samedi 9 février 2019

SEMAINE DU 4 AU 10 FÉVRIER: ÉVANGILES

SEMAINE DU 4 AU 10 FÉVRIER

LUNDI 4 FÉVRIER Mc 5, 1-20

C'est un texte que je connais bien, que j'aime bien. Ce qui m'a frappé à la première lecture, ce sont les supplications. Les démons supplient Jésus de ne pas les envoyer en dehors de ce pays (rester en pays païen c'est peut-être plus facile), ils supplient de les envoyer dans les porcs (comme s'ils ne pouvaient pas le faire d'eux-mêmes, ce qui peut faire penser qu'ils obéissent toujours à une force supérieure). Puis ce sont les résidents qui supplient Jésus de partir. On peut penser qu'il y a d'autres possédés, alors si pour les guérir, il faut tuer la source de revenus, il vaut mieux que cet homme dangereux parte. Et enfin c'est l'homme guéri qui supplie, mais là Jésus n'accepte pas et lui donne un rôle qui le recrée dans son rôle d'homme. Il n'est plus le témoin de forces qui détruisent, mais des forces qui donnent la vie.

En ce temps-là, Jésus et ses disciples arrivèrent sur l’autre rive, de l’autre côté de la mer de Galilée, dans le pays des Géraséniens. 
Comme Jésus sortait de la barque, aussitôt un homme possédé d’un esprit impur s’avança depuis les tombes à sa rencontre;

SI on réfléchit, normalement cet homme possédé aurait du prendre la fuite, puisque l'esprit dit impur (pas saint, pas du côté du très haut), sait qui est Jésus et quel pouvoir est en lui. Le pur étant vainqueur de l'impur. Or il va vers jésus, ce qui peut faire penser que c'est une partie saine qui est en lui qui fait cela. Aller à la rencontre, c'est se mettre en mouvement. Peut-être que l'homme veut sortir de sa souffrance, de sa solitude, de la maladie. A la limite, vivre dans les tombeaux c'est aussi une psychose maniaco-dépressive (je ne dis pas bipolarité qui minore trop les choses).

il habitait dans les tombeaux et personne ne pouvait plus l’attacher, même avec une chaîne ; en effet on l’avait souvent attaché avec des fers aux pieds et des chaînes, mais il avait rompu les chaînes, brisé les fers, et personne ne pouvait le maîtriser
Sans arrêt, nuit et jour, il était parmi les tombeaux et sur les collines, à crier, et à se blesser avec des pierres.

Celui qui lie, c'est le mauvais. Il est lié, possédé par quelque chose de plus fort; en même temps je pense à Pierre dans les actes des apotres, quand l'ange touche les chaînes, elles tombent toute seules.  

Description de la maladie. Cela m'a toujours fait penser aux personnes qui ont de telles angoisses, que pour lutter contre elles, elles se font du mal, parce que au moins cette douleur là, elle a un sens. S'il est dehors, c'est peut-être aussi pour protéger sa famille. 

 6  Voyant Jésus de loin, il accourut, se prosterna devant lui 
et cria d’une voix forte : « Que me veux-tu, Jésus, fils du Dieu Très-Haut ? Je t’adjure par Dieu, ne me tourmente pas ! » 
Jésus lui disait en effet : « Esprit impur, sors de cet homme ! » 

On nous a déjà dit que cet homme accourt. Je pense que c'est la partie saine qui se prosterne, mais la partie mauvaise, la partie divisée en lui, parle et reconnaît le pouvoir de l'homme Jésus. Que veut dire "ne me tourmente pas"? C'est lui qui tourmente l'homme. Il y  a une peur. Il y a un ordre (exorcisme). 

Et il lui demandait : « Quel est ton nom ? » L’homme lui dit : « Mon nom est Légion, car nous sommes beaucoup. » 

Pour avoir puissance sur l'ennemi il faut le nommer. Peut-être que Jésus demande à l'homme quel est son nom, (pour qu'il retrouve son identité), mais ce sont les parties malades qui répondent: légion (ce qui si cela renvoie aux romains fait beaucoup de monde, en tous les cas bien plus que les 7 démons dont Marie-Madeleine sera délivrée).

10 Et ils suppliaient Jésus avec insistance de ne pas les chasser en dehors du pays. 
11 Or, il y avait là, du côté de la colline, un grand troupeau de porcs qui cherchait sa nourriture.
 12 Alors, les esprits impurs supplièrent Jésus : « Envoie-nous vers ces porcs, et nous entrerons en eux. » 
13 Il le leur permit. Ils sortirent alors de l’homme et entrèrent dans les porcs. Du haut de la falaise, le troupeau se précipita dans la mer : il y avait environ deux mille porcs, et ils se noyaient dans la mer. 

On a deux fois le verbe supplier. Ils ne veulent pas quitter ce pays, qui est un pays non juif. Peut-être ont ils peur de se trouver avec des personnes qu'ils ne pourront pas posséder. Et Jésus le permet. 

Puis, ils supplient Jésus de les envoyer vers les porcs. Et ce qui est étonnant, si on lit bien c'est que Jésus le fait, que c'est lui qui a pris le contrôle ou du moins que les esprits lui obeissent. 

Pour les disciples qui assistent à cela, c'est certainement quelque chose de sidérant.

14 Ceux qui les gardaient prirent la fuite, ils annoncèrent la nouvelle dans la ville et dans la campagne, et les gens vinrent voir ce qui s’était passé. 

15 Ils arrivent auprès de Jésus, ils voient le possédé assis, habillé, et revenu à la raison, lui qui avait eu la légion de démons, et ils furent saisis de crainte

16 Ceux qui avaient vu tout cela leur racontèrent l’histoire du possédé et ce qui était arrivé aux porcs

On a donc les gardiens qui ont peur.. Ils vont raconter en ville et du coup la ville se déplace. Le simple fait de voir le changement les interloque. Et la mort du troupeau encore plus. Changement de temps dans les verbes: imparfait: ceux qui les gardaient, et ils arrivent..
17 Alors ils se mirent à supplier Jésus de quitter leur territoire. 

A nouveau une supplication.. Pour eux jésus est dangereux, plus dangereux que ne l'était l'homme.

18 Comme Jésus remontait dans la barque, le possédé le suppliait de pouvoir être avec lui.

Peut-être est-il comme un petit enfant qui a besoin de rester dans le giron de sa mère pour se sentir protégé.

19 Il n’y consentit pas, mais il lui dit : « Rentre à la maison, auprès des tiens, annonce-leur tout ce que le Seigneur a fait pour toi dans sa miséricorde. » 
20 Alors l’homme s’en alla, il se mit à proclamer dans la région de la Décapole ce que Jésus avait fait pour lui, et tout le monde était dans l’admiration.

Finalement on a un homme qui en proclamant non pas ce que Jésus a fait mais ce que le Seigneur par Jésus a fait pour lui, devient témoin.

Un disciple raconte:

Des fous comme ça, on en n'avait jamais vu. Il était presque nu, il était plein de blessures, je veux dire qu'il se tapait dessus avec des pierres, il avait des chaînes aux poignets et aux pieds mais la chaîne qui aurait dû les relier était cassée. I était sale, mais il n'était pas maigre. On a pensé que certains devaient lui porter à manger.

Être accueilli par un possédé comme cela, alors que nous venions de débarquer chez les Géraséniens, en plein pays étranger, c'est rude. En plus nous n'étions pas chez nous, nous étions dans un pays de païens. Pourquoi notre Maître nous a-t-il demandé de le conduire là, c'est un mystère.

Et puis il s'est passé toute une série d'évènements. L'homme s'est prosterné, bon ça c'était bien. Mais il s'est mis à hurler après Jésus en lui disant de cesser de le tourmenter, et qu'il savait que Jésus était Fils du Très Haut. Pourtant c'était pourtant lui qui tourmentait cet homme. Et Jésus lui disait de sortir. En même temps, dire à Jésus qu'il est "Fils du très haut", c'est citer un psaume que nous chantons, un psaume qui rappelle que ceux qui se prennent pour des juges, ne sont pas à l'abri de la mort. Alors c'était un peu étonnant. 

Toujours est-il que Jésus lui a alors demandé son nom, à cette entité qui ne faisait semblant de reconnaître comme fils de dieu mais qui ne le faisait pas…Et que là, nous avons eu une surprise, car la réponse a été "légion". Alors peut-être qu'ils se croyaient les plus forts, mais ils ont compris qu'ils ne l'étaient pas. 

Et ils se sont mis à supplier.. Supplier que la force de notre maître ne leur permette et de rester dans ce pays (et ç, ça nous arrangeait bien parce qu'on n'a pas besoin d'esprits impurs chez nous, on en a déjà bien assez) et que Jésus les envoie dans les porcs qui étaient là. Comme s'ils ne pouvaient pas y aller tout seuls. Bizarre ces esprits impurs. Ils ont besoin d'être dirigés. Bref notre maître a bien voulu, et là on a vu quelque chose d'inattendu. Tous les cochons ont plongé dans le lac, et comme nous on sait bien que cette mer intérieure, elle est habitée par des forces du mal, ça ne nous a pas trop étonné. Comme ça, ils rentraient chez eux ces esprits impurs. Seulement toutes les bêtes étaient dans l'eau, le ventre à l'air, mortes et ça, on pensait bien que ça allait faire du grabuge. 

Alors là, il s'est passé plusieurs choses. L'homme est allé vers les gardiens des troupeaux qui prenaient la fuite et leur a demandé des vêtements, et il est venu s'asseoir aux pieds de Jésus, et il le regardait avec une véritable adoration. Ses plaies avaient cicatrisé . Quant aux gardiens, ils avaient filé vers la ville, se demandant comment les propriétaires des troupeaux allaient les accueillir. 2000 têtes de perdues ce n'est pas rien.

Ils sont revenus avec les gens de la ville. Ils ont vu celui qui errait dans les tombeaux, tranquille et paisible, mais bon, eux ils ne voulaient pas que Jésus reste, parce que des possédés il y en avait d'autres, alors l'idée de perdre encore plus de bêtes était insupportable. Et ils ont supplié Jésus de partir. Et dire qu'il était venu pour annoncer la venue de royaume. Et il a bien voulu. 

Nous nous sommes dirigés vers la barques. Notre nouvel ami, aurait voulu embarquer avec nous, lui aussi suppliait Jésus, mais le Maître a dit non.. Et il lui a demandé de rester sur place et en quelque sorte de témoigner que le Dieu d'Israël était présent, que c'était Lui qu'il fallait adorer et qu'il allait venir. Et que Jésus qui l'avait délivré n'était pas Fils du Très Haut, mais Le Fils du très Haut.

Et nous sommes rentrés chez nous, et là, dès que nous avons débarqué, nous avons rencontré un homme qui avait une petite fille très malade et nous sommes aussitôt partis chez lui. 


MARDI 5 FÉVRIER: Mc 5, 21-43. 



Deux épisodes avec la forme sandwich chère à Marc. La fille de Jaïre, la femme qui perd du sang et la résurrection de l'enfant. Deux textes que j'aime. 

Pour la résurrection de la fille, il se trouve qu'il y a des années, j'assistais au baptême dans l'esprit d'un membre de la communauté du chemin neuf. Et en moi est venue s'inscrire la phrase "thalita koum" et c'est devenu un peu ma phrase à moi. Une phrase de résurrection. Et souvent cette phrase je l'ai chantée. Et puis plus récemment, je pense que lorsque des personnes détruites par leur vie, vivent en elles avec des mortes, enfin je veux dire des parties dissociées, qui vivent une vie anarchique et qui souvent sont des parties désastreuses pour la personne qui vit avec ces morceaux en elles, ces morceaux, quand on peut les identifier, trouver à quel âge ils correspondent, la seule manière de les guérir, c'est bien de leur redonner leur vie, la vie qu'ils auraient dû avoir, et c'est pouvoir leur dire "petite fille lève toi". Pour moi, cela a été un changement : je pensais que ces parties, il falalait certes leur donner un nom, mais pour les enterrer, pour qu'elles soient bien mortes. Maintenant, je suis sûre qu'elles doivent reprendre vie et que cela seul l'Esprit du Seigneur peut le faire;  et peut-être même qu'il faut leur donner à manger..

21 En ce temps-là, Jésus regagna en barque l’autre rive, et une grande foule s’assembla autour de lui. Il était au bord de la mer.

Jésus revient chez lui, mais il est juste en chemin pour aller peut-être dans la maison de Pierre. Et là la première rencontre à lieu. Je peux penser que quelqu'un a prévenu Jaïre qui doit être dans tous ses états, lui et sa femme. 

 22 Arrive un des chefs de synagogue, nommé Jaïre. Voyant Jésus, il tombe à ses pieds 
23 et le supplie instamment : « Ma fille, encore si jeune, est à la dernière extrémité. Viens lui imposer les mains pour qu’elle soit sauvée et qu’elle vive. » 

C'est beau la phrase: ma fille encore si jeune est à la dernière extrémité. Et la demande, si tu lui imposes les mains, elle vivra. 

24 Jésus partit avec lui, et la foule qui le suivait était si nombreuse qu’elle l’écrasait

Un peu étonnant cette foule. Ils ne travaillent jamais ces gens là? Et la foule qui écrase. On peut réfléchir sur ce verbe. Une foule qui écrase. Etre écrasé par tout ce qu'il y a faire, est ce cela ce que ressent Jésus? Toutes ces brebis sans berger? Le poids du monde. Je veux dire que c'est physique, mais pas seulement.

25 Or, une femme, qui avait des pertes de sang depuis douze ans… – 
26 elle avait beaucoup souffert du traitement de nombreux médecins, et elle avait dépensé tous ses biens sans avoir la moindre amélioration ; au contraire, son état avait plutôt empiré –… 

On arrive à l'autre.. A celle qui est malade et impure depuis 12 ans, comme l'âge de petite demoiselle du chef de synagogue. Celle qui est impure, qu'on n'a pas le droit de toucher. Et c'est elle qui touche, mais en douce.

27 cette femme donc, ayant appris ce qu’on disait de Jésus, vint par-derrière dans la foule et toucha son vêtement. 
28 Elle se disait en effet : « Si je parviens à toucher seulement son vêtement, je serai sauvée. » 

Il y a le verbe être sauvée. C'est plus fort que guérie, parce que c'est aussi reprendre une identité dans la famille, dans la maison.

29À l’instant, l’hémorragie s’arrêta, et elle ressentit dans son corps qu’elle était guérie de son mal. 

 Et là, on dit guérie, comme si justement, il pouvait y avoir autre chose. Et c'est la suite.

30 Aussitôt Jésus se rendit compte qu’une force était sortie de lui.Il se retourna dans la foule, et il demandait : « Qui a touché mes vêtements ? »
 31 Ses disciples lui répondirent : « Tu vois bien la foule qui t’écrase, et tudemandes : “Qui m’a touché ?” »
 32 Mais lui regardait tout autour pour voir celle qui avait fait cela. 
33 Alors la femme, saisie de crainte et toute tremblante, sachant ce qui lui était arrivé, vint se jeter à ses pieds et lui dit toute la vérité. 
34 Jésus lui dit alors : « Ma fille, ta foi t'a sauvée. Va en paix et sois guérie de ton mal. » 

Et on a bien la réponse: ta foi t'a sauvée. Sois guérie de ton mal, mais il s'agit peut-être d'un autre mal. Avoir été rejetée, trompée par les médecins, ça laisse des traces. Refaire confiance, apprendre à s'aimer à nouveau..

35Comme il parlait encore, des gens arrivent de la maison de Jaïre, le chef de synagogue, pour dire à celui-ci : « Ta fille vient de mourir. À quoi bon déranger encore le Maître ? » 

36 Jésus, surprenant ces mots, dit au chef de synagogue : « Ne crains pas, crois seulement. » 37 Il ne laissa personne l’accompagner, sauf Pierre, Jacques, et Jean, le frère de Jacques
38 Ils arrivent à la maison du chef de synagogue. Jésus voit l’agitation, et des gens qui pleurent et poussent de grands cris. 
39 Il entre et leur dit : « Pourquoi cette agitationet ces pleurs ? L’enfant n’est pas morte : elle dort.» 

Si Jésus a "perdu" du temps à cause de la femme, Jaïre doit être dans tous ses états.. Le temps passe, le temps presse, et maintenant, il est trop tard, sauf que Jésus lui, qu'il n'est pas trop tard. Peut-être que Jaïre peut alors penser à Eli et à Elisé qui ont redonné vie à des enfants. Mais ça demande quand même une sacrée dose de foi.

40 Mais on se moquait de lui. Alors il met tout le monde dehors, prend avec lui le père et la mère de l’enfant, et ceux qui étaient avec lui ; puis il pénètre là où reposait l’enfant. 

Là, on a un Jésus qui commande. Mettre tout le monde dehors, prendre les parents et les trois qui assisteront à la transfiguration.

41 Il saisit la mainde l’enfant, et lui dit : « Talitha koum», ce qui signifie : « Jeune fille, je te le dis, lève-toi ! » 

 Impression que Jésus saisit souvent la main. Que se passe t il dans ce geste. Là il y a le geste et la parole. Se lever, quitter cette couche, redevenir vivante. La force de vie qui est Jésus, la force de création qui vient contrecarrer la force de la mort; Eros/ Thanatos. Peut-être que Jésus se met à aimer infiniment cette enfant qui ne veut peut-être pas vivre, peut-être pas devenir une femme, peut-être pas avoir de règles.. Qui sait. Mais la vie revient alors.

42 Aussitôt la jeune fille se leva et se mit à marcher – elle avait en effet douze ans. Ils furent frappés d’une grande stupeur
43 Et Jésus leur ordonna fermement de ne le faire savoir à personne ; puis il leur dit de la faire manger.

La grande stupeur, ça paraît évident. Pourquoi le silence: ne pas dire? Alors que c'est impossible. Et la sollicitude, la faire manger (ce qui pour moi, évoque une anorexie possible). 

Jaïre raconte

Le trésor de ma vie refuse de manger depuis des semaines. Le trésor de ma vie ne veut rien, et sa maman et moi-même nous ne savons que faire. Et voilà qu'elle est couchée, qu'elle est tournée contre le mur, qu'elle ne parle plus, qu'elle ne veut même plus nous regarder. Si seulement Jésus était là, il pourrait faire quelque chose. Mais il n'est pas là. Et je ne sais que faire. 

Et voilà, que j'apprends qu'il vient de rentrer, alors je vais prévenir ma femme que je vais le chercher. Tant pis pour les pharisiens qui disent que ses miracles il les fait parce qu'il a fait un pacte avec le chef des démons. Moi je vais le chercher. 

Je l'ai trouvé, et il me suit. Seulement il y a plein de gens dehors. Parfois je me demande ce qu'ils font de leurs journée. Et voilà que le Maître s'arrête. Il ne manquait plus que ça. Il veut savoir qui l'a touché. Et voilà que Salomée se jette à ses pieds, cette Salomée que personne ne visite plus, qui vit en recluse parce qu'elle perd du sang depuis des années, et dit que c'est elle qui l'a touchée. Moi pendant ce temps là, je bouillais. Et j'ai aperçu des gens de ma maison qui arrivaient et j'ai eu peur quand je les ai vus. Et j'avais bien raison, car ils ont dit que la lumière de vie était éteinte.  

Mais jésus a dit qu'elle n'était pas morte, qu'elle dormait et que ce qui comptait, c'était de ne pas écouter ces oiseaux de malheur et de croire en lui. On est arrivé chez moi, il y avait déjà les pleureuses. Jésus les a renvoyés en redisant qu'elle dormait. Tout le monde se moquait de lui, mais si je puis dire, il s'en moquait aussi. 

On est monté dans la pièce où ma petite fille reposait. Les larmes nous sont montés aux yeux à ma femme et à moi. Elle était si maigre, si légère, si petite. Jésus lui a pris la main, comme s'il voulait qu'elle se lève, comme on prend un enfant par la main. Il lui a dit "jeune fille lève toi" et j'ai vu ses yeux qui s'ouvraient, de la couleur revenir sur son visage, sa poitrine se soulever, et elle s'est levée. Elle est venue vers nous, et elle nous a tendu les bras. 

Jésus nous a juste dit de lui donner à manger, et nous savions qu'elle mangerait enfin, et de n'en parler à personne. Cela c'est nettement plus difficile. Parce que bien sûr, ma femme elle voulait faire une grande fête, l'enfant que nous avions perdue était revenue à la vie. 

Ce qui est certain c'est qu'il nous a rendu notre joie de vivre et que quand je le regarde, je me dis qu'il est le nouveau prophète annoncé, qu'il est plus grand que le prophète Elie, qu'il est plus grand que le prophète Elisée et qu'il est peut-être aussi le Messie que nous attendons, celui qui va nous libérer. Et j'ai hâte qu'il revienne dans ma synagogue pour commenter la parole. 

MERCREDI 6 FÉVRIER. Mc 6, 1-6

En ce temps-là, Jésus se rendit dans son lieu d’origine, et ses disciples le suivirent. 
Le jour du sabbat, il se mit à enseigner dans la synagogue. De nombreux auditeurs, frappés d’étonnement, disaient : « D’où cela lui vient-il ? Quelle est cette sagesse qui lui a été donnée, et ces grands miraclesqui se réalisent par ses mains. 

Tel que Marc, raconte les choses, et là on peut penser que Pierre a raconté, c'est cohérent, plus que dans l'évangile de Luc, sauf si l'évangile de Luc est une préfiguration de ce qui se passera à Jérusalem, où il ne sera pas écouté, et où il sera bien poussé dans la mort. Donc là, jésus a déjà un passé de thaumaturge et de d'enseignant derrière lui. Et manifestement cela cause un grand étonnement. Parler de la sagesse, c'est penser à Salomon, et les miracles, peut-être à Moïse durant le temps de l'exode. 

N’est-il pas le charpentierle fils de Marie, et le frèrede Jacques, de José, de Jude et de Simon ? Ses sœurs ne sont-elles pas ici chez nous ? » Et ils étaient profondément choqués à son sujet. 

Et là, il se passe quelque chose. Ce n'est pas possible que cet homme, qu'ils connaissent depuis toujours, dont la mère est juste Marie, dont les frères (et là il y a 4) et les sœurs (elles ne sont même pas nommées), soit capable de faire ça, d'autant il dit quand même être le fils de l'homme. Alors c'est une sorte de soupçon qui s'emparent d'eux, comme si finalement un esprit impur était tombé sur les participant  à la réunion synagogale.

Jésus leur disait : « Un prophète n’est méprisé que dans son pays, sa parenté et sa maison. » 

Là, Jésus parle carrément de mépris. Pourquoi ce mépris lui tombe t il dessus? Mépriser quelqu'un, ne pas lui faire confiance. Et cela c'est chez soi.  Et pourtant des guérisons, des expulsions d'esprits mauvais, il en a fait. Et on revient au fait que pour que quelque chose se réalise, la foi en lui est nécessaire, ou croire que quelque chose par lui, peut se réaliser. 

Et làil ne pouvait accomplir aucun miracle ; il guérit seulement quelques malades en leur imposant les mains. 

Là, si j'ai bien compris, il est dans le classique de son temps: guérir par l'imposition des mains. 

Et il s’étonna de leur manque de foi. Jésus parcourait les villages d’alentour en enseignant.

Au verset 2, on nous dit "qu'ils s'étonnaient de cette sagesse qui lui a été donnée" et là Jésus lui, s'étonnedevant leur manque de foi. Et Marc parle bien d'enseignement. Comme si, parce qu'on sait d'où il vient, on ne peut pas admettre qu'il prenne la parole et qu'il ait sa manière à lui d'enseigner. Peut-être l'idée qu'on lui fait trop d'honneur à cet homme qui n'est que.. Du coup, ils ne peuvent croire en lui. 

Et jésus part, mais continue à "enseigner". Il me semble que c'est cela le centre ici; plus enseigner que faire des miracles.

Jésus raconte…

Je suis passé dans beaucoup de villes, de villages de Galilée, mais jusque là, je n'étais pas allé à Nazareth, là où je suis né, où j'ai grandi, là où j'ai appris la lire la Tora, là où j'ai appris le métier de charpentier. Un charpentier aide à la construction des maisons, c'est lui qui fait les toitures et moi, c'est à une autre construction que j'ai été appelé, finalement c'est construire la maison de mon père dans le pays qu'il s'est choisi, cette maison où aimer est le maître mot. 
Ma mère était heureuse de m'avoir un peu à la maison, avec mes disciples, même si cela faisait du travail pour elle. Du pain à pétrir. Et quand je voyais faire, je me disais que je pourrais faire comprendre que le royaume c'était comme ce levain qu'elle mettait dans trois mesures de farine, donc beaucoup de farine, et pourtant ce levain ferait tout lever et permettrait d'avoir ce pain qui restaure, et le corps et le cœur. Elle a aussi remis des pièces sur nos affaires, et j'ai vu qu'elle ne prenait pas du tissus neuf; elle m'a expliqué que du tissus neuf tirerait sur le vieux et que ça serait pire qu'avant. Et je me disais que je pourrais utiliser cela pour faire comprendre que mon enseignement était neuf, et qu'il était peut-être explosif.  

Quand je suis allé comme tous ceux de village à la synagogue, comme j'étais finalement un hôte de passage, c'est moi qui ai lu et qui ai enseigné. Et ils avaient tous les yeux fixés sur moi. Et j'ai parlé du royaume et j'ai parlé de la conversion, et j'ai parlé de l'amour. Mais si au début j'avais l'impression que mes paroles étaient bien accueillies, très vite il s'est passé quelque chose. J'ai vu qu'ils se regardaient, qu'ils attendaient autre chose, qu'ils étaient déçus. Ils ont commencé à s'agiter, à parler entre eux, et ils ne comprenaient pas d'où venait ce qui m'animait. Ils ne comprenaient pas que c'était l'Esprit Saint qui me poussait à leur parler. Pour eux, j'étais devenu un homme qui se croit au-dessus des autres, et comme ils me connaissaient depuis toujours, ils m'ont même méprisé. Et cela je l'ai senti ce mépris, comme si je ne valais rien, comme si je n'étais pas digne d'eux. 

Peut-être qu'ils auraient voulu que je fasse des guérisons, mais je ne fais pas des guérisons pour faire des guérisons. Je guéris parce que au delà du corps, c'est le cœur que je veux changer, que je veux sauver. Et leur cœur à eux était dur comme de la pierre. 

Alors certes, j'ai guéri quelques personnes qui avaient de vieilles douleurs,  qui avaient du mal à marcher, mais c'est tout. 

Et je suis parti, un peu triste, même très triste, en me disant que nul n'est prophète dans son pays, mais que le royaume je continuerai à l'annoncer dans tous les lieux où je passerai. Mais peut-être que j'aurais besoin d'aide, pour que les endroits où j'annoncerai la Parole, soient comme préparés à ma venue.

JEUDI 7 FÉVRIER: Mc 6, 7-13

Si je prends les verbes:
appeler, envoyer, donner, prescrire, 
Partir, proclamer, chasser, guérir.

En ce temps-là, Jésus appela les Douze ; alors il commençaà les envoyer en mission deux par deux. Il leur donnait autorité sur les esprits impurs

Il appelle, il commence à envoyer en mission, mais pas les mains vides, puisque il donne autorité sur les esprits mauvais. 

et il leur prescrivit de ne rien prendre pour la route, mais seulement un bâton ; pas de pain, pas de sac, pas de pièces de monnaie dans leur ceinture. 
« Mettez des sandales, ne prenez pas de tunique de rechange. »

Partir, mais pas seul, ne prendre que des chaussures pour protéger les pieds (et ils ne sont pas des va nu pieds, mais pour le reste, ne rien prévoir.

10 Il leur disait encore : « Quand vous avez trouvé l’hospitalité dans une maison, restez-y jusqu’à votre départ. 

11 Si, dans une localité, on refuse de vous accueillir et de vous écouter, partez et secouez la poussière de vos pieds : ce sera pour eux un témoignage. »

Si le verset 10 se comprend, le 11, la poussière témoignage… Sauf si la poussière renvoie à la mort, et reste collée à cette localité. Au jugement, on verra qu'elle a refusé et est restée dans la mort. 


12 Ils partirent, et proclamèrent qu’il fallait se convertir. 
13 Ils expulsaient beaucoup de démons, faisaient des onctions d’huile à de nombreux malades, et les guérissaient.

Ils ont eu leur feuille de route et ils proclament, ils expulsent, ils guérissent, et ainsi ils font comprendre que le royaume est là.

VENDREDI 8 FÉVRIER. Mc 6,14-29. 

14 En ce temps-là, comme le nomde Jésus devenait célèbre, le roi Hérode en entendit parler. On disait : « C’est Jean, celui qui baptisait : il est ressuscité d’entre les morts, et voilà pourquoi des miracles se réalisent par lui. » 
15 Certains disaient : « C’est le prophète Élie.» D’autres disaient encore : « C’est un prophète comme ceux de jadis. » 
16 Hérode entendait ces propos et disait: « Celui que j’ai fait décapiter, Jean, le voilà ressuscité !» 

Là, il me semble que c'est différent des autres évangiles où j'ai toujours eu l'impression que Hérode disait que Jean est mort, point à la ligne. Et donc que Jésus ne peut pas être une forme de Jean qui serait revenue à la vie. Ou l'idée que l'âme de Jean est allée dans Jésus . la phrase: Jean le voilà ressuscité , peut indiquer qu'il  (Hérode), croit à cela.


17 Car c’était lui, Hérode, qui avait donné l’ordre d’arrêter Jean et de l’enchaîner dans la prison, à cause d’Hérodiade, la femme de son frère Philippe, que lui-même avait prise pour épouse. 
18 En effet, Jean lui disait : « Tu n’as pas le droit de prendre la femme de ton frère. » 

 Motif d'arrestation de Jean.

19 Hérodiade en voulait donc à Jean, et elle cherchait à le faire mourir. Mais elle n’y arrivait pas 
20 parce que Hérode avait peur de Jean: il savait que c’était un homme juste et saint, et il le protégeait ; quand il l’avait entendu, il était très embarrassé ; cependant il l’écoutait avec plaisir.

 Un peu comme un petit garçon devant son père.. Hérode est très ambivalent. 

 21 Or, une occasion favorable se présenta quand, le jour de son anniversaire, Hérode fit un dîner pour ses dignitaires, pour les chefs de l’armée et pour les notables de la Galilée. 
22 La fille d’Hérodiade fit son entrée et dansa. Elle plut à Hérode et à ses convives. Le roi dit à la jeune fille : « Demande-moi ce que tu veux, et je te le donnerai. » 
23 Et il lui fit ce serment: « Tout ce que tu me demanderas, je te le donnerai, même si c’est la moitié de mon royaume. » 

On retrouve le serment comme dans le livre de Juges avec Jephté. La parole donnée ne peut être reprise.

24 Elle sortit alors pour dire à sa mère: « Qu’est-ce que je vais demander ? » Hérodiade répondit : « La tête de Jean, celui qui baptise. »
 25 Aussitôt la jeune fille s’empressa de retourner auprès du roi, et lui fit cette demande : « Je veux que, tout de suite, tu me donnes sur un plat la tête de Jean le Baptiste. » 

Hérode est comme un enfant devant Jean. Salomée reste la petite fille devant Hérodiade.


26 Le roi fut vivement contrarié ; mais à cause du serment et des convives, il ne voulut pas lui opposer un refus. 
27 Aussitôt il envoya un garde avec l’ordre d’apporter la tête de Jean. Le garde s’en alla décapiter Jean dans la prison. 
28 Il apporta la tête sur un plat, la donna à la jeune fille, et la jeune fille la donna à sa mère.

 J'imagine le pauvre garde.. Il y a une fête, donc il pense être tranquille et au lieu de ça, on lui ordonne d'aller décapiter Jean, et d'apporter sa tête sur un plat. Le plat évoque quand même le repas. C'est vraiment macabre.

 29 Ayant appris cela, les disciples de Jean vinrent prendre son corps et le déposèrent dans un tombeau.

Les disciples ont je suppose un corps dans la tête, enfin on n'en sait rien. Il y aura aussi des disciples de Jésus qui demanderont à prendre son corps et qui le mettront dans un tombeau. Mais pas de résurrection pour Jean. Comment jésus peut-être être une sorte d'avatar de Jean? Qu'est que les gens croyaient à l'époque? Surement à une survie après la mort. 

Je n'aime pas ces récits de la mort de Jean, que l'on trouve dans les synoptiques. Peut-être justement montrer la différence entre Jean et  Jésus; et quand même la question qui est-il celui là?
La mort de Jean le Baptiste revient fréquemment dans la liturgie, et elle est rapportée dans les synoptiques.

 On sait par l'évangile de Jean, que le baptiste dans sa prison envoie des messagers à Jésus pour savoir s'il (Jésus) est bien le Messie, et la réponse qui est donnée, dit bien de Jean qu'il est cet Elie qui doit revenir, réponse étonnante quand on sait que Jean a été décapité et que même si certains, dont Hérode croient que Jean est ressuscité dans Jésus (ce qui est quand même une drôle de croyance, mais qui montre qu'Hérode n'a pas du tout la conscience tranquille et qu'il craint que ce Jésus, comme Jean ne vienne lui reprocher son mariage incestueux avec sa nièce Hérodiade, femme de son frère Philippe, qui s'est séparée de ce dernier pour vivre avec Hérode qui est un meilleur parti. 

Si Jean est Elie, alors Hérodiade est d'une certaine manière une nouvelle Jézabel, qui obtient ce qu'elle veut par le meurtre. Avoir la tête de quelqu'un, montre bien la haine, et le désir de se débarrasser d'une personne gênante une bonne fois pour toute. Or tant que Jean est vivant, Hérodiade n'est pas tranquille, puisque Hérode le fait chercher dans sa prison pour parler avec lui, et Hérode est un homme de compromission.

Et le récit de cette mort, nous l'écoutons sans sourciller parce que nous y sommes habitués. Mais décapiter un homme, à froid si je puis dire, porter sa tête sur un plat, ce qui que certaines tragédies grecques, cela fait froid dans le dos.

Est ce que l'Esprit Saint qui parle à Jean et lui fait comprendre que l'homme qu'il vient de baptiser est celui qu'on attend, le prévient et le prépare à ce qui va lui arriver? Rien n'est moins sur. Et ce qui se passe là est un récit d'exécution politique.

Si on se réfère à la bible, il y a Judith qui tranche la tête d'Holopherne en abattant le tranchant de son couteau que la nuque de sa victime. Mais là, il s'agit d'un soldat. Et ce soldat, comment peut-être vivre ce crime qu'on lui demande de commettre au nom de son obéissance? A-t-il pu entrer dans la cellule, et donner soit un coup de hache soit un coup d'épée comme cela, à froid, sur un homme qu'il pouvait estimer et respecter, sans rien dire, sans rien ressentir?

Je ne sais pas comment les hommes lisent ce récit et l'imaginent, mais avec ma sensibilité, j'ai voulu essayer de mettre des mots, enfin de mettre des mots dans la bouche de ce garde qui a été obligé en pleine nuit, ou au petit matin, d'exécuter un Saint Homme, de manière à ce que ce récit que nous lisons sans trop y faire attention, reprenne un peu sa dramaturgie.


Le garde qui a reçu l'ordre d'exécuter jean raconte.

Si j'avais su, j'aurais inventé quelque chose pour ne pas être de service ce soir là. Je suis un des gardes du roi Hérode. Ce devait être un repas d'anniversaire, avec les dignitaires, certains de ses amis. Ces repas, ils sont bien arrosés si je puis dire. C'est normal. Et quand ces messieurs sont bien imbibés, on ne sait jamais ce qu'ils peuvent faire. 

C'était un repas normal si je puis dire. Et puis Salomée la fille d'Hérodiade est entrée. Hérodiade, c'est la femme du roi Philippe, mais elle a quitté Philippe pour vivre avec Hérode, et cela Jean, celui qui baptise sur les bords du Jourdain, le lui a reproché haut et fort. Comme Elie, il s'est attaqué au pouvoir royal, et cette nouvelle Jézabel lui en veut à mort. Elle est est remplie de haine pour ce saint homme (il se nourrit de sauterelles, il porte une peau d'animal et il prêche la conversion pour tout le peuple). Elle voudrait qu'il disparaisse, qu'il se taise, mais le roi ne le veut pas. Le roi, souvent il fait sortir Jean de sa prison, parce qu'il a été mis en prison, et il l'écoute et il aime l'écouter. 

Je crois que tout ça, c'était une idée d'Hérodiade, car elle sait bien qu'un homme ivre est incapable de résister à la danse d'une aussi jolie fille. Et le roi, qui comme je l'ai dit avait beaucoup bu, lui a dit de demander tout ce qu'elle voulait, même si c'était la moitié de son royaume. Là, je savais qu'il disait un peu n'importe quoi, parce que son royaume, il le doit aux romains, alors il ne peut pas en faire ce qu'il veut. Comme elle ne savait pas trop que demander, elle est allée voir sa mère. C'est là où j'ai vraiment compris que c'était bien un plan d' Hérodiade. Et cette mauvaise femme, a demandé la tête de Jean. 

Quand la jeune fille est revenue dans la grande salle, personne ne s'attendait à une telle demande. On pensait qu'elle demanderait des bijoux, ou de nouveaux esclaves. Mais elle a demandé que la tête de Jean lui soit apportée sur un plat. 

Quand j'ai entendu cela, j'ai eu froid dans le dos. Comment pouvait-on avoir autant de haine pour quelqu'un. Mais le pire c'est que le roi m'a donné l'ordre de décapiter Jean.

Ben que je sois un homme aguerri, tuer un homme, tuer un saint homme, j'ai eu peur et j'avais envie de fuir. Mais si je refuse, je sais que ma famille sera passée au fil de l'épée. 

Alors je suis allé dans la prison. Je suis entré dans le cachot. Et il m'a regardé, et je l'ai regardé. Je ne pouvais pas l'égorger, ni le frapper à la nuque par derrière. Ce n'était pas possible. Alors je l'ai étranglé, et ce n'est qu'ensuite que j'ai coupé sa tête. J'en fais encore des cauchemars, même quand je ne dors pas. Je me vois avec mon glaive en train de détacher la tête de son cou. C'est affreux. 

J'ai posé la tête sur un plat, c'est un autre que moi qui a remonté la tête pour la donner à la jeune Salomée qui l'a remise à sa mère. J'espère que cette femme ira brûler dans le géhenne de feu. 

Je ne suis pas revenu dans la salle du festin, d'ailleurs tous étaient plus ou moins dégrisés. Je suis allé prévenir les disciples de Jean pour qu'ils prennent le corps et qu'ils lui donnent une sépulture.  

Et je vis avec cet acte qui m'a été imposé. Je sais qu'il y a ce Jésus qui annonce lui aussi le royaume. Je sais qu'il a dit à un paralysé que ses péchés étaient pardonnés. Alors je vais aller le trouver pour qu'il me pardonne ce péché, pour qu'il me prenne comme disciple. Je ne veux plus être garde, je ne veux plus  être sous les ordres de fous.





SAMEDI 9 FÉVRIER. Mc 6, 30-34

30 En ce temps-là, les Apôtres se réunirent auprès de Jésus, et lui annoncèrent tout ce qu’ils avaient faitet enseigné.

 Là, on peut penser que Jésus à la fois se réjouit, parce que du bon est advenu et qu'il va pouvoir être accueilli dans ces villes et villages et aussi parce qu'il ne l'est rien arrivé de fâcheux. Ils ont fait et enseigné, comme Lui.

31 Il leur dit : « Venez à l’écart dans un endroit désert, et reposez-vous un peu. » De fait, ceux qui arrivaient et ceux qui partaient étaient nombreux, et l’on n’avait même pas le temps de manger

J'ai toujours du mal à me représenter ce: "ceux qui arrivaient et ceux qui partaient étaient nombreux et on n'avait même pas le temps de manger". Cela donne l'impression d'un va et vient, d'une sorte de tourbillon. Mais peut-être que  l'important c'est le "pas le temps de manger" parce que c'est bien parce que la foule part dans l'enthousiasme que la question du manger va se poser plus tard. Donc c'est peut-être le pivot.

32 Alors, ils partirent en barque pour un endroit désert, à l’écart

Trouver une chouette plage, sous les eucalyptus, au bord de l'eau. Cela je connais. Je crois bien que ce lieu où une vipère blanche a frappé, c'était ce lieu –là… Je le déteste ce lieu. Oui, il faudrait expliquer. En 1963, j'étais avec mon groupe au bord du lac et une fille a été mordue (et a failli en mourir) par une vipère tombée d'un eucalyptus. Et il n'y avait rien si ce n'est un tout petit couvent, donc j'ai plus ou moins forcé la porte pour faire du café. Quelqu'un a décapité la vipère, quelqu'un a prévenu Lustiger, et la fille a été évacuée, mais elle se vidait… Alors cet endroit désert, je ne l'aime pas.

33 Les gens les virent s’éloigner, et beaucoup comprirent leur intention. Alors, à pied, de toutes les villes, ils coururent là-bas et arrivèrent avant eux

Courir, cela j'aime.

34. En débarquant, Jésus vit une grande foule, il fut saisi de compassion car ils étaient comme des brebis sans bergers. Alors il se mit à les enseigner longuement.

Cette phrase, je l'ai lue récemment dans l'évangile de Matthieu. Mais cela renvoie aussi à Ezéchiel où il y a bien des bergers, mais les bergers ne s'occupent pas de leur troupeau. Et lui, il est sensible à ces hommes et à ces femmes qui n'ont plus de repères, qui sont déboussolés, qui ne savent plus comment faire pour vivre, pour laisser vivre en eux le bon et le beau qui les rend à l'image de Dieu. Dommage que Marc ne rapporte pas les paroles. Mais je pense vraiment que le fil conducteur est autour de manger.  




DIMANCHE 10 FÉVRIER. Lc 5, 1-11

En ce temps-là, la foule se pressait autour de Jésus pour écouter la parole de Dieu, tandis qu’il se tenait au bord du lac de Génésareth.

 J'aime bien l'introduction, la foule se presse pour écouter certes Jésus qui parle, mais surtout la parole de Dieu qui sort de sa bouche. 

Il vit deux barques qui se trouvaient au bord du lac ; les pêcheurs en étaient descendus et lavaient leurs filets. 

Là, on a l'impression qu'il ne supporte plus cette pression et cherche un moyen d'y échapper. Il voit alors sur le bord deux barques vides. 

Jésus monta dans une des barques qui appartenait à Simon, et lui demanda de s’écarter un peu du rivage. Puis il s’assit et, de la barque, il enseignait les foules. 

 Jésus est toujours au bord. Il monte dans la barque de Simon, lui demande de la mettre à l'eau et de là, il peut parler sans être étouffé. 

Quand il eut fini de parler, il dit à Simon : « Avance au large, et jetez vos filets pour la pêche. » 
Simon lui répondit : « Maître, nous avons peiné toute la nuit sans rien prendre ; mais, sur ta parole, je vais jeter les filets. » 

 Et si c'était tout simplement dans un premier temps, la manière de Jésus de dire merci, même s'il faut lui faire confiance? Jésus qui les a vu laver les filets, a bien vu qu'il n'y avait rien comme poissons.

Et l’ayant fait, ils capturèrent une telle quantité de poissons que leurs filets allaient se déchirer. 
Ils firent signe à leurs compagnons de l’autre barque de venir les aider. Ceux-ci vinrent, et ils remplirent les deux barques, à tel point qu’elles enfonçaient

Là, on est dans l'abondance. Des poissons, je pourrais dire que ça pleut de partout, pas une barque de pleine mais deux. Et là, cela prend sens pour Simon. Qui est cet homme qui peut enseigner mais aussi être maître des eaux et des créatures qui y vivent?

À cette vue, Simon-Pierre tomba aux genoux de Jésus, en disant : « Éloigne-toi de moi, Seigneur, car je suis un homme pécheur.» 
En effet, un grand effroi l’avait saisi, lui et tous ceuxqui étaient avec lui, devant la quantité de poissons qu’ils avaient pêchés ; 
10a et de même Jacques et Jean, fils de Zébédée, les associés de Simon. 

Pierre est un homme fait, il a un métier et le voilà qui est pris de peur devant ce trop. Il a peur, il a peur de quoi? Il a peur de qui? D'un homme qui d'un coup se manifeste comme étant le tout autre? Un homme devant lequel, lui qui a une barque se sent tout petit? Peut-être y a t il? S'il peut faire ça, que peut-il me faire à moi? Car là, il vient de le faire "riche" du moins pour un moment. 

10b Jésus dit à Simon: « Sois sans crainte, désormais ce sont des hommes que tu prendras.» 

Sois, sans crainte, c'est ce que disait l'ange à Marie, aux bergers. Jésus fait passer Pierre à une autre identité. Il ne sera plus dépendant des éléments, mais de Jésus seul. 

11 Alors ils ramenèrent les barques au rivage et, laissant tout, ils le suivirent.

Peut-être que l'on peut dire que Jésus a fait une bonne pêche. Il se retrouve avec 4 d'un coup, lui qui était seul. 

Pierre raconte.

Je n'en reviens pas, je n'en suis pas encore revenu. Avec André, on avait passé la nuit sur le lac et pas un seul poisson dans les filets. Enfin si peu que ce n'est pas la peine d'en parler. On était découragé, et on a comme d'habitude lavé et plié les filets pour la prochaine pêche. C'est là qu'on a vu Jésus, cet homme qui parle de Dieu, comme personne, en tous cas, pas comme les scribes. 

J'ai eu l'impression qu'il cherchait quelque chose. Nos regards se sont croisés. Il est monté dans ma barque sans rien demandé, et m'a demandé de la pousser dans l'eau. C'est ce que j'ai fait. Il s'est alors assis, moi je veillais à ce que la barque ne bouge pas, et il a parlé. Je ne sais pas trop de quoi il parlait, j'étais fasciné par cet homme, car il dégageait de lui une sorte de force. 

Puis, il m'a dit de jeter les filets. Bon, là, j'ai pensé qu'il était un peu fou. On ne pêche pas dans la journée, mais ça, lui il ne devait pas le savoir. Mais bon, j'ai eu l'impression qu'il voulait me dire merci de lui avoir prêté ma barque, alors avec Jean, on a sauté dans l'eau, on est allé reprendre les filets et on est parti là où sait qu'il peut y avoir du poisson. Et du poisson on en a pris. J'avais l'impression que les poissons se jetaient dans les mailles, je voyais leur masse argentée qui allait vers mes filets. Je ne comprenais pas. Et quand on a voulu remonter les filets, ils étaient tellement pleins, tellement lourds qu'on a fait de grands signes à Jacques et Jean qui sont venus avec leur barque et qui nous ont aidés.

Les deux barques étaient tellement chargées qu'elles enfonçaient. 

Alors une sorte de panique m'est tombée dessus. J'avais juste prêté ma barque, je n'avais rien demandé et voilà que la barque était pleine, trop pleine et j'ai eu peur du pouvoir de cet homme, et en même temps quelque chose se passait en moi, sans que je puisse dire quoi. J'ai dit une phrase bizarre, qui ne me ressemble pas, je lui ai dit de partir, de s'éloigner de moi, parce que je ne méritais pas un tel cadeau, parce que je me sentais tellement petit, tellement insignifiant. 

Mais lui, il m'a dit de ne pas craindre, et qu'il ferait de moi un pécheur d'hommes. Là je ne sais pas ce qu'il veut dire, mais je sais que je vais le suivre. 

Et quand nous sommes arrivés à terre, tous les quatre, on l'a suivi. Et lui qui était seul, il ne l'était plus. Il nous avaitpéché…  

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