dimanche 31 mars 2019

SEMAINE DU 25 AU 31 MARS: ÉVANGILES.


LUNDI 25 MARS: ANNONCIATION. Lc 1,26-38

Ce qui m'a étonnée c'est le titre: "Annonciation du Seigneur". Du coup, Marie passe vraiment en arrière plan.

26 En ce temps-là, l’ange Gabriel fut envoyé par Dieu dans une ville de Galilée, appelée Nazareth
27 à une jeune fille vierge, accordée en mariage à un homme de la maison de David, appelé Joseph ; et le nom de la jeune fille était Marie.

Le tableau est dressé, ça peut commencer. On connaît les personnages et le lieu. On ne dit pas ce que Marie est en train de faire et chez qui elle habite…

 28 L’ange entra chez elleet dit : « Je te salue ,Comblée-de-grâce, le Seigneur est avec toi. » 
29 À cette vue, elle fut toute bouleversée, et elle se demandait ce que pouvait signifier cette salutation.

On peut imaginer la stupéfaction, même si c'est une perception, pas une réalité. Encore que Gédéon voit bien l'Ange du Seigneur et entend bien une salutation/ salut à toi, vaillant guerrier.. Le "comblée de grâce", sans que je puisse dire pourquoi, me fait comme du baume quand je le dis. Il y a cette abondance du don, il y a ce réceptacle humain plein à ras bord, et qui ne le sait pas. Il y a cette présence en elle. 

Le bouleversé, troublé dans la BJ; se trouve avec Zacharie et quand Jésus (Jn ) est troublé: l'un de vous me trahira. Il montre quelque chose d'important. 

30 L’ange lui dit alors : « Sois sans crainte, Marie, car tu as trouvé grâce auprès de Dieu.
 31 Voici que tu vas concevoir et enfanter un fils ; tu lui donneras le nom de Jésus.

Les trois temps de la conception/ concevoir/ enfanter/ nommer.

 32 Il sera grand, il sera appelé Fils du Très-Haut; le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David son père ; 
33 il régnera pour toujours sur la maison de Jacob, et son règne n’aura pas de fin. » 

Superbes promesses.. Fils du très haut (psaume), trône de David (lignée du messie), royauté sur Israël et pérennité de la domination. Ce n'est plus Dieu qui a le règne, mais celui qui doit venir. Comme une passation de pouvoirs. Comme si Dieu remettait quelque chose en héritage dans les mains de celui qui doit venir. Mais si héritage, il y a comme le dit je crois Paul, mort du testateur, donc annonce d'un Dieu qui ne sera plus le même. 

34 Marie dit à l’ange : « Comment cela va-t-il se faire puisque je ne connais pas d’homme ? » 35L’ange lui répondit: « L’Esprit Saint viendra sur toi, et la puissance du Très-Haut te prendra sous son ombre ; c’est pourquoi celui qui va naître sera saint, il sera appelé Fils de Dieu.

Question/ réponse? Pas de pourquoi, et c'est cela l'important. Un Comment.. Et une réponse pas évidente du tout. Mais il y a l'image de la nuée qui prend sous sont ombre. Il y a la promesse de l'esprit. Et la sainteté de celui qui viendra au monde et sa filiation.

36 Or voici que, dans sa vieillesse, Élisabeth,ta parente, a conçu, elle aussi, un fils et en est à son sixième mois, alors qu’on l’appelait la femme stérile.
37 Car rien n’est impossible à Dieu. » 

le signe non demandé, mais donné. Passer de la stérilité liée à la personne et renforcée par l'âge.. 

38 Marie dit alors : « Voici la servante du Seigneur ; que tout m’advienne selon ta parole.» Alors l’ange la quitta.

Servante ou esclave. Et là, cela renvoie eux femmes porteuses de la première alliance, quand la femme légitime ne peut avoir d'enfant. Marie accepte cette place là, et c'est magnifique.

MARDI 26 MARS: Mt18, 21- 35

Si on remet dans son contexte, il y a eu la question du frère qui a commis un péché contre toi.. Lui faire de vifs reproches à lui seul. S'il t'écoute tu as gagné un frère. Puis la possibilité de le regarder comme un publicain s'il ne change pas. La phrase: tout ce que vous aurez lié sur la terre… Quand deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis au milieu d'eux. Et le texte d'aujourd'hui.



21 En ce temps-là, Pierre s’approcha de Jésus pour lui demander« Seigneur, lorsque mon frère commettra des fautes contre moi, combien de fois dois-je lui pardonner? Jusqu’à sept fois ? »
 22 Jésus lui répondit : « Je ne te dis pas jusqu’à sept fois, mais jusqu’à soixante-dix fois sept fois. 

On imagine bien la scène, surtout que Pierre, est un peu le porte parole. Et il pose un cas de figure, puisque c'est au futur.. Mon frère commettra.. Il ensuite il s'agit de devoir, avec l'idée que si c'est plus que ça, qui est déjà beaucoup, c'est fini. A quoi Jésus rétorque par un nombre qui est celui de l'abondance. 490 fois, contre 7. On a la notion de nombre au carré; carré multiplié  par 10, puisque 10 renvoie à la plénitude. Sauf que l'humain n'en n'est pas capable ou peu capable et c'est bien ça le problème. Quelqu'un avait calculé que cela faisait sur 24h un pardon environ toutes les 4 ou 5 minutes.. 

23 Ainsi, le royaume des Cieuxest comparable à un roi qui voulut régler ses comptes avec ses serviteurs
24 Il commençait, quand on lui amena quelqu’un qui lui devait dix mille talents (c’est-à-dire soixante millions de pièces d’argent). 
25 Comme cet homme n’avait pas de quoi rembourser, le maître ordonna de le vendre, avec sa femme, ses enfants et tous ses biens, en remboursement de sa dette. 

26 Alors, tombant à ses pieds, le serviteur demeurait prosterné et disait : “Prends patience envers moi, et je te rembourserai tout.” 
27 Saisi de compassion, le maître de ce serviteur le laissa partir et lui remit sa dette. 

Ce qui est drôle, c'est que le Maître a un projet : régler ses comptes, il s'agit donc de gérance, comme c'est fréquent dans les paraboles. Mais quelque chose se passe, comme pour faire diversion et montrer aussi comment le Maître fonctionne. On ne sait pas qui est le "on", mais celui là, qui n'est pas un serviteur, mais un emprunteur, doit à ce moment là rembourser une dette incommensurable. On peut d'ailleurs se demander s'il ne figure pas l'humanité toute entière. Ce matin je pensais à une dette de jeu.. Le jeu comme une addiction, qui fait qu'on n'arrive pas à s'en sortir. Et cet homme, il joue le tout pour le tout. Il a entendu la sentence, il reste prosterné en attente d'une clémence qui risque de ne pas venir, d'autant que rembourser, c'est impossible. Et le maître ne le met pas en prison, il est libre, et sa dette est remise (mais pas oubliée). Enfin je ne sais pas trop.. Mais à ce moment là, il n'a plus à payer. A lui, de vivre pour ne plus faire de dettes. Non seulement il est libre, ce qui est déjà énorme, mais il ne doit plus rien. Il devrait être fou de joie. Aller raconter ça à sa femme. Mais non.. Peut-être que le démon du jeu est là, il lui faut à nouveau de l'argent. Il est dans la dépendance totale. Le lien n'a pas été coupé..  Il aurait bien pu se promettre de ne plus jouer..

28 Mais, en sortant,ce serviteur trouva un de ses compagnonsqui lui devait cent pièces d’argent. Il se jeta sur lui pour l’étrangler, en disant : “Rembourse ta dette!” 

Cela fait vraiment penser à ce qu'on voit dans les feuilletons où c'est par la force qu'on veut faire peur à l'autre pour qu'il comprenne qu'il doit rembourser, qu'il n'y a plus de délais. Etrangler.. Violence… 

29 Alors, tombant à ses pieds, son compagnon le suppliait : “Prends patience envers moi, et je te rembourserai.” 

C'est la même phrase, mais là elle n'est pas entendue. 

30 Mais l’autre refusa et le fit jeter en prison jusqu’à ce qu’il ait remboursé ce qu’il devait. 
31 Ses compagnons, voyant cela, furent profondément attristés et allèrent raconter à leur maître tout ce qui s’était passé. 

J'aime bien la réaction "attristé" et la notion de compagnons que je n'avais pu vu en premier. Moi, je crois que cela m'aurais mise très très en colère. Est ce que j'aurais cafté.. Je ne sais pas. Mais là, Jésus parle d'une justice humaine. Intéressant.

32 Alors celui-ci le fit appeler et lui dit : “Serviteur mauvais! je t’avais remis toute cette dette parce que tu m’avais supplié.
33 Ne devais-tu pas, à ton tour, avoir pitié de ton compagnon, comme moi-même j’avais eu pitié de toi ?” 

J'ai lu et j'avais aimé, que ce qui s'est passé, c'est que le donateur finalement ne compte pas pour l'homme. Il a eu ce qu'il voulait et ça ne crée aucun changement pour lui. Il a même été "plus fort" que le maître, il l'a eu. Et c'est cela le drame. Il ne fait pas l'expérience de la miséricorde. Alors attention au pardon pris comme un dû. Dieu n'est pas obligé. Maintenant, il y a ce que fait le Fils, pour la remise de la dette, mais là, je mélange tout.

34 Dans sa colère, son maître le livra aux bourreaux jusqu’à ce qu’il eût remboursé tout ce qu’il devait. 
35 C’est ainsi que mon Père du ciel vous traitera, si chacun de vous ne pardonne pas à son frère du fond du cœur. »

Là, il y a comme un recentrement sur le pardon envers le frère et pardon du fond du cœur. Et c'est quand même l'inverse du notre Père: parce que moi, je fais l'expérience du pardon et de l'amour, parce que cela change mon cœur, alors je peux pardonner à mon frère du fond de mon cœur, comme le fait Jésus.  Bon ça c'est le désir, mais la pratique c'est autre chose. Peut-être qu'il y a offense et offense, et quand je ne peux pas, alors c'est Lui qui pardonne , ce qui me libère moi.


MERCREDI 27 MARS: Mt 5, 17-19

17 En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Ne pensez pas que je sois venu abolir la Loi ou les Prophètes : je ne suis pas venu abolir, mais accomplir

C'est une phrase qu'on connaît bien. Mais le "ne pensez pas que" c'est aussi ne pensez pas à ma place. Je ne suis pas venu pour ça, mais pour revivifier et accomplir, lui redonner sa plénitude.

18 Amen, je vous le dis : Avant que le ciel et la terre disparaissent, pas un seul iota, pas un seul trait ne disparaîtra de la Loi jusqu’à ce que tout se réalise

C'est une jolie, phrase, bien balancée. Il y a deux fois disparaître.. La fin des temps,( mais avec la mort et résurrection est ce que ce n'est pas déjà arrivé). Mais qu'est ce qui doit se réaliser? Dans Matthieu la transfiguration n'a pas eu lieu et on est juste après ou même pendant le discours sur la montagne. Et pourtant on pense à cette nouvelle loi qui sera écrite sur et dans le cœur.. Mais quelque chose doit se réaliser…

19 Donc, celui qui rejettera un seul de ces plus petits commandements, et qui enseignera aux hommes à faire ainsi, sera déclaréle plus petit dans le royaume des Cieux. Mais celui qui les observera et les enseignera, celui-là sera déclaré grand dans le royaume des Cieux. 

 Logiquement, celui qui enseigne et observe, c'est le scribe ou le pharisien. Alors là, il y a une annonce de quelque chose. Aujourd'hui, il demeure le aimez vous les uns les autres comme je vous ai aimé, avec l'idée que cela résume toute la loi. N'empêche que souvent, ces petites lois humaines qui viennent de fait des lois de la bible, c'est bien facile de faire comme si elles n'existaient pas, qu'elle étaient dépassées, et pour moi, souvent elles le sont, mais le sont-elles vraiment?

JEUDI 28 MARS: Lc 11, 14-23 

14 En ce temps-là, Jésus expulsait un démon qui rendait un homme muet .Lorsque le démon fut sorti, le muet se mit à parler, et les foules furent dans l’admiration.

15 Mais certains d’entre eux dirent : « C’est par Béelzéboul, le chef des démons, qu’il expulse les démons. » 
16 D’autres, pour le mettre à l’épreuve, cherchaient à obtenir de lui un signe venant du ciel.

On a une guérison, mais qui est attribuée  à un exorcisme. Quelque chose qui serait tombé sur cet homme et qui lui aurait coupé la parole. Etre muet de stupeur. Et les foules admirent. Et aussitôt, le démon de remet à l'œuvre, il donne la parole à certains, qui disqualifient le geste. Et  d'autres, du coup, disent à Jésus, prouve le, donne nous un signe qui nous prouvera que tu es un homme de Dieu, comme l'était Moïse.

17Jésus, connaissant leurs pensées, leur dit : « Tout royaume divisé contre lui-même devient désert, ses maisons s’écroulent les unes sur les autres. 
18 Si Satan,lui aussi, est divisé contre lui-même, comment son royaume tiendra-t-il ? Vous dites en effet que c’est par Béelzéboul que j’expulse les démons. 
19 Mais si c’est par Béelzéboul que moi, je les expulse, vos disciples, par qui les expulsent-ils ? Dès lors, ils seront eux-mêmes vos juges
20 En revanche, si c’est par le doigt de Dieu que j’expulse les démons, c’est donc que le règne de Dieu est venu jusqu’à vous.

 Je pense qu'au delà des mots: c'est parce qu'il a fait alliance avec le mauvais que celui ci lui obéit, et qu'il prouve, il y a derrière une pensée de destruction. Ils veulent la peau de Jésus, ils ne veulent pas de lui. Et cela Jésus le sait. Il ne répond pas par du faire, mais par des mots. Il essaye de les faire réfléchir, mais c'est du bon sens. Si Satan est divisé, son royaume ne peut pas tenir. Et cela devrait les faire réfléchir, parce que c'est là où est la mauvaise pensée, la méprise. SI c'est par le doigt de Dieu, que Jésus a le pouvoir sur le mal, c'est que le règne de Dieu est là.

21 Quand l’homme fort, et bien armé, garde son palais, tout ce qui lui appartient est en sécurité.
22 Mais si un plus fort survient et triomphe de lui, il lui enlève son armement auquel il se fiait, et il distribue toutce dont il l’a dépouillé. 

Là, normalement, il y a comme une petite parabole; l'homme fort, c'est le mauvais. Il garde son palais. Et pour le dépouiller il faut quelqu'un de plus fort que lui, et c'est ce que fait Jésus. Mais la finale je ne la comprends pas. Si Jésus délie, il met le mal dehors et le renvoie. 

23 Celui qui n’est pas avec moi est contre moi ; celui qui ne rassemble pas avec moi disperse. »

Je pense que cela s'adresse bien aux uns et autres. On ne peut pas faire de faux semblant. Ou on est avec Jésus ou on est contre lui. Lui, rassemble, remet ensemble ce qui a été dispersé par le mal, parce que ça c'est le travail du mauvais. Rassembler/ disperser. Cela me semble très important. Unir/ desunir. Lier/délier. Et cela, nous ne pouvons le faire qu'avec Lui. 


VENDREDI 29 MARS. MC 12, 28-34

Jésus est entré à Jérusalem, donc les choses se précisent. Et dans ce chapitre on est dans les les polémiques. Il s'agit en théorie de trouver quelque chose pour le lapider.. Jésus commence par annoncer ce qui va lui arriver (vignerons homicides) puis tout le monde s'y met, les pharisiens, les sadducéens et là, on a l'impression que ce scribe débarque, entend ce qui se passe avec les sadducéens et la réponse de Jésus, qu'il la trouve intéressante et que du coup, il pose une question qui doit certainement le travailler lui, mais qui n'est pas là pour mettre Jésus en difficultés. 

28b En ce temps-là, un scribe s’avança pour demander à Jésus : « Quel est le premier de tous les commandements? » 
29 Jésus lui fit cette réponse : « Voici le premier: ‘Écoute, Israël: le Seigneur notre Dieu est l’unique Seigneur.
30 Tu aimerasle Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âmede tout ton esprit et de toute ta force.’ 
31 Et voici le second: ‘Tu aimeras ton prochain comme toi-même.’ Il n’y a pas de commandement plus grand que ceux-là. »

 Le scribe qui connaît certainement les 613 commandements (enfin je pense qu'il faut distinguer les 10 paroles qui sont les commandements, du reste qui permettent la vie en société et dont certains sont des rajouts écrits à l'époque de la reconstruction du temple, pour redonner une identité à ceux qui sont revenus de l'exil. Faire du même.. Et peut-être que dans désir de bien faire il se sent un peu perdu, d'autant qu'il doit conseiller les autres. 

Il y a d'abord la référence à l'écoute, puis le premier commandement, avec le choix: il est l'unique Seigneur, donc pas d'autres dieux chez toi. Puis le comment aimer, comment se tourner vers le Seigneur. Et peut-être remettre ces mots dans la signification hébraïque. Le cœur étant la partie rationnelle, et pas affective. L'âme, c'est cette partie intérieure qui souvent sent le manque, et l'esprit, pour moi, c'est cette partie qui veut s'unir à Dieu, qui est ce qui petit à petit doit se former, pour être en adéquation. Et le toute ta force, c'est consacrer sa vie à ça. 

Puis la référence à l'autre. Aimer "comme" soi-même. 

Le vertical et l'horizontal.

 32 Le scribe reprit : « Fort bien, Maître, tu as dit vrai: Dieu est l’Unique et il n’y en a pas d’autre que lui.
 33 L’aimerde tout son cœur, de toute son intelligence, de toute sa force, et aimerson prochain comme soi-même, vaut mieux que toute offrande d’holocaustes et de sacrifices. » 

Leçon bien entendue.. Et même intégrée. Car il en rajoute pour le prochain. 
34 Jésus, voyant qu’il avait fait une remarque judicieuse, lui dit : « Tu n’es pas loin du royaume de Dieu. » Et personne n’osait plus l’interroger.

Je me demande ce que le scribe entend. Peut-être qu'il reconnaît en jésus un Maître, mais pas le messie. Mais en utilisant la tora, en reprenant d'ailleurs des phrases de Jésus sur les sacrifices qui ne servent à rien si le cœur n'est pas changé; il pourra certainement reconnaître. 

La péricope te termine par "plus personne l'osait l'interroger", et la suite c'est Jésus qui questionne les scribes sur qui il est lui.. Le seigneur à dit à mon Seigneur…

SAMEDI 30 MARS: Lc 18, 9-14

Dans ce chapitre 18, Jésus est en route vers Jérusalem. Il s'adresse d'abord aux disciples: le juge inique qui se termine quand même par: le fils de l'homme quand il reviendra, trouvera-t-il la foi sur la terre. Puis vient cette parabole qui s'adresse à ceux qui s'estiment "justes", donc a priori les pharisiens, mais pas que.

En ce temps-là, à l’adresse de certains qui étaient convaincusd’être justeset qui méprisaient les autres, Jésus dit la parabole que voici :

Le problème, ce n'est pas d'être convaincu d'être juste, (le faire) mais s'enorgueillir, et du coup regarder les autres, dont on ne sait rien, sauf ce qu'on voit d'eux, avec mépris. Du coup je me demande si les publicains portaient une sorte d'uniforme pour qu'on puisse les repérer au premier regard.

 10 « Deux hommes montèrent au Temple pour prier. L’un était pharisien, et l’autre, publicain(c’est-à-dire un collecteur d’impôts). 

Il y a la notion de monter, que l'on peut-être prendre au sens figuré. La chambre haute d'abord, où on se retire pour prier, mais aussi essayer spirituellement de monter, d'élever vers le Seigneur. 

11 Le pharisien se tenait debout et priait en lui-même : ‘Mon Dieu, je te rends grâce parce que je ne suis pas comme les autres hommes – ils sont voleurs, injustes, adultères –, ou encore comme ce publicain. 
12 Je jeûne deux fois par semaine et je verse le dixième de tout ce que je gagne.’

Il y a l'attitude; debout. Mais contrairement au publicain, il prie en lui-même.. Il y a quand même de la louange, mais elle dérape. Ce n'est pas je te loue pour tout ce que tu m'as donné, pour que je puisse, non c'est je te loue parce que grâce à toi je suis bien meilleur que les autres. Et là, il y a un jugement de valeur sur l'humanité qui est voleuse, injuste, adultère, et sur cet homme qui est loin de lui. Comme le dira jésus à la fin de cette histoire, il est sur son petit nuage, il y est bien, il regarde tout avec mépris, il se met en valeur et c'est la finale de ce qui est rapporte: je jeune plus que les autres, et je verse la dîme.

13 Le publicain, lui, se tenait à distance et n’osait même pas lever les yeux vers le ciel; mais il se frappait la poitrine, en disant: ‘Mon Dieu, montre-toi favorable au pécheur que je suis'

 A distance? De quoi? On peut imaginer un tout petit coin, derrière un pilier. Il est en posture totale d'humilité
Pas lever les yeux vers le ciel.  Si le ciel est le lieu de la Demeure (et pas le temple), c'est une attitude splendide. Tu es là, tu es resplendissant de majesté, et moi petit humain pécheur, je n'ose pas te regarder, je n'ose pas croiser ton regard. 
Se frapper la poitrine.Peut-être que c'est un geste d'agression envers soi-même, se frapper pour montrer qu'on se sait devoir recevoir une punition.  
Et une demande  qui est exprimée à haute voix et que les autres peuvent entendre, demande qui pour moi est très proche de la prière de Jésus: Mon Dieu, montre-toi favorable au pécheur que je suis// Seigneur Jésus, prends pitié de moi pécheur. Se montrer favorable c'est vouloir du bien à l'autre. Et c'est une demande: je sais que je ne vaux pas grand chose, (ou rien) , mais montre toi favorable, ne me méprise pas, regarde-moi tel que je suis, mais regarde-moi avec amour.

 14 Je vous le déclare : quand ce dernieredescendit dans sa maison, c’est lui qui était devenu un homme juste, plutôt que l’autre. Qui s’élève sera abaissé; qui s’abaisse sera élevé. »

 On avait au début deux hommes qui montent au temple et là ils redescendent dans leur maison. Il y a eu un moment d'élévation vers Dieu, un peu une sortie de soi-même (mais sortie pas réussie pour le pharisien qui s'élève lui-même). Mais ce que Jésus dit, c'est qu'il se passe quelque chose dans ce mouvement. Dieu est présent et écoute (ce qui renvoie un peu à la parabole précédente qui parlait de la prière). Et il répond ou ne répond pas. Dieu est favorable à celui qui se reconnaît tel qu'il est. Quant à celui qui a sa propre gloire, à quoi bon, sauf qu'il s'imagine être devenu plus juste et qu'il ne l'est pas. Finalement il y en a qui se regarde le nombril en ayant l'impression de parler à Dieu et un autre, qui se sait pécheur, qui sait que dans la théologie de la première alliance, son Dieu peut le punir, il demande que malgré tout, Dieu lui soit favorable, qu'il lui donne de bonnes choses et au fond de lui, il est convaincu que c'est possible. Peut-être que ce qui rend juste, c'est de regarder Dieu comme celui qui se penche sur l'humain, et qui le mène vers lui, petit à petit.

DIMANCHE 31 MARS: Lc 15, 1-3, 11-32

Au delà des trois premiers versets, Luc a rassemblé 3 paraboles, mais là, on n'a que la dernière. 

01 Les publicains et les pécheurs venaient tous à Jésus pour l’écouter.
02 Les pharisiens et les scribes récriminaient contre lui : « Cet homme fait bon accueil aux pécheurs, et il mange avec eux ! »
03 Alors Jésus leur dit cette parabole :

il mange avec eux… ne fallait-il pas festoyer et se réjouir parce que.. La conclusion répond à la récrimination des pharisiens et des scribes. Ce qui est amusant c'est les deux: scribes et pharisiens, pécheurs et publicains, deux frères (deux fils). 

11 Jésus dit encore : « Un homme avait deux fils.
12 Le plus jeune dit à son père : “Père, donne-moi la part de fortune qui me revient.” Et le père leur partagea ses biens.

Il y a une demande, qui fait que d'une certaine manière le père est mort (héritage). Mais aucune contestation du père. Il accepte cet état de fait.

13 Peu de jours après, le plus jeune rassembla tout ce qu’il avait,et partit pour un pays lointain où il dilapida sa fortune en menant une vie de désordre.

On peut supposer qu'avant de partir il transforme en argent les biens (troupeaux et terres) et que de ce fait, le père est comme amputé de sa richesse, mais ça ne lui fait rien, dans cette histoire. Il se soumet au désir de son fils. Puis celui-ci part loin et vit en mangeant la vie par les deux bouts.

14 Il avait tout dépensé, quand une grande faminesurvint dans ce pays, et il commença à se trouver dans le besoin.
15 Il alla s’engager auprès d’un habitantde ce pays, qui l’envoya dans ses champs garder les porcs.
16 Il aurait bien voulu se remplir le ventre avec les gousses que mangeaient les porcs, mais personne ne lui donnait rien.

Bien heureuse famine, qui du coup crée le besoin puis le manque. Car là il y a les deux; il y a la perte, plus d'argent donc peut pas acheter à manger et il ne s'est pas fait d'amis. Puis le manque: personne ne lui donnait rien. Solitude, compagnie des porcs, faim. 

17 Alors il rentra en lui-même et se dit : “Combien d’ouvriers de mon père ont du pain en abondance, et moi, ici, je meurs de faim !

Que mange t il cet homme dans un pays où on élève des porcs? Quelle est sa faim? Le bon pain que l'on mange dans la maison de son père…

18 Je me lèverai, j’irai vers mon père, et je lui dirai : Père, j’ai péché contre le ciel et envers toi.
19 Je ne suis plus digne d’être appelé ton fils. Traite-moi comme l’un de tes ouvriers.”

Voilà la phrase qu'il veut dire. Pourquoi n'est-il plus digne? Qu'a-t-il fait de si déshonorant? Est ce le fait d'être parti ou le fait d'avoir mal agi dans une terre étrangère? Il demande le statut d'ouvrier, donc l'idée de travailler… Ne plus être le fils qui profite des biens de son père.

20 Il se leva et s’en alla vers son père. Comme il était encore loin, son père l’aperçut et fut saisi de compassion il courut se jeter à son couet le couvrit de baisers.
21 Lefils lui dit : “Père, j’ai péché contre le ciel et envers toi. Je ne suis plus digne d’être appelé ton fils.”

On peut imaginer la tête du fils, accueilli par une telle démonstration d'affection. Mais il dit quand même la phase prévue. Phrase que le Père n'entend pas..

22 Mais le père dit à ses serviteurs : “Vite, apportez le plus beau vêtement pour l’habiller, mettez-lui une bague au doigt et dessangles aux pieds,
23 allez chercher le veau gras, tuez-le, mangeons et festoyons,
24 car mon fils que voilà était mort, et il est revenu à la vie il était perdu, et il est retrouvé.” Et ils commencèrent à festoyer.

Là, on est dans le faire: les vêtements, la bague, les sandales. Restauration du fils avant la restauration avec le "festoyer". Et festoyer renvoie à la joie. Il y a ces deux temps: imparfait: il était mort, il était perdu et le présent: il est revenu à la vie, il est retrouvé. C'est quasiment une nouvelle naissance.

25 Orle fils aîné était aux champs. Quand il revint et fut près de la maison, il entendit la musique et les danses.
26 Appelant un des serviteurs, il s’informa de ce qui se passait.
27 Celui-ci répondit : “Ton frère est arrivé, et ton père a tué le veau gras, parce qu’il a retrouvé ton frère en bonne santé.”

Intéressant, ce n'est pas la santé, mais bien le retour du fils. Il vaut mieux aller poser la question directement. Mais c'est cela que le serviteur à compris. le "était au champs" pour moi sonne un peu comme la rencontre de Caïn et Abel.. Et c'est bien à de la jalousie et surement à un désir de mort que l'histoire nous confronte à minima.


28 Alors le fils aîné se mit en colère, et il refusait d’entrer. Son père sortit le supplier.

Quel Père étonnant, qui sort pour supplier… 

29 Mais il répliquaà son père : “Il y a tant d’années que je suis à ton service sans avoir jamais transgressétes ordres, et jamais tu ne m’as donné un chevreau pour festoyer avec mes amis.
30 Mais, quand ton fils que voilà est revenu après avoir dévoré ton bien avec des prostituées, tu as fait tuerpour lui le veau gras !”

Là, on voit bien que Jésus pense aux pharisiens, qui avec leurs jeûnes n'ont pas compris grand chose. L'aîné fait fructifier le bien du père, alors que le cadet a dévoré le même bien. Injustice alors, non reconnaissance.

31 Le père répondit : “Toi, mon enfant, tu es toujours avec moi,et tout ce qui est à moi est à toi.
32 Il fallait festoyer et se réjouir ; car ton frère que voilà était mort, et il est revenuà la vie ; il était perdu,et il est retrouvé !” »

La phrase est magnifique, est ce que les auditeurs de Jésus la comprennent.

Mais je me dis que c'est aussi ce qui se passe au niveau du Père qui est fantastique. Dans un premier temps, il ne réagit pas, il accepter, il est passif. Et il n' s'occupe pas beaucoup de l'ainé qui est dans les rails. Il est un peu mort ce père qui donne l'héritage de son vivant.. Puis il y a le deuil lié à l'absence, qui fait du travail en lui et qui lui permet de voir son second autrement. Il permet une renaissance, il redonne à se fils sa place. Puis il voudrait aussi que cela soit pareil pour son aîné. Il lui donne aussi sa place, il met des mots, jamais mis. 

Je crois que cette parabole, je l'appelerai la naissance du Père, et c'est ce qui se fait quant Jésus vient. Le regard du père sur l'humanité doit changer. L'humain n'est plus à distance, il est dans son fils, son fils qui vit notre vie, son fils qui meurt. J'aime la mutualité. Dans la parabole, il y a du fils qui fait du père et du père qui fait du fils.

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