRE? 


LUNDI 7 JANVIER. Mt 4,12-17.23-25

Début de la vie publique.. Jésus le marcheur… Je suis un Dieu qui chemine.. 


12 Quand Jésus apprit l’arrestation de Jean le Baptiste, il se retira en Galilée
13 Il quitta Nazareth et vint habiter à Capharnaüm, ville située au bord de la mer de Galilée, dans les territoires de Zabulon et de Nephtali. 
14 C’était pour que soit accomplie la parole prononcée par le prophète Isaïe : 
15 ‘Pays de Zabulon et pays de Nephtali, route de la mer et pays au-delà du Jourdain, Galilée des nations ! 
16 Le peuple qui habitait dans les ténèbres a vu une grande lumière. Sur ceux qui habitaient dans le pays et l’ombre de la mort, une lumière s’est levée.’ 

Etonnants les verbes: il se "retira" en Galilée, peut-être alors a-t-il quitté la Judée. Puis il "quitta" Nazareth pour venir habiter. Se retirer, quitter, habiter, accomplir une parole. Et la parole qui est est lumière dans les ténèbres.

17 À partir de ce moment, Jésus commença à proclamer: « Convertissez-vous, car le royaume des Cieux est tout proche. » 

Je crois que Jésus reprend à son compte une phrase de Jean, mais elle est différente, parce que oui, le royaume de Dieu (ou des cieux) devient accessible, il est tout proche, il est là, il suffit d'ouvrir les yeux de son cœur pour le reconnaître.

23 Jésus parcourait toute la Galilée ; il enseignait dans leurs synagogues, proclamait l’Évangile du Royaume, guérissait toute maladie et toute infirmité dans le peuple. 

Et là, arrive Jésus le Marcheur du Père. Il parcourt le pays, il enseigne, il proclame la miséricorde et l'amour et il le montre en guérissant. Quel programme, somme toute très différent de celui de Jean.

24 Sa renommée se répandit dans toute la Syrie.On lui amena tous ceux qui souffraient, atteints de maladies et de tourments de toutes sortes : possédés, épileptiques, paralysés. Et il les guérit. 
25 De grandes foules le suivirent, venues de la Galilée, de la Décapole, de Jérusalem, de la Judée, et de l’autre côté du Jourdain.


Et sa renommée fait qu'il est connu au delà des frontières de la Palestine (la Syrie) et aussi des régions proches dont la Judée et Jérusalem. Jésus le marcheur fait déplacer les foules qui marchent vers lui. 


MARDI 8 JANVIER. Mc 6, 34-44 : MULTIPLICATION DES PAINS

Si on replace ce récit dans son contexte, les apôtres reviennent de mission et Jésus leur propose de trouver un endroit au calme pour se reposer. Seulement ça ne marche pas, et les foules, qui manifestement veulent leur content de guérisons, arrivent sur le lieu où la barque devait aborder; et Jésus change ses plans. 

34 En ce temps-là, Jésus vit une grande foule. Il fut saisi de compassion envers eux, parce qu’ils étaient comme des brebis sans berger. Alors, il se mit à les enseigner longuement

Là, il y a la foule, il y a le regard, et Jésus qui se dit: ils sont là pour moi, ils m'attendent, ils se sont déplacés, alors je vais parler, je vais les combler, je vais leur révéler le Père. Et il parle, parle parle. Il est comme le pasteur. 

35 Déjà l’heure était avancée; s’étant approchés de lui, ses disciples disaient : « L’endroit est désert et déjà l’heure est tardive
36 Renvoie-les : qu’ils aillent dans les campagnes et les villages des environs s’acheter de quoi manger.» 

Là, on a l'impression que les disciples se disent, encore la passion des foules. Et nous là-dedans. Il faut qu'on remette les pendules à l'heure, lui, il est tellement pris qu'il perd le sens des réalités. Alors tant pis, on l'interrompt et on lui demande de renvoyer tout le monde. 

37 Il leur répondit : « Donnez-leur vous-mêmes à manger. » Ils répliquent : « Irons-nous dépenser le salaire de deux cents journées pour acheter des pains et leur donner à manger ? » 

 L'impression que ça me donne c'est fichez moi la paix avec ça. Puisque vous vous inquiétez pour eux, débrouillez vous. Mais les disciples ne se laissent pas faire et reprennent au niveau de la réalité: on n'a pas d'argent, où est ce qu'on pourrait le trouver.  Impression que ça grogne, que ça répond du tac au tac: "tu es bien gentil, mais l'argent on le prend où"? 

38 Jésus leur demande : « Combien de pains avez-vous? Allez voir. » S’étant informés, ils lui disent : « cinq, et deux poissons. » 

On ne sait pas s'il s'agit des pains qu'ils ont pris dans la barque avec eux, ou de personnes proches. Simplement on a du pain, cinq donc les doigts de la main, donc une quantité et deux poissons. On arrive à 7, la plénitude, mais une petite plénitude..

39 Il leur ordonna de les faire tous asseoir par groupes sur l’herbe verte
40 Ils se disposèrent par carrés de cent et de cinquante. 

Je pense que l'herbe verte c'est le coup d'œil au psaume 22. C'est quand même un désert particulier, il y a de l'herbe verte sur laquelle on peut s'asseoir, se reposer, regarder le ciel. 

41 Jésus prit les cinq pains et les deux poissons, et, levant les yeux au ciel, il prononça la bénédiction et rompit les pains ; il les donnait aux disciples pour qu’ils les distribuent à la foule. Il partagea aussi les deux poissons entre eux tous. 
42 Ils mangèrent tous et ils furent rassasiés. 

 Il y a le mot "partage"; en soi cela paraît complètement fou. Je n'arrive pas à me représenter les choses. Il y en a, il y en a encore et encore, et tous reçoivent. 

43 Et l’on ramassa les morceaux de pain qui restaient, de quoi remplir douze paniers, ainsi que les restes des poissons. 
44 Ceux qui avaient mangé les pains étaient au nombre de cinq mille hommes.

 Rassasiés, repus, ne plus avoir de place, être comblés. Manne dans le désert, mais ce n'est pas pareil. Parole qui a comblé, pain qui restaure, qui permet aussi de repartir, de rentrer chez soi. 

Si ce texte est choisi pour signifier l'épiphanie, manifestation de la divinité. Est-ce que la foule en a pris conscience? Les disciples? 
Il y  a le lien à faire avec la Cène, où il prend, il lève les yeux, il bénit, il partage, mais là il y avait la bonne quantité, sauf que ça prend une dimension autre. Cela n'est plus le rituel de la galette cuite, sur les pierres, mais cela devient du corps pour le monde, le signe d'une autre alliance, d'une nouvelle alliance. 


MERCREDI 9 JANVIER. Mc 6, 45-52  "Il voulait les dépasser". Est ce pour les obliger à comprendre que celui qui est là, ce n'est pas un fantôme, un mort, mais bien le Vivant?

C'est un texte que j'aime beaucoup, même si je n'ai pas toujours envie de faire le lien entre le lac déchaîné et les forces du mal. Je pense que les disciples effectivement n'ont pas compris grand chose et peut-être qu'ils auraient bien aimé rester avec Jésus et cette foule remplie de gratitude passer un bon moment sur l'herbe verte. Mais non, lui, il en décide autrement, il les renvoie même chez eux, si on peut dire puisque Bethsaïde c'est la résidence de Pierre et ce n'est pas je crois au bord du lac. Bref, lui, il est à un endroit et les disciples, en train de ramer. 

Et là, il y a cette vision de Jésus, un peu comme pour la foule qui a faim. Il les voit en train de se battre contre le vent, et il sort de sa prière pour aller à leur rencontre. Il ne s'absente pas, il est là. Sauf que quand même, il a pris du temps pour aller à leur rencontre. 

Et ce curieux membre de phrase: il voulait les dépasser. Pourquoi cette mention. Pourquoi ne s'arrête-t-il pas? On dirait qu'il veut les obliger à le reconnaître, à sortir de leur peur, à parler. Des hommes qui se mettent à crier.. Ils ont dû avoir quand même une sacrée peur: les tempêtes, ils connaissent, mais un fantôme? Or est ce une préfiguration de ce qui va se passer après la résurrection, où Jésus n'est pas reconnu non plus? C'est bien possible. Il faudra le don de l'Esprit pour que les yeux s'ouvrent et qu'il soit reconnu comme le Fils. 

La petite phrase d'un autre évangile, "quel est-il celui-là, que la mer et le vent lui obéissent", est absente ici. Il y a simplement la mention qu'ils ne comprennent pas, et qu'ils n'ont pas compris le miracle des pains. Donc Marc fait un lien entre les deux. Jésus nouveau Moïse, qui donne la manne et qui fait traverser la mer rouge. Et qui est le vivant.



45 Aussitôt après avoir nourri les cinq mille hommes, Jésus obligea ses disciples à monter dans la barque et à le précéder sur l’autre rive, vers Bethsaïde, pendant que lui-même renvoyait la foule. 
46 Quand il les eut congédiés, il s’en alla sur la montagne pour prier

Il est sur la montagne, et peut-être que c'est le parallèle avec Moïse qui se joue en douceur dans ce texte. 

47 Le soir venu, la barque était au milieu de la mer et lui, tout seul, à terre.

Une barque au milieu de l'eau, perdue? Lui sur le sol ferme. Tu es mon roc, ma citadelle..

 48 Voyant qu’ils peinaient à ramer, car le vent leur était contraire, il vient à eux vers la fin de la nuit en marchant sur la mer, et il voulait les dépasser.

 Ce qui est sûr, si on se fie à la chronologie, c'est qu'il a pris son temps pour venir les rejoindre. Mais pourquoi les dépasser? Pour les faire réagir? Qui est-il celui-là qui marche sur les eaux? 

 49 En le voyant marcher sur la mer, les disciples pensèrent que c’était un fantôme et ils se mirent à pousser des cris.
 50 Tous, en effet, l’avaient vu et ils étaient bouleversés. Mais aussitôt Jésus parla avec eux et leur dit : « Confiance! c’est moi ; n’ayez pas peur! » 

 Aux cris succèdent des mots, une parole, et cela remet les choses dans l'ordre.

51 Il monta ensuite avec eux dans la barque et le vent tomba; et en eux-mêmes ils étaient au comble de la stupeur
52 car ils n’avaient rien compris au sujet des pains: leur cœur était endurci.

 Cela renvoie vraiment à la Mer Rouge, mais le cœur endurci c'était celui de Pharaon. Il est donc bien question de la divinité de Jésus qui n'est pas reconnue.



JEUDI 10 JANVIER. Lc 4, 14-22 début de la vie publique, après les tentations. L'esprit de Dieu est sur Lui.

Dans cette partie là, de Luc, tout se passe bien à Nazareth. Je me demandais si Marie était aussi présente. Elle a dû être remplie de joie, du moins si on en reste là. C'est beau. 

14 En ce temps-là, lorsque Jésus, dans la puissance de l’Espritrevint en Galilée, sa renommée se répandit dans toute la région.

 On peut supposer que le baptême s'est passé en Judée et il y a eu les tentations et là c'est le "retour" après l'Eveil et les Epreuves. Jésus est le héros…
15 Il enseignait dans les synagogues, et tout le monde faisait son éloge. 

 Homme parfait.. Faire son éloge…

16 Il vint à Nazareth, où il avait été élevé. Selon son habitude, il entra dans la synagogue le jour du sabbat, et il se leva pour faire la lecture
17 On lui remit le livre du prophète Isaïe. Il ouvrit le livre et trouvait le passage où il est écrit : 
18 ‘L’Esprit du Seigneur est sur moi parce que le Seigneur m’a consacré par l’onction. Il m’a envoyé porter la Bonne Nouvelle aux pauvres, annoncer aux captifs leur libération, et aux aveugles qu’ils retrouveront la vue, remettre en liberté les opprimés, 
19 annoncer une année favorable accordée par le Seigneur.’ 

 On peut dire que c'est un bien beau programme électoral..  C'est la fin du livre d'Isaïe: Isaie 61, 1. Il s'agit de la restauration du peuple après l'exil. De Celui qui va rendre sa fierté au peuple humilié, qui a reconnu son péché. 

20 Jésus referma le livre, le rendit au servant et s’assit. Tous, dans la synagogue, avaient les yeux fixés sur lui.

 Parole proclamée debout, puis enseignement assis. 

21 Alors il se mit à leur dire : « Aujourd’hui s’accomplit ce passage de l’Écriture que vous venez d’entendre. » 
22a Tous lui rendaient témoignage et s’étonnaient des paroles de grâce qui sortaient de sa bouche.

 Là, il semble que ce que Jésus dit fasse sens. Mais il y a "rendre témoignage" et "s'étonner", et c'est peut-être là que va se faire le nœud de la suite du texte: qui est-il celui-là? D'où parle-t-il? Est-ce vraiment l'Esprit qui est en Lui? Le doute... 



VENDREDI 11 JANVIER: Lc 5, 12-16  Couvert de lèpre

Etonnante la description, "couvert de lèpre", parce que cela évoque pour moi un homme couvert de sang, un homme blessé, un homme qui a été blessé. Normalement il devait être habillé cet homme, il devait même cacher son visage; alors ce "couvert de lèpre" est quand même énorme, et du coup, cela évoque un peu cet homme sur la route entre Jérusalem et Jéricho qui est dépouillé par les bandits, qui est couvert de blessures. Et dans cet épisode qui est un des premiers de l'évangile de Luc, Jésus se présente déjà comme le "bon samaritain", celui qui prend soin de l'autre, même si ça doit lui coûter quelque chose. Un peu comme si la lèpre était son identité, et cela du coup me renvoie à la honte. Un homme rempli de honte (ce n'est peut-être pas la lèpre), mais la honte est là, et il sait que Jésus peut le sortir de la honte, qu'il peut faire tomber ce manteau, qu'il peut lui rendre son identité première. 

Il y a aussi là "si tu veux", et cela me renvoie à la guérison de l'enfant épileptique, mais dans Marc: si tu peux quelque chose... "Pourquoi dire si tu peux, tout est possible à celui qui croit". "Je crois, viens au secours de mon manque de foi".  Manifestement le lépreux avait cette foi là.

12 Jésus était dans une ville quand survint un homme couvert de lèpre ; voyant Jésus, il tomba face contre terre et le supplia: « Seigneur, si tu le veux, tu peux me purifier. » 

 En théorie cet homme couvert de lèpre ne devrait pas être dans la ville, et pourtant il y est. Et une rencontre fortuite (ou pas) se fait. Il rencontre Jésus, et il y a la demande: "si tu le veux, tu peux me purifier". Il y a ce si.. Est ce que tu vas le vouloir, toi qui as ce pouvoir? Et c'est ce que je demande, alors s'il-te-plait fais cela. Mais en même temps, il y a un respect de la liberté de Jésus: ce que tu veux, fais-le ou ne le fais pas. C'est toi qui décides, mais tu vois dans quel état je suis.  


13 Jésus étendit la main et le toucha en disant : « Je le veux, sois purifié. » À l’instant même, la lèpre le quitta

J'aime ce verset. Parce que Jésus, si l'homme est prosterné à ses pieds, se penche vers lui, en quelque sorte, en le touchant, lui redonne une consistance, un corps; puis arrive la parole qui est une parole forte:  je le veux. Et la lèpre qui quitte, c'est comme la fièvre qui quitte la belle-mère de Pierre. Il y a cette représentation du mal, qui lâche son emprise, qui glisse, qui disparaît. Jésus plus fort que la lèpre, en est le maître.

14 Alors Jésus lui ordonna de ne le dire à personne : « Va plutôt te montrer au prêtre et donne pour ta purification ce que Moïse a prescrit ; ce sera pour tous un témoignage. »

 C'est un peu différent de ce qui se passe dans l'évangile de Marc, mais là, il y a un ordre: ne pas dire, et respecter la loi de Moïse; ce qui montre aussi que Jésus, cette loi, il la respecte et il demande qu'elle soit respectée. 

15 De plus en plus, on parlait de Jésus. De grandes foules accouraient pour l’entendre et se faire guérir de leurs maladies. 

16 Mais lui se retirait dans les endroits déserts, et il priait.

Contraste: la foule ou les foules qui viennent, et lui qui disparaît pour prier. Les endroits déserts? Qu'est ce que Luc met derrière cela?  En même temps pas facile de mettre la main sur lui, et cela j'aime aussi. 

Le lépreux

Je savais bien que quelque chose n'allait pas. Ma peau me tiraillait, mais je n'y ai pas prêté attention; d'ailleurs je ne le voulais pas. Il y a de la lèpre qui se propage, je le sais, mais pourquoi est-ce-que je l'aurais attrapée alors que je fais tout ce qui est demandé dans la Tora? Et pourtant ma peau n'est pas nette, ma peau dit bien que ça ne va pas, et je ne sais pas quoi faire. 

J'ai mis des onguents, j'ai prié, mais en quelques jours, ça s'est répandu, je dis "ça" parce que je ne sais pas trop de que c'est, mais c'est sûr que je suis malade et que je vais devoir quitter ma maison, ma femme, mes enfants, et espérer que cela va guérir.

Et puis, j'avais entendu parler d'un jeune prophète, un Jésus originaire de Nazareth qui est un guérisseur. Si seulement je pouvais le rencontrer, je suis sûr qu'il pourrait me guérir de cette maladie qui est une véritable honte. Comment suis-je devenu un lépreux? Je ne comprends pas ce qui m'arrive, je voudrais disparaître. Si seulement je pouvais le rencontrer? 

Et ma femme me dit qu'il est là, qu'il enseigne dans la synagogue, qu'il reste un peu chez nous. Alors je suis sorti de chez moi, et je n'ai pas caché mon visage comme cela est demandé. Je l'ai cherché partout et je l'ai trouvé.. Je me suis prosterné devant lui, et je lui ai dit que s'il le voulait il pouvait me guérir, et cela je le croyais de tout mon être. Il m'a touché, il a osé me toucher et ça, cela a été un vrai miracle, car ma femme ne me regarde plus, mes enfants me fuient et je me sens sale en permanence. Il m'a touché et il m'a dit que oui, il voulait que je sois guéri. Et ma peau est redevenue nette, comme celle de Naaman le syrien quand il s'est trempé dans les eaux du Jourdain. 

Je crois que je lui aurais donné tout ce qu'il voulait après ce qu'il venait de faire pour moi. Il m'a dit de me montrer aux prêtres, sauf que les prêtres ne vont rien comprendre parce que je ne suis pas allé les voir, j'avais trop honte.. Mais je sais que je dois offrir un sacrifice, et ça je le ferai; seulement comment vais-je me taire alors que Jésus m'a guéri? Comment ne pas bénir Dieu, qui a permis qu'un tel miracle arrive? Alors non, je ne me tairai pas, et je chanterai les louanges de Dieu. Et le sacrifice, oui je donnerai, mais je veux d'abord célébrer celui qui m'a fait du bien gratuitement. 

Mais ce qui est étonnant, c'est que Jésus, il enseigne, il guérit, mais la nuit il disparaît. Je le sais parce que j'aurais voulu faire partie de ses disciples et que ses disciples m'ont dit qu'il partait dans des lieux déserts, ces lieux où les étoiles brillent plus, ces lieux où l'on entend parfois gronder les bêtes du désert, et qu'il restait là à prier, et qu'il ne fallait pas le déranger. Qu'est ce que je donnerais pour pouvoir le contempler et lui dire que jamais je ne me suis senti aimé aussi profondément. Que le Dieu de mon peuple soit béni pour celui qu'il nous a envoyé. . 

SAMEDI 12 JANVIER: Jn 3, 22-30

C'est juste après le long passage avec Nicodème.

22 En ce temps-là, Jésus se rendit en Judée, ainsi que ses disciples ; il y séjourna avec eux, et il baptisait. 
23 Jean, quant à lui, baptisait à Aïnone, près de Salim, où l’eau était abondante. On venait là pour se faire baptiser. 
24 En effet, Jean n’avait pas encore été mis en prison. 


Si on prend l'itinéraire décrit ci-dessus par Jean (l'évangéliste), il y a eu les noces de Cana, puis Jésus a chassé les vendeurs du temple (Jn 2), puis il va chez Nicodème (donc toujours à Jérusalem) et il reste donc en Judée. Et c'est là où se passe ce morceau d'évangile, avec Jean-Baptiste qui n'a pas été arrêté ni mis à mort.

25 Or, il y eut une discussion entre les disciples de Jean et un Juif au sujet des bains de purification. 
26 Ils allèrent trouver Jean et lui dirent : « Rabbi, celui qui était avec toi de l’autre côté du Jourdain, celui à qui tu as rendu témoignage, le voilà qui baptise, et tous vont à lui ! » 

 On a l'impression que cette discussion au sujet des bains de purification est là pour introduire quelque chose. Si on fait le lien avec Nicodème, pour Jésus il s'agit de naître de nouveau; et c'est bien autre chose qu'un simple bain de purification. On ne sait pas trop ce que Jean, lui, mettait derrière son rituel. Il s'agissait quand même de laisser son péché et de changer de vie, mais sans l'Esprit-Saint est ce que c'est possible? La question sous-jacente c'est plus: qui c'est celui-là? Est ce lui le Messie? Question qui n'est pas posée.

27 Jean répondit : « Un homme ne peut rien s’attribuersinon ce qui lui est donné du Ciel
28 Vous-mêmes pouvez témoigner que j’ai dit : Moi, je ne suis pas le Christ, mais j’ai été envoyé devant lui. 
29 Celui à qui l’épouse appartient, c’est l’époux
quant à l’ami de l’époux
il se tient là, il entend la voix de l’époux, 
et il en est tout joyeux
Telle est ma joie: elle est parfaite.

 En d'autres termes (parce que ce passage évoque le cantique des cantique) "Que ma joie demeure".  Se tenir là, écouter la voix (cette autre voix qui n'est pas celle qui crie dans le désert), et en être rempli de Joie, une joie parfaite, une joie qui ne peut être enlevée. Finalement on pourra enlever la vie à Jean, on ne pourra pas lui enlever sa joie.

30 Lui, il faut qu’il grandisse ; et moi, que je diminue.

Laisser de la place, toute la place, et surtout ne pas faire de comparaison, de concurrence. Jean dit bien cela. Vous voudriez que je râle, que je m'élève contre lui, mais non, ma joie c'est que le Règne de Dieu se manifeste aujourd'hui, et peut-être d'avoir pu contribuer un tout petit peu à ce que ce règne arrive.

DIMANCHE 13 JANVIER: BAPTÊME DE JÉSUS. Lc 3, 15-16, 21-22

Il manque la relation de Jean avec Hérode. Il est possible que cette arrestation, même si elle pousse Jésus à quitter la Judée, est quand même ce qui lui met comme on dit le pied à l'étrier. Dans cet évangile, on a la généalogie de Jésus juste après le baptême, puis les tentations au chapitre 4, et le début de la vie publique en particulier à Nazareth. 


15 En ce temps-là, le peuple venu auprès de Jean le Baptiste était en attente, et tous se demandaient en eux-mêmes si Jean n’était pas le Christ

 Etre en attente. Savoir que quelque chose est possible, que ça peut arriver, et le croire. Jean est une sorte de signe, un homme autre, un homme miraculeux, un homme sauveur, mais… il n'est pas Celui là, et il le dit; il l'affirme. Il ne prend pas le pouvoir, il reste là où il doit être. Je crois que je commence à apprécier cet homme.

16 Jean s’adressa alors à tous: « Moi, je vous baptise avec de l’eau; mais il vient, celui qui est plus fort que moi. Je ne suis pas digne de dénouer la courroie de ses sandales. Lui vous baptisera dans l’Esprit Saint et le feu

 Il y a la notion de "plus fort que moi" je pense que c'est par rapport au mal. Quant à "pas digne", j'imagine que cela montre que Jean sait qui est Jésus, qu'il voit que ce dernier est rempli de la présence et de la puissance du Très Haut. Alors Jean est un peu comme Isaie, il voit ce que les autres ne voient pas et il a conscience de la distance qu'il y a entre lui et le Saint. Baptiser dans l'Esprit et le feu: il y a dans Esaïe ces références à l'Esprit Saint, et il y a le feu. Je pense que l'auteur oppose peut-être l'eau - qui lave et qui rend la fraîcheur, avec le feu qui va bien au delà, qui en portant en fusion à la fois purifie mais aussi permet que le métal arrive dans sa pureté. Sauf que cela c'est autre chose que l'eau. Il y  a une espèce de mort. Il faut chauffer bien fort pour que la fusion du métal se fasse. Mais peut-être s'agit-il du feu de l'Amour, du coeur brulant d'Amour. 

21 Comme tout le peuple se faisait baptiser et qu’après avoir été baptisé lui aussi, Jésus priaitle ciel s’ouvrit.

 Ah si les cieux s'ouvraient…

22 L’Esprit Saint, sous une apparence corporelle, comme une colombedescendit sur Jésus, 
et il y eut une voix venant du ciel : « Toi, tu es mon Fils bien-aimé ; en toi, je trouve ma joie. »

Peut-être que cette notion de "forme corporelle", cela montre qu'il y a une forme corporelle qui est celle de Jésus qui est image du Père, et qu'il y a une autre représentation, celle de l'oiseau qui vient du ciel vers la terre, qui se pose sur le Fils, qui l'unit au Père et qui le remplit du souffle. 

Je me disais que la colombe elle est traditionnellement symbole de pureté, et jésus est bien celui sans péché. Mais aussi qu'elle est fécondité, puisque la vie reprend après le déluge et que le rameau d'olivier, c'est aussi l'onction d'huile. Et cela c'est bien pour le Fils. 

Quant à la voix, elle vient du ciel et va sur la terre, et elle donne son nom à l'homme Jésus, elle le nomme comme le fils bien aimé (et je pense que c'est plus fort que ce qu'il y a dans les psaumes, mais que cela renvoie aux prophètes qui parlent d'Israël qui retrouve sa splendeur. Autrefois la traduction disait: "en qui j'ai mis mon amour" et non pas en qui je trouve ma joie. Si Jésus est le réceptacle de l'amour du Père, alors toute sa mission - chasser les démons, guérir et enseigner - prend tout son sens. C'est l'humanité entière qui devient bénéficiaire de cela. Trouver sa joie, c'est très différent. C'est un peu ce qu'on lit dans le livre de la Sagesse où la Sagesse trouve sa joie dans les enfants des hommes, où elle se réjouit. Je ne sens pas cela dans la relation entre le Père et Fils, je sens quelque chose de plus. En même temps, il y a l'idée de combler, et cela c'est beau. 

Pour moi, ce texte du baptême, c'est un texte d'Eveil. Il y avait le Jésus de Nazareth, et là, arrive celui que l'on attendait, le Fils. Et si Jésus va dans le désert pour être tenté, c'est bien qu'il s'est passé quelque chose qui fait que le tentateur se sent menacé. 

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