samedi 19 janvier 2019

ÉVANGILES: SEMAINE DU 14 AU 20 JANVIER

ÉVANGILES: SEMAINE DU 14 AU 20 JANVIER: REPRISE DU TEMPS ORDINAIRE…


LUNDI 14 JANVIER: Mc 1, 14-20

Commencement "brutal" de l'évangile de Marc: ça commence avec Jean, qui proclame un baptême de conversion, et qui annonce Celui que baptisera dans le feu et dans l'esprit; puis baptême de Jésus, avec la phrase "Fils bien-aimé en qui je trouve ma joie" et la colombe puis le désert; et l'évangile commence avec l'appel des disciples.

14 Après l’arrestation de Jean, Jésus partit pour la Galilée proclamer l’Évangile de Dieu
15 il disait: « Les temps sont accomplis : le règne de Dieu est tout proche. Convertissez-vous et croyez à l’Évangile. » 

Intéressant, le temps des verbes. On a cet événement finalement fondateur, le départ de Jean, qui signe l'arrivée de Jésus. Le texte est au "passé simple". Avec un programme: proclamer la Bonne nouvelle, ce qui est développé dans la suite, mais au "présent". Il y a sûrement un lien entre se convertir et croire, parce que la Bonne Nouvelle, c'est Lui. Comment est-ce que les gens réagissaient à ce nouveau prophète? Et c'est peut-être la suite qui donne la réponse, avec les deux appels des familles de frères qui ont métier, une barque, une maison. 

16 Passant le long de la mer de Galilée, Jésus vit Simon et André, le frère de Simon, en train de jeter les filets dans la mer, car c’étaient des pêcheurs.
 17 Il leur dit : « Venez à ma suite. Je vous ferai devenir pêcheurs d’hommes. » 
18 Aussitôt, laissant leurs filets, ils le suivirent.

On a deux hommes qui sont dans leur barque, qui sont en train de pêcher; ils sont dedans. Et être à la suite, c'est d'emblée être disciple, c'est être dehors, c'est sortir du ventre du bateau.. Est ce que la promesse, parce que la promesse est importante - faire des pécheurs d'humains - a eu une incidence sur leur réponse? C'est certain que des promesses, nous en avons besoin. En tous les cas, ce qui reste sidérant c'est l'ascendant de Jésus sur ces deux là, d'autant que dans cet écrit, il n'y a pas eu de rencontre préalable comme dans l'évangile de Jean.  Et le "aussitôt" de Marc, que j'aime tant. Laisser les filets, c'est tout laisser en plan, c'est laisser à d'autres le soin de lever les filets, de rentrer la barque là où elle doit être. Suivre et faire confiance, confiance à la voix qui appelle, mais aussi confiance aux frères. Et s'ils comptaient sur les deux autres (les fils de Zébédée), eh bien c'est loupé.. Je me disais que être pécheur d'hommes, cela peut vouloir dire mettre dans son filet des hommes qui pataugent dans la boue, pour les sortir de là, les laver, leur redonner figure humaine, et de l'espoir. 


19 Jésus avança un peu et il vit Jacques, fils de Zébédée, et son frère Jean, qui étaient dans la barque et réparaient les filets.
 20 Aussitôt, Jésus les appela. Alors, laissant dans la barque leur père Zébédée avec ses ouvriers, ils partirent à sa suite.

Alors peut-être que celui qui va récupérer la barque de Pierre c'est Zébédée. Le père qui ne s'oppose pas, qui ne grogne pas au nom de l'obéissance, eh bien c'est très beau. Grâce à lui, le départ est rendu possible.


MARDI 15 JANVIER: Mc 1, 21-28

21 Jésus et ses disciples entrèrent à CapharnaümAussitôt, le jour du sabbat, Jésus se rendit à la synagogue, et là, il enseignait.
22 On était frappé par son enseignement, car il enseignait en homme qui a autorité, et non pas comme les scribes.

Enseignement, enseigner, autorité. Entrer dans une ville, entrer dans une synagogue, et là, on a bien la différence avec Jean qui est dehors, au bord du Jourdain. Jésus est dedans. Et d'emblée il y  a l'autorité. Et je note le "aussitôt", cher à Marc.

23 Or, il y avait dans leur synagogue un homme tourmenté par un esprit impur, qui se mit à crier :
 24 « Que nous veux-tu, Jésus de Nazareth? Es-tu venu pour nous perdre ? Je sais qui tu es : tu es le Saint de Dieu. » 

Je ne sais pas si l'homme crie, mais à mon avis, il interrompt Jésus, il lui coupe la parole ce qui est très mal élevé; et d'emblée on peut parler d'un combat. Il y a le "nous" qui peut renvoyer à toutes ces forces du mal qui se sentent menacés et il y a ce "Je": je sais qui tu es, tu es le Saint de Dieu, ce qui est quand même une belle affirmation devant ceux qui célèbrent justement la Sainteté du Très Haut, le jour du Sabbat. La question qui se pose est la suivante: est-ce-que Jésus est venu pour perdre ou pour sauver? SI on se place du côté des forces du mal (ces forces qui se retrouveront dans des porcs dans un autre épisode), oui on peut dire que Jésus, en les mettant dehors, en sauvant celui qui en est possédé, pousse le mal à sa perte. Mais peut-être y a-t-il un mais (qui me plairait): ce serait que le Mal reconnaisse qu'il a choisi une voie fausse, que la puissance, la convoitise, ça ne conduit qu'à la mort; et qu'il change de voie. Et cela, même si c'est dans un futur eschatologique, ce serait une concrétisation du pouvoir de Jésus sur la mort et sur le Mal. On ne trouverait plus un futur comportant le mal d'un côté, et le bon de l'autre, mais un futur sans le mal; et donner sa vie pour ça, ça vaut vraiment la peine.

25 Jésus l’interpella vivement : « Tais-toi ! Sors de cet homme. » 
26 L’esprit impur le fit entrer en convulsions, puis, poussant un grand crisortit de lui. 

Dans cet épisode, il n'y a pas de discussion possible. Jésus donne des ordres: "tais-toi" (toi qui parles trop vite et trop tôt) et laisse cet homme tranquille, quitte ce véhicule, va-t'en. Et l'esprit obéit. Quant aux convulsions, c'est sûr que cela laisse rêveur, ou pantois. Ce qui est sûr, c'est que le corps participe. Un corps qui tremble, un corps qui a perdu le contrôle, un corps qui tombe et un corps qui devient mou. Parce que c'est un peu comme une crise d'épilepsie. Et donc il y a une guérison. A la fois expulsion et guérison. Lien entre la possession par le mauvais et la maladie, quelle qu'elle soit.

27 Ils furent tous frappés de stupeur et se demandaient entre eux : « Qu’est-ce que cela veut dire ? Voilà un enseignement nouveau, donné avec autorité! Il commande même aux esprits impurs, et ils lui obéissent. » 

Plus tard, les pharisiens lui reprocheront de chasser les démons avec l'aide du chef des démons. Là on est encore dans l'expectative: qui est-il celui là? Notons que dans ce verset il y a deux choses: la qualité de l'enseignement "nouveau", et le pouvoir sur le mal. 

28 Sa renommée se répandit aussitôt partout, dans toute la région de la Galilée.


MERCREDI 16 JANVIER. Mc 1, 29-39

29 En ce temps-là, aussitôt sortis de la synagogue de Capharnaüm, Jésus et ses disciples allèrent, avec Jacques et Jean, dans la maison de Simon et d’André. 
30 Or la belle-mère de Simon était au lit, elle avait de la fièvre. Aussitôt on parla à Jésus de la malade. 
31 Jésus s’approcha, la saisit par la main et la fit lever. La fièvre la quitta, et elle les servait. 

Intéressant ce verset 31, que j'aime beaucoup. Il y a une relation entre Jésus et cette femme: il lui prend la main, il la pousse à se lever, il la tire du lit. La fièvre la quitte, et elle sort de cette paralysie où elle était, et c'est normal, centrée sur elle-même; elle peut se remettre à vivre et à s'occuper des autres. A la lecture de ce matin, je n'avais pas entendu que Jésus va avec Jacques et Jean dans la maison de Simon et d'André. Ce qui peut laisser à supposer que Pierre et André n'étaient pas avec Jésus, et qu'ils accueillent Jésus dans la maison de la belle-mère qui est malade: ça doit être plus que désagréable pour les deux hommes, et on comprend mieux la hâte à parler de cela. Mais cela montre aussi qu'on peut parler de tout à Jésus, et qu'il n'y a rien qu'il ne puisse entendre et faire.

32 Le soir venu, après le coucher du soleil, on lui amenait tous ceux qui étaient atteints d’un mal ou possédés par des démons. 
33 La ville entière se pressait à la porte. 
34 Il guérit beaucoup de gens atteints de toutes sortes de maladies, et il expulsa beaucoup de démons ; il empêchait les démons de parler, parce qu’ils savaient, eux, qui il était. 

La question du secret messianique: ne pas dire qui il est. Ne pas précipiter les choses, attendre le temps de Dieu, obéir.

35 Le lendemain, Jésus se leva, bien avant l’aube. Il sortit et se rendit dans un endroit désert, et là il priait.
36 Simon et ceux qui étaient avec lui partirent à sa recherche. 
37 Ils le trouvent et lui disent : « Tout le monde te cherche. » 

38 Jésus leur dit : « Allons ailleurs, dans les villages voisins, afin que là aussi je proclame l’Évangile ; car c’est pour cela que je suis sorti. » 

39 Et il parcourut toute la Galilée, proclamant l’Évangile dans leurs synagogues, et expulsant les démons.

Importance de la proclamation, et là, il reste l'enseignement et le travail sur le mal, sur la délivrance.



JEUDI 17 JANVIER: Mc 1, 40-45

Ce texte est presque copie conforme de celui que l'on trouve dans Luc, sauf qu'il n'y a pas la notion de "couvert de lèpre". Il y a la même demande; et même si l'homme supplie et tombe à genoux (au lieu de se prosterner), je ne trouve pas la phrase que l'on trouve pour d'autres guérisons, d'avoir pitié. Il y a cet échange verbal, qui se concrétise par le toucher et la guérison; enfin on peut se poser la question de la guérison: de quelle guérison s'agit-il? Somatique ou… En tous les cas, l'homme au lieu d'aller se montrer, "proclame", et finalement on le comprend très bien. Est ce qu'on peut se taire quand on vient de sortir de la honte et du rejet? Est ce qu'on ne va pas proclamer ce qu'on vient de vivre? Je ne sais pas, mais je comprends cet homme. 

40 En ce temps-là, un lépreux vint auprès de Jésus ; il le supplia et, tombant à ses genoux, lui dit : « Si tu le veux, tu peux me purifier. » 
41 Saisi de compassion, Jésus étendit la main, le toucha et lui dit: « Je le veux, sois purifié. » 
42 À l’instant même, la lèpre le quitta et il fut purifié
43 Avec fermeté, Jésus le renvoya aussitôt 
44 en lui disant : « Attention, ne dis rien à personne, mais va te montrer au prêtre, et donne pour ta purification ce que Moïse a prescrit dans la Loi : cela sera pour les gens un témoignage.» 

45 Une fois parti, cet homme se mit à proclamer et à répandre la nouvelle, de sorte que Jésus ne pouvait plus entrer ouvertement dans une ville, mais restait à l’écart, dans des endroits déserts. De partout cependant ovenait à lui.



VENDREDI 18 JANVIER. DEBUT SEMAINE DE L'UNITÉ DES CHRÉTIENS. Mc 2, 1-12 Le paralytique.

En pensant à ce texte ce matin, je me disais que le narrateur braque son projecteur différemment.  

Premier coup de projecteur: la maison de Pierre, après la guérison du lépreux; guérison qui a dû apprendre quelque chose à Jésus, parce que là, il va s'y prendre différemment. Dans cette maison, tout le monde se rassemble, et on a l'impression que la maison est pleine à craquer. Jésus enseigne. On est "sur la maison". 

Deuxième coup de projecteur: sur le dehors. Des gens qui arrivent, un petit groupe, avec 4 personnes qui portent un grabataire, paralysé. On ne sait pas pourquoi il est dans cet état, mais il y a ces 4 qui veulent une guérison pour leur ami. Et là, impossible de rentrer dans la maison. 

Troisième coup de projecteur: celui-ci se se déplace et on monte sur la terrasse, on est toujours à l'extérieur, mais on va rentrer dedans. C'est un peu comme si on assistait à l'inverse d'une naissance. On passe du dehors au dedans, avec cet homme qui descend du ciel, pour devenir le centre des regards, qui est dans la maison, qui est posé sur le sol, passif. 

Et maintenant on reste dedans, avec des dialogues qui reprennent un peu ces coups de projecteur.  Et on passe à la parole, avec de fait le projecteur qui va sur le paralysé, sur les scribes, qui reste sur les scribes, qui se déplace sur le paralysé, et qui le suit quant il sort, et sur la foule.

Première parole - entre Jésus et le paralysé: mon enfant tes péchés te sont remis. 
Deuxième parole aux scribes: pourquoi tenez vous de tels raisonnements? 
Troisième parole, toujours aux scribes, avec une autre interrogation: Qu'est ce qui est le plus facile?
Quatrième parole qui englobe maintenant tout le monde: les scribes (qui évoquent un peu le peuple au moment de la sortie d'Egypte, qui récrimine en permanence), la foule qui assiste à ce duel de paroles, et le paralysé et ses amis: la guérison donnée comme signe de la purification. 

Et un nouveau coup de projecteur; d'abord sur le paralysé qui se lève, prend son lit et sort (il est sorti de l'utérus, il est né), et sur la foule qui est un peu comme le chœur des tragédies grecques, qui rend gloire à Dieu (un peu comme les anges de Bethléem) et qui reconnaît en Jésus quelqu'un habité par un Autre. Mais c'est bien Jésus qui tourne les cœurs vers son Père. 


Quelques jours après la guérison d’un lépreux, Jésus revint à Capharnaüm, et l’on apprit qu’il était à la maison.
 Tant de monde s’y rassembla qu’il n’y avait plus de place, pas même devant la porte, et il leur annonçait la Parole.

On ne sait pas trop ce que les gens viennent chercher, peut-être plus des guérisons que des enseignements, mais ce n'est pas certain. Annoncer la parole, c'est ce qu'il avait dit à Pierre après avoir passé la nuit en prière: "c'est pour cela que je suis sorti".

 Arrivent des gens qui lui amènent un paralysé, porté par quatre hommes
Comme ils ne peuvent l’approcher à cause de la foule, ils découvrent le toit au-dessus de lui, ils font une ouverture, et descendent le brancard sur lequel était couché le paralysé. 
Voyant leur foi, Jésus dit au paralysé : « Mon enfant, tes  péchés sont pardonnés. » 

Là, c'est ce que nous visualisons tous facilement, mais qui n'a pas dû être facile pour le malade qui a été manipulé. Jésus le nomme "mon enfant", comme le Père dans l'Evangile de Luc, appellera ses fils. Peut-être que Jésus a appris quelque chose de la guérison du lépreux... Ce dernier a eu une purification de la peau, de l'extérieur, mais il a été "raide" en n'écoutant pas la consigne de Jésus et l'autre guérison qui aurait pu se faire aussi ne s'est pas faite. Alors là, et peut-être aussi que c'est cohérent avec ce qu'il enseignait - d'un Dieu qui pardonne, c'est cette phrase là qu'il dit, au grand dam des bien-pensants, de ceux qui savent que Dieu seul pardonne. Et pourtant Jésus n'a pas dit "Je", mais il a employé un passif. Tes péchés te sont pardonnés. On retrouvera encore une phrase un peu semblable je crois chez Luc, Lc 7, 47-49, à propos de la "femme pécheresse": parce qu'elle a beaucoup aimé, ses péchés, ses nombreux péchés sont pardonnés (encore un passif), mais avec un lien avec l'amour. Et la même phrase: qui est-il celui-là qui va jusqu'à remettre les péchés? 

Or, il y avait quelques scribes, assis là, qui raisonnaient en eux-mêmes : 
7« Pourquoi celui-là parle-t-il ainsi ? Il blasphèmeQui donc peut pardonner les péchés, sinon Dieu seul? » 
Percevant aussitôt dans son esprit les raisonnements qu’ils se faisaient, Jésus leur dit : « Pourquoi tenez-vous de tels raisonnements 

Importance de ce mot raisonnement, caractéristique des scribes qui connaissent, qui aiment discuter, mais qui utilisent la Torah comme un outil pour attaquer celui qui ne fonctionne pas comme eux. Car là, il y a une condamnation: il blasphème ce mec. Mais Jésus ne condamne pas, il pose une question pour les faire sortir de leur paralysie, car c'en est une.  


Qu’est-ce qui est le plus facile? Dire à ce paralysé : “Tes péchés sont pardonnés”, ou bien lui dire : “Lève-toi, prends ton brancard et marche” ? 
10 Eh bien ! Pour que vous sachiez que le Fils de l’homme autorité pour pardonner les péchés sur la terre… – Jésus s’adressa au paralysé– 
11 je te le dis, lève-toi, prends ton brancard, et rentre dans ta maison. »

 Il y a la querelle avec les scribes - et Jésus s'adresse à eux avant de s'adresser au malade: Jésus indique que la guérison est signe d'autre chose, et en même temps qu'il a autorité pour pardonner les péchés sur la terre (ailleurs, c'est le rôle du Père). Et la phrase m'a toujours fait penser à celle qu'il emploiera: si quelqu'un veut me suivre, qu'il se renonce à lui-même, qu'il prenne sa croix (comme l'homme son brancard) et qu'il se mette en route. Là l'homme reprend sa vie (ce qui ne veut pas dire qu'il ne suivra pas Jésus).

12 Il se leva, prit aussitôt son brancard, et sortit devant tout le monde. 

Tous étaient frappés de stupeur et rendaient gloire à Dieu, en disant : « Nous n’avons jamais rien vu de pareil. »

 Manifestement, Jésus se démarque. Dans le début de l'évangile de Marc, on a une délivrance de possession, une guérison d'un lépreux, et la guérison complète de ce paralysé. Ensuite Jésus va appeler Lévi. Mais on va avoir les conflits permanents avec les scribes et les pharisiens, qui montrent que la Loi ne les rend pas libres, mais les paralyse.



SAMEDI 19 JANVIER: Mc 2, 13-17:l'appel de Lévi.

13 En ce temps-là, Jésus sortit de nouveau le long de la mer; toute la foule venait à lui, et il les enseignait
14 En passantil aperçut Lévi, fils d’Alphée, assis au bureau des impôts. Il lui dit : « Suis-moi. » L’homme se leva et le suivit.

Pas si évident de se représenter la ou les scènes. D'une part, si Jésus sort à nouveau le long de la mer, c'est qu'on peut imaginer que comme pour Pierre, André, Jacques et Jean, un appel concernant des hommes de la pêche va avoir lieu. Mais Jésus parle et enseigne. Et ensuite, quand on peut imaginer qu'il a fini de parler, il s'en retourne et c'est là qu'il aperçoit Lévi et il lui adresse la phrase-type "Suis-moi!". Et si l'homme, qui est assis, se lève et se met en route, c'est qu'on a une autre image de résurrection. Lui, ce n'est pas ses filets qu'il quitte, c'est son bureau, c'est son métier. Et cela d'un coup. 

15 Comme Jésus était à table dans la maison de Lévibeaucoup de publicains (c’est-à-dire des collecteurs d’impôts) et beaucoup de pécheurs vinrent prendre place avec Jésus et ses disciples, car ils étaient nombreux à le suivre.

Là, Jésus ne va pas chez Pierre, mais chez Lévi. On n'a plus la table (le bureau ) des impôts, où quand on passe, il faut donner; on est à sa table, et c'est lui qui donne. La table est devenue signe du don. Il y a la petite phrase: prendre place avec Jésus, qui renvoie à la fin des temps: prendre place avec Jésus au festin. Et ceux qui prennent place, ce sont ceux qui sont considérés comme des pécheurs. Mt 8, 11: Beaucoup viendront du levant et du couchant prendre place au festin avec Abraham, Isaac et Jacob dans le royaume des cieux. 
Ce qui est aussi un peu étonnant, c'est que dans la maison de Pierre, il n'y avait plus de place, alors que là, il semble que ce soit très largement ouvert. Et c'est aussi une belle maison que Matthieu va abandonner pour suivre Jésus.

16 Les scribes du groupe des pharisiens, voyant qu’il mangeait avec les pécheurs et les publicains, disaient à ses disciples: « Comment ! Il mange avec les publicains et les pécheurs ! » 

 A nouveau le groupe de ceux qui récriminent.. Ils se plaignent aux disciples, ils ne disent rien à Jésus, mais on a l'impression qu'ils veulent discréditer Jésus, faire comprendre à ces nouveaux disciples que cet homme qui ne respecte pas la loi ne peut pas être suivi. Par contre eux, ils savent ce qui est bien.. On risque d'avoir de sacrées surprises dans l'Au-Delà…

17 Jésus, qui avait entenduleur déclara : « Ce ne sont pas les gens bien portants qui ont besoin du médecin, mais les malades. Je ne suis pas venu appeler des justes, mais des pécheurs.»

Pas facile l'oreille qui traîne… Jésus entend tout. Et il veut aussi rassurer ses disciples. Maintenant, est-ce que les scribes ne sont pas des malades qui s'ignorent, c'est bien possible, mais ce n'est pas dit. Et qui est juste devant Dieu? A priori personne.. Alors écouter et reconnaître ce qui sépare de Dieu.



DIMANCHE 20 JANVIER: Jn 2, 1-11: les noces de Cana.


En ce temps-là, il y eut un mariage à Cana de Galilée. La mère de Jésus était là. 
Jésus aussi avait été invité au mariage avec ses disciples
Or, on manqua de vin. La mère de Jésus lui dit : « Ils n’ont pas de vin. » 
Jésus lui répond : « Femme, que me veux-tu ? Mon heure n’est pas encore venue. » 
Sa mère dit à ceux qui servaient: « Tout ce qu’il vous dira, faites-le. »

 Dans le texte de l'évangile, il n'y a pas "en ce temps là" mais "le troisième jour", et c'est une précision sûrement importante pour celui qui rapporte l'histoire de sa rencontre avec Jésus.  Ce "troisième jour "qui renvoie à la résurrection, peut aussi montrer que Jésus se "lève" ce jour là et que ce signe est signe pour les disciples. Ils n'ont eu que des paroles jusqu'alors; là, le signe est pour eux, signe qui prendra toute sa signification après la résurrection: l'eau changée en vin, le vin qui devient sang, le sang, l'eau et l'esprit.. 

Ce qui est aussi frappant, c'est que l'auteur parle de Marie en disant "la mère de Jésus", ou "sa mère", mais Jésus lui ne dit pas "mère" ce qui serait normal, mais qu'il a cette interpellation  étonnante (qu'on retrouve à la croix), "femme que me veux tu". Autrefois on disait, quoi entre toi et moi, ce qui était encore plus fort. Dans les autres évangiles, ce sont les esprits mauvais qui disent à Jésus "que nous veux tu? Nous savons que tu es venu pour nous perdre." Comme si, là, il y avait un combat en Jésus, est ce que c'est le moment ou pas encore? Apparemment c'est une fin de non recevoir, mais ce qui se passe, montre qu'avec Jésus, rien n'est figé.. 

 Or, il y avait là six jarres de pierre pour les purifications rituelles des Juifs ; chacune contenait deux à trois mesures, (c’est-à-dire environ cent litres). 
Jésus dit à ceux qui servaient: « Remplissez d’eau les jarres. » Et ils les remplirent jusqu’au bord.
 Il leur dit : « Maintenant, puisez, et portez-en au maître du repas. » Ils lui en portèrent. 
Et celui-ci goûta l’eau changée en vin. Il ne savait pas d’où venait ce vin, mais ceux qui servaient le savaient bien, eux qui avaient puisé l’eau. Alors le maître du repas appelle le marié. 

 Il y a l'insistance portée sur "ceux qui servaient", cela revient 3 fois. Et ceux là ont obéi, ils ont dû voir le changement de couleur, quand ça passe du transparent au rouge, ou alors cela s'est fait quand ils sont allés porter l'eau au maître su repas. Cela on ne le sait pas, mais pour eux, cela a dû être une expérience étonnante, ce type qui sort d'on ne sait trop où, peut-être de Nazareth, qui s'invite avec d'autres qui se disent disciples, et qui donne un ordre plus que bizarre, d'autant que remplir ces cuves, ça a dû prendre du temps pour "ceux qui servaient". 

Et il y a le "puisé". Et cela renvoie au puits, et les puits dans la bible, ce sont des lieux de rencontre, des lieux l'amour. Et c'est comme si ce miracle, disait "Je vous rencontre, je vous aime, aimez-moi, aimons-nous". 

10 et lui dit : « Tout le monde sert le bon vin en premier et, lorsque les gens ont bien bu, on apporte le moins bon. Mais toi, tu as gardé le bon vin jusqu’à maintenant. » 

11Tel fut le commencement des signes que Jésus accomplit. C’était à Cana de Galilée. Il manifesta sa gloire, et ses disciples crurent en lui.


Pour moi, important ce "le commencement" qui n'est pas le "au commencement" au début de l'évangile de Jean, mais qui est la marque de la nouveauté qui arrive, le premier signe, accompli quand même à la demande de sa mère, pour combler un manque; il est un signe symbolique des noces (alliance): noces autres, avec l'humanité. 

Les serviteurs parlent… 

On était au deuxième jour de la noce, on commençait à en avoir plein les bottes, et on s'est rendu compte qu'il n'y avait plus de vin. Par certains côtés cela nous arrangeait, mais ce n'était pas à nous de nous occuper de cela. Il y avait une jeune femme, enfin peut-être pas si jeune, mais elle le paraissait, et aussi son fils. Lui, c'était un très bel homme. Il ne buvait pas comme les autres. Il avait avec lui des amis qui s'étaient invités avec lui à la noce. Ces cinq là, ils n'étaient pas comptés, mais ces grandes fêtes là sont ouvertes à tous. 

Elle, elle s'était rendue compte que nous étions soucieux, et puis nous avions un peu peur de la réaction du maître du repas. Lui, il n'est pas drôle, il contrôle tout, il est partout et pas question pour nous de ne pas être attentifs aux besoins des uns et des autres et quand les gens comment à être un peu ivres, ce n'est pas facile. 

Elle a attrapé son fils par la manche et comme on n'était pas loin on a entendu qu'il lui disait - et cela nous a surpris, parce que ce n'est pas comme cela qu'on répond à la mère qui vous a porté dans son ventre, qui vous a mis au monde, qui vous a élevé: "Femme, que me veux-tu, mon heure n'est pas venue". C'était étonnant cette phrase.. Et qu'est ce qu'il voulait dire par "mon heure n'est pas encore venue"? Qui était-il ce galiléen? Et pourtant lui, il n'avait pas bu, donc il ne pouvait pas être pris par la folie des grandeurs. Bref on n'a pas compris. Elle, elle s'est approchée de nous et elle nous a dit que s'il nous demandait de faire quelque chose, nous devrions le faire. Après tout pourquoi pas. 

Et lui, il est arrivé un peu plus tard, et vraiment pour le vin, il n'en restait plus. Les outres se vidaient les unes après les autres. Il nous a demandé de remplir d'eau, les grandes cuves qui servent aux ablutions. Là on n'était pas très contents, parce que l'eau, il faut aller la chercher à la source, mais bon c'était comme ça. Et on a rempli les six cuves. On était fatigués.. On se demandait ce qui allait se passer. C'était bien gentil d'avoir de l'eau, mais ce n'était pas de ça qu'on avait besoin. 

Il nous a demandé d'en puiser un peu, et de l'apporter au maître du repas et là, on a vu que l'eau limpide avait changé de couleur. On n'en croyait pas nos yeux. On avait l'impression que quelque chose avait changé en nous, autour de nous, et nous ne sentions plus la fatigue. 

Bref, on a apporté de cette eau changée en vin à celui qui était le régisseur, il l'a goûtée (nous on se demandait un peu quel goût ça allait avoir) et sans nous regarder il s'est dirigé vers le marié, et on avait l'impression qu'il n'était pas content. On a su qu'il lui avait reproché d'avoir gardé ce vin qu'il trouvait excellent pour la fin de la noce, à un moment où convives n'étaient plus capables de faire la différence entre un bon vin et de la piquette. Mais bon, c'était comme ça, sauf que nous, on savait que c'était un vin mystérieux. 

La noce s'est terminée, et nous les serviteurs, nous sommes allés trouver ce Jésus et nous lui avons dit que nous voulions le suivre, et il a bien voulu. C'était le premier miracle qu'il faisait, et cela nous avait fait penser à Moïse qui transforme les eaux du Nil en sang. Et nous ne savions pas qu'un jour il donnerait son sang pour nous, mais ce jour là, nous étions dans la joie de pouvoir le suivre.




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